Comment réussir l’agrégation de lettres modernes ?
Amies lectrices, amis lecteurs : avant toute chose, adoptons si vous le voulez bien une disposition d’esprit commune, la bienveillance. En me lisant, «dépouillez-vous de toute passion » et mettez de côté, autant que possible, tout a priori à l’égard des Ecoles Normales Supérieures (ENS) et de l’univers des classes préparatoires en général. Le parcours que j’ai construit jusqu’à une « réussite » – relative, ponctuelle et qui n’est nullement une fin en soi – est le reflet sincère d’un travail de longue haleine, patient et régulier, d’un désir permanent de persévérer et de progresser, enfin, d’une expérience des concours toujours vécue jusqu’au bout, avec passion, volonté et conviction.
C’est avec ces mêmes sentiments que je prends la parole ici ; c’est avec l’assurance d’avoir obtenu des résultats positifs que je souhaite, à mon tour, aider les autres. Par ce témoignage, j’espère présenter à toutes celles et ceux qui se destinent à un concours de l’enseignement ce qui a fonctionné pour moi, mais aussi et surtout ce qui a échoué, ce que je ne reproduirais plus ou ce que j’aurais aimé savoir dès le début de ma préparation du concours de l’agrégation de lettres modernes.
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Bien préparer le concours de l’agrégation de lettres modernes
Peux-tu te présenter ? Quelle agrégation as-tu passée et quand ? Quel fut ton classement ?
Je m’appelle Adèle, j’ai 26 ans. J’ai obtenu l’agrégation externe de lettres modernes en 2018, après un Master 2 de lettres modernes à la Sorbonne Nouvelle (Paris 3). J’ai été reçue 14e.
Pourquoi avoir passé l’agrégation de lettres modernes ? Où l’as-tu préparée ?
J’ai préparé l’agrégation à l’Ecole Normale Supérieure de Paris (que j’avais intégrée en 2014 après une hypokhâgne/khâgne Ulm à Louis Le Grand), avec un objectif : devenir professeur pour donner des cours de français et partager mon amour pour notre langue et notre littérature. A mes yeux, la maîtrise de la langue française et la lecture régulière présentent des bénéfices qui dépassent largement le domaine scolaire et c’est ce que j’ai toujours voulu transmettre… Mais c’est un autre sujet !
J’avais déjà enseigné dans différents cadres, en donnant des cours particuliers, en remplacements dans un lycée, en khôlles (exercices oraux pratiqués dans les CPGE), en stage bac français et toutes ces expériences m’avaient confortée dans mon désir d’enseigner. Comme je pensais aussi à faire une thèse ensuite, je voulais d’abord me « débarrasser » du concours de l’agrégation pour avoir l’esprit tranquille (parce que, disons-le, l’agrégation n’est pas un concours que l’on passe par pur plaisir et l’année de préparation à l’agreg de français n’a rien d’une sinécure !) et aussi, bien sûr, pour me constituer un dossier de candidature solide pour les bourses de thèse.
On dit parfois que l’agrégation est « réservée » aux normaliens. Qu’en penses-tu ?
Je crois que, si le concours de l’agrégation se prépare effectivement sur une année, que ce soit pour l’agrégation de musique, l’agrégation de maths, l’agrégation de physique, l’agrégation d’anglais ou bien toutes autres agrégations, on bénéficie toujours d’un bagage méthodologique et culturel propre ainsi que de l’expérience acquise auparavant. C’est difficile à entendre, mais un concours et notamment toute la part d’arbitraire qu’il comporte, s’anticipe souvent bien en amont de l’année de préparation.
Pour ma part, je suis arrivée à l’agrégation de lettres modernes avec l’expérience et le bagage des classes préparatoires puis des études littéraires que j’ai menées parallèlement à l’université et à l’ENS. J’ai parfois entendu, en effet, que l’agrégation est « réservée » aux normaliens : les faits ne sont pas ceux-là et l’état d’esprit que traduit ce préjugé contrevient, je trouve, à la logique d’un concours.
Ce qui est indéniable, en revanche, c’est que les anciens élèves de CPGE, qu’ils soient normaliens ou non, ont l’avantage d’avoir déjà l’expérience des concours, d’avoir déjà éprouvé des années de travail intense, d’avoir aussi et surtout connu des échecs qu’il leur a fallu surmonter.
Cela ne signifie nullement qu’il faut avoir fait une classe prépa pour réussir à l’agrégation de lettres et, inversement, qu’avoir fait hypokhâgne et khâgne nous garantit la réussite. Les candidats à l’agrégation qui ont une longue expérience de l’enseignement ou qui ont toujours été réguliers et assidus dans leur travail partent aussi avec de grands avantages.
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Quels conseils donnerais-tu alors à celles et ceux qui envisagent de passer l’agrégation ?
Je dirais d’abord que, quel que soit son parcours, il faut ne serait-ce que penser à l’agrégation bien avant l’année de préparation et se constituer ainsi, dans cette perspective, chacun à sa mesure, un bagage culturel et littéraire, et aussi une expérience – des concours, des épreuves, de l’enseignement. Surtout, la fréquentation régulière et personnelle des textes littéraires et de leur transmission, pendant longtemps avant le concours, me semble indispensable.
Ensuite, je crois qu’il est très utile, juste avant de se lancer, de s’interroger et de faire le point avec soi-même : « Quels sont mes points forts ? Quels sont mes atouts (car il y en a toujours !) qui me donnent confiance en moi ? Quelles sont, à l’inverse, mes lacunes ? Pourront-elles être résolues pendant l’année de préparation à l’agrégation de lettres ou bien faut-il que j’attende encore un peu pour les combler et tenter ma chance l’année suivante ? » Prendre ce temps de mise au clair, quelle que soit sa situation encore une fois, permet d’aborder le concours avec résolution (on sait pourquoi on est là et ce qu’on veut) et confiance.
Donner du sens à l’agrégation et en faire le fruit d’une décision personnelle permet de gagner en sérénité et sans doute en combativité.
Concrètement, donc, combien de temps as-tu passé à préparer l’agrégation de lettres ?
J’ai consacré, de manière effective, une année entière à la préparation de l’agrégation de lettres modernes. Les cours de préparation au concours à l’ENS ne commencent habituellement qu’en octobre, ce qui me semblait très tard, au regard de la date des concours écrits, début mars : c’est pourquoi, j’ai commencé à lire les œuvres au programme dès le mois de mai et j’ai consacré l’été à découvrir la phonétique historique et l’ancien français, avec lesquels je n’avais eu jusqu’alors que des contacts vagues et lointains.
Avec le recul, je dirais que je me suis plongée dans le programme de l’agrégation de lettres modernes un peu trop tôt. Les derniers mois du concours (entre les écrits et les oraux) furent en effet particulièrement éprouvants parce que j’avais le sentiment de tourner en rond depuis un an sur les mêmes œuvres et la lassitude ne favorise pas l’inventivité qui nous est demandée, surtout à l’oral. Le programme étant relativement restreint – mais conséquent –, on parvient plus rapidement qu’on ne le pense à faire le tour des enjeux essentiels de chaque œuvre, l’objectif de l‘agrégation n’étant pas de recruter des spécialistes.
Si c’était à refaire, donc, j’aurais passé l’été à combler mes lacunes (notions en phonétique historique, en ancien français, en grammaire), à lire des œuvres pour mon plaisir (ce que l’on ne trouve plus le temps de faire ensuite, alors même que l’oral à l’agrégation externe comporte une épreuve de « hors-programme ») et enfin à bien me reposer. Je n’aurais commencé ma lecture approfondie des œuvres au programme qu’au mois d’août.
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Tu avais la chance d’avoir deux vrais mois de vacances !
Oui, c’est l’avantage de passer l’agrégation en étant encore étudiante. La situation est, effectivement, très différente pour les professeurs déjà en poste qui envisagent notamment l’agrégation interne de lettres, dans la mesure où l’été est souvent bien occupé, d’abord par les examens ou les conseils de classe, ensuite par la préparation de la rentrée et des cours.
Si une année de disposition ou à défaut un mi-temps ne sont pas possibles, l’idéal serait de n’avoir pas trop de nouveaux cours à organiser et donc de conserver des niveaux ou des programmes similaires à l’année précédente.
Dans tous les cas, je pense que garder du temps, dès l’été, pour l’agrégation, est essentiel, pour prévoir son année à venir et surtout se projeter : se mettre dans la perspective que l’on va passer un concours et que l’année sera exigeante.
Aussi je conseillerais en priorité de consacrer son été à prendre la mesure des efforts qui seront à fournir, c’est-à-dire :
- d’une part à bien se renseigner sur le contenu et la durée des épreuves de l’agrégation, sur le programme, à lire des rapports de jury et à prendre des notes pour bien cerner les attentes, les écueils mais aussi l’état d’esprit du concours, dont il s’agit de s’imprégner ;
- et d’autre part à combler les lacunes les plus importantes, en fonction des exigences de chaque épreuve, des coefficients de l’agrégation (il s’agit d’un concours, la stratégie compte !), des programmes.
Quelle était ta stratégie à toi ? As-tu tiré parti des coefficients ?
Je connaissais mes points plus faibles – les dissertations, dont j’ai toujours trouvé qu’il s’agissait d’un exercice davantage compatible avec la philosophie qu’avec les lettres ; la culture littéraire par rapport à d’autres camarades – mais aussi mes points forts – les commentaires ; les langues ; les épreuves orales. J’ai donc essayé d’équilibrer mon travail en conséquence : m’améliorer en dissertation, enrichir ma culture littéraire à partir des œuvres au programme de l’agrégation de lettres modernes. J’ai veillé également à ne pas négliger d’entretenir mes « points forts », aussi parce que, quand on est bon dans quelque chose, on aime le pratiquer et on gagne en confiance en soi et on s’améliore : c’est un cercle vertueux !
Comme pour le concours de l’ENS, j’avais pour objectif, non pas d’être la meilleure partout, mais d’être régulière et dans la moyenne pour les épreuves où j’étais moins à l’aise, et de récolter de bonnes voire très bonnes notes aux épreuves où j’étais en confiance. J’ai particulièrement misé sur les langues (le latin et l’allemand) d’autant plus que, du point de vue des coefficients, les épreuves écrites de version sont bien plus gratifiantes que les épreuves techniques de grammaire, dont on peut être tenté de faire tout un cas !
J’aimais évidemment aussi la grammaire et la stylistique, mais je trouvais que l’effort à fournir dans certains domaines précis, notamment en phonétique historique, était démesuré par rapport à l’importance réelle de cette épreuve au concours (un quart de point de l’épreuve au plus petit coefficient…) et au regard aussi de ce que j’allais être amenée à enseigner en cours de première par exemple.
Voir : Comment s’entraîner au CAPES de physique ?
Pourtant l’agrégation est un concours qui prépare à l’enseignement… ?
Oui bien sûr ! Et en même temps… Je marche sur des œufs en m’engouffrant dans cette question, mais à mes yeux le seul concours de l’agrégation (en externe, j’entends) ne suffit pas à nous armer pour affronter la réalité des classes.
Mon intention ici n’est pas de critiquer mais plutôt de discerner les attentes de ce concours : il s’agit de former de futurs professeurs qui maîtrisent suffisamment la langue et la littérature françaises pour les considérer avec recul ; autrement dit, je crois qu’on nous demande d’avoir conscience que tout ce que l’on sera amené à enseigner s’inscrit dans des cadres de pensée – de l’histoire littéraire, de la grammaire – dont on doit avoir conscience et dont on doit pouvoir rendre compte. Concrètement, même si, devant des élèves, je serais rarement amenée à expliquer toute l’origine de tel ou tel phénomène littéraire par exemple, je serais en revanche capable de le présenter de façon claire et concise parce que j’en connaîtrais les causes et les conséquences, les tenants et les aboutissants.
Je n’ai véritablement mis des mots sur cela qu’après mon année d’agrégation de lettres modernes et je crois que cela m’aurait aidé d’en prendre conscience plus tôt. On n’attend pas de nous que nous soyons des singes savants ou des commentateurs chevronnés, mais des individus qui parlent en ayant véritablement conscience de toutes les implications de nos propos, avec une vision relativement panoptique et surtout hiérarchisée des enjeux et des questionnements proprement littéraires.
Voir encore : Comment réussir le CAPES de lettres modernes ?
Revenons à des choses concrètes. Comment s’organisaient tes cours pendant ta préparation à l’agrégation ?
Je n’ai suivi de cours de préparation à l’agrégation qu’à l’Ecole Normale Supérieure, ce qui représentait un emploi du temps bien rempli : en moyenne, je crois que j’avais 24h de cours officiels (2h pour chacun des 6 auteurs du programme de littérature française, 2h pour chacun des 2 thèmes de littérature comparée, 2h d’ancien français, 4h de grammaire pour 2 siècles différents chaque semaine, 2h de version, alternativement allemand ou latin pour moi).
A cela s’ajoutaient, à partir de novembre, des dissertations de 7h tous les samedis et, à partir de décembre, en sus, des épreuves de langue tous les lundis (allemand ou latin en 4h ; grammaire moderne ou ancienne en 2h30). Autant dire que, à partir du mois de décembre, mes weekends ressemblaient beaucoup aux jours de la semaine, en pire…
Tu allais vraiment à tous ces cours ? Tu as suivi d’autres préparations aussi ?
En vérité, non. J’ai fait plusieurs choix au cours de l’année. Celui d’abord de limiter les organismes de préparation au concours et à ne m’inscrire qu’à une seule préparation à l’agrégation, ayant la chance – car c’en est une – de pouvoir bénéficier de la prepa agreg de l’ENS.
Mon autre choix fut, au cours de l’année, de ne pas assister à tous les cours : heureusement, on nous laissait assez de liberté et on pouvait, sans trop d’impolitesse, sélectionner les enseignements dont on pensait avoir véritablement besoin. Pour ma part, je n’ai quasiment suivi aucune séance de trois unités d’enseignement, je « séchais » donc de 2h à 6h de cours par semaine, de plus en plus à l’approche des épreuves (écrites puis orales).
En savoir plus : Conseils pour réussir le CAPES d’anglais
Pourquoi ? C’est dommage de ne pas en profiter !
Ce sont des choix vraiment personnels pour lesquels la mise au point d’avant l’été (sur les exigences, sur ses atouts et ses faiblesses) peut aider ! Pour faire court, je n’y trouvais pas forcément ce que je cherchais et j’étais davantage satisfaite par des manuels.
Mais la principale raison qui m’a amenée à la décision même de ne pas assister à tous les cours, c’est que je voulais me garder du temps de travail personnel. En effet, si les cours sont indispensables, je pense en revanche qu’il est contre-productif de multiplier les enseignements, dans la mesure où ce sont, selon moi, des heures de « travail passif » : on reçoit des informations mais on ne se les approprie pas vraiment et on ne les met pas en œuvre. On peut avoir le sentiment, parfois trompeur, d’avoir des journées très remplies, mais on ne progresse pas forcément personnellement et on se fatigue.
La préparation à l’agrégation est une année dont on peut, dont on doit même peut-être, se rendre « maître et possesseur », en se fixant des objectifs de progression personnels régulièrement mis à jour, en planifiant son avancée dans l’acquisition des connaissances. C’est véritablement pour moi une année où l’on démontre son autonomie de travail et où les cours et les manuels ne sont que des supports et non pas un clé-en-main dont on doit tout attendre, y compris qu’il fasse la besogne à notre place…
Tu as dit que la préparation à l’agreg de l’ENS était une chance. En quoi ? On entend dire beaucoup de choses…
La préparation à l’agrégation de l’ENS présente de nombreux avantages et j’en suis très satisfaite. Une précision ici, toutefois. Les professeurs de la préparation à l’agrégation à l’ENS sont souvent très qualifiés, mais il faut savoir qu’ils viennent en majeure partie de « l’extérieur » : ce sont pour la plupart des professeurs d’université recrutés chaque année selon les programmes. La qualité des cours dans les universités ou à Sévigné par exemple est souvent tout aussi excellente.
Quant à ce que l’on a pu dire parfois – que les normaliens avaient les sujets à l’avance ou que leurs professeurs étaient aussi les jurys –, je prends à peine le temps de balayer ces déclarations du revers de la main, tant elles sont aberrantes.
Non, les avantages véritables de l’ENS sont selon moi le (relatif) petit nombre de préparationnaires (une quarantaine en prepa agreg lettres pour mon année) et les entraînements réguliers et nombreux, à l’écrit comme à l’oral. De ces avantages, on peut tirer des conseils utiles, je l’espère, au plus grand nombre.
D’abord, la régularité des entraînements à l’agrégation me semble primordiale, en particulier pour les épreuves techniques de grammaire, qui demandent beaucoup de rapidité. Autant que faire se peut donc, je conseillerais de trouver des organismes ou des structures qui proposent des épreuves écrites et orales fréquentes et, à défaut, de s’entraîner à partir des sujets d’agrégation des années précédentes, en le faisant aussi souvent que possible dans les conditions réelles du concours de l’agrégation. Les corrigés dans les rapports de jury sont souvent très complets et permettent ce travail en autonomie.
Ensuite, il me semble très important de s’entourer, de façon privilégiée, de quelques co-préparationnaires. Même si j’étais souvent solitaire dans mon travail, j’ai collaboré régulièrement avec trois personnes (dans et hors ENS) et les échanges qui en résultaient m’apportaient surtout du réconfort et du dynamisme, m’aidaient à adopter un autre regard sur certains textes ou certaines épreuves, me relançaient dans les moments de découragement.
Juste avant les oraux de l’agrégation, en particulier, je me suis entraînée à parler mais aussi à évaluer (exercice intéressant que de jouer le jury, qui permet de se rendre compte des attentes… !) avec deux camarades. Plus que pour les informations que l’on s’apportait mutuellement, c’était surtout pour nous une manière de nous entraîner de façon plus détendue et de relativiser les épreuves.
Lire : Comment devenir instituteur des écoles ?
Quels conseils de travail personnel donnerais-tu aujourd’hui à ceux qui préparent l’agrégation ?
J’aimerais en partager beaucoup ! Difficile de tout dire en un simple témoignage, alors je vais partir de ce qui fut pour moi une de mes plus grandes difficultés.
J’ai eu beaucoup de mal à trouver un équilibre, dans mon travail des œuvres au programme, entre pédagogie, pratique et érudition. Parvenir à les concilier et comprendre ce que l’on attend de moi m’a demandé beaucoup de temps et d’efforts et je n’ai pas toujours réussi à le faire ! Concrètement, je ne savais pas par exemple quelle proportion de textes critiques je devais lire sur tel ou tel auteur. Avec le recul, je crois que j’ai étudié certaines œuvres de façon trop déséquilibrée.
L’idéal est de combiner une compréhension fine, précise et personnelle de l’œuvre, une connaissance au moins superficielle des grandes théories critiques ou des grandes études à son sujet et enfin une pratique régulière de micro-commentaires (utiles pour préparer des exemples de dissertation et pour s’entraîner à l’oral).
J’avais aussi des difficultés à jongler entre mon cours sur une œuvre et mon expérience personnelle de celle-ci : j’avais tendance, je crois, à trop vouloir maîtriser le cours plutôt que de me construire mon propre discours sur l’œuvre, à partir de mes lectures complémentaires. Lire et relire les œuvres, en prenant des notes, en essayant (même si au bout de six mois c’est parfois difficile !) d’adopter sans cesse un regard neuf, vaut sans doute mieux que lire et relire son cours et les cours d’un manuel.
Tu passais tes journées en bibliothèque sur les œuvres alors ? Tu avais une vie à côté ?
Oui et oui, heureusement ! En fait j’avais réussi, et j’en suis plutôt contente, à trouver un équilibre entre mon travail, ma vie personnelle et ma santé. Le vendredi soir, la veille des devoirs, j’allais toujours nager une heure – ça détend et ça maintient en forme. Le dimanche après-midi, je me reposais ou j’allais marcher. En semaine, chaque soir, je prenais le temps de dîner avec mes proches et je m’arrêtais de travailler vers 22h au plus tard.
Pour les épreuves longues de 7h, je me cuisinais la veille quelque chose qui me faisait plaisir (un gâteau, un cake) pour ne pas grignoter n’importe quoi, à défaut de faire un vrai déjeuner entre 9h et 16h… Ce sont de petits détails qui me font dire que l’année d’agrégation est une année où l’on doit être un peu « égoïste » : se consacrer autant que possible au concours – donc je dirais plutôt d’éviter si on peut, de donner des cours en ligne ou en présentiel à côté, par exemple – et prendre soin de soi quand on ne travaille pas. J’avais aussi la chance d’être bien entourée par une famille et des amis bienveillants que je remercie encore de leur soutien sans faille !
Par Adèle.
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