Comment se préparer pour l’agrégation de mathématiques ?
Nicolaï qui a passé l’agrégation de maths nous a aidé à rédiger cet article, tout comme Keyvan, Ségolène, Lucas et Mohamed, jeunes profs agrégés de mathématiques. Nous les remercions pour leur aide précieuse qui donne une vision concrète à cet article d’information. N’hésitez pas à nous laisser vos questions en commentaires tout en bas si vous vous destinez à passer l’agreg de maths, nous les transmettrons à nos professeurs.
Lire : Conditions pour devenir enseignant dans l’éducation nationale
Quelques mots sur l’agrégation de maths
On lira partout que l’agrégation externe de maths est un concours. C’est vrai dans la théorie, cependant comme me l’a signifié Mohamed prof de maths agrégé qui enseigne désormais en cours de prépa HEC, dans la pratique c’est devenu un examen. En effet, il y a environ 400 places par an à l’agrégation externe de maths et pourtant le total des admis à l’agrégation de maths n’atteint pas le nombre de postes à pourvoir. Pourquoi ? L’an dernier, le rang du dernier admis à l’agreg de maths externe était 308. Passé ce rang à l’agrégation, le jury a estimé que les candidats n’avaient pas le niveau pour être agrégé même s’il restait des postes à pourvoir.
Par le passé, il y avait même plus de Normaliens que de places à l’agrégation et toutes les places étaient pourvues. D’ailleurs aujourd’hui, tous les normaliens ou presque passent l’agrégation.
Pour l’agrégation interne de maths, l’ensemble des admis est bien égal au nombre de postes à pouvoir, c’est ici plus un concours au sens strict. C’est aussi une forme de récompense pour des professeurs déjà en poste que l’on souhaite mettre en valeur.
Déroulement du concours de l’agrégation de maths
Tout d’abord, quelques mots sur le format et le contenu du concours de l’agrégation de maths :
- 2 épreuves écrites de 6h, une en “Algèbre et Géométrie” (le nom officiel est « mathématiques générales », abrégées MathsGé) et une en “Analyse et Probabilités”
- 3 épreuves orales d’environ 1h chacune, une “d’Algèbre et Géométrie”, une “d’Analyse et Probas” et une d’option (il y a 4 options : “probas et stats”, “calcul scientifique”, “algèbre et calcul formel” et informatique).
Les épreuves orales sont assez particulières : il y a environ 70 leçons au programme de l’agrégation de mathématiques (35 en algèbre et 35 en analyse), dont les titres sont par exemple « utilisations de la notion de convexité en analyse », « problèmes d’interversion de limites et d’intégrales », « formes linéaires en dimension finie. Exemples et applications », ou encore « Extensions de corps. Exemples et Applications ».
Le jour de l’oral d’algèbre à l’agrégation par exemple, le jury fait tirer au hasard deux titres de leçons, le candidat choisit celle qu’il préfère, puis dispose de 3 heures pour rédiger un plan pour cette leçon, en s’aidant des livres apportés avec lui (ou que l’on peut trouver dans la bibliothèque où l’on prépare l’épreuve).
L’oral de l’agrégation de maths commence par une défense du plan de 6 minutes (c’est très court !). Durant ce temps il faut présenter son plan dans les grandes lignes, justifier les choix que l’on a fait, expliquer comment on souhaite articuler cette leçon, en insistant sur les théorèmes centraux et leurs applications. Il faut proposer au jury de l’agreg deux développements, c’est à dire des théorèmes ou résultats que l’on juge importants et dont on veut présenter la démonstration.
A la fin de la défense de plan, le jury choisit un des deux développements, et le candidat à l’agrégation dispose de 15 minutes pour le présenter (c’est à dire rédiger la démonstration au tableau sans consulter ses notes). Enfin, durant un peu moins d’une demi-heure, le jury pose des questions, sur le plan, sur le développement, voire pose un ou deux exercices supplémentaires.
L’oral d’option quant à lui est différent : le jury présente un texte mathématique de 5-6 pages, et le candidat a 4 heures pour le lire et en préparer une présentation orale de 35 minutes, suivies de 25 minutes de questions du jury.
D’après le dernier rapport du jury de l’agrégation (p.103) « Le texte fourni est la base pour construire et exposer un traitement mathématique d’un problème « concret » en s’appuyant sur les éléments, généralement partiels, disséminés dans le texte. La présentation doit s’appuyer sur un dosage cohérent et harmonieux entre introduction motivée de modèles, preuves mathématiques, illustrations informatiques, critiques éventuelles du texte, réponses aux questions, mise en lumière des connaissances. Les candidats doivent utiliser leurs connaissances mathématiques et informatiques pour justifier les points de leur choix parmi ceux évoqués dans le texte, proposer un retour sur le modèle ainsi qu’une conclusion. »
Lire : Comment réussir le CAPES ?
Comment se préparer à l’agrégation de maths
Notre partenaire pour la prépa agreg de maths
Nous travaillons depuis plus de 5 ans avec la prépa agreg Sévigné, l’une des plus renommées dans le domaine. Pour plus d’info, nous vous invitons à les contacter au 01.53.19.07.48 ou par mail à secretariatsup@collegesevigne.fr, c’est un partenaire de confiance !
La préparation orale de l’agrégation de maths
Selon Nicolaï, pour l’agrégation externe de maths, “les épreuves orales surclassent de loin les épreuves écrites en terme d’investissement personnel et de temps de préparation. La préparation des leçons (71 leçons à la session 2020, c’est beaucoup, soit environ 2 leçons à faire par semaine) et des développements (il faut en proposer au moins deux par leçon) est véritablement ce qui prend le plus de temps.
Je pense que l’erreur de beaucoup de candidats est de commencer à préparer les oraux de l’agreg trop tard. L’idéal est, dès septembre, de commencer à réfléchir à des plans de leçons, des exemples et applications pertinents, et chercher des développements à la fois intéressants, faisables en 15 minutes, et « recasables » (c’est à dire que l’on peut présenter dans plusieurs leçons différentes, sans que cela soit du hors sujet bien sûr). Car apprendre par cœur 140 développements est humainement impossible : on choisit en général des développements qui peuvent aller dans minimum 2-3 leçons, afin d’arriver en juin avec entre 35 et 45 développements bien maîtrisés.”
Keyvan insiste aussi sur la préparation orale de l’agrégation de maths : “la préparation spécifique des oraux de l’agreg a été intense. A l’agreg de maths le format des épreuves orales en « leçons » fait qu’il y a une part incompressible de bachotage et de par cœur pour créer ses leçons, en apprendre la structure afin d’être efficace le jour de l’oral de l’agreg de maths et apprendre les « développements ».
Je recommande très fortement aux personnes préparant l’agrégation de maths en candidat libre de se renseigner sur les attendus des jurys concernant les épreuves orales en terme de méthodologie et en terme de niveau : s’il ne faut pas rester à un niveau du programme de maths de Terminale/Bac+1, il n’y a absolument pas besoin (j’insiste) d’aller chercher des leçons et développements ultra compliqués. Certains sites de préparation à l’agrégation peuvent laisser croire le contraire. Ces derniers sont souvent tenus et alimentés par des candidat-e-s excellent-e-s et dont les plans de leçons et développements excèdent de loin les attendus du jury de l’agreg, même pour avoir des notes supérieures à 16 à l’agrégation de maths.”
Ségolène et Lucas nous avertissent “Il faut préparer les oraux de l’agreg de maths dès septembre : c’est sur cette épreuve qu’il y a une grande marge de progression. Ne pas attendre la fin des écrits de l’agrégation. D’ailleurs, travailler les leçons pour l’oral prépare aux écrits de l’agrégation en même temps. On n’a aucune idée de notre note aux écrits donc il ne faut pas arrêter de travailler après les écrits.”
Pour Mohamed, le niveau d’attente de l’agrégation est de pouvoir faire un cours sur un sujet de maths devant 45 élèves de prépas et de pouvoir répondre à leurs questions. C’est pourquoi l’oral est tant mis en valeur de cette manière. Il faut faire un cours vivant, c’est un “show” où la forme compte autant que le fond, il faut intéresser son audience. Le jury de l’agrégation va se poser la question : “est-ce que je lui confie une classe de prépa MP ?”. Il faut être clair dans ses explications, prendre du recul et faire preuve de maturité.
J’avais entendu lorsque j’étais en cours de maths spé que certains élèves préparaient les concours écrits cpge en ne révisant qu’avec des sujets d’oraux d’écoles d’ingé ou de colles de maths. On m’avait dit qu’en révisant les oraux avec ces “briques élémentaires” de connaissance, on révisait aussi pour les écrits. Disons qu’en cours de prépa cette méthode est sans doute marginale, et je ne la conseille pas à tout le monde mais apparemment pour préparer l’agreg de maths le focus oral fait l’unanimité !
Lire encore : Comment préparer le CAPES de maths ?
Se constituer un stock de livre pour préparer l’agrégation de maths
Il faut dès le début se familiariser avec des livres, et passer beaucoup de temps à la bibliothèque pour découvrir la littérature de maths. Nicolaï se confie. “Depuis le début de mes études, j’étais habitué à travailler avec les polycopiés que l’on nous distribuait, et tous mes souvenirs s’ancraient dedans. Or pour préparer l’agrégation, c’est bien à partir des livres qu’il faut construire ses leçons, car les polycopiés sont interdits le jour de l’oral de l’agrégation de maths (seuls sont autorisés les livres avec un numéro ISBN).
Une partie de la préparation à l’agrégation consiste donc à se constituer un petit socle d’une bonne dizaine de livres que l’on connaît bien, i.e. dans lesquels on sait « où est quoi », où l’on peut retrouver rapidement une information, un exemple, etc.” On l’aura compris, quand d’autres concours, examens, en nécessitent souvent un seul, comme le livre de révision pour le Tage Mage par exemple, passer l’agreg de maths requiert une bibliothèque de livres !
Voir : Comment succéder au CAPES de physique ?
Ne pas négliger l’option pour réussir l’agrégation de maths
Selon Nicolaï “le format de l’option de l’agrégation de maths étant très différent des autres épreuves, on a facilement tendance à délaisser sa préparation. Pourtant, en terme de coefficient, elle compte autant que toutes les autres épreuves de l’agreg de maths. Elle demande une réelle préparation spécifique, notamment vis à vis des modélisations informatiques. Préparer un exposé de 35 minutes sur un texte que l’on vient de découvrir, avec des simulations informatiques comme support de notre présentation, ça ne s’improvise pas ! C’est pour cela que je conseillerais, au moins à partir de janvier (5 mois avant les oraux de l’agreg donc), de consacrer peut-être un jour par semaine (ou alternativement 1h par jour ?) à la préparation à l’épreuve de modélisation.”
Keyvan insiste aussi sur l’épreuve d’option : “elle doit également être préparée avec un soin particulier. Elle est extrêmement discriminante envers les candidats libres à l’agrégation. En effet, les attendus du jury pour ces épreuves sont très précis et s’en écarter revient à s’assurer une très mauvaise note à l’agreg. Les candidats libres à l’agreg arrivent souvent peu préparé-e-s à cette épreuve et sans avoir bien compris ce qui est attendu. Je vous conseille donc de lire avec une extrême attention les rapports du jury de l’agreg (disponibles publiquement).
Rédiger des plans de leçon
Il est impératif de s’entraîner pour l’agrégation à rédiger des plans de leçon en temps limité : 3h de préparation, cela passe extrêmement vite ! De même, il faut s’entraîner de nombreuses fois à présenter les développements à l’oral de l’agreg, pour s’assurer qu’on ne bloque nulle part. Il est important que tous nos arguments s’enchaînent bien, et qu’on arrive à faire tenir la démonstration en exactement 15 minutes, ce qui n’est pas toujours facile non plus.
“Exemples et applications” pour l’agrégation de maths
La plupart des leçons contiennent les termes « exemples et applications » dans leur intitulé. Cet aspect est fondamental. Avant l’agrégation de mathématiques, on ne nous demande jamais de véritablement connaître des applications ou des exemples pertinents, ni même la démonstration (sauf en cours de maths en prépa) des théorèmes que l’on apprend. Ici, c’est tout l’inverse !
Chaque théorème, chaque énoncé, chaque résultat, doit être accompagné d’exemples, d’illustrations, d’applications, qui justifient leur place et leur importance dans la leçon. C’est d’ailleurs quelque chose que le jury vérifie avec beaucoup de méticulosité lors de la phase de questions: « Pourriez-vous nous illustrer votre théorème n°12 sur un exemple simple ? », « Vous parlez de tel résultat, à quoi sert-il exactement ? », « dans tel théorème, pourquoi cette hypothèse est importante ? Le résultat reste-il vrai si on enlève cette hypothèse ? Vous auriez un contre-exemple ? Et existe-il au contraire un résultat un peu plus fort si on rajoute une hypothèse ? », « Vous connaissez un corollaire ou une application de cette proposition ? ». Autant dire qu’il ne faut certainement pas mettre un théorème dans son plan de leçon juste parce qu’on l’a lu dans un livre. Si on ne sait pas à quoi il sert, dans quoi il s’inscrit et qu’on ne peut pas l’appliquer sur un exemple, on l’oublie!
Voir : Comment préparer le CAPES de lettres modernes ?
Ne pas chercher à impressionner le jury de l’agrégation
Autre remarque connexe au point précédent : il ne faut surtout pas chercher à impressionner le jury de l’agrégation en présentant des choses avancées si on ne les maîtrise pas sur le bout des doigts. Il vaut largement mieux présenter une leçon un peu « ras des pâquerettes » mais où l’on connaît tout parfaitement (c’est une stratégie qui peut être tout à fait payante, et même assurer une assez bonne note à l’agrégation), que de se lancer sur des sujets plus stratosphériques mais où on n’est pas très à l’aise. A titre d’exemple, si on parle de notions de niveau M1, mais que le jury nous coince sur une notion plus élémentaire de niveau L1 ou L2, c’est le 3/20 assuré et vous serez recalé de l’agrégation.
Comme dit Mohamed, vous faites cours à une classe, vous parlez d’un sujet et vous ne savez pas répondre aux questions des élèves sur ce sujet, c’est fini “GAME OVER”.
Programme de l’agrégation externe de maths
À ce sujet, même si le programme officiel de l’agrégation de maths s’étend de la L1 au M1, le cœur du programme du concours est essentiellement celui des cours de prépas maths sup-maths spé. A mon sens, trop de candidats passent un temps considérable à étudier des notions très élaborées alors qu’elles sont à la marge du programme de l’agrégation, tout en oubliant de revenir aux fondamentaux des deux premières années (même si certaines notions de L3 sont incontournables, car présentes dans pratiquement tous les sujets d’écrits de l’agreg).
Un de nos professeurs de la prépa agreg résumait les choses de cette façon en début d’année: « vos connaissances en mathématiques sont actuellement une pyramide assez bancale: vous connaissez certaines théories très poussées (niveau fin de M1 par exemple), mais il manque des pierres à des niveaux inférieurs. Le but de la préparation à l’agrégation est de combler ces trous, et remplir cette pyramide petit à petit, en commençant par en bas, par la base. »
Pour cette raison, donner des cours particuliers de maths à des élèves de prépa l’année de la préparation de l’agrégation été assez utile à Nicolaï. “La préparation des cours particuliers et des exercices pour mes élèves me permettait de revenir aux fondamentaux et réviser ces notions de base en vue de ma préparation à l’agreg. Attention, je ne suis évidemment pas en train de dire qu’il ne faut travailler que le programme de prépa maths spé et faire l’impasse sur tout le reste (même si tout le monde finit par faire quelques petites impasses par-ci par-là). Ce que je dis, c’est qu’il y a des priorités. Il faut apprendre à hiérarchiser les connaissances par importance.
Par exemple, en algèbre, l’algèbre linéaire (qui est au cœur des programmes des cours de maths sup, des cours de maths spé et de L1/L2) est prioritaire sur la théorie des représentations des groupes finis (étudiée généralement en M1). En analyse, il faut d’abord s’assurer que l’on est bien à l’aise avec les séries et les intégrales avant de s’attaquer à la théorie des distributions ou à des notions pointues d’analyse fonctionnelle.”
Keyvan ajoute “que donner des colles peut être plus rentable car les exercices préparés pour les colles de mathématiques pourront alimenter des leçons, voire des développements utiles à l’oral de l’agrégation de maths.”
Ségolène et Lucas ne sont pas forcément d’accords “donner des cours particuliers de maths à des élèves de prépa peut permettre de revoir quelques exos classiques, qui peuvent éventuellement tomber aux oraux. Mais ça ne semble pas forcément rentable par rapport au temps perdu sur la préparation de l’agreg et des leçons au programme. De plus, le point de vue mathématique du programme de maths spé est très différent du point de vue des mathématiques de l’agreg.”
Pour Mohamed, le programme des développements est du niveau oral X-ENS voire L3. Le programme de l’agreg interne est presque totalement celui de prépa, alors que pour le programme de l’agrégation externe c’est à 75% le programme de prépa.
Une chose est sûre, j’ai beaucoup entendu de professeurs en poste qui me disaient avoir pour projet de passer l’agreg interne de maths. Et pour se remettre dans le bain, ils souhaitaient donner des cours de maths à des élèves de prépa.
Pas de silo en maths à l’agrégation
Un autre aspect important est l’exigence de transversalité du concours de l’agrégation de maths. Dans la plupart des études de maths, les connaissances sont cloisonnées en unités d’enseignement (UE). On peut arriver à la fausse impression que les chapitres sont indépendants les uns des autres et ne communiquent pas.
A l’agrégation, il faut prendre de la hauteur, dresser des ponts entre les différents domaines des maths. Plus on est transversal, mieux c’est ! D’une part, parce que les écrits de l’agreg de maths mélangent souvent des notions très diverses, et d’autre part car une telle attitude est très appréciée par le jury à l’oral de l’agrégation : elle dénote d’un certain recul et d’une certaine maturité mathématique. Enfin, pour des raisons plus pratiques: un résultat très transversal peut par définition aller dans plusieurs leçons. On en revient à la « recasabilité » de votre travail de préparation de l’agreg, il faut optimiser !
Voir aussi : Comment succéder au CAPES d’anglais ?
Réviser l’agrégation de maths en groupe
Nicolaï est sans équivoque “travailler en groupe est fondamental, et heureusement, la plupart des élèves de ma prépa agreg le font. En ce qui me concerne, je travaille surtout avec ma copine, qui prépare également l’agreg de maths cette année !” Mutualiser le travail permet de partager les idées concernant les leçons ou les développements: « tiens, j’ai trouvé dans tel livre une superbe illustration de tel théorème », « ah, cool ! je vais pouvoir la recaser dans les leçons 201, 205 et 234! », « tu aurais une référence pour la démonstration de tel résultat ? Je n’ai trouvé qu’un obscur pdf sur internet… », « oui, je l’ai vu passer l’autre jour dans tel bouquin ».
La prépa agreg en maths
Un des intérêts majeurs d’être inscrit en prépa agreg plutôt que passer le concours de l’agrégation en candidats libre, c’est d’avoir la possibilité de présenter des leçons à l’oral devant sa classe, et d’avoir les retours d’un professeur dessus : pour beaucoup d’entre nous, nous ne sommes pas très habitués à passer des oraux, donc plus on a l’occasion de s’entraîner à s’exprimer en public, mieux c’est. L’agreg externe est passée beaucoup par des jeunes étudiants ou en sortie d’étude avec peu ou pas d’expérience de terrain.
De plus, si le jour de l’oral de l’agreg on tombe sur une leçon que l’on a déjà présentée à la prépa agreg durant l’année, on est tout de même plus en confiance (on peut par exemple déjà avoir une idée du genre de questions que le jury peut poser).
Pour Ségolène et Lucas, afin de préparer l’agrégation il faut “avant tout, trouver une prépa agreg (sinon c’est vraiment difficile). Présenter l’agreg en candidat libre semble compliqué, tout comme avoir une activité en dehors. Je dirais que les candidats hors prépa agreg sont plus pénalisés qu’avant car il y a maintenant une épreuve de modélisation qui nécessite une vraie préparation informatique et orale.”
De nombreuses facs ainsi que l’ENS propose des prépas agregs, vous pouvez aussi contacter la maison des agrégés dans le 5ème qui saura vous guider.
Les écrits de l’agrégation externe de maths
Quelques mots sur les écrits de l’agrégation de maths, dont je n’ai pas encore beaucoup parlé. Stricto sensu, le programme des écrits et des oraux est le même, donc préparer des leçons et des développements contribue également à préparer les écrits de l’agrégation. Cependant, les concours blancs sont importants (la prépa agreg de Nicolaï en organise huit entre octobre et février).
D’une part, il faut s’habituer à la durée de l’épreuve et s’entraîner à rester concentré et enfermé « dans sa bulle » pendant 6 heures d’affilée.
D’autre part, les questions posées dans les écrits de l’agrég de maths sont tout de même assez techniques, donc il faut pratiquer pour ne pas être noyé dans toutes les notations qui sont introduites dans les sujets et ne pas se perdre dans les calculs parfois interminables.
Enfin, comme il y a beaucoup de questions (les sujets écrits de l’agreg de maths sont très très longs), il faut s’entraîner à produire une rédaction efficace qui va droit au but, sans blabla inutile, mais en donnant précisément les arguments nécessaires pour répondre à la question. Au delà de ces concours blancs, je ne pense pas que les écrits demandent spécialement une préparation spécifique. Encore une fois, la préparation aux oraux fait de toute façon réviser toutes les notions au programme de l’agreg.
Même son de cloche pour Keyvan “Je n’ai pas travaillé spécifiquement les écrits de l’agreg de maths (en suivant les recommandations de nos responsables de préparation agreg qui ne nous le conseillaient pas), à part les écrits blancs que nous avions avec notre prépa agreg. Je n’ai pas l’impression qu’il m’aurait été extrêmement utile de les travailler spécifiquement. Cela tient peut-être au fait que j’étais déjà rigoureux dans ma rédaction et mes raisonnements, et que travailler les écrits de l’agrégation auraient essentiellement consisté à faire des sujets pour gagner en vitesse, ce qui n’est, je trouve, pas facile. Pour indication j’ai eu 15,5 et 15 aux écrits de l’agreg externe en ne sautant aucune question, en étant très rigoureux, mais en ne faisant à chaque fois qu’entre un quart et un tiers des sujets.”
Voir encore : Conditions pour devenir professeur des écoles
Les ressources pour préparer l’agrégation
Que vous vous prépariez à l’agreg de musique, de physique, l’agreg d’anglais ou encore l’agrégation de lettres modernes, on trouve sur internet de nombreux plans de leçons et de nombreuses idées de développements (par exemple sur le célèbre site agreg-maths.fr). Même s’il peut être intéressant de s’en inspirer, il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, et garder un certain recul sur ce qu’on lit.
D’une part, on retient toujours mieux un plan que l’on a construit soi-même, et dont on est capable de bien justifier la structure, par rapport à un plan bêtement recopié dans un livre de maths ou sur internet.
D’autre part, ces plans ont souvent été rédigés par des normaliens top 30, top 20 voire top 10 à l’agrégation, ce sont donc des plans très ambitieux, qui contiennent des choses qui vont bien au delà de ce qui est attendu pour avoir le concours de l’agrégation.
On en revient à ce que j’écrivais plus haut : il faut impérativement rédiger des plans à notre niveau, ne parler que de ce qu’on maîtrise, et toujours « en garder sous la pédale » pour être capable de répondre aux questions du jury, que ce dernier calibre en fonction du niveau auquel on a placé notre leçon (le jury, comme c’est précisé dans le rapport du jury de l’agreg, pose ses questions en se basant sur le contenu de notre plan et de notre développement.
Ainsi, d’une certaine façon, c’est nous qui fixons le niveau auquel se placera notre oral d’agreg). Un de nos très bon professeur disait cette année « si votre niveau est n, rédigez vos leçons au niveau n-1 ». En revanche, si l’on est ambitieux et que l’on vise un excellent rang, il peut bien sûr être très pertinent de parler des choses plus avancées qu’on trouve sur internet ou dans certains livres, afin de se distinguer des autres candidats à l’agrégation.
Bien lire les rapports de jury à l’agreg de maths
Les rapports du jury de l’agrégation de mathématiques, disponibles sur le site officiel du concours agreg.org, est une mine d’informations (plus de 160 pages pour le rapport 2019!), et sa lecture me semble indispensable pour bien saisir « l’esprit » du concours de l’agrégation, et bien comprendre ce que le jury attend des candidats. En particulier, les descriptions détaillées de chaque leçon sont très éclairantes, et peuvent donner de nombreuses pistes de réflexion pour la construction des plans.
Lire aussi : Comment devenir prof en prépa ?
Qui veut avoir l’agreg de maths doit ménager sa monture
En conclusion, un conseil général (qui s’applique en fait à n’importe quel concours, je donne le même conseil à mes élèves de Maths Sup) : surveiller son hygiène de vie ! Le concours de l’agrégation de maths comme le concours de l’agrégation de physique est lourd, le programme est très étendu (on a à peine quelques mois pour revoir l’équivalent de 4 ans d’études supérieures), la préparation à l’agreg demande un engagement profond et de longue haleine, il faut constamment être efficace, aller droit à l’essentiel, jongler entre la révision du cours, la rédaction des plans de leçons, la recherche bibliographique, les exercices pour s’entraîner, les concours blancs, l’apprentissage des développements et la préparation à l’oral d’option, ce qui peut s’avérer éprouvant et stressant.
Il me semble donc important de se mettre dans l’état d’esprit d’un athlète qui préparerait une compétition : organiser son emploi du temps de façon à dormir suffisamment, bien se nourrir, faire du sport, s’aérer la tête régulièrement, bouger, et faire régulièrement des breaks pour se couper complètement de la préparation et souffler un coup mentalement en continuant d’avoir une vie sociale. La préparation de l’agreg est un marathon !
Par Nicolaï, Keyvan, Ségolène, Lucas et Mohamed
Lire d’autres contenus :
Dans l’espoir d’aider les candidats à l’agrégation, nous avons compilé 131 développements inédits, de tous niveaux, permettant d’illustrer toutes les leçons et de faire vivre les idées autrement.
super