Qu’est-ce qu’un résumé ou une contraction de texte ?
Qu’on l’appelle résumé ou contraction de texte, le processus intellectuel qui préside à cet exercice à fort coefficient est le même. Cette épreuve peut faire la différence et vous permettre d’intégrer. Il ne s’agit ni de faire une synthèse du texte source, ni de n’en extraire qu’un « contenu » sec : les correcteurs attendent dans tous les cas une forme de « réécriture intelligente […] [,] une recréation et non […] une simple amputation » (Centrale-Supélec, rapport du jury 2004).
On doit viser, non pas l’« excision » mais la « concision », soit l’art « d’abréger un texte sans en supprimer aucune partie thématiquement significative, mais en le réécrivant dans un style plus concis, et donc en produisant […] un nouveau texte, qui peut à la limite ne plus conserver un seul mot du texte original » (Gérard Genette, Palimpsestes, la littérature au second degré, Seuil, 1982).
Un résumé ou contraction de texte est donc une seconde création du texte qui suit organiquement la même succession des idées, points sur lequel les professeurs membres de tous les jurys de culture générale ne peuvent que tomber d’accord. Qu’est-ce que réécrire ? C’est produire non pas seulement « une simple substitution (synonymie presque toujours approximative), mais un signe certain de l’appropriation de la pensée initiale du texte par l’analyse et l’intelligence du candidat ».
Rédiger un résumé ou une contraction de texte
Les règles à respecter en contraction de texte
Ramener un texte littéraire ou philosophique à un condensé entre 100, 120, 180, 250 ou 400 mots, parfois avec une marge de 5 ou 10 % en plus ou en moins, est un véritable défi. C’est l’occasion d’une fête de l’esprit qui fait appel à des compétences multiples, tant « littéraires » que « scientifiques » presque mathématiques : capacités d’analyse, maîtrise de la lecture profonde, rapidité et virtuosité de l’écriture, correction syntaxique, qualités de style, culture générale, pour parvenir sans peine à reformuler heureusement les notions essentielles en identifiant leur contexte.
Il faudra aussi respecter strictement les normes en vigueur selon les concours (décomptes intermédiaires et/ou final, barres obliques et orthographe impeccable à l’accent près). On rappellera qu’un mot est une unité typographique isolée par deux blancs : “Jacqueline de Romilly”, par exemple, compte pour trois mots. Toute unité est donc un mot, mais attention :
- Aux dates qui correspondent à un mot (1848 = 1 mot)
- Aux pourcentages qui comptent pour un mot (100 % = 2 mots)
- Aux sigles qui comptent pour un mot (BNP = 1 mot)
- Aux mots composés : c’est-à-dire = 4 mots, après-midi = 2 mots, aujourd’hui = 1 mot, socioculturel = 1 mot (les deux unités n’ont pas de sens)
- à « a-t-il/elle » qui comptent pour 2 mots « t » est employé pour des raisons euphoniques, pour éviter que deux voyelles se suivent : quand on pose une question directement, on inverse le verbe et le sujet. Cette consonne n’a donc pas de signification propre.
Méthodologie pour réussir son résumé de texte
Réécrire, c’est donc avant tout être capable d’une intelligence du texte au sens étymologique du terme (verbe latin intellegere : discerner, comprendre, entendre, saisir). Or l’expérience pédagogique met en lumière une difficulté récurrente du candidat zélé : dans sa hâte d’arriver au « produit fini », il ou elle se plonge dans une lecture rapide du texte et se met souvent à appliquer dès le début du temps imparti sa fiche de méthodologie (il en trouvera partout d’excellentes durant ses cours en prépa, en cours particuliers de francais avec son professeur). Pourtant, il ne produira rien de satisfaisant s’il ne sait pas d’abord perdre du temps.
Voici comment se décompose en cinq étapes l’épreuve d’un étudiant qui aura le courage de se retenir et d’être d’abord frustré pour mieux avancer ensuite et pourquoi pas obtenir un 20/20 à la contraction de texte ou au résumé. Cette méthode du résumé en prépa a toujours fait ses preuves ; elle demande simplement une forme particulière de patience, de concentration, d’abandon et de confiance en soi, ainsi que le goût de revenir plusieurs fois sur son ouvrage, comme un artisan qui produit un chef-d’œuvre.
Elle s’appuie sur le constat suivant : la division du travail en étapes, accomplies de façon « monotâche », est bien plus productive. Jugez plutôt :
1. La « lecture blanche » : une rencontre. Comme devant un texte en langue étrangère, il faut s’autoriser à se plonger, comme par osmose, dans le sujet, en oubliant sa montre (si, si !). Le lire et l’observer attentivement de A à Z, à fond, sans presque rien faire. Noter seulement :
la macrostructure (Combien de parties ? Quelles proportions du texte, à reproduire, occupe chaque partie ? Au besoin, se préparer des pourcentages de mots pour plus tard)
- les termes incompréhensibles (à contourner)
- les numéros de paragraphes qui serviront plus tard
- le contexte et le ton de l’auteur : on saura ainsi quel style on vise soi-même
2. La « lecture colorée ». Isoler graphiquement, sur le document, les grandes étapes du texte, en surlignant de trois couleurs différentes :
- la thèse principale chaque fois qu’elle surgit
- les idées secondaires mais importantes qui viendront soutenir la thèse et sans lesquelles le texte serait un peu vide
- les exemples centraux qu’on va garder, ceux sans lesquels le texte n’a plus de sens.
Attention : tout ce qui n’aura pas été surligné ici devra disparaître. Cette étape est celle de la sélection définitive et exclut tout retour en arrière.
3. La reformulation. Revenir au texte une troisième fois en commençant à reformuler à part (sur des feuilles glissées sous le sujet des deux côtés, pour créer des marges ?), tout ce qui a été surligné.
4. La rédaction. Passer au travail de réécriture, avec imitation littéraire du ton des textes, reformulation des concepts et travail sur les liens entre les parties, en se basant sur ce qui a été produit à l’étape suivante. Bien soigner la progression, les transitions, vérifier que le texte d’arrivée serait compréhensible pour un lecteur « vierge », qui n’aurait pas le document de départ.
5. La relecture technique : peaufinage, orthographe, décompte, barres obliques au besoin. Il faut accorder une attention particulière aux fautes d’accord et notamment l’accord du participe passé avec le verbe avoir.
Aurélie Zygel-Basso
Aurélie est professeur de Chaire supérieure, agrégée de Lettres classiques. Elle donne cours au lycée Condorcet (Paris) en CPGE littéraires, après avoir eu en responsabilité des CPGE khâgne A/L, B/L, scientifiques et ECS des deux années. Elle poursuit la préparation des étudiants aux concours des grandes écoles de commerce, entraîne vers l’entretien de personnalité et corrige la dissertation de culture générale de l’ESSEC.
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