Chapitres Français en Première
Résumé et analyse les Cahiers de Douai – Arthur Rimbaud (1893)
Résumé de cours Exercices et corrigés
Cours en ligne de Français en Première
Ce cours en ligne de français en première sur l’œuvre de Arthur Rimbaud, Les cahiers de Douai, est nécessaire pour préparer le bac de français. Elle est en effet l’une des œuvres phares du programme de première que vous devez maitriser notamment pour l’épreuve de élève se doit de connaître, de même que l’analyse de la rage de l’expression de Ponge ou encore l’histoire de la poésie. Vous pouvez compléter ces résumés de cours et fiches de lectures par des cours de français particuliers afin de progresser et obtenir une bonne note au bac de français en fin d’année.
Les Cahiers de Douai : résumé de l’œuvre
Les cahiers de Douai au bac : Contexte
En septembre 1870, Arthur Rimbaud, qui n’a encore que 16 ans, fugue de chez lui. Il espère se rendre à Paris pour être au plus proche de la guerre de Prusse. Arrêté à la gare du nord et mené en prison, il est libéré par son professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui l’héberge ensuite à Douai. Le jeune homme en profite alors pour recopier et corriger 15 poèmes qu’il dépose chez le poète et éditeur Paul Demeny. En octobre 1870, Rimbaud fugue de nouveau et retourne à Douai. Il dépose cette fois-ci sept sonnets à l’éditeur.
Paul Demeny ne publie pas les poèmes de Rimbaud, mais ne les détruit pas non plus, contrairement à la demande du poète : “brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai”. Les cahiers de Douai seront finalement publiés en 1893 après la mort de Rimbaud.
Structure et analyse des cahiers de Douai
Les Cahiers de Douai se composent donc de 22 poèmes, répartis en deux cahiers. Le premier comporte 15 poèmes :
- Première soirée
- Sensation
- Le Forgeron
- Soleil et Chair
- Ophélie
- Bal des pendus
- Le châtiment de Tartufe
- Vénus Anadyomène
- Les Réparties de Nina
- A la musique
- Les Effarés
- Roman
- Morts de quatre vint douze et de quatre vingt treize (poème sans titre, désigné par son premier vers)
- Le Mal7
- Rages de Césars
Le second contient 7 poèmes :
- Rêvé pour l’hiver
- Le Dormeur du val
- Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir
- La Maline
- L’Eclatante Victoire de Sarrebück
- Le Buffet
- Ma Bohème
Lire aussi : Mouvements et formes poétiques pour le bac
TROUVEZ LE MEILLEUR ENSEIGNANT
Pédagogie, bienveillance et suivi
Profs certifiés et agrégés
Contactez Groupe Réussite
Avis Google France ★★★★★ 4,9 sur 5
Biographie d’Arthur Rimbaud, auteur des Cahiers de Douai
Arthur Rimbaud nait en 1854 à Charlevilles, dans l’est de la France. Son père, un capitaine d’infanterie, l’abandonne en 1860 avec sa mère et ses trois frères et sœurs.
Si le jeune Arthur est brillant à l’école, il se caractérise rapidement par son sens de la révolte. En 1870, il réalise deux fugues consécutives, dont l’une le mène en prison. Il est libéré et hébergé par son professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui le soutient dans ses initiatives littéraires. Lorsqu’il n’a encore que 15 ans, Arthur Rimbaud entre en contact avec le poète Théodore de Banville et lui envoie quelques poèmes, dans l’espoir de se faire publier. Alors même qu’il gagne de nombreux prix scolaires, le jeune-homme renonce à passer son bac à lauréat.
En février 1871, Rimbaud arrive enfin à rejoindre Paris lors d’une troisième fugue. Il y reste à peine un mois et prend partie pour la Commune avant de rentrer à Charlevilles. C’est la même année qu’il théorise ses principes poétiques dans ses “lettres du voyant”.
Souhaitant revenir à Paris, Arthur Rimbaud écrit à Paul Verlaine et lui envoie quelques-uns de ses poèmes. Ce dernier lui répond immédiatement : « Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ». C’est l’occasion pour le jeune poète de briller dans les cercles littéraires de la capitale. Ses poèmes, comme “Le bateau ivre”, sont très appréciés pour leur modernité. Toutefois, les excès de Rimbaud et sa violence commencent à faire scandale. De plus, la relation amoureuse qu’il noue avec Verlaine, un homme marié, déplait. Rimbaud rentre alors pour un temps à Charlevilles.
En 1872, les deux amants se retrouvent à Paris puis partent pour une vie d’errance et de bohème en Angleterre et en Belgique. Leur relation passionnelle et orageuse se termine brutalement : au cours d’une dispute, Verlaine tire à deux reprises sur Rimbaud et le blesse au genou.
En convalescence, Rimbaud en profite pour achever son recueil Une saison en enfer, qui sera publié en 1873. En 1874, il continue de travailler au recueil Illuminations, initié en 1872.
En 1875, Rimbaud arrête d’écrire de la poésie et se tourne vers le commerce. Engagé par des compagnies commerciales, le jeune-homme voyage dans le monde entier. En 1880, il ouvre un comptoir commercial en Afrique et se lance quelques années plus tard dans le trafic d’armes. En 1891, Rimbaud souffre d’une douleur au genou qui a reçu la balle de Verlaine. Rapatrié en France, il meurt à Marseille, quelques mois après son débarquement.
COURS PARTICULIERS EN LIGNE
Nous avons sélectionné pour vous les meilleurs professeurs particuliers.
POUR ACCÉLÉRER MA PROGRESSION
Avis Google France ★★★★★ 4,9 sur 5
Analyse des thèmes des cahiers de Douai d’Arthur Rimbaud
La sensualité : Rimbaud est jeune lorsqu’il écrit les Cahiers de Douai. Il a l’âge des émois amoureux et des premiers désirs. Ainsi, Première soirée met en scène un jeu sensuel entre une jeune femme “fort déshabillée”, “mi-nue”, et le poète, auquel elle s’offre et se refuse à la fois : “Je baisai ses fines chevilles”, “Les petits pieds sous sa chemise / Se sauvèrent : veux-tu finir”. La sensualité est marquée par la description du corps (“ses petits pieds si fins, si fins”, “et sur son sein”, “ses fines chevilles”) et le polyptote du mot “baiser” (“Je baisai”x2, “dans un baiser”). Elle est toujours accompagnée par une forme de légèreté, incarnée par le rire : “Elle eut un doux rire brutal / qui s’égrenait en claires trilles / Un joli rire de cristal”. On retrouve cette même sensualité dans Les réparties de Nina, qui commence toutefois par une invitation plus crue : “Ta poitrine sur ma poitrine / Hein, nous irions”.
Comme dans Première soirée, la femme est décrite par son corps, qui se mêle ici à la nature. Le désir du narrateur (LUI) se ressent principalement par l’évocation de sensations tactiles (“On sent dans les choses ouvertes / Frémir des chairs”), gustatives (“Ton goût de framboise et de fraise”) ou encore odorantes (“Nos grands bois sentiraient la sève”). Néanmoins, ce désir n’est qu’un fantasme, comme le marque le subjonctif du deuxième vers (“nous irions”) et la chute comique du poème. D’ailleurs, d’autres poèmes, comme “Roman” ou “A la musique” mettent en scène des relations imaginaires, nées de rencontres furtives “sous les marronniers verts” ou les “tilleuls”. Alors “on se sent au lèvre un baiser”, comme la sensation fantôme d’un amour rêvé. D’ailleurs, un poème ne s’appelle-t-il pas “rêvé pour l’hiver” ?
Dans Vénus Anadyomène, la sensualité est prise à contrepied, de façon caricaturale. Si le titre nous laisse croire que le poème peindra la déesse de la beauté sortant de l’eau, c’est en réalité le portrait d’une femme vieille et vulgaire émergeant de son bain. Le corps n’est plus érotisé, mais repoussant. L’ulcère à l’anus qui clôt le sonnet porte à son paroxysme la laideur du corps et une sexualité malsaine.
La bohème : Rappelons-le, Les Cahiers de Douai ont été remis à l’éditeur Paul Demeny après deux fugues du jeune Rimbaud. C’est peut-être pour cette raison que le recueil est parcouru par ce sentiment de liberté et de vagabondage. Ainsi, dans Sensation, on voit le jeune poète abandonné à ses seuls sens (“picoté”, “fouler”, “j’en sentirai”), en communion avec la nature (“blé”, “herbe”, “vent”), tendu vers un départ sans but (“j’irai”), vers un futur ouvert à tous les possibles.
Il se compare d’ailleurs avec un “bohémien”, c’est-à-dire un nomade qui vit en voyageant. Ce terme est également repris dans le poème intitulé Ma bohème, qui fait le portrait d’un poète pauvre (“dans mes poches crevées”, “Mon unique culotte avait un large trou”), mais heureux (“que d’amours splendides j’ai rêvées !”), entièrement dévoué à la poésie : “J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal !”. Ainsi, pour Rimbaud la création poétique est intrinsèquement liée à la liberté, que ce soit une liberté de mouvement ou une liberté stylistique. Cette fuite en avant semble aussi liée à la jeunesse, comme dans Roman, où à dix-sept ans on fuit les “bocks” et “la limonade” pour aller “sous les tilleuls verts de la promenade”.
Deux poèmes viennent illustrer des scènes quotidiennes de sa vie de bohème. Dans Au Cabaret Vert, le sonnet peint l’arrivée du poète dans un cabaret, heureux de pouvoir se détendre d’une longue marche et de savourer “des tartines / de beurre et du jambon” en compagnie d’une serveuse pulpeuse. Une deuxième scène de genre est décrite dans La Maline. On assiste de nouveau à un repas pendant lequel la serveuse séduit le jeune Rimbaud.
La révolte : Comme beaucoup d’adolescents, Rimbaud est révolté. Sa poésie est donc l’occasion de dénoncer le monde dans lequel il vit. Dans A la musique, il s’attaque à la bourgeoisie. Il montre que, sous couvert d’honnêteté et de décence (“Square où tout est correct”), les bourgeois se laissent aller aux vices, comme la séduction (“Celles dont les volants ont des airs de réclames”), le goût pour l’argent (“puis prisent en argent, et reprennent ‘en somme !…’”), la gourmandise (“Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande”). Il transforme ainsi la fête bourgeoise en défilé de figures ridicules.
En miroir, juste après cet étalage de luxe, Rimbaud dénonce la misère du peuple dans Les Effarés, en peignant de façon pathétique des enfants observant un boulanger avec envie : “Noirs dans la neige et dans la brume / Au grand soupirail qui s’allume […] / A genoux, cinq petits, – misère ! – / Regardent le boulanger faire”. Après l’hypocrisie bourgeoise, Rimbaud s’attaque aussi à l’hypocrisie religieuse. Il écrit ainsi un poème sur le personnage de Tartuffe, qu’il met littéralement à nu pour exposer sous “sa chaste robe noire” “son coeur amoureux”. Loin du ton comique de ce premier poème, Rimbaud questionne aussi le rôle de Dieu par rapport à l’atrocité de la guerre dans Le Mal : “Tandis que les crachats rouges de la mitraille / Sifflent tout le jour […] / Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées / des autels, à l’encens, aux grands calices d’or”.
La violence de la guerre est également soulignée dans un poème paradoxalement très apaisant : Le Dormeur du Val. Dans ce célèbre sonnet, Rimbaud peint la figure tranquille d’un jeune-homme apparemment en train de faire la sieste, pour révéler finalement qu’il s’agit d’un cadavre. Enfin, la révolte de Rimbaud est surtout politique et s’attaque principalement à la figure de l’empereur. Ainsi, le poète se moque de Napoléon III à plusieurs reprises : il le transforme en cavalier enfantin et ridicule, “raide, sur son dada”, dans L’éclatante Victoire de Sarrebrück ou le présente comme un dictateur à “l’oeil mort” devant l’immortelle Liberté dans Rages des Césars.
Le Forgeron est un poème emblématique de la révolte. D’une part, il reprend un épisode de la révolution française. D’autre part, il met en scène un personnage du peuple pour braver l’autorité royale, tutoyant le roi, l’appelant “Monsieur”, utilisant un vocabulaire argotique pour dénoncer l’opposition entre la misère des pauvres et le luxe royal (“Tu crois que j’aime voir ta baraque splendide ?”). Par sa verve, mais aussi par son métier, le forgeron est associé à la figure du poète, qui forge des vers “comme un clairon d’airain” pour se révolter contre la société.
Libertés poétiques : Rimbaud est épris de liberté et de révolte, non seulement dans sa vie, mais aussi dans ses vers. Si le jeune poète reprend des structures classiques, comme les sonnets, il n’hésite pas à jouer avec la contrainte pour leur donner une dimension moderne. Ainsi, Rimbaud aime à modifier le rythme de ses vers par des rejets qui coupent la fluidité de la phrase. Par exemple dans Rages des Césars : “Il est pris. – Oh quel nom sur ses lèvres muettes / Trésaille ?…” ou encore dans Le Dormeur du Val : “Accrochant follement aux herbes des haillons / D’argent ; où le soleil, de la montagne fières / Luit…”.
De même, si Rimbaud utilise majoritairement le vers classique de l’alexandrin, il respecte rarement la césure à la 6ème syllabe, comme dans ces vers de Rêvé pour l’hiver : “L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose” = 2/10 ; “Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose” = 4/8. Outre la forme, le fond se distingue aussi de la poésie classique, notamment par l’utilisation d’un vocabulaire familier (“sur son dada”, “comme un papa” L’éclatante victoire de Sarrebrück ; “doux frou-frou” Ma bohème) voire argotique (“Leurs culs en rond”, Les Effarés ; “Crapule”, “droguailles” “putain”, “baraque” Le Forgeron). De même, les sujets choisis n’entrent pas tous dans les thématiques poétiques habituelles. Rimbaud peint des scènes parfois très quotidiennes, comme dans Au Cabaret Vert ou La Maline, et certaines images vont jusqu’à la trivialité (“Une vache fientera, fière / A chaque pas” Les Réparties de Nina). Dans Vénus Anadyomène, Rimbaud pousse la provocation jusqu’à détourner un exercice classique – le blason – pour faire un portrait hideux et obscène.
Le rejet consiste à faire terminer une phrase, un groupe syntaxique, au début du vers suivant. Cela crée un effet de rupture. La césure est une pause dans le vers.
Le Bal des pendus est une reprise du célèbre poème La Ballade des pendus écrit au Moyen-âge par François Villon. Rimbaud se propose donc de reprendre une tradition médiévale avec le thème de la danse macabre. Pour autant, il la réécrit avec des influences propres à son siècle, comme l’imaginaire gothique. Son ironie face à la mort et au diable inscrit aussi le poème dans la modernité.
Retrouvez d’autres contenus pour préparer au mieux le bac de français :