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L’enterrement – Paul Verlaine
Cours en ligne de Français en Première
L’enterrement de Verlaine fait partie des cours en ligne de français en première, de même que d’autres œuvres telles que Les Contemplations de Hugo, Le Malade Imaginaire de Molière ou l’œuvre d’Apollinaire, Alcools.
Ce commentaire sur l’enterrement de Verlaine permet aux élèves de se préparer au bac de français en acquérant la méthode du commentaire littéraire et les outils et formules pour la rédaction au bac de français nécessaire à cet exercice.
Pour réussir l’oral du bac, les élèves peuvent aussi consulter nos conseils pour l’oral du bac de français. Par ailleurs, vous pouvez aussi faire appel aux cours particuliers de français à domicile pour une préparation complète à l’oral du bac. Nos enseignants vous donneront tous les outils à maîtriser pour passer un excellent oral de français au bac.
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Verlaine, L’enterrement
Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
Le fossoyeur qui chante et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l’air, lançant son svelte trille1,
Le prêtre en blanc surplis (2), qui prie allègrement,
L’enfant de chœur avec sa voix fraîche de fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S’installe le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux drille (3),
Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis, tout rondelets, sous leur frac (4) écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,
Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, cœurs élargis, fronts où flotte une gloire,
Les héritiers resplendissants !
L’enterrement, Paul Verlaine, Poèmes saturniens*, 1866.
1- Trille : note musicale, sonorité qui se prolonge.
2- Surplis : vêtement à manches larges que les prêtres portent sur la soutane.
3- Drille : homme jovial.
4- Frac : habit noir de cérémonie.
* En fait ce poème n’appartient pas à ce recueil, mais lui a été parfois ajouté dans certaines éditions (NdE).
Commentaire de texte sur l’enterrement de Verlaine
Introduction
Figure du « poète maudit » et héritier d’une mélancolie romantique devenue spleen depuis Baudelaire, les Poèmes saturniens de Verlaine mélangent une certaine langueur mélancolique contrebalancée par une tonalité souvent noire et grinçante. De même, la tradition poétique est bien présente dans la forme, mais Verlaine n’hésite pas y introduire une certaine modernité par la rupture : cassures dans le rythme, discordances prosaïques dans le langue de la poésie, brusques ruptures dans la tonalité des poèmes.
Le poème Enterrement de Verlaine, extrait du recueil de 1866, présente une scène de cérémonie funèbre. Le thème de la mort présent dans ce sonnet, forme poétique traditionnelle, pourrait nous orienter vers un traitement lyrique, l’expression du deuil ou une réflexion existentielle. Mais nous sommes trompés dans cette attente par un jeu de contrastes, une ironie acerbe, qui donne à ce sonnet une dimension tout à fait satirique.
En quoi ce sonnet de Verlaine est-il une provocation poétique et satirique ?
Nous montrerons d’abord qu’il s’agit d’un sonnet malmené au sens où la forme traditionnelle poétique est mise à mal. En effet le poème repose sur un jeu formel et lexical de contrastes et ruptures qui associent ironiquement la joie et à la fête à cette scène d’enterrement. Enfin nous analyserons la façon dont l’oralité accentue la force provocatrice de ce sonnet satirique.
I. Un sonnet malmené
A) Le choix d’une forme poétique traditionnelle
La structure générale de ce poème respecte la forme traditionnelle du sonnet telle qu’elle est pratiquée par les poètes français depuis la Renaissance. Cette forme ne contredit pas la modernité puisque Baudelaire lui-même, quelques années avant Verlaine, s’en empare dans ses Fleurs du Mal.
Ainsi la succession de deux quatrains et de deux tercets est respectée, et le système des rimes embrassées dans les quatrains l’est également. Traditionnellement, le passage du quatrain au tercet s’accompagne d’une certaine rupture, tonale ou thématique, on peut avancer que cet usage est respecté par le sursaut de la voix du poète « Tout cela me paraît charmant en vérité » au v9 qui fait un constat (« Tout cela » est anaphorique) à partir de la scène décrite dans les deux quatrains.
Lire aussi : Tout savoir sur l’histoire de la poésie.
B) Ruptures rythmiques et lourdeurs à la rime
Mais cela n’empêche pas un traitement très moderne du sonnet qui n’hésite pas à s’écarter de la tradition. Dans ce poème, le vers choisi est l’alexandrin, mètre classique par excellence et dont le rythme est très codé. Or Verlaine bouleverse ce rythme. On peut relever, par exemple, un phénomène de rejet du vers 7 au vers 8 qui rompt l’équilibre rythmique de l’alexandrin, ou encore on remarque que le vers 3 présente un rythme heurté causant un déséquilibre entre le premier et le second hémistiche : « 2/2/2/6 ». A ces ruptures rythmiques s’ajoutent des lourdeurs à la rime.
Ainsi, pour rimer ou faire écho avec le mot du titre « enterrement », le poète place à deux reprises à la rime des adverbes en -ment : « allègrement » v.4 et « douillettement » v.6. Ces formes sont traditionnellement proscrites à la rime pour leur facilité et leur redondance. Ces écarts sont pour le poète une sorte de jeu provocateur avec la forme du sonnet.
C) Le poétique et le prosaïque
Ne comptant pas habituellement parmi les éléments d’une langue poétique, les adverbes en -ment, ici à la rime, introduisent une forme de prosaïsme dans la langue du poème.
Ce phénomène se retrouve à l’échelle de tout le texte puisque le poétique et le prosaïque semblent coexister. Les détails : « sa pioche qui brille » (v.2), « lançant son svelte drille » (v. 3) et la « voix fraîche de fille » des premiers quatrains donnent à cette scène une légèreté lumineuse, musicale et harmonieuse, dont les figures presque angéliques du dernier tercet sont un écho : « cœurs élargis, fronts où flottent une gloire. » (v.13). Mais ces images poétiques en encadrent d’autres beaucoup plus prosaïques et grossières à l’image des croque-morts ivres aux vers 10 et 11 « au nez rougi », pour lesquels le terme très familier de « rondelets » est placé à la césure.
De même, on perçoit l’effet très ironique de la rime entre « pourboires » et « gloire ». On observe ainsi une scène scandaleusement paradoxale : une cérémonie funèbre où se mêlent la joie et la fête. C’est dans ce jeu de contrastes et de ruptures que se distille l’ironie satirique.
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II. Joie et fête dans une scène d’enterrement : contrastes et ruptures
A) Un tableau complet de la cérémonie funèbre…
A la façon d’un tableau réaliste, on pense à l’Enterrement à Ronans du peintre Gustave Courbet, c’est bien une scène d’inhumation en présence des proches et représentants de la religion qui constitue le cadre du poème. On note d’ailleurs une certaine insistance dans l’écho immédiat entre le titre, explicite, et le premier mot à la rime.
D’un bout à l’autre du poème, toutes les figures sont réunies et clairement désignées par leur nom en début de vers : « Le fossoyeur » (v.2), « Le prêtre » (v.4), « L’enfant de chœur » (v.5), « Les croque-morts »(v. 11), « Les héritiers » (v.14) et même… « le défunt » (v.8).
On compte également les costumes (« en blanc surplis », « leur frac »…), les objets (« la cloche », « la pioche », « le cercueil »), et les rituels (les prières au v.4, les chants au v.5 et l’oraison funèbre au v.12). Au cœur du poème, la scène est décrite de façon très explicite, réaliste voire crue.
Ainsi la métaphore de la terre, lit des morts est matérialisée ici par « l’édredon du défunt », terme commun qui ne vient pas du tout sublimer la mort.
B) … désamorcé par une joie scandaleuse
Ce paradoxe est formulé dès le premier vers : « Je ne sais rien de gai comme un enterrement », où l’adjectif « gai » et le nom « enterrement » se répondent de façon oxymorique à la césure et à la rime.
Ainsi le tableau réaliste donc nous avons parlé est également un tableau très sonore où les voix (du fossoyeur au v.2 et de l’enfant de chœur au v.5) et la musique (« son svelte trille » v.3) s’élèvent dans une atmosphère festive inattendue. Ce caractère inapproprié se retrouve dans l’expression « qui prie allègrement » (v.4) où l’adverbe dénotant la joie contredit la gravité de la prière des morts.
La beauté (« blanc surplis », « beaux discours ») et la lumière (« brille »,« resplendissants ») font penser à une célébration bien plus qu’à un enterrement. Cette joie contamine la scène au point de donner au défunt le qualificatif très antithétique de « heureux drille. » (v. 8).
La suite du II et le III du commentaire corrigé sur l’enterrement de Verlaine sont disponibles sur l’application mobile PrepApp. D’autres cours sont disponibles sur des œuvres au programme (les Lettres Persanes de Montesquieu, les Mémoires d’Hadrien de Yourcenar, les Fables de la Fontaine…), sur les différents thèmes d’étude (le roman, le théâtre, la poésie…) et sur les notions à connaître (les mouvements littéraires, genres et registres littéraires, etc.)
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