Chapitres Français en Première
Les Lettres Persanes, Montesquieu
Cours en ligne de Français en Première
Les Lettres Persanes, de Montesquieu est l’une des œuvres à analyser au programme de première. Il est donc important pour les élèves de bien la comprendre et de bien l’analyser afin de mieux se préparer au bac de français. De plus, pour être sûr de réussir l’épreuve de français, il est indispensable de réviser sur les cours en ligne de français en première et de connaître les œuvres phares du programme : les Fleurs du Mal de Baudelaire, Alcools d’Apollinaire, le Malade Imaginaire de Molière, etc… Pour approfondir vos connaissances et renforcer vos compétences, un professeur particulier de français peut intervenir à votre domicile. Il vous apportera des cours individuels en français, en vous préparant efficacement aux épreuves de français au bac.
Fiche de lecture sur : Les Lettres persanes, Montesquieu
I. Lettres persanes, Montesquieu : L’auteur
Charles Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, est né le 18 janvier 1689 et décédé le 10 février 1755. Sa famille, originaire de la région de Bordeaux, appartient à la noblesse de robe. Montesquieu suit d’ailleurs des études de droit, dès 1705, à Bordeaux. Il les achève en 1708 et épouse, en 1715, Jeanne Lartigue, protestante. En 1716, il hérite de son oncle son titre (baron de Montesquieu) et sa charge (président à mortier du Parlement de Bordeaux). En mai 1716, il est reçu à l’Académie de Bordeaux et en 1727, il est élu à l’Académie Française. Montesquieu a beaucoup voyagé, en France (il multiplie les séjours à Paris), mais aussi en Europe. Il publie en 1734, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, puis, en 1748, De l’Esprit des lois, mis à l’index.
SUIVRE DES COURS PARTICULIERS DE FRANCAIS
Avoir des bases solides et exceller
II. L’œuvre : Lettres Persanes, analyse
A) Lettres persanes, Montesquieu : La publication
Lettres persanes est un roman épistolaire, publié anonymement en 1721. L’histoire de son édition est particulièrement complexe. L’idée de rédiger des lettres persanes vient à Montesquieu dans les années 1716-1718. Ainsi, le roman regorge d’allusions à la vie politique de ces années de composition. Il publie tout d’abord son manuscrit en 1721, à Amsterdam, afin de contourner la censure : l’édition contient alors 150 lettres. A l’automne 1721, une édition augmentée est publiée : 13 lettres sont ôtées, et 3 nouvelles sont ajoutées. En 1758 paraît une nouvelle édition contenant les « Quelques réflexions sur les Lettres persanes » et 11 nouvelles lettres (dont les 3 nouvelles de l’automne 1721), tout en conservant les 13 lettres enlevées à l’automne 1721.
En 1751, avec la publication de l’Esprit des lois, Montesquieu subit la censure (l’œuvre est indexée). Les jansénistes reviennent alors sur ses publications précédentes et s’attaquent violemment aux Lettres persanes, comme en témoigne l’ouvrage de l’Abbé Gaultier, Les Lettres persanes convaincues d’impiété. Suite à cette attaque, à laquelle se joignent les jésuites, Montesquieu corrige quelque peu son texte et ajouter les « Quelques réflexions sur les Lettres persanes », texte liminaire où il tente de répondre aux critiques qui lui sont adressées.
B) Lettres Persanes, Montesquieu : Le contexte
Les Lettres persanes font appel à une fiction éditoriale : l’auteur prétend avoir trouvé ces lettres et ne les avoir que reproduites, stratagème assez courant au XVIIIe siècle (Marivaux l’utilise dans la Vie de Marianne et Laclos dans les Liaisons dangereuses). Il écrit ainsi dans l’introduction : « Je ne fais donc que l’office de traducteur : toute ma peine a été de mettre l’ouvrage à nos mœurs. »
Le roman épistolaire est également en vogue au XVIIIe siècle : de nombreux auteurs ont recours à cette forme polyphonique, comme Choderlos de Laclos, Rousseau avec sa Nouvelle Héloïse, ou les Lettres Portugaises.
Un autre « phénomène » d’époque exploité dans les Lettres persanes est l’orientalisme : le XVIIIe siècle est fasciné par l’Orient, sur lequel les récits de voyage se multiplient, comme celui de Chardin. De même, Antoine Galland traduit, entre 1704 et 1717, les Mille et une nuits. L’Orient est associé, dans l’imaginaire collectif, à la sensualité (notamment avec l’image du sérail) mais, pour Montesquieu, il est aussi associé à une forme politique spécifique, le despotisme, idée qu’il évoque dans les Lettres persanes mais aussi dans l’Esprit des lois.
Les « faux » récits de voyage sur la France sont également à la mode. La Bruyère, dans ses Caractères, en avait déjà exploité le potentiel satirique et polémique. En effet, le recours à des regards étrangers, comme ceux d’Usbek et Rica, sur la France permet à l’auteur d’en dénoncer toutes les incongruités politiques, sociales, économiques et religieuses avec ironie, en contournant la censure. Voltaire avait exploité également ce procédé dans L’Ingénu, qui porte bien son titre : il s’agit de rendre le regard et de faire parler un parfait étranger, sensible, par son ingénuité, aux défauts du système français. Ce procédé de l’ « estrangement », qui permet également de mettre à mal l’européanocentrisme, sur le modèle de Montaigne et de ses « Cannibales » (Essais), est un procédé satirique.
La fiction du sérail, tout en faisant signe vers les fantasmes orientaux des Occidentaux, évoque également la littérature libertine du XVIIIe siècle : Crébillon, Laclos, Sade, Diderot…
Enfin, sur le plan philosophique, les Lettres persanes est également un roman des Lumières, grand mouvement littéraire du XVIIIe siècle. En effet, l’œuvre ne se limite pas à un conte érotique ou à sa portée satirique : certaines lettres élaborent une réflexion politique, religieuse et économique très détaillée et argumentée, et font écho à des préoccupations de l’époque (ainsi, les lettres sur le dépeuplement évoquent une crainte d’époque réelle, à laquelle de nombreux savants ont tenté de trouver une solution). La lutte contre l’obscurantisme passe donc, dans les Lettres persanes, par la satire, mais aussi par la réflexion philosophique, essentiellement menée par Usbek.
C) Lettres Persanes, Montesquieu : Le titre
Le titre de l’œuvre n’est pas, en soi, très intéressant au regard de votre programme. Il met en avant l’appartenance générique de l’œuvre (roman épistolaire), et son caractère pseudo-exotique (les lettres proviennent de scripteurs persans). La lettre est une forme particulière, plus intime, qui permet au locuteur d’exprimer ses sentiments et ses pensées de manière particulièrement sincère. En ce qui concerne leur origine persane, la présence de l’adjectif dans le titre fait de suite signe vers un pays étranger oriental, la Perse (soit l’actuel Iran), mystérieux et différent à plusieurs égards : le climat, les mœurs, la politique, et la religion.
D) Lettres Persanes, Montesquieu : Les personnages
On peut séparer les personnages, c’est-à-dire les scripteurs, des Lettres persanes en plusieurs groupes afin d’y voir plus clair. Tout d’abord, on trouve deux grands groupes : les personnages qui séjournent en France, et ceux qui sont restés en Perse. La lettre (S) ajoutée après le nom du personnage indique qu’il est scripteur. Si elle est absente, le personnage est soit évoqué par d’autres scripteurs, soit il n’est qu’un destinataire.
En Europe :
Usbek (S) : Persan appartenant à l’aristocratie, il s’exile en Europe car il est menacé, dans son pays, par certains courtisans en désaccord avec lui et le régime despotique. Savant, instruit, éclairé, Usbek, dans sa correspondance, réfléchit sur divers sujets : religion, politique, mœurs, questions scientifiques….Il est également à la tête d’un sérail important, composé d’esclaves, d’eunuques, et de ses différentes épouses, qu’il a laissé derrière lui pour accomplir son voyage.
Rica (S) : ami d’Usbek, venu avec lui à Paris. Il est plus jeune, n’est pas marié et mieux intégré à la société parisienne que son ami. Ses lettres portent majoritairement sur la vie parisienne, les mœurs, et ont une tonalité satirique forte.
Rhédi (S) : neveu d’Ibben, il voyage lui aussi en Europe, notamment en Italie (lettre 31, Lettres Persanes). Il correspond avec Usbek et Rica.
Nargum (S) : ami d’Usbek, ambassadeur de Perse en « Moscovie ». Il lui fait part des coutumes russes, notamment le désir des femmes russes d’être battues par leur mari, y voyant une preuve d’amour (Lettre 51, Lettres Persanes).
Ibbi (S) : eunuque accompagnant Usbek durant une partie de son voyage. Il est le confident du premier eunuque.
Jaron (S) : eunuque accompagnant Usbek durant une partie de son voyage. Il est le protégé du premier eunuque.
En Perse :
- Les eunuques
– Noirs :
Le premier eunuque (S) : il a la charge de l’ensemble du sérail. Ses lettres dévoilent son histoire personnelle, et notamment les déceptions et les frustrations liées à sa condition, mais aussi ses avantages : c’est un esclave mais, devenu grand eunuque, il dispose de la confiance de son maître et d’un grand pouvoir sur les femmes qu’il dirige.
Ismaël : eunuque noir mort lors du voyage d’Usbek, que le premier eunuque veut remplacer par Pharan.
Narsit (S) : il informe Usbek de la mort du grand eunuque, qu’il a remplacé, et le rassure sur l’état du sérail, qui ne lui paraît nullement inquiétant, contrairement aux derniers rapports du grand eunuque.
Solim (S) : il informe Usbek de l’état réel du sérail, alors que Narsit, trop âgé, est incapable d’en percevoir les dérèglements. Usbek le nomme premier eunuque et le charge de la répression du sérail.
– Blancs :
Nadir : accusé d’être entré dans la chambre de Zachi (Lettre 20, Lettres Persanes), il est condamné à mort.
Le premier eunuque blanc : Usbek lui adresse une lettre pour le réprimander de la conduite de Nadir, placé sous sa responsabilité. Il lui rappelle son statut servile.
Cosrou : eunuque blanc amoureux de l’esclave Zélide, devenue la propriété de Zélis après qu’elle ait été séparée de Zéphis.
- Les épouses
Zachi (S) : épouse d’Usbek. Usbek lui reproche de s’être trouvée seule avec Nadir, eunuque blanc (Lettre 20, Lettres Persanes) : il la menace de représailles et lui présente le sérail comme un « asile favorable contre les atteintes du vice ». En froid avec Zéphis, elle se réconcilie avec cette dernière (Lettre 47, Lettres Persanes). Elle est punie par Solim au nom d’Usbek, et implore l’amour de son époux.
Zéphis (S) : épouse d’Usbek. Elle est la maîtresse de l’esclave Zélide, dont l’a privée le grand eunuque, estimant qu’elles entretenaient une relation homosexuelle néfaste à l’ordre du sérail, où tous sont voués à servir le plaisir de leur maître, Usbek.
Fatmé (S) : épouse d’Usbek.
Roxanne (S) : récemment mariée à Usbek, elle est sa préférée, et ne nourrit aucun soupçon à son égard. Il lui écrit assez régulièrement mais, avant la fin de l’oeuvre, Roxanne ne lui écrit pas. Elle lui écrit tout d’abord (Lettre 156) pour dénoncer le traitement cruel que Solim a fait subir à Zachi et Zélis. Puis, dans la dernière lettre, pour lui annoncer qu’elle va se suicider et lui révéler sa haine. Elle rejette en bloc la prison-sérail.
Zélis (S) : épouse d’Usbek. Elle autorise le mariage de l’esclave Zélide et de l’eunuque blanc Cosrou, tout en s’interrogeant sur la nature d’un tel mariage sur le plan sexuel. Elle est également mère d’une fille de sept ans qu’elle veut renfermer dans le sérail, sans attendre qu’elle ait dix ans, afin de l’habituer à sa condition, que Zélis décrit comme une situation à la fois de pouvoir et de servitude (Lettre 62, Lettres Persanes). Elle est punie par Solim au nom d’Usbek, et affirme à son époux qu’elle ne l’aime plus.
- Les esclaves
Zélide : esclave de Zéphis.
L’esclave de Circassie : achetée par le grand eunuque pour Usbek.
L’esclave « jaune » : achetée par le grand eunuque pour le frère d’Usbek. Il se réjouit du désespoir que sa beauté va susciter au sein du sérail auquel elle est destinée.
Pharan (S) : esclave d’Usbek que le premier eunuque destiné à devenir eunuque et qui refuse, adressant une lettre de supplication à son maître, accusant le premier eunuque de vouloir se venger de lui. Usbek l’autorise à refuser.
- Les amis d’Usbek et Rica
Rustan (S) : Usbek lui confie la raison de son voyage (Lettre 8, Lettres Persanes), qui est en réalité un exil politique, puisqu’il est menacé par quelques courtisans, ses ennemis, qui ont l’oreille du prince. Il lui décrit également le fonctionnement politique néfaste de l’empire des Osmalins (Lettre 19, Lettres Persanes).
Nessir : Usbek lui confie (lettre 6 et lettre 27 des Lettres Persanes) ses sentiments mitigés vis-à-vis de ses épouses. Il est à la fois heureux de les quitter et inquiet de laisser son sérail. C’est également lui qu’il informe, à la fin de l’œuvre, du désordre de son sérail (Lettre 155, Lettres Persanes).
Mirza (S) : ami d’Usbek. C’est à lui qu’est destinée la « fable » des Troglodytes que rédige Usbek pour expliquer le caractère naturel et inné de la vertu. Il lui écrit également sur la nécessité, économique et morale, de faire cohabiter, dans un même pays, plusieurs religions (Lettre 84, Lettres Persanes).
Ibben (S) : ami qu’Usbek s’est fait lors de son séjour à Smyrne, sur sa route vers l’Europe. Il est un correspondant essentiel d’Usbek et Rica lors de leur séjour en Europe.
Soliman : ami d’Usbek, dont Zélis lui donne des nouvelles (Lettre 70, Lettres Persanes). Il a donné sa fille en mariage à un homme qui l’a mutilée et répudiée sous prétexte qu’elle n’était point vierge.
Nathanaël Lévi : médecin juif de Livourne, Rica discute avec lui de la vertu des amulettes et des talismans, et, plus généralement, de la médecine, mais de manière satirique.
*** : destinataire anonyme, auquel Rica et Usbek livrent leur perception des usages politiques, religieux et sociaux de la France.
- Les religieux
Le Mollak Méhémet-Hali, gardien des trois Tombeaux (S) : Usbek s’adresse à lui pour exprimer ses doutes sur la question du pur et de l’impur. Il s’adresse également à lui pour l’interroger sur l’utilité des jeûnes et des cilices.
Gemchid, dervis du monastère de Tauris : cousin d’Usbek, ce dernier lui écrit pour savoir si les chrétiens seront condamnés à aller en Enfer alors qu’ils n’ont pu entendre le message de Mahomet et se convertir (Lettre 35, Lettres Persanes).
Le Santon du monastère de Casbin : frère d’Usbek, il lui écrit sur la similitude de la foi chrétienne et musulmane (Lettre 93, Lettres Persanes).
Hassein : dervis de la montagne de Jaron, Usbek lui écrit sur les philosophes occidentaux qui, sans l’aide de Dieu, ont su trouver la vérité, scientifique. Il critique également la langue poétique dans laquelle est écrit le Coran.
- Autres personnages
Hagi Ibbi (S) : musulman, il écrit au juif Ben Josué (Lettre 39, Lettres Persanes) sur Mahomet.
Ben Josué : juif.
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Ainsi, dans les Lettres Persanes de Montesquieu, tous les personnages, s’ils écrivent, n’écrivent pas à la même fréquence. Ainsi, Rica et Usbek sont les principaux scripteurs, avec Rhédi notamment. Ibben, quant à lui, s’il écrit, est avant tout un destinataire. Comme le souligne Philip Stewart, dans l’article « Lettres persanes » du Dictionnaire électronique Montesquieu, « Le schéma des correspondances est très souple : dix-neuf correspondants en tout, au moins vingt-deux destinataires différents ; cependant Usbek et Rica dominent de loin avec soixante-treize lettres pour le premier et quarante-sept pour les second. Certaines disproportions sont significatives : Ibben écrit deux lettres et en reçoit quarante-deux : ce personnage est essentiellement un destinataire et non un correspondant actif. De même, *** (si c’est toujours la même personne) en reçoit vingt et une et n’en écrit aucune. Il y a même une véritable anomalie, une lettre de Hagi Ibbi à Ben Josué, ni l’un ni l’autre n’étant mentionnés ailleurs dans le roman. ».
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