Dissertation corrigée sur le thème de l’enfance en CPGE
Sujet corrigé sur “l’enfance et la religion”
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Dissertation sur l’enfance et la religion : les œuvres exploitées
Cette année, le thème de l’enfance est au programme de français en prépa PTSI, BCPST, MP2I, MPSI, PCSI, PC, PSI, MP et PT. Tout au long de l’année, trois œuvres sont étudiés lors des cours de français en prépa. Ces œuvres doivent être apprises et utilisées lors des épreuves du concours. Les œuvres au programme de français en 2022 en prépa sont les suivants :
- Aké les années d’enfance de Wole Soyinka (réédition attendue aux éditions Belfond)
- Emile (Livres 1 et 2) de Jean-Jacques Rousseau
- Contes d’Andersen, traduction par Marc Auchet (Livre de Poche classique n°16113)
Si vous souhaitez approfondir votre compréhension de ces œuvres et être prêt pour les épreuves du concours, envisager des cours particuliers de français dans la préparation aux concours en prépa scientifique peut vous aider à aborder ces œuvres en profondeur, à développer vos compétences en analyse littéraire et à réussir avec succès les épreuves de français. Ces cours personnalisés vous offriront une préparation sur mesure pour exceller.
Pour en savoir plus : Analyse du thème de français de prépa scientifique sur l’enfance
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Introduction de la dissertation sur l’enfance et la religion
Pour commencer votre dissertation sur le thème de l’enfance et la religion en CPGE, vous devez rédiger une introduction. Une introduction complète comprend :
- L’accroche
- La définition du sujet
- La problématisation
- L’annonce du plan
Sujet : Dans son ouvrage L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, publié en 1960, l’historien Philippe Ariès, en évoquant les nombreux moralistes du XVIIe siècle, détaille ainsi leur changement de mentalité sur l’enfance : « (…) ils répugnaient à considérer ces enfants comme des jouets charmants, car ils voyaient en eux de fragiles créatures de Dieu, qu’il fallait à la fois préserver et assagir ». À la lumière des œuvres au programme, vous vous interrogez sur cette réflexion.
Le rôle de la religion chrétienne dans la revalorisation, très progressive, de l’enfance aux yeux, d’abord des élites, puis ensuite du peuple, est ancien et profond. Au-delà même de la période évoquée ici par Philippe Ariès, il est ainsi notable de relever que les empereurs romains, et chrétiens, de l’Antiquité tardive, tels Valens, avaient déclaré l’infanticide comme un meurtre. Quels sont alors plus avant ces liens entre revalorisation de l’enfance et religion, notamment chrétienne ?
Ce changement de perspective historique est ici évoqué, dans la longue durée braudelienne [N.B : il peut être utile de glisser des indices de culture générale : ici est faite référence au concept de « longue durée » historique de Fernand Braudel], par Philippe Ariès. Cet historien fondateur de l’enfance a montré, dans son ouvrage, que la notion d’enfance n’existait pas ou peu de l’Antiquité au Moyen âge – les enfants étant considérés comme des adultes en miniature. Cependant, un changement de vision se fait perceptible dans ce XVIIe siècle empreint de regain catholique (face à la Réforme) et de progrès éthique, ainsi que l’explique Ariès. Les moralistes « répugnaient ainsi à considérer » (dans le double sens de considérer, c’est-à-dire l’aspect moral et l’aspect physique) « les enfants comme des jouets charmants ». Qu’est-ce à dire ?
Si Ariès choisit ainsi le terme « d’enfants », ce n’est pas un choix neutre, mais pour bien marquer que la notion d’enfance (le temps vécu de la naissance à la puberté) surgit comme une période à part entière, définitionnelle pour l’esprit du temps. Et si cette notion surgit, prend forme, c’est parce que les enfants ne sont donc plus considérés comme des « jouets charmants » par cette élite (sera-ce le cas du peuple cependant ? on peut en douter). Le nom commun « jouet » peut avoir deux sens : nous le prendrons ainsi, non pas dans son sens le plus répandu, comme « source de distraction, une source de jeu et de divertissement pour les adultes » ; mais dans un sens plus ancien et classique, comme une « personne dominée par une volonté extérieure, réelle ou illusoire » (définition du CNRTL) : ainsi les enfants seraient « jouets » du hasard, de leur irrationalité, de leurs passions, ou plus simplement des adultes. Cela donne un nouveau sens à l’adjectif qualitatif « charmant » : non pas simplement agréable et joli au regard, mais aussi naïf, passif. Cependant, nous pourrons nous demander si le « charme » des enfants ne continue pas aussi d’opérer sous une autre forme sur les adultes, de même que le charme de Circé parvenait à dompter Ulysse le rusé…
De jouets charmants, les enfants deviennent ainsi de « fragiles créatures de Dieu ». « Fragile » renvoie bien sûr à la mortalité possible de l’enfance, toujours au coin de la rue au XVIIe siècle ; mais fragile peut avoir aussi un sens moral, au sens de « qui n’est pas suffisamment établi, assuré ; qui peut aisément être ébranlé, renversé, détruit » (définition du CNRTL). La revalorisation de l’enfance serait ainsi ambiguë : l’opinion les considère de manière plus positive, mais de manière incomplète. Surtout, les enfants apparaissent de plus en plus comme des « créatures de Dieu » à part entière ; nous prendrons « créatures » au sens d’objets de la Création, liés au Créateur, Dieu » ; mais peut-être y a-t-il un double sens à ce « créature » : « être intermédiaire entre Dieu et l’homme » (CNRTL), voire « Être démoniaque émané de la Puissance du Mal » – cela sera discuté. Le « Dieu » évoqué ici renvoie au Dieu de la religion chrétienne – mais ce Dieu peut également être un « Dieu le père », nous le verrons, avec donc une figure tutélaire paternelle jamais très éloignée de cette figure divine.
En définitive, ce changement de braquet, cette révolution copernicienne mentale, conduiraient les adultes à vouloir « préserver et assagir » les enfants : préserver de leur fragilité mentale et physique, des dangers ; et assagir au double sens de dompter les passions, et de rendre sage, modéré. Cela est-il cependant possible si des enfants restent des « fragiles créatures » ? Du reste, s’il y a un « charmant », il y un « charmé » : les moralistes eux-mêmes (nous dissocions ici l’enfance vécue de l’enfance perçue) n’auraient-ils pas, eux aussi, à apprendre des enfants.
Nous nous interrogerons ainsi sur le bien-fondé et sur les relations de ces deux capacités ou potentialités des enfants : d’un côté, leur potentielle « divinité » ou origine remontant au Créateur ; d’un autre côté, ce que Jean-Jacques Rousseau appelle la « perfectibilité », à savoir la capacité à apprendre et à s’améliorer. Y a-t-il « divinité » et « perfectibilité » de l’enfance, quelles sont les interactions entre ces deux concepts ? Ce changement de mentalité est-il pleinement fondé, partagé, universalisable, ou pointe-t-il dans l’excès inverse ? Enfin peut-on et doit-on considérer les enfants comme des miroirs de Dieu, ou bien des propres doutes et tiraillements des pensées des moralistes ? Si les enfants sont charmants, les adultes ne sont-ils pas charmés ?
Il conviendra dans un premier temps de s’interroger sur la vision « pré-moraliste » du XVIIème siècle. Que signifie concevoir les enfants comme des « jouets charmants » quant à leur origine divine ou leur perfectibilité ? Au contraire, que recouvre – comme nous l’étudierons dans un deuxième mouvement – ce changement de braquet décrit par Ariès, si l’on se penche de plus près sur les ressorts de cette revalorisation de l’enfant comme « créature de Dieu » ? En définitive, si les parents (dont la figure du « Père ») ont à apprendre aux enfants, les enfants, du fait de leur proximité « christique » originelle, n’ont-ils pas à apprendre aux parents ? La vérité religieuse sortirait-elle aussi, parfois, de la bouche des enfants ? Voilà qui finirait d’expliquer la révolution mentale décrite par Ariès…
I. Le point de vue des pré-moralistes
Si l’on se rapproche donc du point de vue des pré-moralistes, et en faisant écho aux œuvres au programme, qu’est-ce qui explique, pour la période précédant l’irruption de ces « moralistes » du XVIIe siècle, la vision d’enfants présentée comme « jouets charmants », n’étant pas conçus comme des « créatures de Dieu » mais peut-être bien même du Malin ?
A. Les enfants et la raison
Dans un premier temps, les enfants, étant donné l’incomplétude de la formation de leur raison, peuvent en effet apparaître comme des « jouets charmants », c’est-à-dire des êtres naïfs et passifs, soumis à des volontés d’êtres plus rationnels et plus forts – entendons les adultes. La raison des enfants est en effet par nature en gestation, quand elle n’est pas inexistante, les faisant dès lors passer pour des « jouets charmants ».
C’est ce qui explique, pour Jean-Jacques Rousseau, qu’un enfant ne pourra jamais comprendre tout à fait les vers de La Fontaine, comme dans la fable (pourtant enseignée aux enfants, au grand dam de Rousseau), du « Corbeau et du Renard » : « Vit aux dépens de celui qui l’écoute… Jamais l’enfant de dix ans n’entendit ce vers-là. » écrit Jean-Jacques Rousseau dans le Livre II.
Les enfants sont dès lors les jouets de leurs caprices ou de leurs passions, ne réalisant pas le mal qu’ils risquent parfois. Le jeune « Crapaud » dans le conte d’Andersen parcourt ainsi le monde, poussé par une irrationnelle curiosité : mais pourtant, il finit tué par la cigogne, étant bien le jouet du destin (P.346 : « le corps était mort, le crapaud tué. Mais l’étincelle qui était sortie de ses yeux, qu’était-elle devenue ? »). Si les enfants sont ainsi « charmants », c’est au sens d’attachant, mais aussi naïf, candide. Or cette inadéquation de la raison a une conséquence fâcheuse sur leur éducation religieuse et leur ouverture à Dieu – nous voyons ici les conséquences de la naïveté sur la « religiosité ».
B. L’irrationalité des enfants
L’irrationalité des enfants les place ainsi devant l’impossibilité de comprendre le mystère de Dieu dans la perspective mentale du Moyen âge ; et par ricochet, leur incomplétude fondamentale, le comportement erratique de leurs passions, ne les feraient pas concevoir, dans l’esprit de l’époque « pré-moraliste » évoquée par Ariès, comme des créatures dignes de la perfection de la création divine.
Les enfants décrits dans le conte d’Andersen « La Reine des neiges » apparaissent par exemple comme incapables de cerner la nature de Dieu, se montrant même au bord du blasphème. Le narrateur évoque ainsi la confusion des enfants entre le Soleil (divinité païenne du IVe siècle, le « sol invictus » d’Aurélien) et le Dieu des chrétiens : « et les enfants se tenaient par la main, donnaient des baisers aux roses et plongeaient le regard dans la clarté du soleil de Dieu et lui parlaient comme si l’Enfant Jésus avait été là » (p.155). Non seulement les enfants ne semblent pas en mesure de comprendre le mystère divin, mais encore, dans quelle mesure ils pourraient être même considérés, dans le deuxième sens de « créature », comme une figure presque tentée par des penchants du Démon ?
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C. Les enfants, ont-ils une emprise de péché ?
En effet, historiquement, et tel est le dernier point de la mentalité « pré-moraliste » que nous évoquons ici, les enfants ont pu être considérés comme des « créatures » emprises encore de péché ; cette vision peccatrice aurait naturellement conduit à leur dévalorisation ici rappelée par Ariès.
Dans Aké ou les années d’enfance, un rappel de cette vision nous est offert par la sévérité de Chrétienne Sauvage. La mère de Wole Soyinka a ainsi tendance à considérer que son fils fait, très souvent, « preuve d’émi èsu », c’est-à-dire de « l’esprit du diable » (P.159 de l’édition au programme) ; cela consiste pour elle à faire preuve de mauvaise volonté, comme par exemple subir des fièvres soudaines quand un visiteur se présente au foyer. « Chrétienne sauvage ne cessait de me faire comprendre que j’étais le principal coupable » écrit Wole. L’esprit du diable se nicherait-il alors dans l’esprit des enfants ?
Cependant, il est clair que cette vision de l’enfant pécheur s’est renversée au fil du long Moyen âge ; Ariès rappelle que l’enfant est devenu, de plus en plus, assimilé à la figure de « l’enfant Jésus ». Comment s’opère ce renversement de tendance et en quoi peut-on l’illustrer par nos œuvres au programme ?
II. L’enfant, une créature de dieu ?
Si l’on étudie dans un second mouvement ce changement de braquet évoqué par Ariès, il apparaît bien en effet, dans l’histoire des mentalités, que les regards sur l’enfance ont pu évoluer – ce qui s’illustre bien dans les œuvres au programme. En effet, de « jouet charmant » suspect, l’enfant a été vu comme une créature de Dieu à part entière.
A. La naïveté des enfants, un signe de pureté ?
Mieux, c’est en réalité cette même candeur, cette naïveté intrinsèque des enfants, qui ont fini par apparaître, non comme un signe péjoratif de l’irrationalité des enfants ; mais au contraire, comme le signe de leur pureté : candide veut dire aussi « blanc », c’est-à-dire dans un sens métaphorique, pureté, bonté.
Cette bonté intrinsèque est bien sûr celle évoquée par Jean-Jacques Rousseau dans l’Émile. Le philosophe des Lumières, représentant de ce changement de mentalité sur l’enfance, pose ainsi une « maxime incontestable » dans le Livre II : « Posons pour maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain ; il ne s’y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré. La seule passion naturelle à l’homme est l’amour de soi-même, ou l’amour-propre pris dans un sens étendu. (…) Je n’entends pas qu’il ne fera jamais de dégât, qu’il ne se blessera point, qu’il ne brisera pas peut-être un meuble de prix s’il le trouve à sa portée. Il pourrait faire beaucoup de mal sans mal faire, parce que la mauvaise action dépend de l’intention de nuire, et qu’il n’aura jamais cette intention. » Dès lors, être pur au sens le plus fort du terme, comment l’enfant saurait-il être une créature du Malin ?
B. L’enfant sont-ils plus divins que les adultes ?
Du reste, si l’enfant n’est pas une créature diabolique, ne serait-il pas aussi une créature de la divinité par excellence ? En effet, cette même pureté conduit à faire apparaître l’enfant comme une émanation directe et essentielle de la création divine. Cela ferait ainsi bien plus passer l’enfant comme une « créature de Dieu » à part entière, comme l’évoque Ariès, et peut-être même encore plus que les adultes. L’enfant serait ainsi non seulement comme une créature de Dieu, mais encore comme son miroir ou une sorte de pontife, de saint par destination.
C’est ainsi cette « divinité » originelle des enfants qui est rappelé par la femme du tailleur dans le conte d’Andersen « Ce que racontait la vieille Johanne ». Certes, les enfants sont une charge financière pour la famille. Mais rappelle-t-elle, au « maître du manoir » qui voudrait même les noyer pour économiser : « Bonté divine ! Disait la femme du tailleur. Tout de même, les enfants sont une bénédiction de Dieu. Ils sont la joie de la maison. Chaque enfant est un Notre-Père de plus ! Si on est dans le besoin et qu’on a beaucoup de bouches à nourrir, on redouble d’efforts et on trouve le moyen de s’en sortir en toute honnêteté.
Le Seigneur ne nous abandonne pas si nous ne l’abandonnons pas ! » (P.387). Ainsi dans cet extrait, le maître du manoir apparaît comme l’héritier d’une vision antique et cruelle de l’enfance ; tandis que la femme du tailleur manifeste ce changement de mentalité sur l’enfance. Mais il y a plus encore : non seulement les enfants seraient des créatures de Dieu, mais encore seraient-ils comme des miroirs, des incarnations d’une sainteté, étant ainsi plus « divins » que les adultes en un sens. C’est ce que nous voyons par exemple dans les « Cygnes sauvages », lorsque « le peuple (…) s’inclina devant elle [Elisa, la petite fille du conte] comme devant une sainte », (P.113) la fille étant innocentée des crimes dont on l’accuse (nous retrouvons ici l’idée de pureté). Néanmoins, si les enfants sont à même de répondre à cette exigence de divinité, qu’en est-il de leur perfectibilité ?
C. La perfectibilité des enfants
La pureté des enfants, est-elle incompatible avec une certaine perfectibilité dans l’éducation ? Y a-t-il cette irrationalité intrinsèque des enfants qui les laisserait à l’état de « jouet charmant », même si leur statut de créature de Dieu était reconnu ?
Nous pouvons en réalité en douter lorsque nous voyons l’exemple que donne Wole Soyinka dans Aké. Voici en effet un enfant avide de savoir, capable de raisonner, et que les adultes, en particulier Essay son père, ont tout loisir à « assagir » efficacement. « Je suis venu à l’école », « je veux les apprendre » (P.55) insiste ainsi Wole Soyinka à propos des livres de son père. Il y a bien ici une demande de perfectibilité, une capacité intrinsèque à progresser des enfants, ne les destinant pas à ce sort d’être des « jouets charmants ».
Dès lors ce changement de mentalité sur l’enfance apparaît bien, comme l’estime Ariès, révélateur d’une nouvelle conception de la divinité comme de la perfectibilité des enfants. Mais si l’analyse d’Ariès nous en apprend beaucoup sur les enfants, qu’en dire du monde des adultes ? Si l’on passe de l’enfance vécue à l’enfance perçue, en quoi ce changement de mentalité ici évoqué est-il aussi révélateur de l’évolution du rôle des adultes face à l’enfance ?
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