Dissertation corrigée sur l’enfance en CPGE
Sujet corrigé sur “l’enfant et ses parents”
cours particuliers
Cours particuliers de français
Les œuvres exploitées pour la dissertation sur l’enfant et ses parents
Chaque année, le thème de français en prépa change. L’enfance est le thème 2022 des œuvres au programme de français en prépa PTSI, BCPST, MP2I, MPSI, PCSI, PC, PSI, MP et PT. Ces œuvres sont étudiées en cours de français en CPGE et doivent être utilisées lors des épreuves, les voici :
- Emile (Livres 1 et 2) de Jean-Jacques Rousseau
- Aké les années d’enfance de Wole Soyinka (réédition attendue aux éditions Belfond)
- Contes d’Andersen, traduction par Marc Auchet (Livre de Poche classique n°16113)
Si vous souhaitez approfondir votre compréhension de ces œuvres et vous préparer de manière optimale pour les épreuves, envisager des cours particuliers de français dans la préparation aux concours en prépa scientifique peut vous fournir l’accompagnement nécessaire pour réussir dans cette matière. Ils vous permettront de développer vos compétences d’analyse littéraire et de rédaction, tout en abordant le thème de l’enfance de manière approfondie.
TROUVEZ LE MEILLEUR ENSEIGNANT
Pédagogie, bienveillance et suivi
Profs certifiés et agrégés
Contactez Groupe Réussite
Avis Google France ★★★★★ 4,9 sur 5
Introduction de la dissertation sur le thème de l’enfance en prépa
Une dissertation doit impérativement débuter par une introduction. Afin qu’elle soit complète, l’introduction comprend : une accroche, une définition du sujet, une problématique ainsi qu’une annonce de plan.
Sujet : « Les parents ont une petite tendance à oublier qu’ils ont été enfants eux-mêmes » a pu écrire l’auteur dramatique, caustique et comique, Sacha Guitry (1885-1957). À la lumière des œuvres au programme, vous vous interrogerez sur cette réflexion.
« Car c’est la coutume de ces bons bourgeois d’avoir toujours leurs enfants devant leurs yeux, d’en faire le principal sujet de leur entretien, d’en admirer les sottises et d’en boire toutes les ordures » note, au XVIIIe siècle, Furetière. Ce représentant de la haute aristocratie, livre ici son dédain de l’habitude de la bourgeoisie (c’est-à-dire, des non-nobles, qu’il méprise) d’élever eux-mêmes leurs enfants, sans les confier à une nourrice. Une telle habitude a pu favoriser « l’oubli de l’enfance » que décrit notamment Philippe Ariès dans ses travaux d’historien : la société aristocratique avait pour coutume d’éloigner ces enfants qu’elle ne voulait pas voir, et qu’elle considérait comme des « adultes en miniature » (Ariès).
Ainsi cet « oubli de l’enfance » par les parents, tel que le décrit Sacha Guitry, vient de loin, des visions et représentations mentales de l’enfance à travers les siècles – comme si le constat péjoratif de Guitry était une lointaine réminiscence de ces habitudes prises par Furetière et consorts. Nous donnerons ici un sens extensif à « parents » : pas seulement comme « père » ou « mère », mais aussi au sens du CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) : « Celui, celle qui appartient à la même famille qu’une autre personne ; l’ensemble des membres de la famille », notamment les personnes âgées, les cousins, les frères, etc. Nous comprendrons également l’enfance sous une double acception : comme âge de la vie, mais aussi comme une métonymie de la déraison (cf. la dissertation 2, sur la « déraison cruelle des enfants » pour des développements sur ce point).
Ces parents se rendraient coupables d’un « oubli » de l’enfance, oubliant qu’ils « ont été » enfants eux-mêmes. Notons tout d’abord que Guitry oscille entre présent de vérité générale (« ont » une fâcheuse tendance…), ce qui décrit une vérité presque scientifique, universalisable ou généralisable ; et entre le passé composé (« ont été enfants eux-mêmes »), ce qui indique une action révolue, mais ayant des conséquences sur le présent (ici, sur l’éducation ou le traitement des enfants, peut-on supposer). Il restera donc à se demander si la vérité de Guitry est universelle ou non ; et si, comme l’usage du passé composé le suggère, les parents ont vraiment cessé de se comporter, parfois, comme des enfants ; s’ils ne restent pas un peu enfants « eux-mêmes » (l’usage de l’intensif par Guitry permet ici de souligner sa thèse comme d’insister sur la culpabilité supposée des parents).
En somme, il conviendra de réfléchir à l’hypothèse selon laquelle « l’oubli » de l’enfance par les parents est atemporel, universel. Guitry le semble croire puisque le groupe nominal « petite tendance » pourrait aussi être en réalité une litote ; Guitry sous-entend plutôt : « immense propension » que « petite tendance ». En tant qu’auteur dramatique, mais aussi caustique et comique, il n’est pas avare de l’usage de la litote ou de l’antiphrase ironique à propos de cet oubli des parents.
Mais qu’est-ce que l’oubli, plus précisément, que recouvre-t-il ? L’oubli est, selon le CNRTL, un « phénomène complexe, à la fois psychologique et biologique, normal ou pathologique (dans ce cas, relevant de l’amnésie) qui se traduit par la perte progressive ou immédiate, momentanée ou définitive du souvenir. » L’oubli n’est pas volontaire : autrement, il s’agit d’une négligence ou d’un manque d’attention. L’oubli peut être également perçu d’un point de vue positif : par exemple chez Nietzsche, l’oubli est une vertu qui permet de se projeter vers la puissance d’agir.
L’assertion sous forme de reproche (ironique ou sous forme de litote) de Guitry nous conduit ainsi à nous demander si l’on peut parler « d’oubli de l’enfance », c’est-à-dire d’oubli involontaire de la part des parents ; si cet oubli encore est forcément péjoratif, ce que semble suggérer Guitry – surtout si l’on rappelle que cet auteur caustique pourfend le sérieux factice de la société. Ou bien nous verrons si, au contraire, cet oubli de l’enfance peut être, à la fois relativisé (n’étant pas universel) ; mais encore volontaire (il serait donc négligence) et positif (utile pour l’éducation des enfants).
Cet « oubli de l’enfance » par les parents peut, dans un premier mouvement, à la fois s’expliquer et se justifier : s’expliquer par la tradition de double éloignement, physique et mental, des adultes par rapport à une enfance dont ils ne comprennent pas la spécificité ; et se justifier, parce que ce « mal de l’oubli » est peut-être un mal nécessaire ou un moindre mal, car l’oubli peut aussi avoir ses vertus. Cependant, nous verrons que cet oubli de l’enfant n’est pas universel : les parents peuvent à la fois être capables de réminiscence de l’enfance, et même, à leur tour, capables d’oublier volontairement leur condition d’adulte, par solidarité avec la condition d’enfant. In fine, plutôt que d’oubli de l’enfance, il s’agirait plutôt d’expliquer le comportement décrit par Guitry par trois facteurs : l’ordre naturel des sociétés, la conscience des responsabilités parentales et l’amertume nostalgique de l’écoulement du temps.
I. L’oubli de l’enfance par les parents
Il convient dans un premier temps de nous interroger sur les origines et les soubassements de cet « oubli de l’enfance » par les parents décrit par Guitry. D’où vient-il et par quoi se manifeste-t-il ? Quelles en sont les conséquences, négatives comme possiblement positives ?
A. L’éloignement physique et mental des parents
Si l’on se replace sur le temps de long de l’histoire des mentalités, un double éloignement, dont Ariès se fait l’historien, et Furetière le représentant, peut en être la cause : un éloignement à la fois mental (les adultes ne considèrent pas la spécificité de l’enfance) et même physique (les parents sont éloignés de leurs enfants). La distance mentale s’accroît alors avec la distance physique.
Ainsi historiquement, et l’ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, L’Émile, s’en fait l’écho, les parents étaient éloignés des enfants avec cette double manifestation de l’éloignement physique comme mental. C’est bien pour cette raison que Rousseau pourfend dans son ouvrage la tendance des aristocrates à confier leurs enfants à des nourrices, ce qui témoigne de l’importance de ce sujet à l’époque. « Qui donc élèvera mon enfant ? Je te l’ai déjà dit, toi-même » écrit Jean-Jacques Rousseau dans le Livre I ; le philosophe ne consent qu’à contre-cœur qu’un instituteur puisse éduquer un enfant, si nécessité se présente. « Comment se peut-il qu’un enfant soit bien élevé par qui n’a pas été bien élevé lui-même ? » écrit-il encore quelques pages plus loin (ou bien encore : « Je ne veux point que d’autres gâtent mon ouvrage ; je veux l’élever seul, ou ne m’en pas mêler »). Par effet de contraste, l’insistance de Jean-Jacques Rousseau sur ce point témoigne ainsi de la prégnance, dans la tradition aristocratique, de cet éloignement des enfants, symbole de la distanciation mentale entre les parents et leur progéniture – or comment, dans de telles conditions, les parents pourraient prendre en considération la spécificité de l’enfance et leurs besoins particuliers ?
B. Les parents, comprennent-ils les traits caractéristiques de l’enfance ?
Cette attitude « d’oubli de l’enfant » (de rejet et d’éloignement) peut en elle-même avoir des conséquences fort négatives : puisque les parents sembleraient alors nier la spécificité de l’enfance et ses besoins, on peut imaginer qu’ils ne comprendraient pas, en les réprimant durement, des traits caractéristiques de l’enfance : à savoir les caprices ou les bêtises. Les bêtises font partie de l’enfance – mais quand on ne comprend pas ce qu’est l’enfance, on est d’autant moins susceptible d’excuser de tels comportements pourtant bien naturels.
C’est ainsi l’attitude que semble adopter à plusieurs reprises Chrétienne Sauvage dans Aké. Par exemple, lorsque Wole Soyinka commet une bêtise, bien excusable et propre à l’enfance (il fait tomber la carabine, la faisant tirer), la répression de la mère est terrible : « est-il blessé ? Il est indemne ; alors tombait une pluie de coups dix fois plus horrible que ce que je pouvais imaginer de l’effet d’une balle dans ma chair. Plus déroutante en tout cas. » (P.138-139 de l’édition au programme). Ou encore, quand les enfants commettent des erreurs d’inattention bien excusables, notamment quand la mère cuisine : « celui-là tenait une cuillère ou une tasse, un troisième recevait une gifle parce que le feu s’était éteint ou que la marmite avait débordé » (P.140). Chrétienne Sauvage semble « oublier » qu’elle a été enfant elle-même, et qu’elle commettait des bêtises… Cependant n’y a-t-il pas aussi une utilité à cet oubli de l’enfance ?
PRENDRE DES COURS PARTICULIERS DE FRANÇAIS
C’est reprendre le contrôle
C. Peut-on considérer l’oubli de l’enfance comme un mal ?
En effet, il ne faudrait pas par trop considérer cet oubli de l’enfance comme un mal ; ou plutôt, ne s’agit-il pas aussi d’un mal nécessaire ? Cet oubli involontaire de l’enfance ne doit-il pas aussi être vu sous un angle plus mélioratif ?
Il existe ainsi des effets pervers à vouloir céder à tous les caprices des enfants : certes ces caprices sont naturels ; mais les parents ont parfois raison dans leur oubli. L’exemple de « Tante Mal-aux-Dents » (P.432 de l’édition au programme) dans les contes d’Andersen peut nous l’indiquer. Voici une tante (au sens large de « parent » tel que nous l’avons défini) qui n’oublie pas qu’elle a été enfant, et qui donne des sucreries à foison aux enfants, « bien que ce fût très mauvais pour nos dents, mais elle avait un faible pour ces gentils enfants, disait-elle » ; or par l’onomastique, nous comprenons bien que « Tante-Mal-aux-Dents » aurait bien fait de s’abstenir et d’oublier qu’elle aimait, enfant, les sucreries… »
Dès lors, cet exemple nous conduit à penser qu’il n’y a pas d’oubli universel de l’enfance par les parents (et que Guitry a ainsi peut-être tort d’employer le présent de vérité générale) ; et que cet oubli, si tant est qu’il existe, peut lui-même avoir des vertus. Du reste, l’attitude de Furetière a connu un net recul, notamment grâce à l’influence de Jean-Jacques Rousseau : comment se manifeste dès lors cette réminiscence de l’enfance ?
II. La réminiscence de l’enfance
Cependant, Guitry semble ici minimiser l’importance historique de la « réminiscence de l’enfance » ou du retour de l’enfance : rapprochement à la fois physique (les parents élèvent de plus en plus leurs enfants), et mental (ils comprennent davantage la spécificité de l’enfance et « n’oublient » pas ses besoins, d’une manière volontaire, alors que l’oubli suppose un acte involontaire). Il semble même que les parents « oublient » parfois leur condition d’adulte, et qu’ils redeviennent momentanément et involontairement des enfants, si bien que le passé composé utilisé par Guitry (« ont été enfants… ») aurait pu être remplacé par un présent de vérité générale.
A. Le rapprochement de l’enfant vers ses parents
« L’oubli de l’enfance », son enfouissement mental, vont pourtant à l’inverse de la « tendance lourde » (et non « petite tendance ») de l’histoire, comme le rappelle encore Philippe Ariès dans ses travaux. Comprenant le besoin d’attention des enfants, les adultes ont, dans la longue durée de l’histoire, fait un effort de rapprochement avec leurs enfants pour ne pas les « oublier ».
C’est ainsi la grande œuvre de Jean-Jacques Rousseau dans l’Émile d’avoir revalorisé l’éducation dans le milieu familial (vue comme presque dégradante ou ridicule pour les nobles), en poussant notamment pour l’allaitement maternel. « Mais que les mères daignent nourrir leurs enfants, les mœurs vont se réformer d’elles-mêmes, les sentiments de la nature se réveiller dans tous les cœurs ; l’État va se repeupler : ce premier point, ce point seul va tout
Cette proximité du père dans l’éducation se voit aussi, bien sûr, dans le récit autobiographique de Wole Soyinka. Essay ne cesse de donner des devoirs à son fils pour l’éduquer, en prenant soin aussi de lui, Wole réalisant qu’il fait partie d’un « monde à part » (P.160) avec son père. L’apprentissage des livres, de la calligraphie imitée sur le père, témoignent de ce rapprochement père-fils, bien loin de l’oubli évoqué par Guitry. Ce rapprochement physique des enfants et des parents se veut ainsi, également, mental, psychologique, les parents comprenant la spécificité de l’enfance.
B. Les parents et les besoins de l’enfant
En effet, les parents, contrairement à ce que l’usage du présent de vérité générale de Guitry pourrait laisser entendre, n’ont pas une propension universelle à oublier les spécificités et les besoins naturels de l’enfance. Il n’y a ainsi pas d’oubli de l’enfance, mais plutôt parfois réminiscence consciente de l’enfance – alors que l’oubli est donc involontaire.
Les contes d’Andersen recèlent d’exemples de parents compréhensifs, n’oubliant pas les besoins spécifiques de l’enfance. L’emblème en est peut-être la mère du petit Rasmus dans « Ce que racontait la vieille Johanne ». La mère comprend que jouer, gambader, est, pour son fils, une nécessité : « Il ne faut qu’il reste assis là toute la journée, disait sa mère. Ce serait injuste à l’égard de cet enfant. Il faut aussi qu’il joue et qu’il gambade. » (P.288 de l’édition au programme). Mais cette réminiscence de l’enfance est-elle toujours le fruit d’un effort volontaire ?
C. L’oubli de l’âge adulte
Il paraît en effet possible que l’oubli de l’enfance se change parfois en « oubli de l’âge adulte », par effet de balancier. Les parents peuvent parfois « oublier » (donc involontairement) leur état d’adulte. L’usage du passé composé par Guitry (« ont été enfants eux-mêmes ») pourrait ainsi être remplacé par un présent de vérité générale (« sont enfants eux-mêmes ») au moins en certaines occasions.
Si l’on prend « l’enfance » sous sa définition métaphorique comme nous l’avions défini en introduction, au sens de comportement déraisonnable ou puéril, nous pouvons ainsi penser à l’exemple de Jorgen, handicapé mental, dans « Une histoire des dunes » (P.322). Un religieux l’appelle ainsi « pauvre enfant » : « eh oui, pauvre enfant ! enfant, justement, et pourtant il avait atteint la trentaine. C’était l’âge auquel Jorgen était parvenu au vieux-Skagen ».
Mais nous pouvons aussi penser aux adultes qui « gambadent » comme des « gamins » dans Aké, redevenant des enfants involontairement. Nous sommes (P.103) au moment du retour de Wole de la fanfare, et le voilà croisant des adultes qui, eux aussi revenant de la fanfare, dansent comme des enfants : « Maman était debout et bondissait à travers le salon. Tout le monde semblait pris d’une folle gaieté ; c’était étrange de voir ces grandes personnes cabrioler dans la maison comme les gamins qui avaient défilé au rythme de la fanfare de la gendarmerie avant de juger bon de m’abandonner » note Wole Soyinka. Ainsi les parents n’oublient pas toujours qu’ils ont été enfants eux-mêmes – et parfois, ils le sont encore.
Ce dernier point pose ainsi question : comment expliquer ce comportement a priori paradoxal entre d’un côté, des adultes capables d’oublier l’enfance et de réprimer durement ses penchants pourtant naturels ; et d’un autre côté, la possibilité des adultes à faire effort pour se remémorer l’enfance, voire à se comporter comme enfants involontairement ? Pour résoudre ce paradoxe, il s’agit de se concentrer davantage encore sur la subjectivité et la psychologie de ce monde, parfois irrationnel, des adultes…
Afin de découvrir la suite de la dissertation corrigée sur le sujet de “l’enfant et les parents”, n’hésitez pas à télécharger notre application gratuite PrepApp. Pour cela, il suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous (Play Store ou App Store).
Ces articles pourraient vous intéresser :