Plan détaillé de dissertation sur l’enfance - Difficulté d'être
Introduction, conclusion et plan détaillé sur l’enfance en CPGE
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Cours particuliers de français
Les trois œuvres au programme de français en 2022 en prépa PTSI, BCPST, MP2I, MPSI, PCSI, PC, PSI, MP et PT, portent sur le thème de l’enfance. Ces œuvres sont étudiées lors des cours de français en prépa. Bien entendu, elles doivent être utilisées lors des épreuves du concours. Voici les œuvres 2022 en français en CPGE scientifique :
- Emile (Livres 1 et 2) de Jean-Jacques Rousseau
- Aké les années d’enfance de Wole Soyinka (réédition attendue aux éditions Belfond)
- Contes d’Andersen, traduction par Marc Auchet (Livre de Poche classique n°16113)
Lire aussi : analyse du thème de l’enfance en prépa scientifique
Si vous recherchez un soutien personnalisé pour aborder ces œuvres de manière approfondie, perfectionner vos compétences en analyse littéraire et vous préparer de manière optimale aux épreuves, envisager des cours particuliers français dans la préparation aux concours en prépa scientifique peut être une solution précieuse. Ces cours sur mesure vous aideront à développer une compréhension approfondie des textes et à acquérir les compétences nécessaires pour exceller.
Sujet de dissertation sur l’enfance en prépa scientifique
« L’enfance sait ce qu’elle veut. Elle veut sortir de l’enfance. » écrit Jean Cocteau dans son roman La Difficulté d’être. Ce propos correspond-il à la représentation de l’enfance dans les œuvres au programme ?
La Difficulté d’être, J. Cocteau
Introduction de la dissertation : La Difficulté d’être, J. Cocteau
Malgré son pessimisme bien connu, Arthur Schopenhauer écrit dans Le Monde comme volonté et comme représentation que « l’enfance est le temps de l’innocence et du bonheur, le paradis de la vie, l’Éden perdu ». Le philosophe compare donc l’enfance à un temps béni et éphémère de la vie humaine. Pourtant, dans son roman La Difficulté d’être, Jean Cocteau note que : « L’enfance sait ce qu’elle veut. Elle veut sortir de l’enfance. » Les deux hommes de lettres apparaissent doublement en désaccord. Remarquons d’abord que la structure en chiasme du propos de Cocteau évoque un raisonnement spiralaire qui sous-tend l’impossibilité d’atteindre le terme de l’enfance. L’enfance se définit, étymologiquement comme biologiquement, comme une époque de lacunes : lacunes de parole, lacunes physiques, lacunes de raison… mais, ici, « l’enfance sait ».
Selon le romancier, l’enfance aurait donc à sa disposition une part de raison et de connaissances tournée vers « ce qu’elle veut ». Entendre quel est son but ne serait alors pas l’apanage de l’adulte. Le choix d’une proposition relative substantive en guise de COD du premier verbe semble ouvrir un très large champ sémantique des acceptions de ce but ; or, la seconde phrase de la citation annihile brutalement cette étendue puisque la volonté de l’enfance se résumerait à « sortir de l’enfance ».
L’auteur expose en peu de mots un état morbide de cet âge attendu que vouloir être autre que ce que l’on est pré-suppose un mal-être intrinsèque à sa condition. Notons également que nulle part il n’évoque les moyens qu’aurait l’enfance de parvenir à ce à quoi elle aspire. Le propos de Cocteau présente ainsi l’enfance comme un âge d’insatisfaction qui ne tend qu’à se départir de lui-même.
Ce dessein exige-t-il alors de donner aux enfants les capacités qui leur permettront de cesser d’être qui ils sont ? À la lumière du traité Émile ou De l’éducation de Rousseau, du recueil des Contes d’Andersen et de l’autobiographie Aké, les années d’enfance de Soyinka, nous répondrons en trois points. Après que nous aurons vu que l’éducation a pour ambition de pousser les enfants vers l’étape suivante de la vie, vers le monde adulte, il faudra s’interroger sur la persistance, chez certains enfants, à souhaiter demeurer dans cet âge réputé auréolé de joie et d’innocence. Enfin, nous nous demanderons si, en suivant la leçon que le chiasme du romancier souligne, le monde adulte existe bel et bien, si ce monde adulte est vraiment dissemblable de celui de l’enfance.
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I. L’ambition de l’éducation est de pousser les enfants vers le monde adulte
1. L’instruction et l’éducation intellectuelle
Nous commencerons par envisager une part évidente de l’éducation, celle qui viendrait immédiatement à l’esprit de qui réfléchirait à ses apports : l’apport de connaissances, l’instruction. Celle-ci peut se décliner en un nombre presque infini de disciplines, qu’elles soient scientifiques ou littéraires, concrètes ou abstraites et, à chaque âge de la vie, les parents, les enseignants adaptent leur propos destiné aux enfants. On voit déjà qu’un des principes de l’instruction semble suivre un vecteur ascendant aidant l’enfant à gravir une pente qui le mènera vers le monde adulte.
Dans l’Émile, Rousseau insiste sur l’absurdité de l’apprentissage par cœur de leçons ; il estime cette méthode à la fois vaine et inadaptée à son personnage, aux âges qui sont les siens dans les livres I et II. Il y préfère la transmission de savoirs simples et concrets, directement intelligibles par Émile. Nos deux autres auteurs prennent un parti tout différent de celui du philosophe en plaçant sur un piédestal le savoir livresque qui symbolise le savoir pur. Alors qu’il ne sait pas encore lire, le petit Wole décide de son propre chef de se rendre à l’école et emporte avec lui une pile de livres. Plus tard, on retrouvera le personnage enfermé dans la bibliothèque familiale à dévorer les livres qu’elle contient. Soyinka montre ainsi l’appétit croissant de connaissances de l’enfant qu’il était. Andersen était persuadé que les contes étaient de bons véhicules pour instruire les enfants.
On retrouve cette idée dans « L’Invalide » où le protagoniste est jugé inutile par ses parents puisqu’il est trop faible pour participer aux travaux de jardinage qui font leur quotidien. Pourtant, c’est bien ce protagoniste qui va permettre à ses parents de se sortir des impasses qui paveront leur route. Après avoir reçu un livre en cadeau des châtelains dont la subsistance de la famille dépend, le petit garçon a une révélation sur le pouvoir de cet ouvrage qui « est étrange » puisqu’« on dirait qu’il est capable de répondre aux questions qu’on se pose ». Grâce aux paraboles des contes qu’il a lus et qu’il transmet à ses parents, il parvient à éveiller chez eux le goût de la réflexion et le sentiment de l’importance de la culture. Le petit garçon perd finalement sa débilité physique en instruisant ses aînés qui n’avaient jamais eu l’occasion de le faire. Ainsi, que ce soit en suivant l’avis de Rousseau ou celui que partagent Soyinka et Andersen, il apparaît manifeste que l’acquisition progressive de connaissances est une des clés qui permet à l’enfance d’avancer vers le monde adulte.
2. L’éducation physique pour compenser la fragilité des enfants
Exemples :
- Rousseau : promenades pour apprendre à apprécier les distances par les sensations du corps de l’enfant ;
- Soyinka : pendant son séjour chez Père, Wole apprend de Broda Pupa comment il doit se comporter avec les animaux (cf. pp 257-258 / on pourrait insister sur l’antagonisme entre la réaction de peur irraisonnée de Wole et l’apparente bonhommie avec laquelle Broda Pupa conseille l’enfant sur les différents mouvements à effectuer pour se prémunir du serpent).
3. La transmission de valeurs culturelles, humaines et morales
Exemples :
- Soyinka : double éducation de Wole = chrétienne anglo-saxonne et animiste nigériane (valeurs culturelles)
- Rousseau : la seule instruction morale doit être d’apprendre à ne pas faire de mal aux autres / « La première éducation doit être purement négative. Elle ne consiste non point à enseigner la vertu ni la vérité mais à garantir l’esprit de l’erreur et le cœur du vice. » (valeurs morales)
- Andersen : “Elle n’était bonne à rien” => le fils apprend à raisonner son empathie envers sa mère qu’il continue d’aimer après son décès en entérinant cependant la réalité de ses vices (en grandissant, il parvient à faire la synthèse entre son amour pour sa mère et son alcoolisme qui paraissaient irréconciliables) (valeurs humaines).
II. Certains enfants souhaitent rester dans le monde de l’enfance
1. Les brimades du monde adulte envers le monde de l’enfance
Exemples :
- Rousseau : l’emmaillotement exposé longuement au livre I est jugé comme une preuve de négligence due à la fainéantise des nourrices qui ne veulent pas avoir à s’occuper des nourrissons malgré les conséquences délétères de cette pratique ;
- Soyinka : la mère de Wole doit (entre autres choses) le deuxième terme de son surnom de « Chrétienne Sauvage » à ses colères et à sa brutalité => « Je n’ai pas besoin de faire semblant de frissonner quand je vois que Maman va me fouetter. Je me mets à trembler dès que je sais qu’elle se prépare à se déchaîner. » ;
- Andersen : « La Petite Fille aux allumettes » est rempli de mentions de la souffrance vécue par le personnage => souffrances dues à l’adversité : deuil précoce de sa mère / vol de son dernier chausson + « petits pieds nus, qui étaient rouges et bleus de froid » / indifférence du monde adulte : omniprésence du pronom « elle » mais jamais d’intervention d’un « ils » collectif représentant les passants alors qu’elle est tout le temps dans la rue + dernière phrase du conte « Tout le monde ignorait… » / souffrances dues aux mauvais traitements : « elle n’osait pas retourner chez elle : elle rapportait ses allumettes, et pas la plus petite pièce de monnaie. Son père la battrait ».
2. L’esprit des enfants et leur mode de réflexion
Exemples :
- Rousseau : la maîtrise de l’éloquence chère aux adultes n’a pas de prise sur un enfant
=> récitation parfaite d’un point de vue formel de l’histoire d’Alexandre le Grand, mais sentiment chez Rousseau de l’incapacité pour l’orateur enfant de comprendre la substance de son propre récit ; - Andersen : “La Reine des neiges” – 3ème histoire “Le Jardin de la femme qui savait faire des enchantements” => Gerda confond l’égoïsme de la vieille femme avec une forme de bienveillance à cause de son émerveillement puéril devant le jardin luxuriant => elle en perd la notion du temps et même son objectif.
3. La crainte des enfants d’entrer dans le monde adulte
Exemples :
- Soyinka : dernière phrase d’Aké, les années d’enfance « Le moment était venu d’entreprendre les mutations nécessaires pour accéder à un nouvel univers d’adultes irrationnels et à leur discipline. » où Wole exprime sa prise de conscience d’une fracture à franchir pour passer d’une étape à l’autre + vocabulaire péjoratif de la seconde ;
- Andersen : malgré l’horreur de la situation vécue par le personnage dans « La Petite Fille aux allumettes », sa candeur, sa foi enfantine lui permettent de vivre ses derniers instants dans un enchantement qui lui fait vivre sa mort comme une apothéose / on peut voir un cas parallèle à la fin du « Crapaud » : alors qu’il va mourir dévoré, le personnage est exalté par la joie de voyager, d’aller en Égypte sans réaliser sa fin funeste.
III. Le monde des adultes et des enfants sont-ils si dissemblables ?
1. Les défauts reprochés aux enfants continuent d’exister chez les adultes
Exemples :
- Soyinka : les débats qu’Essay et ses amis mènent sur des sujets sérieux sont traités
avec légèreté et espièglerie ; - Andersen : “Les Nouveaux Habits de l’empereur” en est un exemple patent puisque le protagoniste devrait gouverner, mais agit comme un tyran à cause de son goût irraisonné et infantile des vêtements (qui sera d’ailleurs mis au jour par un “petit enfant” alors qu’aucun adulte n’avait osé remettre en question le comportement de l’empereur).
2. Le monde des enfants ne peut être disjoint de celui des adultes
Exemples :
- Rousseau : « Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvu, nous avons besoin d’assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation. » ;
- Andersen : « Les Fleurs de la petite Ida » => « Mais tout ce que l’étudiant racontait à la petite Ida avait pour elle un charme extraordinaire, et elle y réfléchissait beaucoup. » => les récits de l’étudiant, parce qu’ils respectent l’essence de l’enfance d’Ida, ne nuisent pas à son esprit, à sa réflexion ; au contraire, ils les nourrissent.
3. Le monde des adultes et des enfants ne sont pas définitivement coupé
Exemples :
- Rousseau : Émile ou de l’éducation mêle les genres => essai philosophique, traité de pédagogie, autobiographie => Rousseau s’efforce de considérer l’enfant même si lui est un adulte ce qui est inhabituel au XVIIIème siècle, mais qui deviendra la norme après lui ;
- Soyinka : faire le choix d’écrire une autobiographie d’enfance implique de replonger dans cette époque et donc d’en avoir la capacité + Soyinka, en tant qu’auteur, choisit de présenter les mutations politiques et sociologiques du Nigéria du point de vue de celui qu’il était enfant => c’est une marque d’estime ;
- Andersen : le seul de nos auteurs qui écrit pour les enfants avec des protagonistes enfants, l’oralité de ses textes, les choix lexicaux, etc. + grande part autobiographique des contes (même constat que pour les deux autres auteurs donc).
Conclusion de la dissertation sur l’enfance en CPGE scientifique
Il apparaît donc qu’en réfléchissant au propos de Jean Cocteau, nous avons dû accepter que l’éducation se doit d’emmener les enfants hors de l’enfance pour les intégrer au monde des adultes duquel ils veulent faire partie au plus tôt. Pourtant, malgré le postulat du romancier, nous avons montré que les enfants aiment souvent profiter de cette époque qui est la leur qu’elle soit empreinte de liesse ou non.
Une explication de cet apparent paradoxe peut être trouvée si l’on considère que les mondes des enfants et des adultes sont liés plutôt que disjoints. Ainsi, l’éducation ne serait pas promise à dénaturer l’enfant, à amputer l’enfant de son enfance. Elle consisterait bien davantage en un accompagnement le long d’un chemin, un accompagnement qui veillerait à protéger les enfants des pièges qui pavent ce tortueux chemin.
Cette présence de l’adulte qui aide l’enfant perdu dans l’enfance trouve un écho dans le personnage du chasseur de certaines versions du Petit Chaperon rouge, car c’est bien son intervention qui évite la fin funeste que connaît la petite fille, violée et assassinée, dans les versions dans lesquelles il n’apparaît pas.
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