Dissertation corrigée sur l’enfance et la nature en prépa
Sujet corrigé sur le thème de “l’enfance et la nature” CPGE scientifique
cours particuliers
Cours particuliers de français
Les œuvres utiles pour cette dissertation sur l’enfance et la nature
Les trois œuvres au programme 2022 de français en prépa PTSI, BCPST, MP2I, MPSI, PCSI, PC, PSI, MP et PT portent sur le thème de l’enfance. Elles sont étudiées lors des cours de français en prépa et doivent être utilisées lors des épreuves de français. Les œuvres en CPGE sont les suivantes :
- Emile (Livres 1 et 2) de Jean-Jacques Rousseau
- Aké les années d’enfance de Wole Soyinka (réédition attendue aux éditions Belfond)
- Contes d’Andersen, traduction par Marc Auchet (Livre de Poche classique n°16113)
Il convient de s’entraîner régulièrement à l’exercice de la dissertation pour réussir les épreuves de français en prépa. N’hésitez pas à consulter nos idées de citations sur l’enfance pour la dissertation en CPGE ainsi que notre analyse sur le thème de l’enfance en prépa scientifique.
Si vous cherchez un accompagnement personnalisé pour étudier ces œuvres en profondeur, développer vos compétences en analyse littéraire et vous préparer efficacement aux épreuves de français, envisager des cours particuliers de français dans la préparation aux concours en prépa scientifique peut vous offrir une préparation sur mesure pour exceller dans cette matière.
COURS PARTICULIERS FRANÇAIS EN CPGE
Nous avons sélectionné pour vous les meilleurs professeurs particuliers de français en Maths Sup et Spé
POUR ACCÉLÉRER MA PROGRESSION
Avis Google France ★★★★★ 4,8 sur 5
Introduction de dissertation sur l’enfance en CPGE scientifique
Pour entamer votre dissertation, il est primordial de commencer par une introduction. Afin que celle-ci soit complète, il convient d’y inclure une accroche suivie d’une définition du sujet, d’une problématique ainsi qu’une annonce de plan.
La consigne : vous commenterez, à l’appui des œuvres au programme, cet extrait de Léviathan (1929) du romancier Julien Green (1900, Paris – 1988, Paris).
Le sujet de cette dissertation corrigée en prépa scientifique est le suivant : « (…) A ceux qui ne connaissent pas le bonheur, la nature dans ces moments généreux leur en apporte avec les odeurs des bois et les cris des oiseaux, avec les chants du feuillage et toutes ces choses où palpite l’enfance. »
« Les méchants ne sont point dans les déserts, ils sont dans le monde » a pu écrire Jean-Jacques Rousseau dans sa correspondance avec Voltaire. Pour le philosophe des Lumières suisse, il était ainsi clair que le véritable bonheur ne se trouvait pas au milieu des villes, mais au milieu des champs ; cette promotion d’un bonheur « vert » fait écho à cette citation présente du romancier français Julien Green – qui porte certes ici bien son nom.
Green s’adresse par le vocatif « à ceux » à toutes les femmes et tous les hommes qui « ne connaissent pas le bonheur ». Il s’agit en premier lieu de s’interroger sur les conditions et modalités de cette « connaissance du bonheur » : peut-on vraiment le connaître ? Par quels moyens ? Si l’on entend « connaître », par « savoir dans ses détails et ses profondeurs le sens profond d’un concept ou d’une chose », un détour par l’étymologie de savoir peut nous conduire à une piste stimulante : le savoir est aussi la sapience, à la fois la connaissance rationnelle et la « saveur », la connaissance par les sens. Il convient donc de se demander si l’on peut connaître ce « bonheur » par les sens, l’émotion, ou par la raison. Dans la deuxième partie de la citation, Green cite justement plusieurs sens de l’homme, comme l’odorat (« les odeurs des bois »), l’ouïe (« les cris des oiseaux » ou « le chant du feuillage) ; ainsi la connaissance du bonheur serait-elle pour lui d’abord sensorielle ?
Reste cependant à définir ce que l’on entend par bonheur : est-il l’affaire des sens comme semble l’entendre Green ? Et pourtant, Aristote définit bien le bonheur comme état de contentement général plein et durable ; le bonheur est affaire de philosophie, de pratique de la vertu : il est d’origine rationnelle. Au contraire, Platon rappelle la discussion ayant opposé Socrate à Calliclès : ce dernier, sophiste de son état, pensait que le bonheur se limitait à la satisfaction des sens ; ce à quoi Socrate lui répondit : si quelque homme a la gale et que la satisfaction de son plaisir le conduit à le gratter, peut-on alors être heureux en ayant la gale ? Nous distinguerons conséquemment ici bonheur et plaisir, le premier étant plutôt rationnel et durable à première vue, le deuxième sensoriel et passager.
Un autre indice nous conduit du reste à penser que Green réduit le bonheur à sa dimension sensorielle : l’usage du terme « palpite », au présent de vérité générale. « Palpite » renvoie au cœur, à l’émotion (définition du CNRTL : « Être animé de mouvements plus ou moins réguliers, manifestant la vie ou de mouvements convulsifs, grâce à une expressivité particulièrement forte. »)
Ainsi n’est-ce pas étonnant de voir « l’enfance » (ici objectivée par l’usage de l’article défini, comme s’il n’existait qu’une enfance) réduite à sa dimension sensorielle (« où palpite l’enfance »). Il s’agira donc aussi de se demander si l’enfance, ici définie non seulement au sens d’âge de la vie, mais encore comme métaphore de l’expression des sens (semblant sous-entendre un déficit de rationalité), est capable d’atteindre par la raison ou par les sens le bonheur, à travers la nature.
Mais qu’est-ce que justement la nature ? Green paraît faire de la nature une « personne » (il use de la personnification) qui aurait capacité à « donner » d’elle-même. Il semble assimiler la nature à une sorte de « verdure » bucolique. Cependant la nature est aussi plus large : elle est « l’ensemble de la réalité matérielle » ; elle s’oppose à la culture (le bonheur ne serait-il pas dans la culture, c’est-à-dire la création des hommes, aussi pour les enfants ?), même si des éléments a priori naturels peuvent être issus de l’action de l’homme (différence entre la forêt vierge et le bosquet). Spinoza a même pu écrire « Deus sive natura », Dieu ou la nature, comme si la nature était aussi l’emblème de la création divine. La nature dans toutes ces présentes acceptions, est-elle alors la clef du bonheur tel que nous l’avons défini ? Pour Green, il y a cependant une conditionnalité au bonheur apporté par la nature : la nature a « ces moments généreux ». Un moment est d’une durée forcément brève voire précaire : cela veut dire aussi que la nature n’a pas que des moments généreux (le froid, l’hiver, la tempête, etc.).
Green semble dès lors émettre trois présupposés dans ce sujet. D’une part, il ne voit que le côté lumineux de la nature. D’autre part, il semble réduire le bonheur à une dimension sensorielle. Enfin, il paraît réduire l’enfance à des émotions sensorielles, comme si l’enfance n’était pas capable d’avoir un cerveau qui pense, en plus d’un cœur qui « palpite ». Dès lors, nous nous interrogerons sur ces trois hypothèses de Green : sont-elles fondées ? Le bonheur est-il rationnel ou sensoriel, la nature en est-elle la clef ? L’enfance est-elle capable de l’appréhender par un autre moyen que l’émotion et la palpitation des jeunes cœurs ?
En première instance, la nature peut apparaître comme une des conditions du bonheur, en effet : elle peut certes procurer une joie passagère (proche du plaisir et non du bonheur) ; mais elle peut aussi, en assurant la subsistance des enfants, être une des conditions d’un bonheur plus durable. Cependant, ce point de vue peut et doit être nuancé : la nature n’a pas que des « moments généreux », elle peut être une source de danger, d’hostilité ; du reste, le véritable bonheur ne se trouve-t-il pas autant, sinon plus, dans la culture que dans la nature ? Il conviendra en somme de s’interroger, en dernière instance, sur cette subjectivité de Green, que l’on peut expliquer par le miroir déformant de sa nostalgie, ou bien par son statut de citadin. Dès lors, ne faut-il pas élever un enfant dans la nature, mais selon sa nature ?
I. La nature est-elle l’une des clés du bonheur ?
La nature peut en effet apparaître, en première instance, comme une des clefs du bonheur pour l’enfance, pour trois raisons en particulier : elle est une source de divertissement, de jeux et de plaisir ; parce qu’elle peut assurer les conditions d’un bonheur durable en favorisant la subsistance ; et enfin comme lieu d’éducation propice à la « palpitation » du cœur, mais encore du cerveau.
A. La nature, une source de bonheur ?
Tout d’abord, la nature peut être une source de plaisir, de joie, de ravissement, pour quelque enfant qui se promène dans ces feuillages, ces bois, ces prés charmants auxquels Green fait allusion. La nature est une source de bonheur par les jeux qu’elle procure.
La nature est par exemple une source de divertissement importante pour les personnages des contes d’Andersen. L’emblème en est le conte justement nommé « Le bonheur peut se trouver dans un bout de bois ». Dans ce conte, un homme pauvre réussit à satisfaire le plaisir des enfants en leur procurant des simples poires : « l’homme le chercha par terre et trouva alors l’une des plus petites poires qu’il avait fabriquées (…), et qu’il avait données à ses enfants pour qu’ils jouent avec » (P.356).
B. La nature assure-t-elle un bonheur durable ou temporaire ?
Mais s’agit-il ici de bonheur ou de plaisir ? Le jeu des poires n’est-il pas passager et précaire ? La nature peut-elle donc assurer un bonheur plus durable, et non une joie temporaire ? Or, comme nous allons le montrer, la nature peut bien être en effet décrite comme une des conditions d’un « contentement plein et durable » des besoins de l’homme, en tant qu’elle peut fournir des moyens de subsistance concrets, parfois même sans efforts, qui sont non peut-être l’aboutissement du bonheur, mais au moins un de ses prérequis permanents.
Nous trouvons un emblème de cette nature « généreuse » pour reprendre les mots de Green dans le village d’Aké. Parmi les premières pages du roman de Wole Soyinka, l’on trouve d’ailleurs un éloge du verger et du jardin fruitier qui fait les délices et la substance du jeune Wole Soyinka : « mais le roi du Verger c’était le grenadier » (P.14) écrit-il aussi, car cet arbre est aussi l’un des plus généreux. Ainsi la nature peut donner les clefs du bonheur – mais peut-être faut-il relativiser la citation de Green en indiquant qu’il s’agit ici d’une nature maîtrisée par l’homme, un verger n’étant évidemment pas présent au même état brut et originel dans la nature.
C. Le bonheur durable se trouverait-il dans la nature ?
Nous avons pour le moment pu établir que la nature pouvait donner les clefs du plaisir passager, et peut-être être une des conditions du bonheur durable. Mais jusqu’ici, nous avons principalement raisonné sous l’angle de la satisfaction des besoins sensoriels (le plaisir, la nourriture, etc.). Qu’en est-il sur le plan plus rationnel, un plan que comme nous l’avons dit, Green semble quelque peu négliger ? La nature peut-elle aussi satisfaire les conditions d’un bonheur plus rationnel, proche de la vertu et de l’éducation aristotéliciennes ?
Il le semble bien en effet : car si Jean-Jacques Rousseau privilégie une éducation de son « Émile » à la campagne, c’est bien pour des motifs intellectuels, et liés à la vertu. En effet écrit-il, dans le Livre I, « les villes sont le gouffre de l’espèce humaine ». Et d’ajouter : « C’est encore ici une des raisons pourquoi je veux élever Émile à la campagne, loin de la canaille des valets, les derniers des hommes après leurs maîtres ; loin des noires mœurs des villes, que le vernis dont on les couvre rend séduisantes et contagieuses pour les enfants ; au lieu que les vices des paysans, sans apprêt et dans toute leur grossièreté, sont plus propres à rebuter qu’à séduire, quand on n’a nul intérêt à les imiter » (ici dans le Livre II). Ainsi, pour des motifs liés à la vertu, à la « santé intellectuelle », la nature peut être ici aussi une des clefs d’un bonheur plus complet et rationnel.
Cependant Green, en utilisant le présent de vérité générale, semble comme universaliser le fait que la nature puisse procurer du bonheur aux enfants. Est-ce bien toujours le cas ? Qu’en est-il des moments « moins généreux », avares en bonheur de la nature ? Le bonheur n’est-il pas aussi ailleurs, non dans la nature, mais dans la culture ?
II. Le bonheur se trouve plus dans la culture que dans la nature
La vision de Green apparaît en deuxième instance incomplète : la nature peut également être une source de danger et d’hostilité ; puisqu’elle n’a pas que des moments « généreux », mais aussi avares, notamment en hiver, elle ne peut assurer les conditions d’un bonheur durable, et peut-être pas même un plaisir passager ; en somme, le bonheur peut tout aussi bien, sinon plus, se trouver dans la culture plutôt que dans la nature.
A. La nature peut être considérée comme une source de danger
Dans sa vision idéaliste, partielle et partiale de la nature, Green néglige certainement le fait que la nature puisse également être pernicieuse et dangereuse : loin d’être la source du « bonheur », elle peut également effrayer l’enfant, voire en causer la perte.
La nature a en effet une double face, une part d’ombre que ne perçoit pas Green. Si Wole Soyinka fait par exemple l’éloge du « roi verger », il ne faut pas oublier que la nature n’est pas si accueillante et bienveillante dans le reste de l’autobiographie, notamment durant « l’incident du rosier », qui est la cause d’un des grands malheurs de Wole durant le roman.
Cette nature hostile est aussi celle de la forêt dans « Les cygnes sauvages ». La petite Elisa se perd dans cette forêt où « la nuit fut très sombre » (P.99) ; elle confie sa tristesse dans cette « solitude qu’elle n’avait jamais connue auparavant ». Et si les orties peuvent soigner les remèdes (et mettre fin à la malédiction du conte), ce n’est pas sans avoir piqué fortement l’enfant auparavant. Nous voyons ici le double visage de la nature, à la fois protectrice et sauvage.
B. La nature combine à la fois la générosité et l’avarie
Du reste, Green nous mettait sur la voie de ce double visage, quand il indiquait que la nature avait de tels « moments généreux ». Comme un « moment » est une période de temps brève, la nature a donc des moments qui ne sont pas généreux, avares en bienfaits. Green semble penser dans cette citation à une saison printanière ou estivale : mais en hiver, cette nature est-elle en capacité d’assurer une des conditions du bonheur (état de contentement plein et durable comme nous l’avons défini), c’est-à-dire la subsistance des besoins ?
Or il est clair, dans le conte de la « Reine des neiges », que la générosité n’est pas au rendez-vous pour la nature en hiver, la saison morte qui n’offre aucun moyen de subsistance durable, avec son froid et qui paralyse de surcroît (P.153). La nature, a fortiori, ne semble pas même en mesure d’assurer les conditions d’un simple plaisir passager dans ce conte. Andersen rappelle certes qu’en été, dans la mansarde de la ville, les enfants jouent sur les remparts, sur cet « arc de triomphe de verdure et de fleurs », cet « endroit où ils jouaient merveilleusement ». Mais, ajoute-t-il : « en hiver, ce plaisir n’existait plus » (P.153).
Même l’été peut être du reste une saison meurtrière : ainsi Wole Soyinka rappelle-t-il (P.193) que « les constructions légères d’Aké, en brique crue, ne résistaient pas aux pluies de juillet et d’août ».
C. L’humain en attend-il trop de la nature ?
Si le bonheur apporté par la nature ne semble ainsi ni assuré, ni durable, n’est-ce pas parce que l’on attend trop de cette nature ? Si l’humain a modelé la nature, remplaçant la forêt par le bosquet, mettant des parcs au cœur de ville, n’est-ce pas, non pour jouir d’un bonheur purement naturel, mais au contraire pour maîtriser la nature par la culture ? Conséquemment, le véritable bonheur ne se trouverait pas dans cette nature originelle que semble idéaliser Green ; mais plutôt dans l’action de l’homme sur son environnement : la culture. Ce ne sont pas les cris des oiseaux qui ont du charme en soi, mais l’interprétation que l’humain en fait de par sa connaissance musicale, sa science des sons.
Et il peut en effet y avoir du bonheur en dehors des « faits naturels ». L’écriture par exemple est une marque culturelle par essence : Wole Soyinka y trouve un véritable bonheur, d’origine intellectuelle et non sensorielle, rationnelle (nous parlons ici d’un cerveau qui pense, non d’un cœur qui « palpite »). « Mais très vite, pour moi », narre ainsi Wole Soyinka sur l’apprentissage de la calligraphie en suivant son père (P.36), « ce fut simplement Essay, l’un de ces exercices de style en prose soignée qui suivaient des règles précises de composition, l’un de ces produits d’une élégance raffinée couchés en cette belle calligraphie qui aurait fait l’envie des copistes de tous les âges ».
Nous voyons ainsi que le point de vue de Green est partiel et partial, et ne voit que le côté lumineux d’une nature en réalité biface. Mais d’où vient ce jugement subjectif ? Qu’est-ce qui, dans l’argumentation de Green, pourrait en expliquer les raisons profondes ? Nous allons ainsi dans un dernier temps, tenter de cerner les motivations expliquant cette idéalisation de la nature et de l’enfance, tenter de dégager la généalogie d’une erreur.
N’hésitez pas à télécharger notre application gratuite “PreapApp” afin de découvrir la suite de la dissertation corrigée sur “l’enfant et la nature”. Il vous suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous : Play Store ou bien App Store.
Nous mettons à disposition des dissertations corrigées gratuitement, les voici :