Les œuvres au programme de français en prepa scientifique 2022
Description des œuvres au programme de français sur l'enfance en prépa
cours particuliers
Cours particuliers de français
Après une analyse définitionnelle du concept « d’enfance », thème des cours de français en prépa scientifique dans un précédent article, nous pouvons passer, à présent, à la présentation des trois œuvres au programme de français pour les Maths Sup et Maths Spé en 2022.
Le thème de français-philosophie pour les prépas scientifiques 2022 sur l’Enfance (MPSI, PCSI, PTSI, BCPST, MP2I, MP, PC, PSI et PT), dont le thème sera ainsi « L’enfance », regroupe trois œuvres qui seront à étudier et à employer lors de l’épreuve écrite du concours.
Il s’agit :
- Émile (Livres 1 et 2) de Jean-Jacques Rousseau
- Aké les années d’enfance de Wole Soyinka (réédition attendue aux éditions Belfond)
- Contes d’Andersen, traduction par Marc Auchet (Livre de Poche classique n°16113)
Si vous cherchez à approfondir votre compréhension de ces œuvres et à recevoir un soutien spécifique pour les analyser en profondeur, des cours particuliers français dans la préparation aux concours en prépa scientifique peuvent vous offrir une préparation sur mesure pour réussir dans cette matière.
L’Émile ou De l’Éducation, de Jean-Jacques Rousseau en prépa
1 – Rousseau, un philosophe politique aussi pédagogue
Avec Voltaire, Montesquieu et Diderot, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) fait partie des philosophes des Lumières parmi les plus connus et les plus renommés encore aujourd’hui. Pour autant, cet « homme à paradoxes et non à préjugés », ainsi qu’il l’écrit d’ailleurs dans L’Émile, tenait une place quelque peu à part dans le cercle des Lumières – il était ainsi surnommé, de manière péjorative, « Jean-Jacques » par ses détracteurs, dont le dernier n’était pas le citadin Voltaire. Tel est le premier paradoxe de notre Jean-Jacques Rousseau : reconnu aujourd’hui, critiqué hier.
Le deuxième est le suivant : nous étudions là un traité de pédagogie, alors que Jean-Jacques Rousseau est aujourd’hui bien célèbre pour ses œuvres de philosophie politique, notamment son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (et sa fameuse première phrase : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. ») Dans le Contrat Social aussi, Rousseau postule le concept de « volonté générale », selon lequel la pensée du peuple s’exprime toute entière, dans son unicité qui fusionne chacune des voix du peuple, pour fonder une société réellement démocratique – car pour Rousseau, la seule vraie démocratie est directe, il n’y pas d’intermédiation possible entre le peuple et l’expression de sa souveraineté.
Or donc l’Émile est plutôt un traité de pédagogie, aujourd’hui un peu moins lu que les autres œuvres plus politiques de Rousseau. C’est en effet, dans ce volume que Rousseau décrit l’éducation idéale, saine et suivant la nature, que devrait recevoir l’enfant parfaitement éduqué selon lui (l’Émile du livre ; Rousseau a aussi formé le dessein d’écrire un traité pour les filles, « Sophie », inachevé).
Pour autant l’Émile est plus qu’un traité de pédagogie. Comme le décrit André Charrak dans la préface de l’édition au programme (p.7), « l’éducation ne semble n’être qu’un prétexte ». De fait, en effet, Rousseau décrivait lui-même son traité comme une « théorie de l’homme ». Les spécialistes Pierre-François Moreau et Ghislain Waterlot en font même une des « des œuvres majeures de la philosophie moderne, de celles que l’on déclare volontiers incontournables ».
2 – Le pédagogue qui abandonnait ses enfants
Tel est donc le deuxième paradoxe de l’Émile : traité apparemment de pédagogie, il est bien plus que cela et contient non seulement une théorie de l’enfance, mais aussi des considérations plus générales sur l’humain, la politique, les mœurs, la société.
Troisième paradoxe de l’ouvrage : Jean-Jacques Rousseau, qui décrit comment élever des enfants… a lui-même abandonné ses cinq chérubins (nés de son union avec Thérèse Levasseur) aux « Enfants Trouvés » ! C’est pourquoi il était souvent raillé… Rousseau s’est longtemps défendu contre ce scandale.
D’une part, il estimait que les enfants avaient été trop mal éduqués auprès de la famille de leur mère. D’autre part, il assure que cette expérience l’a marqué, et que ces cinq abandons sont à l’origine, comme par regret, de son observation passionnée des enfants, de son désir de faire en sorte que les enfants reçoivent une bonne éducation.
La biographie de Jean-Jacques Rousseau influence sa conception de l’éducation selon une autre manière : il dit avoir reçu une éducation saine et raisonnable (dans ses Confessions, son œuvre autobiographique majeure). Cependant, il déplore que l’on ait forcé le petit être qu’il était à lire des livres trop complexes pour lui (dans l’Émile, Jean-Jacques Rousseau mettra ainsi en garde contre les dangers de la lecture). De même, Rousseau dit avoir apprécié avoir été élevé à l’écart des autres enfants : ce qui fait dire au critique Emile Faguet que Rousseau, c’est Émile, et qu’Émile, c’est Rousseau.
(Le reste de la présentation de L’Émile ou de l’Éducation est disponible sur l’application mobile PrepApp)
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Les Contes d’Andersen en français en prépa scientifique
1 – Andersen aussi est un « vilain petit canard »
Hans Christian Andersen (1805-1875) est né dans ce qui est alors la deuxième ville du Danemark, Odense, loin derrière Copenhague. Même si son enfance est marquée par bien de l’affection et par un certain bonheur, il naît d’extraction très basse, ce qui le marquera à vie et stimulera son désir de réussite et de célébrité.
En effet son père est un modeste cordonnier, plutôt aigri de ne pas même faire partie de la corporation de son métier. La famille d’Andersen fourmille d’ailleurs d’anecdotes quelque peu tragiques : la tante de l’écrivain tenait une maison close, tandis que sa grand-mère fit de la prison pour naissance illégitime. À l’école, l’élève d’Andersen n’a du reste pas que de bonnes notes ; il en retire cependant, un grand amour de la littérature. Le désir premier d’Andersen est ainsi celui-ci : s’émanciper, devenir célèbre, s’extraire de sa condition – par les arts en premier lieu.
Comme certains « montent à Paris », Andersen gagne alors Copenhague, la capitale du Royaume. Il cherche à percer dans le chant, le théâtre, la danse ; c’est finalement vers l’écriture qu’il se tourne, avec succès. Il écrit des poèmes, des romans d’inspiration autobiographique et romantique, des récits de voyage, mais c’est vers le fantastique et surtout le genre du conte qu’il se tourne.
En 1829, sa nouvelle fantastique Un voyage à pied depuis le canal Holmen jusqu’au point d’Amager, reçoit ainsi un certain écho ; son premier roman, largement autobiographique, L’Improvisateur (1835) aussi ; mais ce qui lui apporte la renommée immédiate, c’est bien sûr la première parution des Contes.
C’est cette même année 1835, tournant de sa vie, que Andersen fait donc paraître un premier recueil de Contes (Le Briquet ou La Princesse au petit pois y figurent), complété les années suivantes. C’est un grand succès, surtout à l’étranger dans un premier temps. Andersen devient une véritable « star » reçue dans toute l’Europe ; il rencontre des rois, des reines, Victor Hugo, Balzac, Dickens, Lamartine – et en tire d’ailleurs quelques récits de voyage. La publication des Contes va s’étirer jusqu’en 1842, Andersen ajoutant du succès au succès.
Malgré sa percée dans la société d’en haut, Andersen reste cependant très sensible à la critique, ce qui fait écho à son caractère parfois trop émotif et instable. Selon certains spécialistes comme Régis Boyer, il semble toujours souffrir d’un « complexe d’infériorité » né de sa basse extraction – du reste « le vilain petit canard », un de ses contes, est à forte teneur autobiographique, car le petit canard exclu, celui qui est regardé bizarrement par les autres, c’est Andersen lui-même.
2 – Le « malentendu Andersen »
En tout état de cause, Andersen semble avoir choisi le genre du conte pour la profonde liberté qu’il offre. Car le conte au XIXe siècle est encore considéré comme un genre mineur, divers, non trop codifié et qui laisse donc une grande part de liberté.
Traditionnellement, le conte se caractérise par sa brièveté, ce qui est le cas des récits d’Andersen (qui tiennent parfois sur deux ou trois pages). Il se déroule dans un passé révolu (c’est la fameuse formule « Il était une fois ») ; cependant Andersen y a bien moins recours que les autres « conteurs » : car il se démarque de ses prédécesseurs (Perrault, Galland, les frères Grimm) en plusieurs points.
Si Andersen avait ainsi commencé à écrire un roman fantastique, les contes (si l’on évoque le genre classique avant Andersen) tiennent parfois plutôt du registre du merveilleux. La différence entre les deux est que dans le fantastique, le surnaturel est parfois ambigu, comme s’il faisait partie de la réalité et que l’auteur voulait laisser le doute ; dans le cas du merveilleux, le surnaturel est assumé, il n’y aucun doute sur le fait que l’on a passé la frontière de l’imaginaire (ce qui a pour conséquence de voir proliférer, sur le champ des procédés littéraires, les superlatifs et les hyperboles par exemple).
C’est donc la grande première originalité d’Andersen : le refus de cet éloignement trop marqué de la réalité. En effet, tous les Contes d’Andersen ne relèvent pas du merveilleux : il se démarque ainsi par un certain « effet de réel » davantage présent. Andersen lui-même divisait ses contes en deux familles : les eventyr (des péripéties, des rebondissements, plus proches du merveilleux comme La Petite Sirène ou La Reine des Neiges) et les historier, soit des récits plus réalistes. Marc Auchet, dans la préface de l’édition au programme, insiste ainsi bien sur le fait que des « contes » mériteraient parfois d’être appelés des « nouvelles » parce que dépourvus de merveilleux.
La deuxième originalité d’Andersen en est presque la conséquence – les thèmes choisis. Il reprend certes des contes traditionnelles danois, mais va aussi tisser de nouvelles et inédites histoires à partir de son imagination, voire de ses considérations autobiographiques.
La troisième rupture découle aussi de la première : les Contes d’Andersen présentent certes une certaine vision de l’enfance ; ils peuvent se destiner certes aux enfants ; mais leur public premier, ce sont les adultes. Car la profondeur des contes, la finesse du style parlé (nous y reviendrons) et la maturité des thèmes traités, rapprochent plutôt Andersen de la littérature… pour les personnes sorties de l’enfance.
Régis Boyer a bien noté cette certaine noirceur adulte et mature d’Andersen : « Il est exact que cette muse est volontiers noire, que les âmes évoluant sous nos yeux y ont souvent froid, d’un froid intérieur capable de nous donner le frisson, que l’inaccomplissement affectif dont aura souffert Andersen toute sa vie s’est traduit par des visions souvent assez sinistres de la condition humaine. » (Cité par Lacôte-Destribats Christiane, « Au regard de », Journal français de psychiatrie, 2002/2).
Oui, des livres sur l’enfance ne sont pas forcément pour des enfants… C’est le « malentendu Andersen » qu’évoque Anne-Marie Garat dans Le Monde en 2005 : « Plus qu’un art de l’enfance, [Andersen] illustre la grandeur d’un genre adulte par lequel l’écrivain resonge l’enfance, et l’invente, la constitue comme horizon utopique et valeur humaine ».
En somme si le thème de l’année en français en prépa est l’enfance, Andersen s’adresse peut-être aussi et surtout à des adultes dans ces contes !
(La suite des explications sur les Contes d’Anderson est accessible sur notre application mobile PrepApp.)
Aké les années d’enfance, de Wole Soyinka en Maths Sup Maths Spé
1 – Wole Soyinka, le premier Nobel de littérature africain
« Un géant de la littérature africaine » : c’est ainsi que Marie-Claire Van der Elst, dans la recension d’Aké les années d’enfance dans la revue Esprit en 1985, décrivait Wole Soyinka. L’auteur né au Nigéria en 1934 a en effet reçu le Prix Nobel de Littérature en 1986 – il fut le premier Africain lauréat de ce prix. L’Académie de Stockholm avait voulu par-là récompenser un écrivain « qui met en scène, dans une vaste perspective culturelle enrichie de résonances poétiques, une représentation dramatique de l’existence ». À ce jour Soyinka reste ainsi un des plus vieux récipiendaires du Nobel encore en vie.
Soyinka a touché à tous les genres littéraires, et le Nobel est venu récompenser cette œuvre multiple et si diverse : romans, poésie, essais, autobiographie, cinéma… Soyinka est un artiste total. C’est cependant d’abord et peut-être avant tout un dramaturge (Aké, une autobiographie, n’est donc pas son genre littéraire de prédilection). Avec Le Lion et la Perle dès 1959, ou encore La Danse de la Forêt, La Mort et l’Ecuyer du Roi ou les Tribulations de frère Jéro, multiples pièces écrites en quelques années, Soyinka fait parler son talent de dramaturge et glisse, dans ses œuvres, une certaine dénonciation du colonialisme et de l’affaiblissement de la culture traditionnelle.
Pour nourrir son style, de son expérience de dramaturge, Wole Soyinka a peut-être gardé une vivacité dans le récit, l’aisance avec le langage parlé et oral, plein d’humour et de chaleur, ce qui se retrouve dans Aké. De son expérience de poète, il en retire également un certain goût pour le lyrisme et la précision des descriptions.
Les thèmes politiques et sociaux se retrouvent aussi dans les romans de Wole Soyinka. Notamment dans Une saison d’anomie, où il évoque la terrible guerre du Biafra au Nigéria. Les registres de ces œuvres se font ainsi volontiers satiriques (mêlant ironie et critique de la société), car Wole Soyinka ne fait pas que peindre le Nigéria de son temps, il le critique et en dévoile les insuffisances, tant dues à la classe politique du pays, fort rapace, qu’au post-colonialisme.
Wole Soyinka s’est donc aussi essayé au genre autobiographique – ce genre qui existe au moins depuis les Confessions de Saint-Augustin, et que Montaigne et Jean-Jacques Rousseau, avec ses propres Confessions, ont su renouveler et enrichir.
Rappelons que l’autobiographie se fonde sur ce que le spécialiste Philippe Lejeune appelle un « pacte autobiographique », et peut se définir ainsi, toujours selon P.Lejeune : « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité ». Cette définition, sans être reprise in extenso dans une copie, pourra être utilement mentionnée, notamment en évoquant la notion de « pacte autobiographique ».
Aké les années d’enfance est le premier tome de l’autobiographie de Wole Soyinka. Suivront Ibadan, les années pagaille (1997) et Il te faudra partir à l’aube. Aké couvre donc, comme son titre l’indique, les 12 premières années de la vie de l’auteur. Notamment que cette période de 12 ans est aussi la même dans l’Émile de Jean-Jacques Rousseau, en ses deux premiers livres !
2 – L’apprentissage de l’enfance avec Wole Soyinka
Wole Soyinka décrit ainsi son enfance dans le « paradis terrestre d’un village nigérien » (Marie-Claire Van der Elst) : il est vrai que le décor, tout déroutant qu’il soit pour le lecteur occidental, a parfois quelque chose d’idyllique, tant l’on sent l’attachement de l’auteur à son village d’enfance (le petit village justement nommé Aké au Nigéria).
Wole Soyinka décrit bien sûr sa vie de famille et notamment tout l’attachement qu’il porte à ses parents, et particulièrement à son père, Essay, directeur d’école et amateur de jardinage. C’est Essay qui donnera à son fils le goût des livres et de l’écriture et il tient donc une large place dans le parcours initiatique de Wole. L’auteur décrit aussi sa mère Eniola, commerçante, surnommée « Chrétienne sauvage » (les surnoms sont légion dans le livre), pour sa foi fervente, pour son ardeur de vivre – mais elle est aussi stricte et ne pardonne pas à son fils la moindre peccadille !
Le premier grand thème du livre est aussi le parcours initiatique de Wole Soyinka, ou le franchissement de plusieurs rites de passage. L’auteur décrit son ignorance première à travers de multiples anecdotes (le livre en fourmille) : par exemple, il se perd une fois en marchant dans la brousse, ou bien goûte du lait seulement parce que sa mère l’en a défendu.
Cependant, l’auteur va affronter des épreuves qui vont ainsi le faire grandir et gagner en maturité : Wole Soyinka endure d’ailleurs un rite de passage traditionnel, qui marque son corps ; aussi et peut-être surtout, sa toute jeune sœur meurt le jour de son anniversaire, Wole pleurant à chaudes larmes.
Ainsi le livre oscille entre joie et plaisirs de l’enfance – ces merveilles attendues – mais ne tait rien de la dure réalité de la vie dans ce petit village.
Cet apprentissage passe également par les livres et l’école, qui occupent une place centrale dans la vie de l’auteur, assoiffé d’apprendre. L’école est également le lieu des jeux, des camarades et de l’apprentissage du respect. Wole Soyinka va y affirmer son tempérament vif, éveillé, sensible. En fréquentant les adultes, il prendra de plus en plus de recul sur leur comportement, le jugeant parfois peu raisonnable.
Pour accéder à la présentation complète de Aké, Les années d’enfance et des 2 autres œuvres au thème de français en prépa scientifique, téléchargez l’application mobile PrepApp.
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