Le Travail : thème de français en prépa scientifique 2022-2023
Oeuvres et présentation du thème du travail en CPGE
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Héritage de l’Antiquité et étymologie ambivalente du mot « travail »
Le thème de Français en CPGE scientifique pour l’année scolaire 2022-2023 sera « Le travail« . Les élèves en première année en MPSI, MP2I, PCSI, PTSI, BCSPT1 et TSI1 et en deuxième année pour les élèves de MP, MPI, PSI, PT, BCPST2 et TSI2 plancheront sur ce thème de français-philosophie à travers les trois œuvres de Virgile, Simone Veil et Michel Vinaver.
Sur le site de Groupe Réussite, nous proposerons au fur et à mesure de l’année diverses analyses sur les œuvres, les citations des œuvres sur le thème du travail en CPGE et des dissertations corrigées afin d’aider les élèves dans la préparation des concours en français. Nous mettrons plus d’éléments au fur et à mesure de l’année sur l’application mobile gratuite PrepApp pour optimiser la préparation des élèves aux concours. Beaucoup d’élèves font appel également à nos cours particuliers en français dans le but de travailler sur le thème du « Travail », les œuvres au programme de prépa, mais également sur la méthodologie de la dissertation et du résumé de texte.
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Le thème individu et communauté en prépa scientifique a été choisi pour l’année 2024-2025
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Oeuvres au programme des CPGE en 2022-2023 sur le travail
Voici les œuvres au programme sur le thème du Travail en prépa :
Virgile, Géorgiques, Traduction Maurice Rat – GF Flammarion.
Michel Vinaver, Par-dessus bord. Version hyper brève, Actes Sud – collection Babel
Simone Weil, La condition ouvrière, Gallimard folio essais, 2002, N°409.
- « L’usine, le travail et les machines » pages 49-76 et 205-351 (mais sans « journal d’usine, page 77 à 204)
- « La condition ouvrière pages » 389 à 397 et « Condition première d’un travail non servile » pages 418 à 434.
Héritage de l’Antiquité et étymologie ambivalente du mot « travail »
La torture du laborum
« Plus que jamais, nous sommes confrontés à la double nature du travail, à la fois facteur d’émancipation et source de possibles souffrances. » C’est par ces mots que la sociologue et spécialiste du travail Dominique Méda ouvre son « Que sais-je » consacré au travail, illustrant ainsi l’acception bicéphale et ambivalente du thème de français de prépa scientifique cette année.
L’évocation de « possibles souffrances » par Dominique Méda pourrait même faire figure de litote (figure d’atténuation rhétorique). En effet, l’étymologie même du terme « travail » renverrait tout simplement (mais l’hypothèse est très fortement discutée aujourd’hui)… à la torture (ou bien plus vraisemblablement à l’outil de travail du maréchal-ferrant). En latin vulgaire, « tripaliare » signifiait « torturer » et le « tripalium » était certes en effet un fameux instrument de torture. Un fil d’Ariane étymologique semblerait donc relier le travail à la torture !
Cet héritage se perçoit dans des expressions d’aujourd’hui. « Travailler » peut vouloir dire « porter un poids très lourd » (comme dans l’expression « la poutre travaille) ; ou bien encore, affecter gravement (« la pensée de son échec le travaille toujours »).
Cet aspect péjoratif du travail se retrouvait, sous l’Antiquité, dans le terme notamment de « laborum » qui a donné notre « labeur ». Le laborum était singulièrement le travail de l’esclave : une tâche roborative et mécanique, proprement servile et dégradante pour un homme libre.
Nous retrouvons cette vision du travail comme malédiction dans la Bible également. Avant de manger le fruit défendu, dans le jardin d’Eden, Adam et Eve étaient exempts de travailler. Ce n’est qu’après que le travail « naît » en quelque sorte, venant d’une malédiction : la terre sera bien moins fertile et l’homme devra en extraire le moindre fruit « à la sueur de son front ».
L’oubli de l’otium antique
Pour autant, si l’on continue notre tour d’horizon étymologico-antique, la perception du travail sous la Rome antique n’était pas seulement à ce point péjorative.
En réalité, il s’agit ici de poser une distinction importante. Nous avons dans le Français contemporain un seul mot pour désigner le « travail ». Or sous la Rome antique, il y avait une nette distinction entre le laborum comme nous l’avons évoqué ; mais encore entre le negotium et l’otium. L’historien Jean-Pierre Vernant le résume bien : dans la Grèce et la Rome antique, on parlait de métiers, d’activités, d’occupations… mais pas de « travail ».
Negotium et otium, qu’est-ce à dire ? En réalité, il y avait une distinction nette de hiérarchisation, une différence axiologique (liée aux valeurs) entre negotium et otium. Le negotium était, pour simplifier, le « négoce », c’est-à-dire le travail commerçant, utilitaire, le « gagne-pain » : le travail du vendeur, de l’artisan… un travail jugé moins raffiné intellectuellement et donc moins digne de la haute aristocratie romaine patricienne.
À l’inverse, le terme « otium » recouvrait le travail créatif, la libre occupation artistique ou politique, faite sur ce que nous appellerions aujourd’hui le « temps libre » (otium a ainsi donné « oisiveté »). L’otium antique est réservé aux patriciens : car il faut être de la haute société, riche, héritier, ou rentier, pour pouvoir s’adonner à ces libres occupations – qui, elles, ne sont pas manuelles, mais intellectuelles.
Les Grecs avaient la même distinction entre d’un côté le « ponos » (activités presque de bête de somme, nécessitant du moins un effort physique) et « l’ergon » (le travail qui impose une pensée à une matière, c’est-à-dire le travail intellectuel).
Le Français, avec son « travail », a donc perdu en finesse et en richesse par rapport à la langue latine. Jouer sur ces distinctions entre « otium » et « negotium », dès que l’on évoque le travail, sera donc non seulement profitable, mais nécessaire. Ce sont là des points à avoir absolument en tête à la première minute du premier cours de français de l’année en CPGE !
La philosophe Hannah Arendt (ce peut être une bonne référence en guise d’accroche) a bien détaillé et expliqué cet oubli de l’otium antique dans nos sociétés contemporaines, regrettant qu’elles soient devenues des « sociétés du gagne-pain ». Écoutons-la (extraits de la Condition de l’homme moderne) :
« Travailler, c’était l’asservissement à la nécessité, et cet asservissement était inhérent aux conditions de la vie humaine. (…) Le temps vide n’est pas, à proprement parler, le temps de l’oisiveté – c’est-à-dire le temps où nous sommes libres de tout souci et activité nécessaire de par le processus vital, et par là, livre pour le monde et sa culture. C’est bien plutôt le temps de reste, encore biologiquement déterminé dans la nature, qui reste après que le travail et le sommeil ont reçu leur dû. Le temps vide que les loisirs sont supposés remplir est un hiatus dans le cycle biologiquement conditionné du travail. »
Il y avait deux termes durant l’Antiquité pour désigner le travail. Le laborum d’un côté, et l’otium de l’autre (le travail contemplatif et créatif, réservé aux patriciens dans leurs villae.)
Les autres définitions possibles du travail
Nous pouvons donc poser deux définitions d’ores et déjà du travail :
- Le travail comme tâche manuelle, mécanique et utilitaire, parfois perçue comme dégradante (laborum / negotium) ;
- Le travail créatif, lié à l’application de l’esprit sur la matière, le travail artistique, l’occupation politique (otium).
Ajoutons à ces acceptions d’autres propositions définitionnelles du (CNRTL).
- Une définition large du travail, propre au regroupement sémantique opéré par la langue française : « Activité humaine exigeant un effort soutenu, qui vise à la modification des éléments naturels, à la création et/ou à la production de nouvelles choses, de nouvelles idées. Travail créateur, intellectuel, manuel, qualifié, scientifique, spécialisé, technique, travail des mains, de la pensée, de la réflexion »
- L’acception centrant le travail sur sa conséquence (accent mis sur le résultat produit par le travail) : « Ouvrage réalisé par l’activité humaine de modification des éléments naturels ou de production de nouveaux biens ». Cf. l’expression « c’est du beau travail. »
- L’accent mis sur le salariat (assimilation du travail à l’emploi, s’imposant de plus en plus à partir du XIXe siècle) : « Activité humaine laborieuse exercée en échange d’un bien, d’un service ou plus généralement en échange d’argent, dans le but de subvenir à ses besoins. »
- L’acception spatio-temporelle du travail : le travail comme synecdoque d’un lieu (« Je suis au travail ») ; le travail comme espace temporel : « après le travail, je sors ».
Tour d’horizon philosophique du travail – thème de CPGE
Après ce premier aperçu historique et définitionnel, abordons quelques grands points philosophiques liés au travail qu’il s’agira de maîtriser. Nous vous proposons un parcours à propos de l’interrogation philosophique suivante : « Est-il nécessaire de travailler ? ».
Le travail est une nécessité matérielle et morale à l’humanité pour subvenir à ses besoins.
La réponse évidente à cette question semble bien être « oui ». En effet, n’est-il pas évident qu’il est indispensable de travailler pour réussir ses études ou gagner sa vie (vous ne seriez sans doute pas en train de lire ces lignes dans le cas contraire !).
Il est toujours bon, dans une copie de dissertation de français en CPGE, de commencer par la doxa, par l’évidence : et il s’agit donc ici de dire qu’en effet, le travail paraît être une nécessité matérielle, pour subvenir à ses besoins vitaux.
Adam Smith, dans son livre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, signale par exemple que le travail est une nécessité pour l’homme pour subvenir à ses besoins, tant il est pris dans des liens de dépendance et d’échanges avec autrui (à l’inverse de l’animal : « On n’a jamais vu de chien faire de propos délibéré l’échange d’un os avec un autre chien » écrit-il). Ainsi « l’homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables » pour Smith et ce secours suppose le recours au travail.
Smith prend l’exemple du travail de boulanger, en précisant également « l’amoralité » du travail. En effet, chacun a besoin du travail du boulanger pour se nourrir. Mais pourquoi donc le boulanger travaille-t-il lui-même ? Pour Smith ce n’est pas forcément par amour du travail bien fait ou par « bienveillance » : mais simplement par « égoïsme » (le boulanger doit bien gagner sa vie). Il existe ainsi une « amoralité » du commerçant (negotium) ce que Smith résume ainsi : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage ».
Pour Adam Smith, le travail est une nécessité matérielle faisant appel à l’égoïsme de chacun.
Toutefois, le travail, nécessité matérielle, peut aussi apparaître comme une nécessité morale. Longtemps il a été perçu comme un moyen de discipliner les foules, pour les accabler d’occupations afin que le peuple ne pense pas, au hasard, à faire la révolution ou se mêler de politique.
Paul Lafargue, dans son fameux ouvrage en faveur du « droit à la paresse » (1883) ne se trompe ainsi pas en citant Adolphe Thiers, homme de gouvernement libéral, qui rappelait cette valeur morale et disciplinaire du travail : « Je veux rendre toute puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : “Jouis” ». Nous retrouvons ici la perspective biblique du travail comme malédiction vue précédemment.
Notons que dans les discours politiques actuels, il n’est pas rare de voir des résurgences de cet héritage, à l’invocation d’une supposée « valeur travail ».
Le travail, une nécessité même pour le génie, le riche ou le roi ?
Un roi sans divertissement…
Pour autant, le travail est-il toujours une nécessité pour des individus possiblement non-concernés par l’impératif matériel de remplir la tirelire… ? Il est possible d’en douter à première vue.
Et pourtant, Blaise Pascal, dans ses Pensées, nous rappelle que le travail a également une utilité métaphysique : celle de remplir nos existences pour ne pas penser à la misère de la condition humaine. Pour Pascal, « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » : car sans occupations, l’on repense à la mortalité, la précarité, la « misère de l’homme sans Dieu » pour ce philosophe janséniste.
De là vient que même les riches et les rois tendent à trouver des occupations. C’est ce que Pascal appelle le « divertissement » ; mais le terme (de divertere, détourner l’attention) recouvre une acception plus large que le loisir : aussi la politique, par exemple. Dès lors, pour Pascal, « un roi sans divertissement est un homme plein de misère ». Il a certes besoin de travail pour ne pas sombrer dans cet état (pour un roi, il s’agira plus d’otium, d’occupation politique et artistique). Le travail n’est ainsi plus une torture : il est justement ce qui peut nous éviter de nous torturer l’esprit.
Voilà ainsi pour le roi, qui doit lui-même vaquer à ses occupations d’otium. Mais l’artiste « génial » ? A-t-il vraiment besoin de travailler même en dépit de son génie ? La réponse est également oui, si l’on se réfère à Nietzsche et sa critique du génie (dans Humain, trop humain).
La critique du génie chez Nietzsche
Pour Nietzsche, il n’existe pas de véritable génie : la création d’une œuvre « géniale » est toujours le résultat d’un travail lent et patient (« le génie ne fait rien que d’apprendre d’abord à poser des pierres, ensuite à bâtir ») et ne relève en rien d’un miracle.
Pourquoi croit-on alors au « génie » ? Pour s’ôter une forme de culpabilité et d’auto-critique. En effet, pour Nietzsche, dire que quelqu’un est un « génie », cela veut dire aussi : « peu importe mes efforts, je n’arriverai pas à rivaliser ». Il s’agit ainsi d’ôter une souffrance, celle de la jalousie… Faire l’éloge du génie est également le signe d’une « aversion pour la genèse laborieuse », autrement dit, l’aveu ou l’excuse d’une forme de paresse…
Ainsi, nous comprenons que même le travail artistique (otium) relève donc d’un travail lent et patient, presque de torture quand on voit par exemple les innombrables manuscrits raturés des œuvres de Flaubert.
Pour Nietzsche, même l’homme de génie n’échappe pas au travail.
Le travail est une nécessité qui aliène.
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