Depuis une vingtaine d’années, les grandes écoles de commerce françaises proposent une voie d’alternance ou d’apprentissage. Aujourd’hui, à l’exception d’HEC, toutes les écoles du top 10 offrent cette possibilité, généralement à partir de la deuxième année. Pour l’étudiant, les gains financiers sont très importants puisque c’est l’entreprise qui prend en charge les frais de scolarité, et ce tout en rémunérant l’élève !
C’est aussi – et avant tout – l’occasion de bénéficier d’une formation professionnelle très enrichissante, au sein d’une entreprise, pendant une ou deux années, ce qui sera par la suite très reconnu sur un CV. En effet, comme l’année de césure s’est généralisée à l’ensemble des écoles de commerce, il est désormais admis qu’une expérience professionnelle durable est recherchée et très appréciée par les entreprises lors du recrutement d’un jeune diplômé. Choisir la voie de l’alternance en école de commerce, c’est finalement mettre l’accent sur sa volonté de professionnalisation et une façon d’envoyer un signal fort à l’entreprise sur votre connaissance du monde professionnel.
À chaque école sa filière d’apprentissage
Le nombre de places disponibles en apprentissage dépend très largement des écoles. Il est réellement important de bien se renseigner en amont dans la mesure où les modalités de l’apprentissage sont différentes selon les écoles : contrats d’apprenti de 12 mois, de 24 mois, voire parfois hebdomadaires…
L’alternance à Audencia, est ouverte à seulement vingt personnes, tandis que 110 places sont disponibles à l’EDHEC et à l’ESSEC où près de 30 % de la promo choisit ce cursus. L’ESSEC comporte la particularité de pouvoir « choisir » son rythme d’alternance, que ce soit par semestre, par trimestre, ou encore par semaine ! À Montpellier BS, l’alternance concerne 90 % des élèves de dernière année.
À l’ESCP, le contrat d’apprentissage de 24 mois commence en deuxième année par l’alternance entre un mois et demi de cours et trois mois d’entreprise. Puis les élèves ont la possibilité d’effectuer un échange à l’étranger dans une université partenaire de septembre à décembre de la troisième année, avant de finir l’année en travaillant dans l’entreprise. Ce système permet aux étudiants de bénéficier malgré tout des accords négociés par l’école avec les universités partenaires et de partir à l’étranger, ce qui est également très demandé par les recruteurs. Attention, ce format n’est pas identique pour toutes les écoles.
Suivre une alternance en école de commerce, une voie enrichissante qui peut faire la différence
Parce qu’elle est une voie riche en enseignements, l’alternance en école de commerce est particulièrement appréciée des recruteurs. En effet, l’apprentissage est la garantie d’apprendre un métier et une expertise sur le terrain aux côtés de professionnels. De plus en plus d’étudiants font une prépa HEC puis finissent leurs études avec un diplôme d’école de commerce, il est donc de plus en plus important de se démarquer sur le marché du travail. L’alternance est l’opportunité de détenir un diplôme largement valorisé par une expérience professionnelle complète.
L’apprentissage séduit de plus en plus d’étudiants, car il est une porte d’entrée dans l’entreprise. En effet, les entreprises qui accueillent des étudiants en alternance souhaitent établir une relation de long terme avec leur alternant en leur proposant à la fin de l’apprentissage un contrat de longue durée. À l’EDHEC, environ 80 % des étudiants en alternance sont embauchés à l’issue de leurs deux années d’apprentissage.
L’alternance en école de commerce est aussi le moyen de véritablement découvrir la culture d’entreprise et de se confronter au monde du travail. En effet, jusqu’ici, les étudiants n’ont été confrontés qu’aux programmes de prépa HEC ou de la première année d’école, très académiques et théoriques, et très peu ont une idée de leur métier futur. L’étudiant apprenti est lui plus en mesure de se rendre compte de ce qu’il souhaite réellement faire à l’avenir.
L’alternance, une voie pas si évidente
Si les avantages qu’offre la voie de l’alternance en école de commerce sont nombreux, le parcours n’est cependant pas exempt de difficultés. La première difficulté que rencontrent bon nombre d’étudiants en école de commerce est de trouver une entreprise qui puisse les accueillir comme alternant. De manière générale, les étudiants sont libres de choisir l’entreprise avec laquelle ils veulent passer un contrat d’alternance. Néanmoins, afin de les aider dans leurs démarches, les écoles possèdent des centres de « relations entreprises » qui se chargent de rassembler les offres auxquelles elles ont accès pour les proposer ensuite. Le choix commence à partir d’avril de l’année précédente. La quantité d’offres dépend de l’école et de la qualité de son réseau, il est donc plus ou moins facile pour les élèves de trouver un contrat, sans lequel l’accès à l’alternance est impossible. Pour autant, il est possible de trouver l’entreprise par soi-même et de demander par la suite une validation par l’école.
Par ailleurs, choisir la voie de l’alternance au lieu d’un parcours plus « classique » implique de devoir faire des sacrifices. Tout d’abord, l’alternance est incompatible avec une année de césure. Si on peut considérer qu’elle la remplace, ces deux voies ne proposent pas la même expérience, car il est différent de passer deux mois en entreprise, puis de revenir en cours pour retourner ensuite en entreprise, et de déconnecter entièrement des cours pendant une année pour découvrir complètement le monde de l’entreprise. À ce sujet, les étudiants sont unanimes : l’année de césure est une véritable rupture dans la formation, de laquelle on sort grandi et mûri.
Enfin, choisir une alternance en école de commerce éloigne nécessairement de la vie « traditionnelle » de l’école puisque les étudiants sont la moitié du temps hors du campus. À l’EDHEC, les apprentis sont regroupés sur un autre campus, à Paris ! Cela signifie qu’il est très difficile de rester impliqué dans la vie associative de l’école, notamment en ce qui concerne les postes au bureau des associations. Étant moins présents sur le campus et moins joignables de manière générale, rares sont les apprentis qui accèdent au poste de Président, Vice-Président, ou Secrétaire Général de leur association, postes qui requièrent une forte disponibilité et certaines obligations : devoir se rendre au siège d’une entreprise pour signer un contrat par exemple. Si l’étudiant est dans sa partie en entreprise, il peut difficilement la quitter sur ses horaires de travail pour honorer ses obligations extrascolaires.
Ainsi, le déroulement de l’alternance n’est pas homogénéisé et dépend très largement de l’école dans laquelle vous êtes. Si vous êtes intéressés, renseignez-vous donc en amont sur les spécificités, les opportunités et les obligations requises afin de faire le bon choix.
Marie Giraudeau
À propos de Marie
Ancienne élève de prépa ECE, j’ai intégré l’ESCP. Je contribue ponctuellement pour Groupe Réussite afin de donner mon analyse des défis des classes préparatoires économiques et de la vie en école de commerce.
À lire :