Les citations pertinentes sur le thème de français en prépa : l’Amour
L’exercice de la dissertation en CPGE scientifique exige de connaître et de comparer de façon précise les trois œuvres mises au programme pour l’étude du thème 2019 « L’Amour » : Le Banquet de Platon, La Chartreuse de Parme de Stendhal et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. D’abord, il faut avoir lu et relus les œuvres pour se les être véritablement appropriés. L’exercice demandé exige en effet de pouvoir mobiliser ces œuvres dans le cadre d’une réflexion organisée qui réponde à un sujet bien précis (sujet question ou citation). En plus de la méthode de dissertation comparative, il est donc important de bien connaître certains passages et même d’apprendre quelques citations qui pourront apparaître dans le cours du développement. En revanche, il est nécessaire d’exploiter ces citations de manière appropriée, c’est-à-dire qu’une citation ne doit pas apparaître gratuitement, mais bien servir l’argumentation ; il faut donc la développer. Cela exige en fait d’exploiter les passages retenus, c’est-à-dire de les commenter, de leur donner du relief, du sens et surtout ne pas hésiter à les comparer. Il ne faut donc pas hésiter à repérer des citations variées qui s’inscrivent dans le thème au programme cette année, à les retravailler, les commenter soi-même, pour pouvoir ensuite les utiliser de manière adéquate et efficace le jour de l’épreuve. Toutes les œuvres doivent être citées au moins une fois.
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Citations tirées du Banquet de Platon
« Il y a bien un récit qui raconte que chercher la moitié de soi-même, c’est aimer » (205e).
Problématique soulevée : l’amour est instinctif car l’homme n’est pas fait pour être seul.
L’amour est un péché d’orgueil selon le mythe car ils tentent de détrôner les dieux si bien que Zeus décide de couper les androgynes pour qu’ils soient moins puissants. Ils pourront se tenir droits et seront plus utiles car rapporteront plus de choses dans la mesure où ils seront plus nombreux. Quelles conséquences ? Les amoureux passent leur temps à chercher leur moitié manquante et donc sont tellement obsédés par cette quête qu’ils peuvent en mourir de faim et ne plus pouvoir se passer l’un de l’autre au point de devenir dépendants (191b). L’amour est donc une quête permanente de son double, de celui ou celle qui a été coupée lors de la coupure originelle. Par extension, l’amour devient ce désir de fusion, cette volonté de se fondre dans l’autre (pas uniquement de façon charnelle, mais aussi spirituelle), d’exister comme en étant un et un seul. Attention : dans La Chartreuse de Parme, la fusion entre Fabrice et Clélia est empêchée par les circonstances (incarcération de Fabrice) mais également par les protagonistes eux-mêmes (Clélia interdit à Fabrice de la voir) comme si l’enjeu de la relation était moins dans la fusion que dans la séparation. Les trois ans de bonheur que connaissent les personnages sont ainsi passés sous silence par Stendhal qui ne s’intéresse qu’à ce qui entrave la fusion amoureuse car c’est l’empêchement qui excite la passion. Voir à cet égard toute la partie du cours sur le pouvoir de l’imagination : maintenir l’autre à distance permet de mieux se l’imaginer, de mieux fantasmer, de l’idéaliser. C’est ce que Stendhal appelle la cristallisation : parer l’autre, mentalement, de toutes les qualités.
« Mourir pour autrui, ceux-là seuls le veulent qui aiment » (179b)
Problématique soulevée : l’amour conduit l’être humain à se dépasser et à faire des sacrifices pour l’être aimé.
En effet, la citation ci-dessus faite écho au sacrifice de la Sanseverina qui se donne et se déshonore pour laisser à Fabrice la chance d’être libre et relâché de toute poursuite : la duchesse accepte l’affreux chantage du prince Ernest V afin de sauver Fabrice de l’empoisonnement : « jurez, Madame, que si Fabrice vous est rendu sain et sauf, j’obtiendrai de vous, d’ici à trois mois, tout ce que mon amour peut désirer de plus heureux ; vous assurerez le bonheur de ma vie entière en mettant à ma disposition une heure de la vôtre, et vous serez toute à moi. […] Si je revois Fabrice non empoisonné, s’il vit encore dans huit jours, si Son Altesse le nomme coadjuteur avec future succession de l’archevêque Landriani, mon honneur, ma dignité de femme, tout par moi sera foulé aux pieds, et je serai à Son Altesse. […] Je me déshonore et je suis à vous » (chapitre XXV, pages 551 à 553). L’amour pousse donc l’homme à trancher toute forme de dilemme, tout doute et toute oscillation intérieure car il pousse à l’action. Il y a une forme d’urgence dans l’amour qui pousse l’homme à aller au fond des choses et donc à prendre une décision devant les obstacles ou les empêchements de l’amour. Loin de rester dans une inertie sclérosante, l’amour pousse au mouvement, certes physique, mais aussi mental car l’amoureux doit déjouer les lois sociales, morales, religieuses, il doit les transgresser pour satisfaire sa quête et aller de l’avant, il doit être astucieux et, tel un Ulysse moderne, aiguise sa mètis afin de passer outre les embûches nombreuses.
Citations tirées de La Chartreuse de Parme de Stendhal
« Rougira-t-elle en m’apercevant ? Ce fut en discutant cette grande question que le prisonnier trouva le sommeil […] Verrai-je Clélia ? se dit Fabrice en s’éveillant » (chapitre XVIII). Fabrice est obsédé par la pause d’un abat-jour devant sa fenêtre : « L’abat-jour sera-t-il prêt avant midi ? Telle fut la grande question qui fit battre le cœur de Fabrice pendant toute cette longue matinée » (chapitre XVIII)
Problématique soulevée : l’amour pousse à la cristallisation amoureuse.
La cristallisation mêle science et romantisme car c’est une opération d’idéalisation, de perfection dont on revêt l’être aimé. En même temps, c’est un terme scientifique (opération de cristallisation du sel sur une branche effeuillée qu’on jette dans une mine) ; on peut cristalliser pour une position sociale le plus souvent on cristallise pour une belle femme. On projette sur l’autre toute une série de perfections, on l’idéalise, il est comme une branche de diamants, il devient idéal, on perd la branche qu’on a jeté dans la mine, on ne voit plus le réel tel qu’il est, on voit la femme aimé telle qu’on voudrait qu’elle soit. La cristallisation se termine fatalement par un aveuglement qui s’oppose à une forme de lucidité dont ne s’embarrasse pas l’amour. Cette opération de cristallisation est progressive : au début, l’amoureux observe et admire, puis il exagère et se pose des questions, il met en débat et doute de l’aimé, sorte de première dépendance au dieu Amour. Ensuite, l’amoureux idolâtre, déifie pour finir par être fasciné, obsédé et de faire d’Eros un sorcier qui ôte finalement tout esprit critique et toute capacité de réflexion.
Mosca dit : « Je suis en proie aux déchirements de la passion la plus violente et vous me demandez d’interroger ma raison ! Il n’y a plus de raison pour moi ! » (chapitre XVI, pages 376-377).
Problématique soulevée : l’amour conduit à la folie.
L’amour est un sentiment hyperbolique et tellement puissant qu’il évolue vers les pôles. La vie de l’amoureux n’est pas une vie banale et linéaire, sa vie est faite de soubresauts, d’une juxtaposition de hauts et de bas qui créent une trajectoire passionnelle ; en cela, les « bas » de l’amoureux sont des abîmes dans lesquels il s’engouffre sans jamais pouvoir en sortir. L’amour devient une maladie de l’être et l’amour hyperbolique devient une souffrance hyperbolique, elle naît alors de ce qui pourrait passer pour une humiliation à toute épreuve, surtout à la cour de Parme : Mosca se sent de trop quand il est auprès de Fabrice et de la duchesse surtout après le stratagème de la fausse lettre fomenté par le prince Ernest IV. Il n’est plus à sa place : « quel rôle jouerai-je au milieu de ces gens fous de bonheur ? » (chapitre VII, page 219). Mais le pire est la douleur de ne plus être aimé, d’avoir eu accès à cet instant magique, à cette épiphanie durant laquelle la réciprocité est parfaite et de ne plus y avoir accès, de vivre désormais dans la douleur d’avoir laissé échapper quelque chose ou quelqu’un qui a rendu notre vie légère et facile.
Citations tirées du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare
« Quelle place plus humble puis-je mendier dans votre amour / (Une place pourtant que j’estime hautement) / Que d’être traitée comme vous traitez votre chien ? » (Héléna, acte II, scène 1, p. 101)
Problématique soulevée : l’amour crée une situation de servitude.
L’amour accentue la relation de dépendance, d’asymétrie entre les deux individus du couple au point que l’amoureux est capable de se réifier et de perdre toute amour propre pour l’être aime. L’amour fait voler en éclat les valeurs morales et les valeurs éthiques que l’être humain a suivi ou s’est efforcé de suivre durant toute sa vie ; il s’abandonne à l’autre en se focalisant sur lui, ses faits et gestes et en mettant le bonheur de l’être aimé seule préoccupation valable dans sa vie. L’amour détruit l’amour de soi plus encore quand l’amoureux n’est pas aimé ou leurré et quand il fonde sa vie sur une illusion, une image fallacieuse de la réalité qui peut s’avérer cruelle si l’amour n’est pas partagé ou s’abîme avec le temps. Pire encore, il y a presque une jouissance pour l’aimé de voire son amoureux tout quitter – et même l’amour de soi ! – pour lui : Gina est en effet flattée que Mosca, devenu premier ministre, soit prêt à tout quitter pour la suivre loin de Parme ; le narrateur dit : « L’amour et l’amour-propre de la duchesse eurent un moment délicieux […] tout quitter pour elle et avec cette aisance ! » (chapitre VI, page 202).
« Dans les contes ou dans l’Histoire / L’amour véritable n’a jamais eu un cours facile. » (Lysandre, acte I, scène 1, p. 59)
Problématique soulevée : l’amour est toujours entravé.
Jamais l’amour n’est facile ou se donne directement, l’amour est sans cesse en butte à des lis qui la gênent et ternissent son éclat primesautier. En effet, toute relation amoureuse ou désir de relation suppose une lutte, un conflit et une rébellion contre des lois qui gangrènent la société. Dans la pièce de Shakespeare, l’élément perturbateur à l’origine de l’intrigue provient, comme dans toute comédie, d’un amour qui se confronte à des résistances, presque toujours liées aux parents et aux lois sociales : la loi d’Athènes est une loi intangible. Égée est le père qui s’oppose à l’amour d’Hermia pour Lysandre et cherche à lui imposer Démétrius et la loi confirme son droit. Il oppose les deux jeunes hommes en reprenant presque exactement les mêmes mots : pour Démétrius, « cet homme a mon consentement pour l’épouser » ; et pour Lysandre, « cet homme a ensorcelé le cœur de mon enfant » (p. 49). Hermia, elle met en avant l’absurdité de telles contraintes : « Ô enfer, choisir l’amour par les yeux d’un autre ! » (p. 59). Tout cela mène à la fuite des amants (en creux de l’amour entravé, il y a l’amour rebelle), dont les aventures ne se terminent qu’avec l’intervention des fées, monde merveilleux qui lui obéit à l’énergie du désir, au flux vital puissamment dynamisant du sentiment amoureux qui ne doit aucunement être corseté par le cadre de la loi.
Grâce à cet article, nous sommes sûrs que vous allez écrire votre dissertation de français avec succès ! Ces différentes analyses vont aussi pouvoir vous aider à préparer votre oral de français de cette année. N’hésitez pas à aller faire un tour sur notre blog pour y découvrir tous nos conseils pour que vous puissiez réussir l’oral de français !
Romain Berry
A propos de Romain
Romain Berry est professeur ayant une agrégation de Lettres Modernes. Il enseigne au lycée Claude Fauriel de Saint-Etienne (42), en CPGE littéraire (Khâgne, option Lettres Modernes) et scientifique (PCSI et MP*).
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