Comment réussir l’épreuve orale du bac de français ?
L’épreuve orale du bac de français ou de l’EAF (Epreuve anticipée de Français) sanctionne, à la fin de la Première, les aptitudes d’analyse et la culture littéraire acquises en classes de seconde et en première.
Le coefficient du français à l’examen du bac est de 2. Le nombre de textes étudiés, les œuvres, les auteurs relèvent du choix du professeur exclusivement. Il essaye de varier son programme afin de proposer entre 20 et 25 textes pour les S et ES, entre 30 et 35 pour les L.
Après trente minutes de préparation, l’épreuve se déroule en deux étapes : une lecture analytique de dix minutes guidée par une problématique, suivie d’un entretien de dix minutes. Ces deux exercices nécessitent une préparation rigoureuse et peuvent apporter un surplus de points appréciable dans la perspective et la préparation du bac.
La préparation du bac de français doit être mené régularité et sérieux dès le début de l’année de 1ère.
La préparation du bac de français pendant l’année
Au cours de l’année de première, l’enseignant de français prépare avec les élèves un corpus de textes réparti en quatre ou cinq séquences, selon les objets d’étude au programme (par exemple, l’écriture poétique, le personnage de roman, les formes de l’argumentation). Au total, 20 à 35 textes étudiés en lecture analytique, en fonction des séries et des enseignants. Chaque séquence comporte 4 à 5 lectures analytiques tirées ou non d’une même œuvre, ainsi que des activités ou lectures complémentaires, par exemple sur des textes aux problématiques proches. Par exemple, une séquence consacrée au roman épistolaire du XVIIIème siècle Les Liaisons dangereuses peut comprendre des lectures analytiques portant sur des passages du roman, des textes sur la guerre des sexes, sur le libertinage, mais aussi des documents iconographiques en lien avec le thème de la séduction au XVIIIème siècle (de Watteau, Greuze ou Fragonard), le visionnage d’une des adaptations cinématographiques du livre ou encore la rédaction par les élèves d’une lettre fictive. L’objectif de la préparation de l’épreuve orale du bac de français est de nourrir la compréhension et la réflexion sur le thème de la séquence. Passer le bac en candidat libre est possible et répond aux mêmes impératifs de révision.
Le jour J, tout commence par 30 minutes de travail personnel
Le candidat dispose de trente minutes de préparation. Que faire pendant cette demi-heure ?
1. Prendre le temps de lire la question proposée par l’examinateur. En aucun cas, cette question ne doit déstabiliser le candidat. Sa formulation cible les aspects essentiels du texte à analyser qui ont été travaillés en classe. Si les termes sont différents, ils renvoient de toute façon à ce qui est connu. Afin de s’assurer que la question est comprise, il faut la reformuler avec des termes qui seraient plus familiers à l’élève.
2. Noter au brouillon les mots clés de la question et mobiliser les connaissances, les axes vus en classe en rapport avec ces mots.
3. Élaborer un plan à partir de ce brouillon en veillant à proposer une progression logique. L’idée n’est pas de réciter un plan déjà établi mais de construire une nouvelle étude en tenant compte de la question et de l’étude du texte qu’il vous faut effectuer obligatoirement pendant le temps de préparation.
Avertissement : L’écueil est d’écrire aussitôt sur ses feuilles de brouillon un plan appris à l’avance sans prendre en compte la consigne. Cette méthode a toutes les chances d’échouer car l’examinateur constatera un décalage entre sa question et la réponse. En effet la question posée est un angle d’approche du texte qui nécessite une réponse en rapport. On s’attend à ce que l’élève utilise évidemment ce qu’il a travaillé en classe mais il lui faut recomposer ce matériau, le reformuler, l’adapter, l’élargir, voire même proposer des vues plus personnelles qui seront très appréciées si elles sont bien argumentées.
4. En aucun cas, l’explication ne doit être écrite en entier. Le temps est insuffisant et l’explication orale, comme son nom l’indique, doit être un discours et non une lecture. Le brouillon est un plan détaillé indiquant les grandes parties, les lignes ou les vers à commenter et les idées essentielles. Le candidat doit être en mesure de parler avec fluidité, sans empressement, dans un langage courant ponctué de termes techniques propre à l’explication littéraire.
Première partie de l’oral : l’explication de texte
Cette première partie se déroule en dix minutes. En aucun cas, l’épreuve orale du bac de français ne doit s’apparenter à une récitation, et dès l’introduction, l’examinateur doit sentir que l’élève s’est approprié la question et fait l’effort d’y répondre, dans une démarche d’argumentation. Il faut éviter de lire ses notes de trop près pour ne pas adopter un ton monocorde. De même, regarder régulièrement l’examinateur et s’exprimer clairement, avec un vocabulaire varié, témoigne que vous êtes à l’aise dans l’exercice et stimule l’intérêt de celui qui vous écoute. En ouverture, une phrase ou deux d’ouverture sont les bienvenues (comparaison avec d’autres passages étudiés, lien avec des œuvres aux problématiques semblables…) et peuvent avantageusement orienter les questions d’entretien vers des sujets que vous maîtrisez bien.
Un autre point essentiel est la maîtrise du temps. Il peut être utile de s’entraîner chez soi à présenter un commentaire en dix minutes, car trop souvent les lectures analytiques tournent court au bout de 5 ou 6 minutes, voire avant pour les moins inspirés, et cette insuffisance laisse l’impression que l’élève s’est contenté d’une lecture superficielle, ou pire, qu’il n’en a qu’une compréhension incomplète.
On rappellera les trois moments de cette partie :
- Une introduction composée d’une phrase d’amorce qui partira de l’information la plus générale vers la plus particulière : époque précise, courant littéraire (si pertinent, un auteur ne se réduit pas à un courant), auteur, œuvre en général, thèmes généraux puis présentation de l’extrait, le résumer en une seule phrase, puis lecture de l’extrait, enfin problématique et annonce du plan. Cette partie dure une minute à peu près.
- Un développement qui est le corps de l’exercice se déroulera sur huit minutes.
- Une conclusion se fera selon deux étapes et en une minute : une réponse à la problématique et une ouverture.
Avertissement : évitez d’ouvrir sur une question. La raison est que la question que pose le candidat est, quasiment à chaque fois, hors de propos, hors sujet et qui remet en cause tout le travail de l’explication. Pour ouvrir, comparez avec d’autres textes et montrez l’originalité.
Deuxième partie de l’oral : les questions d’entretien
Cette seconde partie dure également dix minutes et est en principe, notée sur 10 points.
La première chose et la plus importante est de maîtriser le descriptif, c’est-à-dire le document où est inscrit le travail de l’année : les objets d’étude, les séquences, les textes, les lectures complémentaires, les lectures cursives, les ouvertures sur d’autres formes d’art, les activités diverses. L’enjeu est d’opérer des liens entre toutes les activités que l’élève a pu faire au cours de l’année de première. Cette deuxième partie se travaille à la fois en classe mais aussi, et de façon plus intense, à la maison. Le travail de première se juge par l’autonomie acquise par le candidat dans sa capacité à saisir les enjeux, à maîtriser l’outil indispensable qu’est la langue française, à formuler des hypothèses à partir de ses connaissances et à manifester sa curiosité. Pour préparer cet exercice, vous pouvez travailler avec un camarade, se raconter intérieurement les thèmes des textes, visualiser un oral, imaginer des questions et des réponses, proposer au professeur des fiches d’analyse, lire le plus possible et acquérir du vocabulaire.
Il faut donc rester mobilisé et garder les idées claires, d’autant que les questions posées pendant l’entretien n’ont aucunement vocation à piéger ou à déstabiliser les candidats. Il s’agit, pour l’examinateur, de vérifier que le candidat sait restituer l’œuvre dans son contexte et qu’il a bien compris les thèmes et enjeux de la séquence. C’est donc le moment ou jamais de montrer ses capacités de réflexion voire, si possible, son intérêt pour les textes étudiés !
A cette occasion, l’élève peut être invité à dresser des parallèles entre son texte et d’autres textes de la séquence, à montrer ses connaissances sur son contexte, mais aussi à parler des études et activités menées en complément, en classe ou de manière personnelle. Pour chaque texte, il faut donc s’attendre, même si ce n’est pas systématique, à se voir poser des questions sur l’auteur, sur son courant littéraire, sur le sujet de l’œuvre si elle a été étudiée en lecture intégrale. Si des activités complémentaires ont été faites, il faut s’entraîner à en parler, à en tirer des remarques. Par exemple, si une pièce de théâtre a été étudiée en intégralité et que les élèves ont eu la chance d’assister à une représentation, les élèves doivent pouvoir justifier : s’agissait-il d’une mise en scène modernisée ou en phase avec l’époque de l’œuvre ? Comment le metteur en scène a-t-il représenté tel passage-clé ? A-t-il adopté un parti-pris particulier ?
De manière plus générale, quelques conseils pour l’oral
Tout d’abord, il convient de bannir les attitudes suivantes :
- Etre fermé sur soi-même, baisser la tête et parler trop bas
- Lire son brouillon
- S’arrêter au bout de cinq minutes
- Se montrer insolent par des réponses inappropriées
- Affirmer des opinions tranchées alors qu’on demande de la finesse.
- Etre incapable de parler des œuvres censées avoir été étudiées.
- Eviter des « tics » de langage comme : « du coup », « comme je l’ai dit » etc… toutes ces manières de parler faciles. Il vous faut bien parler à l’oral.
- Le langage corporel est le plus important et dit tout du candidat : le candidat gagnera à se tenir droit, ne pas croiser les bras ni les jambes et de ne pas se laisser déborder par certains tics gestuels : jouer avec le stylo, se gratter, etc.
Enfin, si le candidat n’a que peu de connaissances, à lui de se montrer intelligent en rassemblant ses souvenirs, en essayant de jouer sur ses talents d’improvisation, en montrant une attitude positive. Entre deux élèves dont les connaissances sont peu développées, l’examinateur aura plus d’indulgence pour celui qui formule des hypothèses ou essaye de penser tout haut, plutôt que pour celui qui adopte une attitude fermée et répond systématiquement qu’il ne sait pas, sans faire d’effort de réflexion. Cependant, rien ne remplace le travail, surtout que de bonnes notes dès les épreuves de français au bac, peuvent vous permettre d’échapper à l’oral de rattrapage du bac l’année suivante. Un élève qui sait improviser est d’abord un élève qui connaît son sujet.
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Jean-Baptiste Manuel