Rapport de correction de l’épreuve de français en prépa à Centrale
On vous propose ici le retour d’expérience d’un professeur correcteur de l’épreuve de français aux concours centrale, après avoir vu passer des centaines de copies. Voici 4 erreurs à ne surtout pas reproduire pour s’assurer une bonne note en français lors des concours en Maths spé !
Après trois semaines d’intense correction de près de trois cents copies du C.C.C.S (Concours Commun Centrale-Supélec), me voilà frappé par l’écart immense entre le travail préparatoire en cours des maths spé, que j’imagine sérieux, dense et riche, et la maigre restitution qui en est faite dans les copies corrigées. Que de copies indigentes, oui oui… et pourtant c’est « Centrale » ! Signe que la difficulté d’un concours, comme Centrale, ne présage en rien du type de candidats qui le présentent, du moins en français. Petite radiographie ici des erreurs trop souvent commises et fortement préjudiciables, qui auraient pu être évitées.
STOP au hors sujet pour éviter la mauvaise note !
Une écrasante majorité de candidats au concours Centrale ne lit pas le sujet (ceux-là lisent-ils les œuvres au programme ?). De quoi surprendre le correcteur quand on est étudiant en deuxième année de prépa et qu’on présente un concours aussi difficile que Centrale. En mathématiques, en physique, en chimie, les étudiants lisent bien les sujets, traitent des données, mettent en lien des documents statistiques ou iconographiques avec des données chiffrées. Eh bien, pas en français (en général) ! Les étudiants lisent une fois le sujet et se lancent dans la « construction » du plan, si tant est qu’on puisse parler de « construction ».
Une dissertation est une argumentation. Il s’agit, pour l’examinateur, de vérifier que le candidat a compris le sujet, l’a analysé et sait le discuter, puis le transcender. La démarche dialectique s’imposant, le candidat doit mettre en relation les mots clés de la citation, les faire dialoguer, interagir et non pas s’adonner à un grossier découpage qui discriminerait les mots clés du sujet en deux ou trois parties différentes. C’est la meilleure façon de courir vers le hors sujet et, finalement, de ne pas traiter le sujet.
STOP aux restitutions (non organisées) de connaissances !
Si la dissertation a pour finalité l’ouverture d’un espace dédié au dialogue, à la discussion, à la prise en compte de l’autre, il faut donc garder en tête qu’une dissertation doit cadrer aux termes du sujet. Très souvent, le lien avec le sujet se distend dès le premier axe d’étude choisi, ce qui n’augure rien de bon pour la suite, parfois, seul le troisième axe, axe du dépassement du sujet, est mal ficelé, mal agencé à tel point que le correcteur se pose la question de la légitimité de sa présence.
Une dissertation est un tout cohérent, logique et lié de bout en bout. La dissertation se donne de façon unitaire au correcteur dès l’introduction, qui doit resserrer les liens entre le plan proposé et le sujet. Si déjà, dans l’annonce du plan, le candidat dérive vers autre chose, si déjà son esprit vaque à d’autres préoccupations esthétiques, littéraires, philosophiques ou argumentatives que celles proposées par l’auteur de la citation, la dissertation deviendra à coup sûr une restitution de connaissances. Autrement dit, tout le contraire d’une argumentation solide qui défend un point de vue, le discute et le dépasse.
STOP aux travaux améthodiques !
Bon nombre de devoirs sont améthodiques tout simplement parce que les candidats ne maîtrisent aucunement les règles de mise en page, de structuration de la dissertation. Ils reviennent à la ligne sans alinéa, sautent des lignes quand bon leur chante, entament des paragraphes sans argument préalable pour soutenir la hiérarchie argumentative. Les dissertations s’éparpillent beaucoup trop souvent, manquent de cohérence, de rigueur et de méthode.
Une dissertation doit présenter une structure reconnaissable dès l’ouverture de la copie. Le correcteur doit pouvoir distinguer clairement les trois grands temps du développement par des groupements de paragraphes denses. De plus, il doit voir où sont les blancs typographiques, signes d’aération du devoir entre les différents moments de l’argumentation. Sans ces conditions sine qua non, le devoir devient magmatique, indigent et indigeste, et risque de diluer tout le contenu argumentatif. Ne pas respecter cette méthode de présentation est aussi gênant que ne pas analyser un sujet.
STOP aux fautes d’orthographe, qui plus est, graves !
Si le barème commun à Centrale-Supélec propose jusqu’à cinq points de malus pour les copies les plus fautives, il est, cependant, dommageable de remarquer la piètre qualité de la langue de nombreux candidats qui s’apprêtent à devenir ingénieurs et donc, à rédiger des rapports, à répondre à des appels d’offre, à exposer des projets en public. Être dans l’une des meilleures prepa de France ou meilleures prepa PT au concours Centrale Mines ne suffit pas pour réussir, une maîtrise de la langue semble être un minimum escompté. Or, à la correction, des copies, ce qui frappe, ce sont les nombreuses fautes aux noms des personnages, aux toponymes, voire aux titres et aux noms des auteurs des œuvres au programme. Egalement, de nombreuses fautes d’accord du verbe et principalement l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir. Imaginez un peu l’image que vous créez de vous-mêmes en commettant des erreurs aussi grossières et inadmissibles !
Une bonne relecture serait souhaitable avant de rendre une copie qui, fatalement, sera dégrevée de quelques points à cause d’une orthographe fantaisiste, voire qui provoquera une telle tension chez le correcteur, qu’il pourrait avoir le poignet sévère lors de la correction. N’oubliez pas que présenter un devoir, même à un concours, c’est nouer un dialogue à distance avec celui qui vous corrige et dont vous devez emporter l’adhésion, mais c’est aussi donner une image la plus valorisante qu’il soit de vous-mêmes !
Restons toutefois optimistes sur de meilleures copies à la session 2020… Le thème de l’année à venir étant la démocratie, il est à espérer que les candidats sauront intérioriser ce thème et ses oeuvres, après en avoir étudié les tenants et les aboutissants sur une année scolaire, et parfaire leur technique de dissertation sur la démocratie, en créant justement un espace démocratique tant attendu, et trop souvent oublié au sein même de leurs copies, celui du dialogue.
Romain Berry
A propos de Romain
Romain Berry est professeur et agrégé de Lettres Modernes. Il enseigne au lycée Claude Fauriel de Saint-Etienne (42), en prépa CPGE littéraire (Khâgne, option Lettres Modernes) et prepa scientifique (PCSI et MP*) et donne cours pour le Groupe Réussite.
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