Le choix de partir étudier à Paris loin de sa famille n’est jamais un choix facile : pourquoi prendre une telle décision ? Comment réussir ses études à Paris quand on vient de région ? J’ai écrit cet article car c’est ce qui m’est arrivé. Mais d’autres pourraient aussi se retrouver dans mon texte après avoir quitté le Maroc, la Tunisie voire même la banlieue pour un internat parisien. Étudier à Paris pour les « étrangers » est un nouveau départ qui’il convient de bien débuter.
Comment réussir ses études à Paris quand on vient de province ?
Étudier à Paris demande un effort d’adaptation. Quand vous venez d’une petite ville de quelques milliers d’habitants, vous n’êtes pas habitué aux transports en commun, à la concentration urbaine d’une capitale, aux échanges parfois distants des citadins, mais aussi à la multiplicité des opportunités de rencontres, de découvertes et d’enrichissements. Vous n’êtes jamais non plus allé travailler vos cours dans une bibliothèque.
Où étudier à Paris ?
Qui dit faire ses études à Paris dit beaucoup de temps passé à devoir faire ses devoirs, mais où réviser à Paris ? Quoi de mieux pour réviser de manière sérieuse et efficace que de se rendre dans un cadre propice au travail ? Si vous étudiez dans le quartier latin, deux bibliothèques doivent constituer votre chef lieu d’étude, votre QG. Vous pouvez vous rendre à la Bibliothèque sainte Barbe ou à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Celles-ci sont idéalement situées à quelques pas du Panthéon et sont ouvertes jusqu’en fin de soirée. Il est même possible d’y étudier à Paris le dimanche pendant les mois de mars et d’avril. De quoi bien étudier à Paris quand on n’arrive pas à être efficace chez soi ou dans son internat.
Réussir ses études à Paris : mise en place d’un rythme de travail sain
La première chose à mettre en place pour qui souhaite réussir ses études à Paris doit être la régularité ! Adoptez un rythme de vie réglé, discipliné : les soirées sont des moments de sociabilité à ne pas négliger, mais elles ne doivent pas passer avant vos études. A Paris les tentations sont plus grandes que dans des petits villages de région. Le secret d’études réussies à Paris réside dans le caractère régulier de vos révisions. Il est une connaissance un peu plus implicite que le jeune provincial va devoir maîtriser pour bien réussir ses études parisiennes. À l’image de la description balzacienne dans les illusions perdues, le champ parisien des études supérieures est dominé par des codes et des attendus qui viennent rompre avec la tranquillité et l’insouciance d’esprit des cours au lycée de province. Voici donc quelques conseils adressés au jeune ingénu qui souhaite poursuivre ses études à Paris.
Ne doutez jamais de vous même
Si vous décidez d’entrer en cours de prépa HEC, en cours de prépa scientifique ou bien en prépa littéraire, vous allez être plongé dans une microbulle d’élitisme. Que vous regardiez à droite ou à gauche, vous ne verrez que l’excellence. Réalisez donc : vous aussi, vous êtes excellent. Mais ne faites pas des notes en prépa une affaire personnelle, ne les essentialisez pas. Le but de ces filières sélectives est de former des esprits d’une certaine manière, en vue de réussir les concours post-prépa. Le rythme est exigeant, l’apprentissage peut souvent prendre la forme d’un bachotage industriel… Cela peut ne pas vous convenir, le coup de blues en prépa est normal. Agissez sur ce qui est de votre ressort et selon vos objectifs : travaillez régulièrement, soyez assidu, lisez, organisez votre semaine de travail en prépa. L’important, plus que la réussite, est que vous soyez fier du travail que vous avez fourni. Vous en ressortirez toujours grandi. “Je ne perds jamais, soit j’apprends, soit je gagne”.
Pensez au réseau !
Il va vous falloir différencier amis et connaissances, vous êtes désormais dans une grande ville. Dans votre petit lycée de région, vos connaissances deviennent rapidement vos amis. En grande école, bien souvent, vos connaissances deviennent d’abord des camarades. Relation beaucoup plus difficile à gérer au premier abord, il vous faut discerner le vrai du faux dans une conversation, arriver à voir qui vous offre son amitié et qui ne vous considère que comme un nouvel ajout sur LinkedIn.
Problématique propre à notre siècle, la logique de réseau en école peut avoir un côté déshumanisant tout comme elle peut vous être utile, perçu d’autant plus grandement quand on vient étudier à Paris en provenance de province. Sachez exploiter le meilleur de cette situation sans trop en être affecté. Le plus important, c’est d’en être conscient ! Vous êtes entré à Sciences-Po, une réunion à lieu en fin de semaine mais vous préféreriez rester chez vous à regarder des séries sur Netflix ? Cette soirée est pourtant une possibilité qui vous est offerte de rencontrer de nouvelles personnes, de vous présenter, de transmettre votre CV et, qui sait, de découvrir de nouveaux métiers dans lesquels vous arrivez à vous projeter. Forcez vous et jouez le jeu.
Ne vous comparez pas aux autres
Vous êtes en droit à Assas et votre voisin de gauche est le fils d’un avocat reconnu à la cour ? Vous êtes en classe préparatoire et les meilleurs de la classe sont fils de professeur agrégé ? C’est un fait, vous ne pouvez rien y faire. Concentrez-vous sur votre travail, sur votre parcours à vous ; n’oubliez pas d’où vous venez et laissez-vous porter vers où vous allez. Chaque individu est différent, changez votre vision de voir les choses : ne suis-je pas aussi méritant que lui en ayant réussi, par mes choix, par ma volonté, à me retrouver assis au même endroit ?
Pourquoi étudier à Paris et quitter la province ?
On vient bien sûr étudier à Paris pour profiter de ses quartiers illustres pour profiter d’une vie animée au rythme des sorties ou pour enchaîner les sorties culturelles, de l’ambiance parisienne. Mais à ces différentes raisons (secondaires?) de venir suivre ses cours à Paris s’en ajoutent d’autres, elles, davantage centrées sur les opportunités scolaires ou professionnelles qu’offre la vie parisienne.
Faire ses études à Paris en classe prépa scientifique ou littéraire
Le choix de quitter la province pour faire ses études à Paris dépend de deux choses : ce que l’on attend obtenir de la vie sur place ainsi que les possibilités que ce choix vont ouvrir pour la future carrière de l’étudiant. Étudier à Paris peut être un passage obligé pour les étudiants qui souhaitent suivre des formations d’excellence afin d’avoir un CV irréprochable ou pour intégrer des métiers très sélectifs, tels que les métiers de la finance d’entreprise ou de marché, les cabinets de conseil…
Au moment de choisir son orientation post-bac sur Parcoursup, une majorité d’étudiants décident encore de s’orienter vers les classes préparatoires. Que ce soit les classes préparatoires scientifiques à Paris ou les classes préparatoires littéraires à Paris comme Henri IV, Louis le Grand ou Janson de Sailly, on ne présente plus ces enseignes parisiennes qui ont longtemps formé l’élite en France. Intégrer Louis le Grand ou Henry IV est possible pour peu d’élèves. À ce contingent de classes préparatoires publiques s’ajoutent les prépas privées HEC à Paris qui permettent de préparer au concours BCE et au concours Ecricome d’écoles de commerce dans les meilleures conditions.
En choisissant de venir faire sa classe prépa à Paris, on souhaite donc venir faire une formation d’excellence afin d’intégrer les meilleures écoles, souvent parisiennes, lesquelles nous permettront de développer des compétences et un réseau pour ensuite travailler dans de bonnes conditions à Paris ou à l’international. Rien ne sert de venir faire une classe préparatoire aux écoles de commerce à Paris pour intégrer le top 3 des écoles de commerce si on ne se voit pas habiter dans la ville plusieurs années.
Au delà même de Paris, de nombreux bacheliers doivent quitter leur village pour suivre des études dans une des grandes villes de leur région. D’ailleurs certains lycées de grandes villes de province font partie des meilleures prépas scientifiques et des meilleures prépas HEC de France. À des degrés moindre, le choc de la grande ville s’opère ici également. Beaucoup d’élèves ont donc le choix si leur environnement proche ne leur offre pas les débouchés souhaités, aller dans une grande ville de leur région ou venir étudier à Paris pour bénéficier de ses joies et de son élitisme exacerbé.
Etudier à Paris : l’endroit où il faut être pour certaines formations
Faire ses études à Paris : la voie royale pour préparer l’ENA
Pour qui souhaite passer le concours de l’ENA à l’issue de sa scolarité, intégrer Sciences Po constitue une des voies royales pour y rentrer. Le master « affaires publiques » de l’institut enseigne des cours qui seront utiles pour la réussite du concours. De plus les étudiants de Sciences Po bénéficient d’une prépa Sciences Po pour l’ENA, laquelle fait partie des deux meilleures de France au regard des statistiques de sortie d’école : près de la moitié des admis chaque année viennent de Sciences Po Paris. Si vous ne souhaitez pas entrer à Sciences Po ou si vous n’êtes pas accepté mais que vous souhaitez passer le concours de l’ENA, ne vous découragez pas. Une autre formation, dispensée par la Sorbonne, est accessible si vous possédez un bon dossier. Là encore, vous devez étudier à Paris !
Les meilleures formations pour préparer l’agrégation sont à Paris
Si vous souhaitez vous diriger vers une carrière d’enseignant-chercheur, dans bien des domaines, la réussite au concours de l’agrégation est un prérequis. Si vous souhaitez donner des cours, la réussite à ce concours, parmi les plus difficiles en France, vous permettra de bénéficier d’un meilleur salaire pour moins d’heures de cours effectives que vos collègues certifiés dans le secondaire. Statistiquement, si vous souhaitez entreprendre une telle carrière, mieux vaut étudier à Paris. Certaines grandes écoles, telles que les écoles normales supérieures, acceptent des étudiants sur dossier pour préparer ces concours. Les facultés parisiennes disposent elles-aussi de forts taux de réussite. À vous alors de regarder, pour la discipline qui vous intéresse, quel parcours est le plus adapté.
Si vous ne vous retrouvez pas dans ces descriptions car vous êtes attiré par les métiers du conseil, de la finance ou même de l’édition, on ne vous a pas oublié : là aussi, les opportunités les plus nombreuses pour de jeunes diplômés seront à Paris. Autant alors faire ses études à Paris pour le réseau, les foires à l’emploi, obtenir des stages. Si l’offre peut se diversifier pour les financiers par la suite, l’essentiel des maisons d’édition est concentrée sur Paris. Les débouchés après une prépa littéraire ou en édition sont nombreuses pour entrer dans ce petit milieu.
Ce qui peut motiver votre choix de venir étudier à Paris, c’est donc l’attractivité de la ville couplée à la pertinence des formations qu’elle propose par rapport à votre cursus. un environnement fertile professionnellement dans bien des cas, en dehors peut-être des grosses industries et de l’agriculture.
Étudier à Paris : un dépaysement qui n’est pas forcément nécessaire
Les études à Paris ne sont pas une nécessité absolue pour tous les cursus. Il est important de connaître les différentes possibilités qu’offrent les emplois de région afin que l’étudiant ne se mette pas à penser qu’aller étudier à Paris est un passage obligé. Il faut plutôt privilégier la finalité des études que le moyen de les mener ! Une réflexion difficile, mais importante à avoir pour de nombreux étudiants. On donne ici quelques exemples :
– Pour les étudiants qui souhaitent réussir le PASS ou la LAS, le nombre de places disponible est spécifique à la ville où se trouve la faculté de médecine (voir article dédié sur la réforme de la PACES). Plus tard dans leur cursus, les étudiants en médecine passeront un concours pour déterminer l’activité qu’ils souhaiteront exercer ainsi que la ville où ils aimeront exercer. Inutile donc de faire ses études à Paris après le bac pour préparer médecine si on n’en éprouve pas le besoin.
– En droit, le concours du CRFPA, qui permet de devenir avocat, est spécifique à chaque ville. Le pourcentage de réussite varie en fonction de l’institut d’études judiciaires au sein duquel on prépare son diplôme. En Île-de-France, les établissements ont obtenu un taux de réussite aux épreuves écrites de 41 % contre 28 % dans le reste de la France en 2018. Si cette inégalité à l’entrée dans l’école existe, il n’en reste pas moins la possibilité pour les étudiants souhaitant exercer ce métier de réaliser l’intégralité de leurs études en province. La connaissance de l’environnement économique et de ses acteurs peut être un meilleur guide permettant d’influencer la décision.
– En cours de prépa HEC, beaucoup d’étudiants se fient au classement des écoles de commerce pour décider de leur choix d’orientation. Il ne faut pas oublier qu’une école est aussi un réseau : si l’on cherche à vivre en province plutôt qu’à Paris, aller étudier dans une école de province plutôt qu’étudier à Paris, peut être une bonne stratégie.
Selon une étude récente, près de 56% des jeunes cadres qui travaillent à Paris souhaitent quitter la capitale pour aller travailler en province. Ainsi les avis pour étudier à Paris sont contrastés. Tenez-vous le pour dit : si vous n’avez pas un projet personnel bien défini en tête, le bonheur au travail ne réside pas forcément dans l’enceinte de la ville lumière…
Adrien Bay
A propos d’Adrien : Adrien est normalien en sciences sociales à l’ENS Paris-Saclay. Il a également étudié l’économie à l’école Polytechnique et la philosophie à l’ENS Ulm. Il donne cours pour le compte de Groupe Réussite.