La fin des classes prépa en France annoncée pour 2025 !
Cela ne vous aura pas échappé, monsieur Pap Ndiaye a été nommé Ministre de l’Education Nationale par Emmanuel Macron et a conservé sa place dans l’équipe gouvernementale après les élections législatives. Enfin un ministre de l’éducation crédible, qui sait de quoi il parle, enfin un ministre pertinent, entend-on un peu partout. Dans la lignée de l’ouverture des programmes de l’ESSEC aux candidats issus des admissions parallèles et admission post-bac (parcours hors classe prépa), M. Pap Ndiaye vient de remettre en cause purement et simplement l’existence des classes prépa CPGE en France.
Cédric Villani, médaille Fields 2010, lui aussi rentré en politique, sera donc prof de maths en 6ème à la rentrée 2025 pour le bonheur du collège Voltaire de Sarcelles. Au même moment, Polytechnique lance son admission post-bac pour concurrencer le concours Avenir et le concours Puissance Alpha, vous rendez-vous compte ? Une révolution, même l’X prépare l’après-prépa ! Voyez ici me détail des effectifs de prépa CPGE qui n’a cessé en % de baisser par rapport aux admissions postbac.
La polémique suite aux propos du ministre sur la fin des CPGE
Selon M. Pap Ndiaye, les étudiants non issus de classe prépa feraient aussi bien en grande école de commerce ou d’ingénieur que des élèves provenant des CPGE. Idem sur le marché du travail en comparant deux élèves d’une même école aux voies d’admission différentes. Ceci ne justifierait donc plus le fort investissement financier de l’état dont bénéficient les classes préparatoires aux grandes écoles (15 000€/an par élève de prépa soit ⅓ de plus qu’un élève de la fac avec trop de redoublants qui « cubent » ou « font 5/2 »). « C’est une filière pourrie gâtée comparativement aux autres, ça ne peut plus durer, elle sert en plus les élèves qui sont déjà les meilleurs » s’emporte M. Pap Ndiaye lors d’un entretien accordé au JDD. D’ailleurs, le ministre l’a rappelé, « la France est le seul pays d’Europe à avoir mis en place des classes prépa, n’est-ce pas la preuve d’un échec de ce système ? ». Assiste-t-on à une chasse aux sorcières ? « Personne ne nous a suivis sur ce cursus scolaire en plus de 200 ans d’existence ! ». Et le ministre de continuer « on devrait mettre cet argent sur des élèves qui en ont besoin, réfléchir des solutions de soutien scolaire pour des élèves en difficulté ».
L’annonce officielle de la fermeture des classes prépa
L’annonce de la première mesure sur l’éducation du quinquennat Macron tombe comme un couperet : il n’y aura plus de classes prépas à la rentrée scolaire de septembre 2025. Certains s’en doutaient, et il n’y avait déjà plus aujourd’hui en grande école que 40% d’élèves issus de classes prépas.
« Le symbole est fort. » Nous confions une source anonyme du gouvernement, « casser la reproduction des élites en arrêtant la production des élites », ingénieuse vision…
La classe prépa était le vilain petit canard d’une politique de discrimination positive menée par François Hollande mais initiée par Nicolas Sarkozy en son temps avec un objectif jamais atteint de 30 % de boursiers en grandes écoles. Les classes prépas accueillent près de 50 % d’enfants de cadres, contre seulement 6,5 % d’enfants d’ouvriers, désormais ce sera 0% de toutes les catégories, et ce sont des fils de cadres passés par la prépa qui le souhaitent? N’est-ce pas de la démagogie ?
Des voix s’élèvent déjà contre cette mesure, comme les 3 représentants de Groupe Réussite (spécialiste mondial de la prépa) qui crient au scandale comme un seul homme : « Mais que se passe-t-il ? Mais que se passe-t-il ? Oh mais qu’est-ce qu’il se passe ? ».
Dans la suite de cet article, nous évoquerons un peu plus en détail ce qui est prévu dans le texte de loi qui sera voté par ordonnance le 15 août 2023 à l’Assemblée Nationale. Puis, nous tenterons de réfléchir sur ce qui risque d’arriver dans les mois à venir et notamment sur le rôle de l’école après la fermeture des classes prépas en 2025, pour le meilleur et pour le pire. Puisse cette tribune lancer un débat constructif en concertation des parties prenantes, et surtout ne pas précipiter des décisions dictées par des conclusions toutes faites.
Les réactions des acteurs de la prépa
« Les dés semblent jetés, aucune concertation n’est prévue sur ce dossier qui passera en force durant l’été », observe Gérard Pommier, le président de la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement « Je n’avais jamais vu ça auparavant. »
Monsieur Rem, jeune prof de prépa en maths à Henri IV réagit : « J’ai débuté ma carrière en zone d’éducation prioritaire comme la plupart de mes confrères normaliens et j’en garde un souvenir mitigé. Je ne pensais pas passer ma vie à faire cours à des 6ème lorsque j’ai brillamment réussi mes concours. S’il le faut, je serais heureux de pouvoir aider des élèves à apprendre à compter. » Autre son de cloche pour cette professeur agrégée d’anglais en prépa depuis 20 ans, Madame Bell : « 2 heures de cours par semaine en large effectif de 50 élèves, la dynamique n’était pas parfaite mais nous faisions de notre mieux, je ne ressentais pas particulièrement des conditions ultra-privilégiées pour les élèves de prépa. »
Et l’argent dans tout ça ? Théo Rem rebondit : « On ne fait pas ce métier pour l’argent mais diviser mon salaire par 2 après être passé par l’ENS Ulm et un parcours académique sans faute, c’est dur à digérer, je réfléchis à m’expatrier, peut-être au Maroc ». Madame Bell avoue : « travailler plus pour gagner moins, cela n’était pas prévu, nous descendrons dans la rue s’il le faut ! »
#touchepasamaprepa
La suppression des classes prépas, pourquoi ?
Les classes prépas en opposition avec le nouvel esprit de l’école
D’un côté, une filière élitiste, machine à reproduction sociale, donnerait plus à ceux qui ont déjà tant. Ainsi, comme le décrivait Le Monde en 2014, à Polytechnique, fleuron de notre système scolaire, « les boursiers ne constituent que 13,5 % des effectifs, contre 35 % à l’université ; et sur les 401 élèves de la promotion 2014, 152 viennent de… Deux lycées, Louis-le-Grand à Paris, et Sainte-Geneviève à Versailles », un duopole inadmissible ?
D’un autre côté, la rationalisation et le nivellement par le bas de notre système scolaire depuis quelques années grâce à (à cause ?) de nombreuses réformes. Comment concilier cette vision avec l’élitisme des classes prépas ? Échangeons donc une minorité de bons élèves contre une majorité de moyens !
Le sempiternel argument financier
Peu importe le ministère, c’est toujours la même rengaine, faire des économies, ou l’art de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Pap Ndiaye promet une économie d’un milliard d’euros avec l’arrêt des classes prépas, ce qui servira à favoriser l’acquisition des savoirs de base dans les établissements dits prioritaires et leur sécurisation.
Et comment cela fonctionnerait-il ? Tout d’abord, en mutant de force les profs de prépa vers des collèges de REP/REP+ avec tout ce que cela entraîne comme avantages pour le ministère (baisse des salaires, migration des élèves de prépa vers la fac…). Fraîchement sortis du chapeau, pas un lapin, mais de nouveaux profs de maths compétents pour les élèves les plus en difficulté. Le convaincant porte-parole du ministère lance laconiquement « Les profs de prépa constituent une charge financière trop importante pour l’éducation nationale, on ne peut plus se permettre de payer des heures de colles de maths ou colles de physique. Le plan vigipirate et la sécurisation des écoles sont désormais nos priorités. »
La sacro-sainte sécurité en période d’état d’urgence aura-t-elle raison de notre éducation ?
Les dommages collatéraux de la fin des prépas
L’arrêt des concours
Les concours CPGE d’entrée en Grandes Écoles étaient jugés trop stressants pour les élèves de prépa. Non sans rappeler l’arrêt des notes dans les petites classes au collège, il n’y aura donc plus de concours pour rentrer en école d’ingénieur ou en école de commerce en France, même par admission post-Bac.
Voici le nouveau mode opératoire de sélection envisagé (le difficile calendrier des concours cpge passe aux oubliettes) : les notes obtenues au bac constitueront des groupes homogènes de niveau : rattrapage, sans mention, assez bien, bien, très bien, félicitations du jury avec un vivier d’écoles accessibles uniquement par certains groupes d’élèves, puis un tirage au sort déterminera l’intégration finale en école. Ce modèle hybride est le plus démocratique qui soit comme l’a annoncé notre ministre « une dose de scolaire et une dose de probabilité, laissons faire le hasard, le tirage au sort séduit de plus en plus ». Pour des raisons d’organisation, les élèves ne pourront refuser une école proposée au risque d’être exclu du système scolaire, sans diplôme.
Qu’en pensent les meilleures grandes écoles d’ingénieurs et de commerce ? Le tirage au sort n’est pas du goût de toutes, les écoles font bloc pour favoriser un système de contrôle continu plus pertinent pour sélectionner et classer au mérite.
Le non-cumul des diplômes
Un concept encore une fois dans l’air du temps. En s’inspirant notamment de la loi sur le non-cumul des mandats, nos politiques ont recyclé de bonnes vieilles idées. Il sera désormais interdit d’obtenir deux diplômes lorsque l’on est déjà titulaire d’un diplôme de grande école. En effet, cela favoriserait les personnes déjà diplômées et donc participerait à une forme d’inégalité amplifiée, cancer de notre société. Comme l’affirmait le ministre “avant de laisser certains obtenir 2 diplômes, tentons de faire en sorte que tout le monde en ait un”.
Le cumul des diplômes favoriserait l’inflation des diplômes qui frappe notre pays de plein fouet. Il n’est pas rare de rencontrer des docteurs en maths à la recherche d’emploi dans le secteur privé. Il est vrai que suivre neuf ans d’études financées par l’état et être au chômage, cela questionne notre système d’orientation et de sélection à l’université. L’état doit-il fermer les filières avec un taux d’employabilité faible ?
Menacés de fait par cette annonce, les programmes MBA sont en ordre de marche contre cette loi. L’INSEAD, avec au premier rang Arnaud de Montebourg, ancien élève de l’INSEAD (meilleur MBA du monde), se dit affligé par le fait qu’on ne peut plus dépenser 70 000 € pour se former aux métiers de l’entreprise. « L’INSEAD est français, et en tant que défenseur du made in France, je souhaite protéger nos fleurons : protégeons nos chefs d’entreprise pour qu’ils se forment dignement. »
La fin des maths comme outil de sélection
Napoléon avait choisi les maths comme outil majeur de sélection scolaire car la réussite dans cette discipline était peu influencée par les origines sociales. « Nous nous rendons compte aujourd’hui que ce n’est plus le cas avec des générations de polytechniciens dans certaines familles », déclare le ministre. Il a confirmé dans le même temps que les cours de maths vont peu à peu reprendre un rôle fonctionnel d’outil.
Le latin sera désormais remis à l’honneur et à la base des programmes scientifiques pour sélectionner nos futurs ingénieurs. « Peu de personnes parlent le latin aujourd’hui, même les fils de profs ne pourront donc pas être avantagés. »
Les 7 autres effets secondaires de la fin des classes prépas [exclusivités]
Grâce à son réseau dans l’environnement des classes prépas, Groupe Réussite a réussi à obtenir quelques informations exclusives qui se murmurent en coulisses :
- Saint-Louis, « lycée » parisien 100% classe prépa, ne compterait pas se laisser convertir en collège/ lycée. L’institution songerait à une privatisation et construirait un projet de diplômes bac+5 avec prépa intégrée. Un fonds qatari aurait accepté de financer le lycée qui pourrait changer de nom à partir de 2025.
- Après s’être déjà affranchi de la carte scolaire, Louis le Grand (établissement public) annonce sa volonté de maintenir ses classes prépas ; Polytechnique aurait accepté de recruter automatiquement tous ses élèves sans concours. Les nombreux présidents de la République Française et premiers ministres passés par LLG auraient aidé dans ce tour de force. Fini le classement des meilleurs lycées de Paris !
- Henri IV serait reconverti en musée avec une ouverture prévue en 2025. Les visiteurs pourront notamment se rendre sur la tombe de Clovis. Les anciens professeurs d’histoire et d’anglais seraient conservés pour les visites de groupe en attendant leur nouvelle affectation.
- Groupe Réussite réfléchirait à repositionner son offre de cours particuliers et stages intensifs sur le tennis : le projet serait installé au jardin du Luxembourg. Terminé également le classement des meilleures prépa ECG de France !
- Certains irréductibles partisans des classes prépa envisageraient sérieusement une émigration au Maroc, 150 familles bien informées auraient déjà déposé leur demande de visa long séjour. En effet, le Maroc a confirmé sa volonté de conserver ses classes prépas tout comme le bac C, dans un souci d’élitisme. Dans la même logique, certains membres du gouvernement songeraient à envoyer leurs enfants étudier au Maroc afin de pouvoir tout de même bénéficier des classes prépas, l’ambassade française pourrait les loger à Rabat.
- Une série de manifestations est en préparation. De nombreux collectifs appellent à manifester le lundi 4 septembre place de la république. La prépa pour tous sera dans la rue, tout comme Concours pour tous, Les maths pour tous, Double diplôme pour tous. Quelques groupuscules marocains anti immigration s’élèvent aussi contre l’arrivée de français au Maroc uniquement pour bénéficier de leur système éducatif et des aides du Royaume.
- François Hollande, dans un souci de montrer l’exemple et de soutenir Emmanuel Macron, propose de rendre ses diplômes. Il remettra donc respectivement ses diplômes d’HEC, Sciences Po, l’ENA, ne conservant que le bac afin de montrer l’exemple en tant qu’ancien président normal. La rédaction précise que le cumul des retraites n’est pas remis en cause.
Non content de niveler l’école vers le bas, ce projet risque bien de niveler le monde du travail également vers le bas. La combinaison « classe prépa + grande école » était une recette gagnante contre le chômage chez les jeunes qui la réussissent. Le simple fait que tous les jeunes ne pouvaient en bénéficier justifiait-il la suppression complète d’une filière qui a fait la grandeur industrielle et économique de la France depuis Napoléon ?
[Cet article est évidemment une fiction, bien qu’inspirée de faits réels ; les statistiques sur les classes prépas sont authentiques, ainsi que la majorité des noms propres. Il n’a pas du tout pour but de heurter les sensibilités ni de railler les autres filières, c’est une projection à partir de plusieurs signaux]
Cet article vous a-t-il fait sourire ? Laissez-nous un commentaire
À lire sur notre site :
- Préparer la rentrée en deuxième année de prépa
- Faut-il travailler l’été avant sa prépa ?
- Comprendre l’algorithme SCEI et la procédure d’affectation
- Astuces pratiques pour les dernières semaines avant concours en prépa
- Redoubler en prépa scientifique : comment ça marche ?
C’est amusant mais on s’y tromperait en regardant un peu vite, l’aspect parodique et absurde se trahit surtout sur la fin, alors que votre article apparaît en bonne place dans les moteurs de recherche si l’on entre « blanquer classes prépa » (de plus la date de publication n’apparaît pas sur la page, c’est un peu gênant). Bref le mélange des genres me fait un peu craindre, peut-être dans un excès d’inquiétude, de la désinformation malgré vous.
Merci Typhoon Fire pour votre retour, le but était bien que le lecteur averti (qui lira jusqu’au bout) s’aperçoive que cela est une satire, dénonçant une possible fin d’un système d’excellence et un nivellement vers le bas. Pour les questions de référencement, je vous invite à contacter Google, qui généralement pousse ce qui lui semble le plus pertinent, nous n’avons pas la main sur cela.
Merci pour votre réponse ; bien sûr pour le référencement, je pointais seulement que la visibilité implique une forme de responsabilité, après vous signalez effectivement la satire de manière explicite. Je ne pense pas que Google (même si j’utilise un autre moteur) modifie ses algorithmes pour le cas d’espèce 😉
Après sur le fond et à titre personnel, il me paraît regrettable que l’excellence se situe en France dans les grandes écoles plutôt que dans les universités publiques, mais c’est tout un débat !