Chronologie, principes et institutions de la démocratie athénienne
L’objectif de cette étude est de donner aux élèves de prépa scientifique en 2019/2020 un petit peu de culture générale sur le thème de français philo au programme de prépa : La démocratie. En effet la démocratie à Athènes est le fondement de nos démocraties actuelles (un autre article du blog traite de la démocratie française ainsi qu’un article sur la démocratie américaine). Sa connaissance est un donc une condition sine qua non pour bien comprendre l’influence qu’elle a eue sur ses applications futures. Ce travail vous aidera à mieux comprendre les oeuvres au programme et notamment Les Cavaliers et L’Assemblée des femmes d’Aristophane. Pour plus d’info, un cours de français prépa en vidéo a été fait et est disponible sur le blog section prépa scientifique, profitez-en.
Chronologie de la démocratie à Athènes
Thésée : le père fondateur de la démocratie à Athènes
Mythiquement, Thésée, roi d’Athènes est à l’origine de la démocratie à Athènes. Il aurait fait participer le peuple plus que jamais à la vie du royaume. Délaissant la puissance souveraine, il aurait gouverné sur ses peuples avec justice et équité. C’est donc dans ce contexte de royauté que serait née la démocratie, terme composé de démos (le peuple) et krátos (la puissance, le pouvoir).
Solon consolide la démocratie athénienne
Cependant, ce principe de démocratie est mis à rude épreuve par les gouvernements qui ont suivis. Quelques familles régentent alors les affaires courantes du Royaume. Ce régime politique dans lequel le pouvoir appartient à une classe minoritaire et privilégiée met le Royaume en péril et provoque une crise au début du VIème avant J.C. La vie des paysans est dure. Ils sont asphyxiés par la servitude et ne peuvent plus honorer leurs dettes. C’est en pleine crise politique et sociale que le législateur Solon est élu. Il met fin à la stasis, la menace de guerre et instaure l’égalité juridique. Dès lors, les citoyens peuvent juger et accuser. Ils participent aux décisions du tribunal du peuple (l’Éliée) qui est présidé par des jurés tirés au sort. En revanche, tout le monde n’a pas le droit de participer à la démocratie car, s’il vrai qu’on parle d’égalité juridique, tous les sujets d’Athènes ne sont pas égaux entre eux. Solon instaure une hiérarchie de classes sociales, définies sur un critère de richesse (les pentacosiomédimnes, les hippeis, les zeugites et les thètes).
La tyrannie des Pisistratides ébranle la démocratie à Athènes
Le milieu du VIème avant J.C marque le début de la tyrannie des Pisistratides à Athènes. En effet, vers 555 avant notre ère c’est Pisistrate, un aristocrate qui prend le pouvoir. On le décrit comme étant un “tyran bienveillant” (contrairement à ses successeurs). Il gouverne en respectant les lois existantes et il met fin au régime oligarchique. À sa mort, son fils aîné Hippias lui succède au pouvoir avec son frère Hipparque à ses côtés. Hipparque est en grande majorité détesté des Athéniens en raison de son orgueil et de sa vie de débauche. Il finit par être assassiné par Harmodios et Aristogiton, deux amants athéniens. Ils permettent en partie la chute du règne de Hippias et Hipparque et sont adulés pour cet acte considéré comme héroïque. Cependant, les deux amants sont tués à leur tour. L’assassinat d’Hipparque par Harmodios et Aristogiton est relaté dans Le banquet de Platon. Alors que la cité d’Athènes est plutôt prospère malgré la tyrannie , la cité de Sparte assiège Athènes : c’est la guerre du Péloponnèse.
La consolidation de la démocratie par Clisthène
Mais la démocratie n’est pas ébranlée par tous ces bouleversements. En effet, Hippias est chassé du pouvoir par Clisthène, issus d’une famille riche et noble qui va venir consolider la démocratie. Il pose les fondements d’un nouveau régime démocratique en créant la première démocratie pleine et entière. C’est de là que vient le principe d’isonomie, mis en place par le règne de Clisthène : tous les citoyens d’Athènes deviennent égaux face à la loi, ils ont les mêmes droits, (y compris celui de devenir magistrat), et se partagent le pouvoir. Pour que cela puisse être applicable sur tout le territoire de l’Attique (région de la Grèce autour d’Athènes), Clisthène divise le territoire en dèmes. Un dème peut représenter un village, une ville ou même en quartier. Tous les hommes majeurs doivent s’inscrire à leur dème de référence, y compris les métèques et les affranchis, qui accèdent pour la première fois à la citoyenneté.
L’ensemble des dèmes sont répartis dans les 10 tribus. Cette nouvelle composition du corps civique met fin aux 4 tribus existantes qui étaient fondées sur la parentalité et l’héritage. Chaque tribu est constituée d’un dème provenant de la ville d’Athènes, d’un dème de l’intérieur des terres, le troisième dème provient d’une région sur la côte. Cela favorise la diversité de chaque tribu, toutes les classes sociales et toutes les parties de la cité y sont représentés et doivent apprendre à travailler ensemble.
Hormis les nouvelles circonscriptions administratives mises en place par Clisthène d’autres nouvelles institutions marque la démocratie athénienne qui dura deux siècles.
Pour vous aider un peu plus, voici une vidéo d’un professeur de prépa qui donne cours pour nous par Skype également. En espérant que ce mini cours à distance vous aidera à obtenir de bonnes notes en français en prépa.
Les principales institutions de la démocratie athénienne
*L’Ecclésia, assemblée qui réunissait tous les citoyens (hommes nés d’un père citoyen et âgés d’au moins 18 ans). Des réunions régulières sont instituées à partir de Périclès (une quarantaine) avec ordre du jour et les citoyens sont invités à débattre et à voter. L’Ecclésia vote les lois, la guerre et la paix, élit les magistrats et contrôle leur gestion.
*La Boulé, comité de cinq cent citoyens tirés au sort chaque année. Chacune des dix tribus désignait cinquante bouleutes. On ne pouvait être bouleute que deux fois dans sa vie. La Boulé préparait les décrets et les lois sur lesquels allait réfléchir l’Ecclésia. Ils surveillaient aussi les magistrats voire coopéraient avec eux.
*L’Héliée, tribunal du peuple mis en place par Solon. Il devient un l’organe judiciaire important dans la cité d’Athènes. Six mille athéniens sont tirés au sort chaque année, et tirent ensuite au sort ceux allaient siéger dans les tribunaux particuliers.
*Les Archontes, des magistrats qui au départ magistrats suprêmes de la cité (position dont on héritait) et qui au moment de la démocratie furent ensuite tirés au sort dans chaque tribu sur une liste de cinq cents noms choisis par les dèmes.
*Les stratèges, magistrats qui étaient élus pour leurs compétences, leurs savoirs par l’Ecclésia mais qui pouvaient être démis de leurs fonctions s’ils ne donnaient pas satisfaction.
Les principes de la démocratie athénienne
– L’isonomia, c’est-à-dire l’égalité devant l’assemblée. Elle fait référence à l’égalité devant la loi à laquelle on participe. Cependant, notons qu’ils y a des exclus dans la démocratie athénienne : femmes, enfants, quelques métèques, esclaves…
– L’isegoria : c’est l’égalité du droit à la parole, que l’on soit aristocrate, riche ou pauvre, dans les assemblées politiques, d’où l’importance de la prise de parole en public et de la rhétorique. La démocratie est un régime où l’art de la parole est central et donc on peut penser que tous ne prennent pas la parole de façon équitable à l’assemblée en raison de leur différente aptitude à l’art oratoire.
– Le tirage au sort est garant de l’isonomie. L’élection n’est pas considérée comme un principe démocratique mais comme un principe aristocratique (on désigne « les meilleurs ») qu’on utilise pour servir l’efficacité démocratique. Il n’y a donc pas d’idée de représentation. La démocratie doit être directe. Les hommes élus ne sont pas des représentants mais des spécialistes, des experts, ce qui est contraire à l’égalité revendiquée.
– Le misthos est une indemnisation financière pour les bouleutes et les héliastes.Elle fut instituée au Vème siècle avant J.-C.On peut être choqué par le fait de voir récompenser financièrement une présence à caractère civique mais, dans une démocratie représentative moderne, les fonctions politiques des élus du peuple ne sont-elles pas rétribuées ? Et au vu des contraintes que représentait l’exercice de la citoyenneté, n’était-il pas naturel de dédommager un Athénien du manque à gagner que constituait indéniablement l’abandon fréquent de ses occupations privées ? La misthophorie n’a existé nulle part ailleurs. C’est elle qui a permis la participation effective de tous les citoyens à la vie politique, quelles qu’aient été leur classe et leur fortune.
Ainsi, la démocratie à Athènes se construit progressivement durant l’Antiquité. Elle est mise en péril par des tyrans et des guerres mais réussit à se consolider au cours des siècles. Il est important de noter que c’est justement dans ces moments de crises que sont pensés et fondés les institutions et les principes de la démocratie athénienne. Comme il n’y a pas d’État a proprement parlé, la vie administrative est séparée de la société politique : il y a un corps politique avec des fonctionnaires mais ceux-ci ne participent pas à la vie politique. Les Grecs exigeaient que le citoyen prenne part directement aux débats et aux décisions qui engageaient la volonté politique de la cité, sans possibilité de déléguer sa voix.
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Romain Berry
A propos de Romain
Romain Berry est professeur et agrégé de Lettres Modernes. Il enseigne au lycée Claude Fauriel de Saint-Etienne (42), en prépa CPGE littéraire (Khâgne, option Lettres Modernes) et prepa scientifique (PCSI et MP*).