Retour sur l’évolution du nombre d’élèves en CPGE depuis 2004
Les CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Écoles) recensent à la rentrée 2019-2020, un peu plus de 85 000 inscriptions, un effectif quasi identique à celui de l’année précédente. Depuis longtemps dans l’histoire des prépas, 3 grandes filières distinctes existent : les prépa scientifiques, les prépa HEC et les prépas littéraires, qui préparent à l’entrée en grandes écoles d’ingénieur, de commerce et aux ENS.
Nous nous proposons dans cet article d’analyser les effectifs de prépa, spécificité française héritée de Napoléon. Font-elles encore recette avec l’avènement des écoles postbac à prépa intégrée ? Le choix d’école de commerce ou d’ingénieur est en effet désormais bien plus large.
L’évolution des taux d’inscription en CPGE depuis 15 ans
Entre la rentrée de 2004 et celle de 2019, le nombre d’élèves de prépa a progressé, passant de 73 147 à 85 070 inscrits. Une différence de 11 923 inscrits soit, un peu plus de 16% d’augmentation avec 3 pics d’augmentations majeurs : +2,5% en 2007, +2,5% en 2008 et + 2,3% en 2015.
Cependant les inscriptions en prépa entre la rentrée de 2018-2019 et 2019-2020 n’ont que très peu variées, passant de 85 121 à 85 070 élèves inscrits, soit une baisse de 0,1%.
- Le nombre des élèves en première année diminue de 1% à la différence des effectifs de deuxième année de prépa qui augmentent.
- Le taux de « redoublement » en 2ème année de prépa (nombre d’élèves de prépa qui font 5/2 ou d’élèves qui cubent en prépa HEC) quant à lui, baisse d’année en année : -3,2 % de redoublants entre 2018 et 2019.
Parallèlement, on observe en 2019 une diminution de la part des femmes de 0,8% tandis que celle des hommes croît de 0,5%. Les effectifs se répartissent ainsi de la façon suivante : 42% de femmes (36 000 inscrites) et 58 % d’hommes (49 000 inscrits).
Les femmes sont majoritaires dans les filières économiques et littéraires. Tandis qu’elles ne constituent que 31% de l’effectif dans la filière scientifique (16 684 femmes contre 36 798 hommes), leur part dans la filière économique s’élève à 53% (10 221 femmes pour 9 058 hommes), et l’écart est encore plus flagrant en filière littéraire où l’effectif total représente 73% de femmes (9 033 femmes et 3 276 hommes).
L’évolution des effectifs de CPGE selon les filières
Depuis plusieurs années, de nombreuses écoles avec une prepa intégrée voient le jour, néanmoins les CPGE, restent le choix des meilleurs élèves et demeurent la voie royale pour accéder aux meilleures écoles de commerce et d’ingénieurs.
Malgré une croissance globale des effectifs en CPGE plutôt constante, on enregistre une nette diminution des effectifs dans la filière littéraire. La filière littéraire reste la filière CPGE avec le moins d’élèves, 12 309 élèves sur un total de 85 070 étudiants de CPGE toutes filières confondues, soit 14,4% de l’effectif total des CPGE. Les prépas littéraires ont longtemps souffert de débouchés limités en dehors des ENS, mais aujourd’hui il est beaucoup plus facile de faire une école de commerce après une prépa littéraire par exemple; et bien d’autres orientations apprécient ces profils. En espérant que ce changement dynamise à nouveau les prépa littéraires.
La prepa HEC est la seule à présenter une augmentation de son effectif entre 2018 et 2019, soit +1,6% après une baisse de 5,4% l’année précédente. Avec 19 279 élèves, la prépa HEC représente 22,7% des élèves de prépa cpge.
La filière scientifique quant à elle, a quasiment stagné avec une diminution de 0,2% avec près de 53 500 élèves inscrits en maths sup et maths spé. La prépa scientifique représente 62,9% de l’effectif total des CPGE.
Cette diminution s’explique également par la part des nouveaux entrants. En 2019, la filière littéraire voit son effectif se réduire de 3,6%, et celui de la filière scientifique de 1,1%. À contrario, celui de la filière économique reste quasi inchangé avec une légère augmentation de 0,2%.
Les élèves de prepa sont issus à 93,2% de la filière générale, c’est-à-dire les élèves qui préparaient le bac S, ES ou L. Les bacheliers généraux représentent 93,4% de l’effectif de la filière scientifique, 88,5% en économie et la quasi-totalité de l’effectif pour la filière littéraire. Le restant des entrants est issu de bac technologique à 6,3% (allant en prépa ECT en prépa HEC et TSI en prépa scientifique), 0,2% de bac pro et les 0,3% restant d’autres filières non précisées.
Les effectifs dans les prepas publiques vs les prepas privées
Les prepas privées sous contrat avec l’état comme le lycée Saint Geneviève à Versailles et le lycée Stanislas à Paris, ou hors contrat comme les prépas intégrale et Ipésup représentent 16,7% des effectifs des élèves de CPGE en 2019-2020.
Alors que la part des effectifs de CPGE dans le public a faibli de 1% ; dans le privé, au contraire on assiste à une hausse de 4% entre 2018 et 2019.
Une franche augmentation des effectifs de prépas privées, pouvant s’expliquer par la possibilité, pour des élèves de niveau moyen, n’ayant pas été acceptés dans une prepa publique réputée (prepa scientifique ou prepa HEC), de pouvoir se préparer aux concours des grandes écoles et d’avoir une chance d’intégrer les meilleures écoles d’ingénieurs et de commerce.
Répartition et effectif des élèves des CPGE en France (dans les différentes académies/villes)
Les CPGE parisiennes accueillent 31% des préparationnaires, contre 29% pour les capitales régionales métropolitaines (Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg…etc.) et 40% pour le reste de la France.
Ainsi, 60% des élèves des classes prépa sont inscrits dans des lycées en Ile de France ou dans les grandes capitales régionales. Nous constatons dans les résultats aux concours des écoles d’ingénieurs ou de commerce que les prépa parisiennes et les grandes prépa de province sont toujours bien positionnées dans le classement des prépa scientifiques que ce soit dans les filières MP, PC, PSI et PT et dans le classement des prépa HEC dans les différentes filières ECG et des meilleures prepa ECT.
Évolution des effectifs dans l’enseignement supérieur
Depuis plus de 20 ans, l’effectif d’inscrits dans le supérieur n’a cessé d’augmenter.
À la rentrée 2018-2019 le nombre des élèves inscrits dans l’enseignement supérieur en France (y compris les DOM) s’élève à 2 678 700.
Entre 2000 et 2010 on observe une croissance de 6% passant de 2,16 millions d’inscrits à 2,3 millions (soit près de 139 000 inscriptions supplémentaires). Entre 2010 et 2018, le nombre d’élèves est passé de 2,3 millions à presque 2,7 millions, ce qui représente une hausse de près de 400 000 nouveaux étudiants (+16%). Au total entre 2000 et 2018 les inscriptions dans le supérieur ont augmenté de 24%.
Avec les estimations 2019-2020 réalisées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, on estime aujourd’hui que l’enseignement supérieur accueille près de 550 000 élèves de plus qu’en 2000.
Une augmentation fortement marquée en 2018 qui s’explique par le boom démographique de l’année 2000. Un boom démographique qui a entraîné, une hausse des taux de réussite au bac et par conséquent, une hausse des inscriptions dans l’enseignement supérieur. Une forte hausse qui vient dynamiser la croissance des inscriptions après deux années de quasi stagnation, +1,1% en 2016 et seulement +1% en 2017.
Évolution des inscriptions dans les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs
De leurs côtés les écoles d’ingénieurs et les écoles de commerce font partie des formations détenant le taux de croissance le plus élevé.
En effet, les écoles d’ingénieurs ont vu leur effectif bondir de 81% entre 2000 et 2018, passant 73 400 inscrits à 133 200 en 2018, dont une augmentation de 31% entre 2010 et 2018.
Les écoles de commerce quant à elles, connaissent une croissance fulgurante, les inscriptions ont triplé depuis la rentrée 2000-2001, soit une hausse de 195%. En 2018, le nombre d’inscriptions s’élève à 187 400 tandis qu’il était seulement à 63 400 en 2000.
Les taux de croissance entre 2000 et 2018 des effectifs sont :
- de + 16 % en CPGE (entre 2004 et 2018)
- de + 195 % en école de commerce
- de + 81 % en école d’ingénieurs
Nous constatons que le nombre d’élèves en CPGE a pratiquement stagné en comparaison du nombre d’étudiants en école de commerce et en école d’ingénieurs. Les écoles se voient obligés de diversifier leurs recrutements.
Ainsi, les écoles recrutent désormais directement après le bac via la préparation des concours Acces et Sésame pour les écoles de commerce ou la préparation des concours Avenir, Puissance Alpha, Geipi Polytech et Advance pour les écoles d’ingénieurs.
Les écoles recrutent également beaucoup d’élèves en AST (Admission sur titre) et admissions parallèles sur dossier avec des résultats requis au TOEIC et au Tage Mage, à l’étranger via des partenariats avec des universités étrangères …etc.
Cet engouement pour les écoles d’ingénieur et commerce n’a donc pas profité tant que cela aux prépa CPGE, qui continuent d’attirer des candidats (sinon les plus brillants, au moins les plus motivés/travailleurs) mais aujourd’hui la part des étudiants issus de CPGE en grandes écoles est devenue minoritaire au profit d’élèves ayant suivi une prépa intégrée en école postbac.
L’évolution dans le secteur public et le secteur privé
Même si le nombre global d’inscriptions augmente dans l’enseignement supérieur, il est important de savoir différencier la progression des effectifs dans le secteur privé et dans le public. Le rythme de croissance entre ces 2 secteurs n’est pas le même.
À la rentrée 2018, le privé affiche un taux de croissance de 3,9% tandis que l’enseignement public ne progresse lui, que de 1,7% par rapport à l’année précédente.
Un écart qui perdure depuis plus de 20 ans. Alors que le nombre d’étudiants dans l’enseignement privé a été multiplié par 2, dans l’enseignement public celui-ci ne progresse que de 14%.
Profil des nouveaux étudiants du supérieur
En 2018, les femmes représentaient 55,3% de l’effectif total des inscrits. Dans l’enseignement supérieur, la part des femmes a quasiment toujours été majoritaire sur celle des hommes, même si cette part baisse légèrement d’années en années.
C’est dans les écoles de journalisme que l’on observe la diminution la plus importante avec une baisse de 6 points en 10 ans et une baisse de 4,8 points dans les écoles normales supérieures. Elle a toutefois augmenté dans le paramédical et le social de 4,5 points, dans les écoles de commerce de 3,6 points et 2,1 points dans les écoles d’ingénieurs.
A l’exception de la PACES, les femmes sont moins représentées dans les formations très sélectives notamment en CPGE et le sont encore moins dans les sciences.
Sans surprise, les étudiants issus des classes moyennes et aisées sont davantage représentés dans le total des inscrits dans l’enseignement supérieur. 34% d’entre eux sont enfants de cadres/ou exerçant une profession intellectuelle supérieure, 12% sont enfants d’ouvriers et 17% ont des parents employés.
Cette sur-représentation est encore plus marquée dans certaines filières. Particulièrement dans les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), les formations d’ingénieurs, les écoles de commerce et de management ainsi que dans les Écoles Normales Supérieures (ENS). En effet, les enfants de cadres représentent à eux seuls, plus de la moitié des effectifs de ces formations. Quant aux enfants d’ouvriers, ils sont depuis de nombreuses années sous représentés dans la majorité des formations à l’exception des secteurs du paramédical et du social à 19% et représentent 24% de l’effectif en STS.
Les formations longues durées présentent également une part plus importante d’élèves ayant des parents cadres. Ces derniers constituent 30% de l’effectif en licence contre 13% des enfants d’ouvriers et l’écart se creuse de plus belle en doctorat où ils représentent 41% contre seulement 6% pour les enfants d’ouvriers.
Cependant, de nombreuses aides financières sont mises en place pour les étudiants issus de milieu modeste, dans le but de les accompagner dans la poursuite de leurs études. Ainsi, en 2018 et pour la seconde année consécutive la part des étudiants boursiers à l’université a légèrement augmenté et représente alors 745 100 étudiants. Un autre article d’investigation présent sur notre blog trait du prix des écoles de commerce, en forte hausse. Financer son école de commerce devient un obstacle de plus mais des solutions existent comme faire une prépa hec plutôt que qu’une école postbac, et privilégier une césure en école de commerce.
La croissance du taux d’inscriptions dans l’enseignement supérieur est également impactée par le nombre grandissant d’étudiants étrangers en mobilité internationale en France. Ce nombre est estimé pour la rentrée 2018 à 283 700. Par ailleurs, cet effectif grossit plus vite que l’effectif des étudiants français. Leur part dans le total de l’effectif des étudiants, est passée de 9,7% à 10,6% en seulement 5 ans.
La plus grande évolution s’observe dans les écoles de commerce où leur part a augmenté de 5 points soit 16,5% de l’effectif à la rentrée 2018. L’augmentation est moins notoire en ce qui concerne les écoles d’ingénieurs (+0,7%), les CPGE (+0,9%) ou encore pour les STS (+0,3%).
A l’université, ils représentent 12,5% du total des inscrits en 2018. C’est aussi 9,1% de l’effectif en licence, 15,7% en master et 39,5% en doctorat. Les étudiants étrangers en mobilité internationale sont répartis de la façon suivante : 48% viennent d’Afrique, 23% d’Asie/Océanie, 20% d’Europe et enfin les 9% restants d’Amérique.
La répartition des effectifs sur le territoire français
26% des étudiants suivent leurs cours à Paris ou en Île-de-France en 2018. Entre la rentrée de 2017 et celle de 2018 on observe une augmentation généralisée sur l’ensemble du territoire français à l’exception de Poitiers qui enregistre une baisse de 0,5%. Grâce à une gamme d’offres très diversifiées, l’académie de Paris, compte à elle seule 13% de l’effectif des étudiants. La part des écoles de commerce ainsi que des CPGE y est relativement élevée.
En revanche, les écoles d’ingénieurs sont quant à elles, davantage représentées dans les académies d’Amiens, Créteil, Versailles, Besançon, Toulouse ou encore Nantes.
On retrouve les parts les plus importantes d’enseignement privé à Paris et Nantes.
Concernant les DOM, contrairement au reste du territoire français, il n’y a que très peu de diversifications dans les formations proposées. Les formations à l’université représentent 65% des formations et les formations courtes 24%. Les formations d’ingénieurs et les écoles de commerce se font également très rares, tout comme les formations dans le privé qui ne représentent par exemple que 3% en Guyane et uniquement 2% en Corse.
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Sarah
Bravo, les chiffres ne mentent pas. Cet article est édifiant. Je rajouterais effrayant.