Comment faire une fiche de lecture ?
Il existe principalement deux types de fiches de lecture, selon le degré d’importance attaché à la lecture de tel ou tel ouvrage proposé en lecture à l’école que ce soit au collège, au lyceé ou en prépa. Le présent article traite d’ouvrages dont la maîtrise est nécessaire et impérative, à l’image de ceux figurant dans le nouveau programme national obligatoire du baccalauréat de français (fiches de lecture en 1ère au bac). Bien évidemment, dans ce contexte, les fiches de lecture devront être plus longues, plus détaillées, plus recherchées.
Vous pouvez aussi travailler la méthodologie de la fiche de lecture avec votre professeur lors de cours particuliers de français au lycée. Vous adopterez les bons réflexes rapidement et gagnerez en efficacité. N’hésitez pas également, à appliquer les conseils ci-dessous à d’autres matières enseignées au lycée, notamment la philosophie. Avoir une bonne fiche de lecture en philosophie vous permettra de mieux réussir vos dissertations, et par conséquent de gagner des points à l’épreuve de philosophie du bac.
Le présent article concerne en particulier des ouvrages de français/littérature (les œuvres du thème de français en CPGE ou encore celles au programme des épreuves anticipées du nouveau bac de français réformées par exemple), mais les grands principes exposés ci-dessous peuvent être appliqués à des fiches de lecture pour toutes sortes d’ouvrages (essais, romans, nouvelles, etc.). Faire régulièrement des fiches de lecture est un réflexe à adopter le plus tôt possible, cela permettra de travailler efficacement au lycée mais également en prépa.
Méthodologie d’une fiche de lecture réussie
La réussite d’une fiche de lecture dépend de deux grands facteurs à considérer :
- Une bonne fiche de lecture va bien au-delà du simple résumé de l’histoire / de la thèse de l’ouvrage. Bien sûr, la fiche de lecture s’intéressera à l’intrigue, au déroulement de l’argumentation ; mais il est nécessaire que son analyse aille au-delà – et ce sont ces éléments de plus-value qui seront plus avant examinés ici. Pour le dire en quelques mots : une fiche de lecture, ce n’est pas un résumé;
- Une bonne fiche de lecture est personnelle : il n’existe pas forcément de modèle type pour fiche de lecture, applicable à tout un chacun ; mais il existe des fondations communes à toute bonne fiche lecture dont il sera ici question. Désolé pour les déçus qui cherchaient un exemple de fiche de lecture toute faite.
I/ Le contexte d’écriture pour la meilleure fiche de lecture
Une bonne fiche de lecture ne commence ainsi pas directement par le résumé de l’ouvrage. C’est bien l’analyse du contexte d’écriture s’impose en premier lieu.
I-1/ Présentation de l’auteur dans une fiche lecture
Cette partie présentera l’auteur en examinant les points suivants :
- Nationalité ;
- Date de naissance, date de décès (ce point est surtout important pour repérer le contexte historique dans lequel a vécu l’auteur : pour Racine, il s’agira par exemple du classicisme louis-quatorzien) ;
- Trois ou quatre grandes étapes de sa vie : publication du premier ouvrage, moments de rupture dans sa vie (ex : pour Victor Hugo, mort de sa fille Léopoldine)
- Profession : l’écriture était-elle le métier de l’auteur ? Ou bien, s’est-il inspiré de son activité professionnelle pour son ouvrage (important pour l’écriture, par exemple, de mémoires historiques) ?
- Courant littéraire de prédilection.
I-2 / Contexte de l’ouvrage fiché
- Genre de l’ouvrage : recueil de poèmes ? roman ? nouvelle ? pièce de théâtre ? mémoires ? autobiographie ? essai ? etc…
- Place de l’ouvrage dans la vie de l’auteur : s’agit-il de son premier ouvrage ? de son dernier ? L’auteur était-il à l’apogée de sa carrière à ce moment ?
- Chronologie différenciée : est-ce un roman écrit d’un trait ? Le recueil de plusieurs articles / textes compilés au fur et à mesure (recueil d’articles, Journal d’écriture…) ?
I-3 / Le contexte socio-historique
- Contexte politique et social lors de la période d’écriture / de publication (si différent) de l’ouvrage : quels grands événements historiques, sociaux, politiques, jalonnent cette période ?
- De quelle période historique / sociale traite l’ouvrage ? D’une période contemporaine, ou d’une période historique et distante de plusieurs décennies / siècles ?
- L’ouvrage en question s’inspire-t-il largement, ou non, d’évènements réels et historiques ?
Cette sous-partie sera particulièrement importante dans le cas d’un essai politique, historique, dans le cadre de mémoires… Par exemple, il est impensable de ficher L’Espoir de Malraux sans faire référence à la Guerre d’Espagne, les Mémoires d’Hadrien de Yourcenar sans évoquer la vie de l’empereur romain, ou de traiter de Guerre et Paix sans évoquer les campagnes napoléoniennes.
Pour une fiche de lecture concernant tout roman historique ou mémoires d’hommes politiques, l’analyse consacrée au contexte socio-historique devra nécessairement être plus détaillée.
II/ Résumé de l’ouvrage à travers la fiche de lecture : exemples
C’est seulement dans cette deuxième partie, après l’introduction critique du I/, que la fiche de lecture devra s’intéresser au « résumé » de l’ouvrage – mais là encore, il s’agira de mener cette étude avec plus de profondeur et de distance critique que dans le cas d’un simple résumé factuel.
II-1 / Analyse onomastique
Avant de s’intéresser au cœur des péripéties et du propos, il est indispensable de commencer cette partie de la fiche de lecture par une analyse onomastique (analyse des noms) de l’ouvrage.
- Analyse onomastique du titre de l’ouvrage. C’est un point qui peut paraître un détail à première vue, mais il a toute son importance, car il permet déjà de cerner le message principal du récit. Par exemple, Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert, ne semble pas avoir un titre a priori très explicite ; or une analyse onomastique permet de dépasser cette analyse trop simpliste. En effet, Madame Bovary, le personnage éponyme, est d’ores et déjà un titre à l’interprétation foisonnante. Le nom d’Emma Bovary fait penser à « Bovin » ou « Bovidé », et ses sonorités lourdes (« b », « v ») accentuent cet aspect ; or tout le désir d’Emma, dans le roman, sera d’être une « princesse du Moyen-Âge », enlevée par un prince charmant et franchissant, au galop, des provinces entières. Le nom « Bovary » ramène Emma à la dure réalité de la vie de province, ce que confirme l’analyse du sous-titre (aussi à noter dans la fiche) de l’ouvrage, Mœurs de province. Ainsi, dès le titre même, on perçoit que le roman aura pour visée de ridiculiser, par l’usage de l’ironie flaubertienne, les personnages du récit.
- Analyse onomastique des personnages principaux, ou des lieux du récit. Dans cette sous-partie, il n’est pas question d’analyser en détail le nom de chaque personnage secondaire, mais de s’intéresser au moins aux personnages ou lieux principaux. Par exemple, dans la nouvelle Un cœur simple de Flaubert, le nom de la personnage principale, Félicité, provient du latin « felix», qui signifie heureux, mais aussi simple, voire candide ; c’est cette naïveté de Félicité qui sera justement au cœur de la nouvelle, là encore marquée par l’ironie flaubertienne.
II-2 / Résumé de l’ouvrage en tant que tel
Il existe deux grands types de résumés : analytique (linéaire, suivant le fil chronologique de l’ouvrage) ou thématique (chaque partie traite d’un grand thème).
Dans le cas d’un résumé analytique, il est utile de reprendre, dans la fiche de lecture, les grandes parties d’un récit, en se fondant sur le sommaire de l’œuvre.
S’il n’y a pas de parties apparentes dans le récit, le résumé pourra se mener en suivant la structure narrative traditionnelle :
- Exposition : évoquer ici la situation initiale de l’ouvrage, l’incipit(résumer les principales informations détaillées par le narrateur / l’auteur) ;
- Nœud : décrire l’événement déclencheur, bouleversant la situation initiale ;
- Péripéties : décrire l’enchaînement des actions, aventures, du récit ; le faire de manière succincte : bien que de facto, les péripéties occupent 75 % environ d’un roman, il ne s’agira pas d’y consacrer 75 % de la fiche ; en l’occurrence, proportionnalité ne rime avec efficacité ;
- Dénouement : décrire ici l’excipit et le nouvel équilibre atteint à la fin de l’ouvrage (en quoi est-il différent (ou non) de la situation initiale ?)
Astuce : pour plus de clarté et de lisibilité dans la fiche de lecture, il est conseillé de donner un titre à chaque partie.
II-3 / Passages marquants ou citations emblématiques
Relever quelques passages marquants ou citations emblématiques, qui serviront d’exemples pour des devoirs et dissertations.
Dans cette sous-partie de la fiche de lecture, il est conseillé de revenir, un peu plus en détail, sur deux ou trois épisodes marquants ou emblématiques du roman, qui constitueront des exemples « prêts à être réemployés » pour tout devoir et dissertation.
Ex, pour Un cœur simple de Flaubert : le récit des histoires d’amour de Félicité, ou l’empaillement du perroquet.
II-4 / Analyse des personnages, de leur caractère, de leurs relations
Cette partie de la fiche de lecture (indispensable pour un roman ou une pièce de théâtre, facultative pour un autre type d’ouvrage) reviendra sur l’analyse des personnages de l’ouvrage, en étudiant plus précisément :
- Le caractère du personnage (Ex, pour Un Cœur simple: Félicité se caractérise par sa naïveté, sa candeur ; Rastignac, chez Balzac, se caractérise par son ambition) ;
- Le profil socio-économique des personnages, qui se caractérise en particulier par leur habillement, leur registre de langue (familier, courant, soutenu) ;
- Leur évolution dans le récit ;
- Rapports entre les personnages (et leur évolution).
II-5 / Analyse de la narration
Dans cette courte sous-partie, il est utile de se demander si la narration (focalisation) est :
- Interne (point de vue d’un personnage) ;
- Externe (point de vue extérieur, sans pouvoir rentrer dans les pensées des personnages) ;
On peut aussi se demander si la narration est ironique, si elle a des arrière-pensées : ainsi, la narration flaubertienne (usage du discours indirect libre) est ironique dans le but de ridiculiser ses personnages.
II-6 / Registres dominants dans le texte
On se demande ici quels sont les registres littéraires dominants de l’ouvrage : pathétique, tragique, lyrique, polémique, satirique, comique, épique, fantastique, réaliste… Une pièce racinienne est par exemple en majorité tragique, mais peut comporter parallèlement des passages plus tragiques ou lyriques.
Retenir les événements principaux d’un livre ne suffit pas : il faut compléter une première lecture par son analyse critique.
Comment faire une bonne fiche de lecture ?
Une bonne fiche de lecture se décompose en 3 parties. La 1ère consiste à faire une brève présentation de l’auteur et du contexte de l’ouvrage, la 2nde doit être un résumé du livre ( analyse du champ lexical, des personnages, de leur relation, des citations, le type de narration et le registre ). La 3ème partie la plus complexe, est une analyse critique, déterminer et expliquer l’héritage littéraire, historique et philosophique de l’oeuvre.
La fiche de lecture c’est quoi ?
La fiche de lecture est un résumé argumenté d’une oeuvre lue. Elle permet de mettre en avant les grands thèmes et concepts abordés, et d’en faire ressortir une analyse critique.
Pourquoi faire une fiche de lecture ?
La fiche de lecture est une aide précieuse, particulièrement lors de la préparation aux examens ou aux concours. Elle permet de se souvenir plus rapidement des sujets et thèmes principaux des livres et permet également de faire des liens ou des comparaisons rapides entre plusieurs ouvrages.
Qu’est ce qu’une bonne fiche de lecture ?
La fiche de lecture de façon générale est un compte rendu d’une oeuvre. Mais elle ne doit pas se contenter d’être factuelle. La vraie plus value d’une fiche de lecture est d’une part, la qualité et la pertinence de son analyse tant au niveau de l’écriture que de l’histoire en elle même, et d’autre part la singularité de sa critique.
III/ Etude critique de la portée littéraire, historique, philosophique, de l’ouvrage
Cette troisième partie vise aussi à donner une véritable valeur ajoutée à la fiche de lecture. Il s’agira d’étudier, ici, « l’héritage » littéraire, historique ou philosophique du livre, d’en voir la portée, l’influence dans l’histoire des idées ; d’en faire ainsi une lecture plus critique qui donnera plus de recul.
III-1/ L’intertextualité de l’ouvrage
En vue d’enrichir les analyses et commentaires autour de l’ouvrage étudié, il convient tout d’abord de s’interroger sur son intertextualité :
- De quels ouvrages s’inspire-t-il en particulier ? A quels auteurs/livres fait-il référence ? Par exemple, dans Candide, Voltaire se moque de Leibniz à travers le personnage de Pangloss ; de même, le roman Les Aventures de Télémaque de Louis Aragon est un pastiche surréaliste de l’œuvre originale de Fénelon.
- Quels livres l’ouvrage étudié a-t-il ensuite inspirés ? Par exemple, L’Honneur des poètes, texte de Pierre Seghers, Paul Éluard et Jean Lescure, qui défend l’engagement des poètes dans la Résistance et dans la vie de la cité, a été ensuite violemment réfuté par Benjamin Péret (dans Le Déshonneur des poètes).
III-2 / Réception de l’œuvre dans son temps
Dans cette sous-partie de la fiche de lecture, il s’agit de se demander quel a été l’héritage, quelles ont été les traces de l’ouvrage.
- Quelle a été la réception contemporaine du texte ? A-t-il été bien accueilli ? Quelles ont été les réactions de l’auteur à ces critiques ? (ex : Molière a écrit une Critique de l’école des femmes, pour défendre par lui-même la réception de sa pièce) ;
- Quelles analyses critiques, postérieures ou non à la date de publication du texte, ont été faites de l’ouvrage ?
Ce point est particulièrement important : c’est à cet endroit en tout premier lieu qu’on pourra lister les critiques, les points négatifs de l’ouvrage. En effet il est fortement conseillé de « s’abriter » derrière la légitimité d’un critique pour pointer les aspects négatifs d’un ouvrage (la thèse défendue par l’auteur a-t-elle rencontré ses limites, a-t-elle été démentie par la postérité ou l’histoire ? la psychologie des personnages n’est-elle pas trop typée ?). L’usage d’un argument d’autorité permettra de donner plus de poids à cette critique, plus de valeur aux argumentaires déployés.
Une astuce : Sainte-Beuve ou Roland Barthes figurent parmi les critiques les plus prolixes et les plus reconnus de ces deux derniers siècles : une recherche Google (par exemple, Barthes pour la tragédie classique) peut être parfois très éclairante ;
- Comment cette réception a-t-elle évolué avec le temps ? (ex : Lautréamont et ses Chants de Maldoror furent très peu reconnus de leur vivant, avant d’être redécouverts par les surréalistes).
III-3 / Place et conséquences dans l’histoire littéraire
Après avoir étudié la réception « littéraire », critique de l’ouvrage, il est nécessaire d’en étudier la portée, ce que l’historien Georges Duby appelle les « traces », en se posant trois questions principales dans la fiche de lecture :
- L’ouvrage est-il devenu un classique ? A-t-il changé les codes de la littérature (ex : Hernani de Victor Hugo pour la rupture avec le théâtre classique) ;
- Quelle a été son influence philosophique ou politique (ex : le Contrat social de Rousseau a eu une influence marquante sur la pensée des Révolutionnaires) ?
- Quelle est le poids, aujourd’hui, de l’ouvrage, sur les plans littéraire, philosophique ou politique ? (ex : La Ferme des Animaux ou 1984 de George Orwell sont encore largement cités).
Hernani de Victor Hugo a changé les codes du théâtre : ce point devra absolument être mentionné dans une fiche de lecture.
Quelques conseils divers sur la méthodologie fiche de lecture
N’hésitez pas à télécharger l’exemple de fiche de lecture en pdf
- L’exercice de la fiche de lecture est un exercice exigeant de la concision : ainsi, il est conseillé d’user de diverses abréviations pour, par exemple, le nom des personnages (exemple : TR pour Thérèse Raquin). Tous les épisodes secondaires, les épisodes non-cruciaux ou peu révélateurs, doivent être absents de la fiche de la lecture. Cependant des éléments apparemment anecdotiques, mais qui se révèlent très signifiants, doivent figurer dans la fiche de lecture.
- Rédiger, pour toute la fiche de lecture, des phrases courtes et simples, le plus souvent nominales.
- Essayer, tout particulièrement pour des œuvres au programme national de l’épreuve anticipée du bac de français en 1ère, de repérer des exemples plus originaux, des analyses critiques étayées et qui sortent de l’ordinaire, dans le but d’ajouter une réelle plus-value à sa copie.
Si vous ne parvenez pas à appréhender la méthode pour effectuer une bonne fiche de lecture, nous vous conseillons de faire appel à quelques cours particuliers français. Un prof de français à domicile ou en ligne vous fournira les clés pour mieux comprendre l’exercice et faire les fiches de lectures en même temps que vos lectures.
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Ulysse Grasset
Ancien élève de prépa Khâgne A/L à Louis Le grand, diplômé de l’ENS Ulm et d’HEC, je contribue au blog de Groupe Réussite et je donne des cours particuliers aux élèves de prépa.
amogus
merci