Préparer la prépa dès la terminale, sans s’essouffler
Entrer en classe préparatoire est souvent choix mûri de longue date. L’année de terminale peut alors se poser comme l’antichambre des années préparationnaires et c’est pourquoi beaucoup de lycéens souhaitent préparer la prépa pendant leur année de terminale.
En guise d’avertissements liminaires, précisons d’emblée que l’année de terminale doit rester une année de lycéen, elle ne doit pas être vécue comme une année de préparationnaire. Si certains revendiquent haut et fort de commencer à attaquer le programme de maths spé dès l’hiver de terminale, il faut rappeler qu’un concours est une course de longue haleine et que si l’adage dit que rien ne sert de courir, commencer sa deuxième année de prépa avec déjà deux ans de travail intense est peu judicieux.
En outre les années de classe préparatoire sont des années où l’on consacre moins de temps (et ce de façon temporaire) à certains aspects de sa vie. Moins voir ses amis, sa famille, voire son couple est un effort exigeant et il n’est pas nécessaire de se l’infliger inutilement en terminale.
La terminale n’est donc pas l’année où il faut commencer la course, mais où l’on s’échauffe progressivement. Un sportif bien préparé et correctement échauffé, n’a pas besoin de partir avant les autres. Comment ce choix d’entrer en classe préparatoire doit-il alors guider sa façon de travailler en terminale ?
Le rappel : réussir la sélection à l’entrée d’une prépa
Avant même de voir comment orienter son travail pour préparer la prépa, il faut déjà réussir à y être admis. Le bac arrivant après les premiers résultats d’admission, le premier et le second semestre de terminale sont donc décisifs dans un dossier de candidature. Autrement dit, travailler en terminale pour la prépa signifie travailler pour son dossier.
Ainsi un élève de terminale qui souhaite se diriger vers une CPGE scientifique, devra avoir d’excellents résultats en physique notamment mais aussi en mathématiques. En effet, ces matières constituent la base de sélection principale, puisqu’elles représentent la majeure partie des heures de classe préparatoire.
Pour autant, les matières littéraires ne sont pas à négliger, surtout si l’on souhaite entrer dans une des meilleures classes préparatoires. C’est en effet souvent sur ce critère que ces dernières vont opérer leur sélection : tout candidat ayant d’excellents résultats en sciences « dures », la meilleure façon de les différencier est d’examiner leur niveau de rédaction au travers de la philosophie, de la littérature et des langues.
Pour la filière à dominante économie (ancienne terminale ES), les maths compteront également pour beaucoup, mais dans une filière où les notes au bac atteignent facilement la barre des 15, l’attention sera portée sur les appréciations dans les matières où l’on rédige et où l’on fait appel à une pensée synthétique. L’histoire-géo, la philosophie et surtout les SES seront donc scrutés.
L’essentiel : Maîtriser parfaitement le programme du baccalauréat
Parallèlement à cet objectif d’intégration de la prépa, bien préparer son bac doit être au centre du travail de tout lycéen en terminale. C’est une étape indispensable à la réussite future en CPGE. L’idée n’est pas de faire autre chose que préparer le bac, mais de le préparer le plus intelligemment possible mettant en place des réflexes et des méthodes dont on peut peut-être se passer pour obtenir son bac, mais qui seront nécessaires à la réussite en classe prépa.
Pour les scientifiques
En terminale dominante scientifique, ce conseil concerne au premier chef les maths et la physique. Éventuellement la SVT pour les élèves voulant s’inscrire en prépa BCPST véto.
Pour les apprentis économistes
Ici, il s’agira de maîtriser parfaitement les grands concepts et notions du programme, pour arriver avec un bagage mobilisable et adaptable aux sujets de prépa. L’histoire doit également être traitée avec sérieux, car la culture historique est un travail de fond et de longue haleine. Une absence de lacunes dans cette matière est une réelle assurance pour ne pas « subir » son année de prépa.
Il faut d’ailleurs commencer à décloisonner les matières, tisser des liens et réaliser que les SES, l’histoire, la philosophie et même la littérature sont intrinsèquement unies et liées. Car c’est cette façon de raisonner qui permet de réussir aux concours. Enfin, préparer son bac ES signifie avoir une solide pensée dissertative. Avoir des réflexes dans cette façon de penser est primordial. Il faut donc parfaitement maîtriser cet exercice de façon pratique (savoir construire une problématique, faire émerger un plan, mobilise ses connaissances, etc.)
Le pragmatique : être au point sur les méthodes de travail
Ceci nous permet d’aborder le second point d’importance : travailler en amont sa prépa passe d’abord par la maîtrise de méthodes. La maîtrise de toutes les méthodes permet de faire face à tout imprévu, d’être un étudiant qui s’adapte à toutes les exigences et qui saura produire un travail au mieux excellent, au pire passable, en réponse à n’importe quel sujet.
Connaître et renforcer sa mémoire
D’une façon générale, il est utile de connaître sa façon de mémoriser et d’apprendre (mémoire visuelle ou auditive, par fiche ou directement à partir d’ouvrages, etc.). Il s’agira en outre de savoir si on est plus efficace au sein d’un binôme, voire d’un trinôme, ou au contraire si la solitude est un état nécessaire. Il peut être utile de enfin connaître ses limites physiques : à quelle heure de la journée est-on le plus productif, combien de fois par semaine doit-on caler une séance de sport ou savoir si on préfère travailler tard ou au contraire travailler tôt. Connaître son fonctionnement physique est toujours un plus et contribuera à préserver un équilibre de vie par la suite.
Pour préparer la prépa scientifique
Pour l’élève qui aspire à intégrer une prépa scientifique, il s’agira de s’exercer quotidiennement dans les matières piliers que sont la physique et (surtout) les maths. Les exercices seront quotidiens en prépa, autant prendre le coche dès le lycée et s’astreindre à travailler sur une durée limitée, des exercices (à son niveau).
Il faudra aussi apprendre au fur et à mesure son cours, la relecture systématique du cours de la journée est une discipline qu’il faut acquérir le plus tôt possible. La mettre en pratique dans l’optique du bac n’est pas totalement absurde, bien au contraire.
Pour préparer la prépa HEC
L’élève qui souhaite entrer en prépa économique et sociale pourra quant à lui être au point sur les méthodes de fichage. En effet, pour beaucoup d’étudiants de prépa la fiche est l’élément de base, la matière première sur laquelle il appuiera ses révisions. Il s’agira notamment d’établir un code couleur, de déterminer les différents degrés de fichage pertinents en établissant un ratio (1 fiche pour 5-7 pages de manuel par exemple) ou encore d’être au point sur sa méthode de lecture. Il faut également progresser autant que faire se peut en rédaction écrite, c’est-à-dire écrire simplement et efficacement, de façon claire et bannir les tournures de phrases laborieuses.
Se forcer à respecter la structure sujet-verbe-complément et ne pas dépasser 3 lignes par phrase, sont par exemple des petites règles qu’il est souhaitable d’appliquer rigoureusement. Découvrir la méthode la plus adéquate pour réussir à mobiliser ses connaissances est enfin un plus. En effet pendant les épreuves de concours, maîtriser le travail préparatoire au brouillon est primordial, bien que trop souvent négligé.
L’extra : faire du hors programme si tout cela est acquis
Si les fondamentaux en termes de méthode et de connaissances sont acquis, et que le bac s’annonce comme une simple formalité, l’approfondissement devient envisageable. L’approfondissement doit toutefois rester un plus, et ne pas prendre le pas sur le travail ordinaire de l’élève de terminale. Il ne faut pas y accorder une importance trop grande et surtout ne pas se surcharger. La meilleure façon d’aborder cette tâche optionnelle est d’y trouver une occasion de se faire plaisir. La prépa offrira sûrement des matières à travailler à marche forcée, et il sera possible d’endurer ce genre de difficultés plus tard. En terminale on a le temps, et s’il s’agit d’utiliser un temps supplémentaire pour approfondir, il est bénéfique de mêler astucieusement son intérêt et ses envies personnelles à cette tâche.
Pour les futurs maths sup
On peut par exemple recommander de faire quelques allers-retours entre ses cours de terminale et certains points du programme de prépa lorsque cela est possible et que cela peut apporter un complément pour le bac. Il peut être aussi profitable d’aborder les matières scientifiques sous un angle extérieur à celui que propose la classe, en se rendant par exemple à des conférences, des expositions ou en regardant certains MOOCS. Rencontrer des professionnels de certains métiers, discuter avec des chercheurs ou lire des revues scientifiques reconnues, est également une approche intelligente qui peut apporter une compréhension nouvelle de lois ou phénomènes scientifiques.
Pour les aspirants préparationnaires HEC
Il faudra tirer profit du temps résiduel pour lire à fond. Lire est un luxe en prépa, pourtant il s’agit d’une impérieuse nécessité. Certains classiques de la littérature, si possible courts pour qu’ils soient facilement exploitables par la suite, ou certains ouvrages célèbres, peuvent être au mieux lus, au minimum parcourus. Certains livres des collections Repères, Que sais-je ou 128 pages sont également de véritables mines d’or, extrêmement « rentables » qui pourront faire la différence dans la suite du parcours ; au même titre que l’abonnement à certaines revues économiques.
Pour aller encore plus loin, se procurer la liste des lectures de pré-rentrée de la prépa dans laquelle on souhaite entrer peut-être une façon de préparer très en amont son début d’année prochaine.
Enfin, il peut être bénéfique de commencer à se mettre dans l’optique du concours et d’approcher les exigences des épreuves. Lire les meilleures copies ainsi que les rapports de jury des années précédentes, peut alors s’avérer déterminant, il s’agit là d’une activité extrêmement profitable.
Louis Lapeyrie
A propos de Louis
Après deux années de classe préparatoires B/L, ainsi qu’une licence de sciences sociales mention économie à l’université Paris-Dauphine, Louis a suivi le master Carrières judiciaires et juridiques de l’Ecole de droit de Sciences Po Paris, assorti d’un mémoire de recherche sur le droit pénal de l’environnement. Tout juste diplômé, il prépare actuellement les concours de la haute fonction publique, toujours à Sciences Po.
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