La croissance économique : les fluctuations et les crises : exercice
Résumé de cours Exercices et corrigés
Il est important de s’entraîner au cours sur la croissance économique, les fluctuations et les crises. Plus vous aurez compris l’ensemble du cours, plus vous serez aptes à rédiger une dissertation de qualité comprenant les notions importantes du chapitre.
Crise économique : sujet de dissertation
Les sujets d’ESH qui tombent aux concours sont presque exclusivement des sujets transversaux, nécessitant des connaissances sur l’intégralité du programme.
Veillez donc à les traiter en utilisant vos connaissances sur tous les chapitres, afin de vous entraîner au mieux.
Voici un sujet susceptible de tomber :
« En quoi les crises économiques et financières majeures marquent-elles une étape dans le développement économique et social ? On se placera dans une double perspective historique, depuis le début du XIXe siècle, et économique. »
(HEC, épreuve écrite du concours 2002.)
Correction dissertation sur la crise économique.
Remarques :
Une crise économique et financière majeure remet en question les bases sur lesquelles reposaient avant elle le financement et le fonctionnement de l’économie.
On peut ranger dans cette catégorie les crises de 1873, 1929, 1973 et probablement 2007, en remarquant qu’au moins les deux premières font coïncider les points de retournement d’un cycle Kondratiev et d’un cycle Juglar.
Le mot étape est à prendre dans le sens d’une rupture et d’un dépassement des obstacles qui entravaient la croissance économique.
Le sujet porte sur le fait de savoir si les crises sont porteuses d’enseignements dont les agents peuvent tirer parti pour avancer sur la voie du progrès économique et du développement social.
Il amène à se demander si les crises majeures marquent effectivement des étapes permettant de surmonter les contradictions et les limites du mode de développement qui prévalait avec elles.
Proposition de plan :
I. Les crises sont effectivement des étapes marquantes du processus de destruction créatrice
- A. Cela se traduit dans l’ordre technologique
Cet aspect a été mis en évidence par Kondratiev et par Schumpeter. Dans la phase A, une grappe d’innovations motrices entraîne toute l’économie dans un mouvement ascendant ; la crise économique survient lorsque ses effets se sont épuisés.
Pendant la phase B, se mettent en place les conditions favorables à l’éclosion de la vague suivante de progrès technologiques.
On peut illustrer ce point en remarquant qu’après plusieurs décennies de remises en ordre et de perturbations, 1873 mène à la deuxième révolution industrielle ; 1929 aux Trente Glorieuses et 1973 à l’éclosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
- B. La destruction créatrice concerne aussi les institutions
C’est ce que montre l’approche dite institutionnaliste, et en particulier celle de l’école de la régulation.
1873 marque l’entrée dans l’ère industrielle et la mise en place d’un nouveau mode de régulation concurrentiel caractérisé par la flexibilité des prix, un fort degré de concurrence, une gestion rigoureuse de la monnaie, un protectionnisme modéré qui n’empêche pas l’ouverture des économies et un rapport salarial fondé sur la précarité.
À l’issue de la dépression des années 1930 s’impose un mode de régulation monopoliste indissociable de la forte croissance économique des Trente Glorieuses. Les pouvoirs publics sont alors à même de mettre en œuvre des politiques appropriées, aussi bien au plan conjoncturel que structurel.
L’école de la régulation met donc l’accent sur le rôle des pouvoirs publics et sur leur capacité à renouveler (ou non) le cadre institutionnel préexistant à la crise et dont elle a montré les limites.
Dans cette optique, la crise économique peut pousser à la mise en place d’un nouveau mode de régulation capable d’assurer la cohérence de tous les éléments du système et de gérer les tensions et les déséquilibres que suscite son fonctionnement. Mais rien ne garantit que de nouveaux arrangements institutionnels puissent émerger rapidement, et la phase d’incertitude et de tâtonnement peut durer très longtemps.
L’issue des crises, leurs aspects positifs ou non en termes de développement, dépendent du contexte et de la capacité de réaction des sociétés et de leurs agents. Rien donc ne garantit qu’elles favorisent le développement économique et social. En outre, leurs coûts peuvent être extrêmement élevés.
Avant d’être porteuse de solutions nouvelles, la crise économique de 1929 a d’abord mené à la Seconde Guerre mondiale. On peut aussi remarquer que si les pays dominants peuvent être poussés par les crises à adopter des changements permettant la poursuite de leur développement, pour les pays en développement les crises sont toujours nuisibles.
II. On peut donc contester que les crises soient des étapes sur la voie du progrès
A. Les crises sont des accidents
Au plan théorique, c’est ce qui ressort des analyses des libéraux contemporains, aux yeux desquels les crises sont dues soit à des erreurs commises par des institutions publiques, soit à des chocs aléatoires.
Ainsi les monétaristes, avec Friedman, imputent à des erreurs des responsables de la politique monétaire l’aggravation catastrophique de la crise économique en 1931 et l’ampleur de la récession qui a suivi les chocs pétroliers.
Niant aussi que les crises puissent être provoquées par un fonctionnement défectueux des marchés, les modèles de la nouvelle économie classique les interprètent comme la conséquence de chocs aléatoires d’origine monétaire (Lucas) ou réelle (Kydland et Prescott).
Dans cette optique, les crises ne sont pas des points de passage obligés du développement. Au plan des faits, c’est aussi ce qui ressort de la prise en compte des crises essentiellement financières survenues depuis 1982 dont l’analyse fait l’objet du chapitre 9 du livre.
Rien en fait, ne garantit l’émergence de solutions à travers ces crises, ce qui pourtant, est la condition pour qu’elles se transforment en étapes du développement économique et social.
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