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Cours en ligne sur l’art et la technique en philosophie en terminale
Cours en ligne de Philosophie en Terminale
Ce cours en ligne est consacré au chapitre de l’art et la technique du programme de philosophie en terminale. Il aborde les notions d’art et de technique en philosophie, la technique moderne, une leçon sur les notions d’art et de technique. Ainsi que des exercices avec leurs corrigés pour vous entraîner efficacement en vue de l’épreuve du bac en philosophie. En complément de ce cours en ligne, vous avez aussi la possibilité de bénéficier d’un accompagnement personnalisé avec un professeur particulier en philosophie via Groupe Réussite.
I – Introduction aux notions d’art et de technique en philosophie
Définition de la technique : La technique peut être définie comme l’ensemble des moyens et procédés utiles à l’homme ayant pour objet d’améliorer sa vie et son quotidien.
Définition du progrès technique : Le progrès technique peut être défini comme un type d’amélioration et perfectionnement de la technique à travers le temps.
Définition de l’outil : Un outil peut être défini comme un objet fabriqué par l’homme dont il use pour accomplir un travail spécifique. Il a pour fonction d’améliorer le quotidien.
Définition de l’art : L’art peut être l’ensemble des objets produits et créés par l’homme non utiles à celui-ci qui ont pour fin le beau ou l’universel.
Définition de l’artisan : Un artisan désigne un individu qui fabrique de ses mains et à l’aide d’outils des objets techniques, c’est-à-dire utiles à l’homme, à l’aide de méthodes et de plans de travail.
Définition de l’artiste : À la différence de l’artisan, un artiste est un individu qui crée, à l’aide de son imagination, de ses émotions, de son intuition et de sa sensibilité, des objets qui ne lui sont pas nécessairement utiles.
Définition de l’œuvre artistique : Une œuvre peut être définie comme un objet créé par l’homme.
Définition de la fabrication : La fabrication désigne un processus de travail au travers duquel l’homme produit des objets grâce à l’élaboration de plans et de méthodes.
Définition de la création : À la différence de la fabrication, la création désigne un processus de travail au travers duquel l’homme produit un objet original.

II – Les termes clés des notions d’art et de technique
- Technique traditionnelle
- Technique moderne
- Arraisonnement (gestell)
- Perte de rapport à l’être
- Connaissance théorique
- Connaissance pratique (technè)
- Savoir pratique (technè)
- Mimésis, mimésis réaliste, mimésis idéaliste, mimésis transformatrice
- Artiste et artisan
- Mouvement spontané
- Intention initiale
- Sublimation
- Monopole du sens
- Interprétations multiples
III – Focus : La technique moderne (Martin Heidegger, La Question de la technique, 1954)

« L’essence de la technique moderne n’a rien de technique »
Dans La Question de la technique, Heidegger distingue la technique traditionnelle de la technique moderne et montre que la technique représente le plus grand danger pour l’homme.
La distinction entre technique moderne et technique traditionnelle
Le terme technique vient du mot grec techné (τέχνη). En faisant référence à Aristote, Heidegger montre qu’à son origine la technique est une manière de dévoiler la vérité. En effet, elle désigne un savoir-faire, c’est-à-dire pratique, possédé par l’artisan qui, grâce à ses multiples expériences est capable de faire émerger des vérités universelles. Par exemple, l’artisan, le médecin ou encore l’architecte ne font pas que manipuler leurs outils, mais comprennent également les règles universelles et les principes sur lesquels reposent leur discipline.
La technique moderne diffère de la technique traditionnelle, car celle-ci n’a pas pour objet de dévoiler des vérités universelles, mais de transformer le monde en un “tout exploitable”. L’énergie et l’homme sont transformés en un stock d’énergie exploitable ou de productivité, que l’auteur nomme arraisonnement (gestell). Par exemple, une rivière devient une centrale hydroélectrique, une forêt un stock de bois et l’homme est réduit à sa force de travail.
La technique moderne représente un danger pour l’homme
Le danger de la technique moderne consiste à réduire le monde à un “tout exploitable”, y compris l’homme. En d’autres termes, la technique moderne change profondément notre regard sur le monde au risque de ne percevoir les choses qu’au regard de l’utilité qu’elles représentent pour nous. L’auteur explique alors que « le plus gros danger n’est pas dans les machines, mais dans notre perte de rapport à l’être » (La Question de la technique). En effet, l’homme n’est plus préoccupé par son existence et la manière dont il s’y rapporte. Il délaisse ainsi des activités jugées essentielles à l’être, telles que l’art et la poésie. L’art, et notamment la poésie, permettent de dévoiler sous un nouveau regard des vérités que recèle le monde.
IV – Leçon sur les notions d’art et de technique : L’artiste maitrise t-il son oeuvre ?
« Maîtriser » quelque chose, c’est savoir produire, fabriquer ou manier cette chose et avoir la faculté de la reproduire à l’identique, généralement selon une science, des méthodes ainsi que des moyens définis. La technique est nécessaire à la maîtrise, dès lors qu’elle regroupe l’ensemble des moyens et procédés utiles à l’homme, c’est-à-dire ayant pour but de l’aider à accomplir un travail ou une tâche spécifique.
I. L’artiste maîtrise son oeuvre
A. La production d’une oeuvre nécessite de la technique
-> Aristote, La Poétique, La Métaphysique (A) : Dans La Poétique, Aristote distingue la connaissance théorique (epistêmê) de la connaissance pratique ou technique (technê). Alors que la connaissance théorique a pour objet la recherche de la vérité, la connaissance pratique ou technique a pour objet de produire un objet. L’art est ainsi une connaissance pratique qui a pour but de produire un objet précis, suivant des règles et des principes, c’est-à-dire selon un savoir organisé de manière rationnelle, distinct d’une simple inspiration ou d’une improvisation. Dans La Métaphysique, il précise que la connaissance pratique (technê) n’est pas innée et ne peut s’acquérir qu’au travers de multiples expériences. En d’autres termes, la production d’une œuvre artistique nécessite un apprentissage progressif de l’artiste, au travers duquel celui-ci acquiert un véritable savoir-faire.
-> Exemple : Aristote prend l’exemple du poète tragique qui, pour créer une œuvre tragique, doit maîtriser les règles de la tragédie, c’est-à-dire écrire une histoire en respectant les principes de la tragédie (l’unité de l’intrigue, la catharsis, qui est la purification des émotions, et le choix des actions et des personnages).
B. L’artiste impose sa vision du monde
-> Aristote, La Poétique : Aristote distingue l’artiste (poiêtês) de l’artisan (dêmiourgos) en montrant qu’à la différence de l’artisan, dont la fonction est de produire des objets utiles grâce à l’acquisition d’une connaissance pratique qui lui permet de reproduire ces objets autant qu’il le souhaite, l’artiste transforme et interprète la réalité à travers son œuvre (mimésis). À travers son œuvre, celui-ci imite la nature (mimésis). Soit il choisit de représenter les choses telles qu’elles existent réellement (imitation réaliste (ὡς γέγονε)), soit il décide de représenter des choses qui pourraient être en les rendant plus nobles et en les magnifiant (imitation idéalisée (ὡς ἂν γένοιτο)), soit encore il choisit de déformer ou de transformer la réalité, notamment à travers la création de mythes et d’allégories (imitation transformatrice (ὡς ὁποῖόν τι)).
-> Exemple : Aristote prend l’exemple des peintres et compare deux types de peintres, les peintres réalistes (comme les Héracléites) et les peintres idéalistes (comme les Polygnotos). Les premiers représentent tout ce qui existe, y compris les défauts. Les seconds, quant à eux, ne se contentent pas de représenter ce qui existe, mais embellissent le beau et rejettent la laideur.
II. Cependant, la maîtrise de son oeuvre n’est pas totale
A. En réalisant son oeuvre, l’artiste est épris d’un mouvement spontané
-> Platon, La République (X) : Dans La République, Platon montre que l’artiste se distingue de l’artisan, car l’artisan produit des objets grâce à la technique, alors que l’artiste produit des objets parce qu’il est épris d’une inspiration qu’il ne contrôle pas (enthousiasmos, ἐνθουσιασμός). En effet, selon Platon, la technique est un savoir pratique, c’est-à-dire basé sur l’expérience et rationnel, c’est-à-dire structuré par des règles précises. Dit autrement, l’artisan sait pourquoi il produit un objet et pourquoi cet objet est produit de cette manière-ci. Or, l’artiste lorsqu’il crée est mû par un mouvement spontané, une inspiration divine selon Platon. Ce mouvement spontané n’est pas structuré par des règles précises, c’est-à-dire rationnel, ni fondé sur l’expérience, c’est-à-dire un savoir-faire.
-> Exemple : Platon prend l’exemple du poète et le compare à un chanteur de poésie lyrique (rhapsode). Au même titre que le chanteur de poésie lyrique qui récite Homère sans comprendre profondément ses vers, le poète produit des vers parce qu’il est inspiré, possédé par les dieux, sans pleinement en saisir le sens et la portée.
B. L’oeuvre ne reflète pas toujours l’intention initiale de l’artiste
-> Paul Valéry, Degas, Danse, Dessin (1938) ; Introduction à la Méthode de Léonard de Vinci (1894) : Paul Valéry explique que l’œuvre créée par l’artiste ne reflète pas toujours son intention initiale. Initialement, avant de créer, l’artiste se fait en esprit une idée de sa création. Au commencement de sa réalisation ainsi qu’au cours de celle-ci, des contraintes d’ordre technique (un stylo, une couleur, etc.), temporelles ou encore psychologiques (perfectionnisme, correction, etc.), ou même des imprévus, vont venir perturber, transformer ou modifier cette intention initiale. Une différence existe alors entre l’œuvre effectivement créée par l’artiste et l’œuvre qu’il avait initialement imaginée.
-> Exemple : Dans Degas, Danse, Dessin, Paul Valéry se sert de l’étude du peintre Degas et montre que celui-ci reprenait sans cesse ses dessins et tableaux, modifiant notamment les poses des danseurs, même après avoir déclaré ses œuvres terminées. Selon ses mots, une œuvre n’était jamais terminée, mais seulement abandonnée.
III. Finalement, l’oeuvre dépasse l’artiste
A. L’oeuvre exprime des choses dont l’artiste n’a pas conscience
-> Freud, Le Poète et l’Activité Fantasmatique (1908) ; Cinq Leçons sur la psychanalyse : Freud, quant à lui, montre que l’artiste n’a pas toujours conscience de ce qu’il exprime dans son œuvre. Il compare l’artiste à un névrosé, c’est-à-dire une personne qui a conscience de souffrir, mais qui ignore les causes de cette souffrance, souvent liées à des désirs réprimés durant l’enfance. À travers son œuvre, l’artiste exprime et transforme ses désirs réprimés (sublimation). L’artiste ne sait pas toujours pourquoi il choisit certains motifs, thématiques, personnages ou représentations spécifiques lorsqu’il crée son œuvre.
-> Exemple : Freud prend notamment l’exemple des romans de Dostoïevski, en particulier Les Frères Karamazov qui raconte les rivalités, notamment amoureuses, entre des fils et leur père méprisable, l’un des fils finissant par tuer son père (parricide). Selon Freud, ce roman reflète le propre conflit intérieur de Dostoïevski, qui s’est senti soulagé et coupable lors de la mort de son père.
B. L’oeuvre échappe à son auteur
-> Roland Barthes, La mort de l’auteur (1967) : Barthes montre que l’artiste, une fois qu’il a achevé son œuvre (créateur), meurt symboliquement. En effet, bien qu’il soit à l’origine de sa création, celle-ci, une fois achevée, peut être interprétée de multiples manières par les différents lecteurs, spectateurs ou récepteurs de l’œuvre, notamment en raison de leur propre histoire de vie, de leurs inclinations ou de leur sensibilité. En d’autres termes, l’auteur n’a pas le monopole du sens à donner à son œuvre. Plus encore, l’œuvre évolue avec le temps, les générations ; ainsi, sa vie et son interprétation dépendent du contexte social, historique et culturel. L’œuvre échappe alors à son créateur, car elle est constamment l’objet de réinterprétations.
-> Exemple : Barthes prend l’exemple de l’œuvre autobiographique de l’écrivain Proust, À la recherche du temps perdu. À ce titre, il montre que l’œuvre de Proust n’est pas seulement une œuvre autobiographique. Il se sert du pronom personnel « je », employé à répétition par Proust, afin de montrer qu’il dépasse la simple personne de l’auteur. Il devient un médium à travers lequel chaque lecteur peut s’identifier, projeter sa propre histoire et lui attribuer un sens qui lui est propre.
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V – Citations sur les notions d’art et de technique en terminale
- « Proust lui-même, malgré le souci de rattacher son œuvre à sa vie, a fait de la littérature un espace où l’on perd son identité. » Barthes, La Mort de l’Auteur (1967)
- « L’artiste est un homme qui se détourne de la réalité parce qu’il ne peut s’y adapter ; il laisse émerger en lui des désirs inconscients et les transpose dans son œuvre. » Freud, Le Poète et l’Activité Fantasmatique (1908)
- « Toute œuvre est imprévisible. Aucun artiste ne sait exactement ce qu’il fait. » Paul Valéry, Variété
- « L’expérience engendre la technique, tandis que celui qui en est dépourvu demeure sans art. » Aristote, Métaphysique (I, 1, 981a)
- « L’art imite la réalité, mais il n’en est qu’une pâle copie, éloignée de la vérité. » Platon, La République (Livre X) « Nous avons l’art pour ne pas mourir de la vérité. » Nietzsche, La Naissance de la Tragédie (1872)
- « L’œuvre d’art fait surgir un monde et instaure la vérité dans l’œuvre. » Heidegger, Origine de l’œuvre d’art (1935-1936)VI – Vers le bac : Les grands axes de la notion de bonheur
VI – Pour aller plus loin sur l’art et la technique en philosophie…
- Walter Benjamin, L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique (1936)
- Hegel, Esthétique (1835)
- Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques (1958)
- Maurice Merleau-Ponty, L’Œil et l’Esprit (1961)
VII – Vers le bac : Les grands axes de notions d’art et de technique
- L’art & la technique : “Peut-on reprocher à l’art d’être inutile ?” ; “La technique nous est-elle plus nécessaire que l’art ?” ; “L’art doit-il refuser toute règle ?” “Un objet technique peut-il être objet d’art ?”
- La technique & le progrès : “Le progrès technique peut-il combler toutes les attentes de l’humanité ?” ; “Le progrès technique est-il la condition du bonheur ? ”
- L’homme & la technique : “La technique nous libère-t-elle ?” ; “La technique rend-elle plus humain ?” ; “Le progrès technique peut-il être aliénant ?” ; “La technique accroît-elle notre liberté ?”
VIII – Exercice : Explication de texte sur l’art et la technique en philosophie
À partir du texte suivant, et du passage surligné :
- Dégager les différentes étapes argumentatives mises en place par l’auteur
- Après cela avoir dégagé les différentes étapes argumentatives mise en place par l’auteur, expliquer le premier moment de l’argumentation
« Inventer est tout autre chose que découvrir. Car ce qu’on découvre est considéré comme déjà existant sans être révélé, par exemple l’Amérique avant Colomb ; mais ce que l’on invente, la poudre à canon par exemple, n’était pas connu avant l’artisan qui l’a fabriqué. Les deux choses peuvent avoir leur mérite. On peut trouver quelque chose que l’on ne cherche pas (comme l’alchimiste le phosphore) et ce n’est pas un mérite. – Le talent d’inventeur s’appelle le génie, mais on n’applique jamais ce nom qu’à un créateur, c’est-à-dire à celui qui s’entend à faire quelque chose et non pas à celui qui se contente de connaître et de savoir beaucoup de choses ; on ne l’applique pas à qui se contente d’imiter, mais à qui est capable de faire dans ses ouvrages une production originale ; en somme à un créateur, à cette condition seulement que son œuvre soit un modèle. » Kant
IX – Correction exercice sur l’art et la technique en philosophie
- Les différentes étapes argumentatives mises en place par l’auteur
Moment central du passage surligné : Il existe une différence entre inventer et découvrir =
- Kant soutient une idée (« Inventer est tout autre chose que découvrir »).
- L’auteur argumente l’idée soutenue en expliquant la distinction entre inventer et découvrir (« Car ce qu’on découvre est considéré comme déjà existant sans être révélé, mais ce que l’on invente n’était pas connu avant que l’artisan ne l’ait fabriqué »).
- L’auteur illustre son argument (« par exemple l’Amérique avant Colomb (…) la poudre à canon par exemple »).
L’explication du premier moment de l’argumentation de l’auteur
Premier moment de l’argumentation : Kant soutient une idée (« Inventer est tout autre chose que découvrir »).
Explication : Une distinction est établie entre deux termes : le terme « inventer » et le terme « découvrir ». En effet, le verbe inventer désigne le fait, pour une personne, de construire un nouvel objet soi-même grâce à son imagination, alors que le verbe découvrir désigne le fait, pour une personne, de révéler l’existence d’une chose, d’un être vivant ou d’un objet. Les deux termes ont des sens proches, car tous deux signifient la capacité d’une personne à sortir d’un état d’ignorance. Kant, cependant, va les distinguer radicalement et montrer que ces deux termes n’ont pas de signification commune, mais qu’au contraire chacun a sa signification propre (« tout autre chose »).
Les programmes au lycée sont très riches et denses, et ceci dans l’ensemble des matières, et notamment en philosophie en terminale. Pour éviter de prendre un trop grand retard, les lycéens peuvent utiliser des cours en ligne pour se remettre à niveau ou tout simplement pour réviser :
