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Cours en ligne sur la nature et le devoir en philosophie en terminale
Cours en ligne de Philosophie en Terminale
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I – Introduction aux notions de nature et de devoir en philosophie
Introduction à la notion de nature
Définition de la nature : La nature désigne l’ensemble des phénomènes physiques et des êtres vivants qui composent notre environnement.
Définition de l’artificiel : Par opposition à la nature, l’artificiel désigne les choses qui ont été produites par l’homme et n’ont pas été engendrées par la nature.
Définition de la nature humaine : La nature humaine peut être définie comme l’ensemble des traits caractéristiques que les hommes ont en commun (par ex. la sensibilité, la raison) indépendamment de leur particularité.
Introduction à la notion de devoir
Définition du devoir : Le devoir peut être défini comme une obligation que l’individu s’impose à lui-même à propos de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Le devoir poursuit donc une finalité éthique ou morale.
Définition de la contrainte) À la différence du devoir, la contrainte est ce qui est imposé à l’individu par la force (physique ou morale) et qui l’oblige à agir sans que celui-ci ait le choix.
Définition de la morale : La morale (lat. mores : mœurs, relatives aux coutumes) peut être définie comme un ensemble de valeurs et de principes (mores) qui s’appliquent dans la vie quotidienne et qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de l’injuste, etc., auxquels il faudrait se conformer.
Définition de l’éthique : À la différence de la morale, l’éthique (grec. êthos : mœurs, manière d’être) consiste à étudier le bien-fondé des valeurs morales qui guident les comportements humains et peut être définie comme un ensemble de réflexions élaborées en vue du bien agir de l’individu.

II – Les termes clés des notions de nature et de devoir
- Etres artificiels
- Etres qui existent par nature ; êtres qui existent par d’autres causes
- Animal social et politique
- Autrui
- Edifice personnel
- Structures d’accueil
- Homme civilisé et homme sauvage
- Essence prédéfinie de l’homme
- Obligation
- Volonté de s’obliger
- Valeur intrinsèque et valeur instrumentale
- Sujet de droit
- Biens simples ; biens de l’homme
III – Leçons sur la nature et le devoir
Leçon 1 : L’homme n’est-il qu’un être naturel ?
(Introduction) (Définition des termes) L’homme, par définition, est un être sensible, doué de raison. Si nous essayons de définir ce qu’est un être naturel, nous pouvons l’opposer à un être non naturel, c’est-à-dire un être qui ne serait pas le produit ou la création de la nature, à l’exemple des êtres artificiels qui sont façonnés par la main des hommes. Un être naturel se définit comme toute création engendrée par la nature. Cette définition s’appliquerait à tous les êtres naturels, ce qui comprendrait non seulement les hommes, les animaux, mais encore les organismes vivants, même microscopiques. (Mise en relation des termes) Or, si l’homme est un être naturel parce qu’il est engendré par la nature, à l’instar d’autres êtres naturels comme les animaux ou les organismes vivants, celui-ci, néanmoins, se distinguerait par une certaine spécificité, celle d’être, à la différence des autres êtres naturels, doué de raison. Par exemple, l’homme est à même, à l’aide de ses propres mains, de créer des outils, et, à l’aide de ces mêmes outils, de fabriquer des machines. (Annonce de la problématique) Dès lors que tous les êtres naturels sont des produits de la nature et dès lors que l’homme est un être naturel qui est aussi capable de créer des êtres non naturels, l’homme n’est-il qu’un être naturel parmi les autres êtres naturels ?
- I. (Première idée) L’homme est un être naturel
- A. (Argument premier) L’homme est un être naturel qui se distingue des autres êtres artificiels
(Développement de l’argument) En premier lieu, l’homme est un être naturel qui se distingue des êtres artificiels, car, à la différence de ces derniers, l’homme est engendré par la nature, c’est-à-dire par l’ensemble des phénomènes physiques qui caractérisent notre monde. (Référence philosophique) Aristote (Physique, II) érige, à ce titre, une distinction entre les êtres qui existent « par nature » (les hommes, les animaux, les plantes) et les êtres qui existent « par d’autres causes » (le lit, le manteau, le tableau). Les premiers, qui existent par nature, ont une « tendance naturelle au mouvement et au changement », à la différence des seconds. (Exemple) Par exemple, l’homme, ou encore les animaux, ont naturellement la possibilité de se mouvoir, c’est-à-dire d’avancer, de marcher, ou de changer, c’est-à-dire de croître ou de grandir, à la différence du lit ou encore du robot programmé. Le premier ne peut ni naturellement se mouvoir ni changer ; quant au second, s’il peut se mouvoir ou s’il peut encore changer, ce n’est pas naturellement, mais parce qu’il a été programmé, par les mains de l’homme, à se mouvoir ou à changer. (Conclusion de l’argumentation) La nature est donc au principe de toutes les choses qui sont produites naturellement, car elle est, à la différence des êtres artificiels, ce qui produit et engendre les choses naturellement.

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- B. (Argument second) L’homme est un être naturel qui se distingue des autres êtres naturels
(Développement de l’argument) L’homme est un être naturel qui se distingue des autres êtres naturels, car l’homme, à la différence des animaux, vit en société. (Référence philosophique) Aristote (Les Politiques) montre que, quand bien même l’homme et les animaux partagent le même genre animal, l’homme est un animal politique et social par nature, car il dispose du langage (logos signifie en grec langage/discours/raison), qui lui permet d’exprimer et de partager des valeurs communes. La vie politique (polis, qui signifie cité en grec) n’est possible que s’il existe, et que sont partagées, des valeurs communes. (Exemple) Aristote prend l’exemple des valeurs du juste et de l’injuste dont seul l’homme peut véritablement avoir le savoir grâce à sa raison. Les abeilles, à la différence des hommes, ne sont pas des animaux sociaux et politiques, car celles-ci ne disposent pas de la raison (logos) leur permettant de connaître ces valeurs communes, de les exprimer par le langage (logos), et de s’organiser autour d’elles afin de former une communauté politique (polis). (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, l’homme est un être naturel spécifique qui, grâce à sa raison et au langage, a seul la faculté de vivre en communauté.
(Transition) (Conclusion de la première partie) L’homme, à l’instar des autres animaux et des plantes, est un être naturel engendré par la nature, qui, néanmoins, se différencie de ces derniers, et particulièrement des animaux, car il est le seul, parce qu’il dispose du langage et de la raison (logos), à pouvoir former une communauté politique (polis). (Nouvelle problématisation) Nous constatons donc que l’homme serait un être naturellement social, car, par nature, destiné à vivre en communauté. Or, si l’homme est un être social, ce n’est pas seulement par nature, mais c’est aussi parce que cette socialisation est le produit de la culture. La culture peut se définir comme un processus par lequel l’homme développe ses facultés intellectuelles et s’extrait de l’état naturel duquel il serait spontanément resté. (Exemple) Par exemple, l’homme purement sauvage qui n’est jamais sorti d’un état de nature diffère de l’homme cultivé. Or, selon Aristote, ces deux hommes sont des hommes sociaux et politiques par nature. Dès lors, l’homme sauvage et l’homme cultivé sont-ils tous deux réellement des êtres sociaux et politiques ? Plus encore, l’homme cultivé est-il toujours un être naturel dès lors que sa culture est le produit d’un processus par lequel celui-ci développe ses facultés et lui permet de s’extraire de sa condition naturelle ?
- II. (Seconde idée) Une nature humaine partagée entre nature et culture
- A. (Argument premier) Une nature humaine fondamentalement sociale
(Développement de l’argument) L’homme, par nature, est un être fondamentalement social, car celui-ci n’est non seulement pas fait pour vivre à l’état de solitude, mais lorsque celui-ci vit à l’état de solitude, il perd sa nature humaine. (Référence littéraire) L’écrivain Michel Tournier, dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, montre justement que la solitude attaque l’intelligibilité de l’homme, c’est-à-dire ses facultés intellectuelles, et plus particulièrement le langage. À ce titre, l’essence des mots est affectée, car le langage relève fondamentalement de ce que Michel Tournier nomme un « univers peuplé ». Autrui tient une importance fondamentale dans la construction de ce que l’auteur nomme « l’édifice personnel » et qu’il définit comme un complexe d’habitudes, de préoccupations et de rêves qui ne se forment qu’au contact d’autrui. (Exemple) À l’inverse, au contact de la solitude, cet édifice personnel s’effrite et se fragilise. L’auteur prend l’exemple du personnage Robinson, échoué sur une île après que son bateau a fait naufrage. Robinson, retrouvé plongé dans un état de solitude, non seulement perd l’usage des mots, mais également se met à avoir des hallucinations, ses sens (l’ouïe, la vue) n’étant plus à même de lui témoigner de la véracité, c’est-à-dire du caractère indubitable, de ce qu’il perçoit et de ce qu’il entend. (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, plongé dans un état de solitude, l’homme fait face à un processus de déshumanisation, et le contact d’autrui est le seul moyen pour l’homme de ne pas vaciller et de ne pas douter.
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- B. (Argument second) Une nature humaine profondément culturelle
(Développement de l’argument) L’homme, grâce à sa raison, est capable de s’extraire de son état naturel et d’apprendre du milieu de vie dans lequel il se développe. (Référence scientifique) Le biologiste François Jacob (Le Jeu des possibles) va même plus loin en montrant que l’homme est génétiquement programmé pour interagir avec le milieu social dans lequel il vit. L’auteur adopte, à ce titre, un point de vue génétique et montre que l’homme est capable de réagir aux stimuli externes, c’est-à-dire à l’ensemble des phénomènes venus de l’extérieur, qu’il nomme « structures d’accueil ». Au cours de l’apprentissage, l’homme développe ces structures d’accueil. C’est grâce à cet apprentissage que l’homme est à même de développer ces structures d’accueil. Réagissant aux phénomènes venus de l’extérieur, l’homme se développe en interaction constante avec son milieu. C’est au cours de cet apprentissage qu’a lieu une interaction entre la nature biologique de l’homme et le milieu culturel dans lequel il vit. À l’inverse, en l’absence d’interactions avec son milieu, l’homme n’a pas la faculté de développer ces structures d’accueil, c’est-à-dire de réagir à son environnement. L’apprentissage est donc étroitement lié à la capacité qu’a l’homme à interagir avec le milieu extérieur. Ainsi, l’homme dispose, dès la naissance, d’un éventail de possibilités lui permettant d’apprendre, mais ces possibilités ne sont réellement actualisées, c’est-à-dire réellement réalisées, que lorsque celui-ci interagit avec son milieu. (Conclusion de l’argumentation) En conclusion, l’homme a une faculté naturelle d’apprendre qui est rendue possible grâce au milieu dans lequel il vit, et celui-ci est, ainsi, le produit de sa nature et de sa culture.
(Transition) (Conclusion de la deuxième partie) L’homme est donc un être naturel profondément social et qui est le produit d’une culture donnée. (Nouvelle problématisation) La culture est certes un processus par lequel l’homme, par sa raison, et notamment par sa faculté d’apprentissage, s’extrait d’un état de nature sauvage et animal, mais elle est aussi plurielle, car il existe, en effet, des cultures diverses et variées. La culture peut ainsi être définie comme un ensemble de pratiques, de connaissances, de traditions propres à un peuple ou une communauté donnée. Dès lors qu’il existe une diversité de cultures propres à chacun et dès lors que la culture fait partie de la nature de l’homme, la nature de celui-ci, en raison de la diversité et de la pluralité des cultures existantes, ne peut être identifiée à des caractéristiques communes et semblables. Est-il encore possible d’identifier une nature propre à l’homme et générale à tous les hommes, c’est-à-dire universelle, dès lors que chaque homme serait le produit de sa culture ? L’homme peut-il encore être un être naturel qui agirait selon une nature qui lui serait propre, c’est-à-dire une nature humaine ?
- III. (Troisième idée) Une nature humaine finalement remise en question
- A. (Premier argument) Une nature humaine évolutive
(Développement de l’argument) La nature humaine de l’homme civilisé n’est pas la même que celle de l’homme non civilisé, c’est-à-dire de l’homme resté à l’état de sa nature primitive. (Référence philosophique) Le philosophe Jean-Jacques Rousseau (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes) approfondit cette analyse en montrant qu’il existe une différence entre l’homme social et l’homme sauvage : tous deux n’ont pas les mêmes inclinations et le même fond de cœur, explique-t-il. L’homme sauvage, à la différence de l’homme social qui vit pour les autres, vit pour lui-même. En effet, la caractéristique de l’homme social ou de l’homme civilisé est qu’il dépend de l’opinion des autres. Cette dépendance est à l’origine du sentiment d’existence que l’homme a de lui-même : du jugement des autres, nous tirons le sentiment de notre propre existence. Plus encore, l’homme sauvage, à la différence de l’homme civilisé, qui cherche à se satisfaire constamment de besoins superflus, se contente de satisfaire ses besoins primaires. (Exemple) Rousseau prend pour exemple le dîner. À la fin du dîner, l’homme sauvage se contente paisiblement de ce qu’il a reçu à manger, tandis que l’homme civilisé est dans une recherche croissante de la satisfaction de ses besoins, allant des besoins nécessaires aux besoins les plus superflus.

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- B. (Deuxième argument) Une nature humaine en construction
(Développement de l’argument) La nature humaine est une nature humaine en construction qui n’est ni innée, c’est-à-dire attribuée dès la naissance, ni prédéfinie, c’est-à-dire attribuée à l’homme en vertu de sa nature. (Référence philosophique) Dans L’existentialisme est un humanisme, Sartre montre que l’homme se définit au travers de son existence. Selon Sartre, en effet, il n’existerait pas d’essence prédéfinie de l’homme. L’essence peut être définie comme un concept ou encore une idée générale qui définit les caractéristiques générales des éléments de notre vie (par ex. le bien, le mal, la volonté). L’essence prédéfinie de l’homme serait ainsi une idée générale qui définirait ce qu’est l’homme dans sa vie. (Exemple) Pour illustrer son propos, Sartre prend l’exemple du coupe-papier. Lorsque nous fabriquons un coupe-papier, nous le fabriquons à partir d’une recette qui permet au coupe-papier d’exister. C’est seulement grâce à cette recette que le coupe-papier peut exister. En d’autres termes, l’essence du coupe-papier précède son existence, car le coupe-papier n’existerait pas sans une recette pour le concevoir et le faire exister. À l’inverse du coupe-papier, l’homme n’a pas besoin d’une recette prédéfinie pour exister. Ce sont les choix qu’il fait tout au long de son existence qui le définissent. (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, l’homme n’est pas défini par une nature humaine prédéfinie par essence, c’est-à-dire par une conception prédéfinie de ce qu’est l’homme, mais l’homme se définit lui-même comme être humain tout au long de son existence.
Leçon 2 : Avons-nous des devoirs envers la nature ?
(Introduction) (Définition des termes) De manière générale, le devoir peut être défini comme une obligation que l’individu s’impose à lui-même à propos de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Les devoirs sont définis au regard de principes moraux et de règles éthiques qui nous enjoignent à agir bien (éthique) ou conformément à ce qui est bien (morale). À la différence de la contrainte, qui oblige l’individu à agir sans qu’il en ait le choix, l’imposition de faire ou de ne pas faire quelque chose vient de notre propre prescription, car il nous appartient de choisir d’agir ou de ne pas agir. La nature, quant à elle, peut être définie comme l’ensemble des phénomènes physiques qui composent notre environnement. Bien qu’elle fasse partie intégrante de notre environnement, la nature, à la différence des hommes, n’est pas une personne et ne peut ni s’obliger, ni jouir de droits, ni s’en prévaloir. (Mise en relation des termes) Les hommes seuls, et non la nature, auraient la faculté de s’imposer à eux-mêmes des obligations et de choisir de respecter ou de ne pas respecter la nature, alors même qu’ils sont des êtres naturels et qu’ils sont une partie intégrante de la nature qui les compose. (Annonce de la problématique) Les hommes, en tant qu’êtres naturels, ont-ils des devoirs envers la nature dès lors que seuls les hommes peuvent s’obliger envers eux-mêmes ?
- I. (Première idée) Nous n’avons pas de devoir envers la nature
- A. (Argument premier) Les hommes ne peuvent avoir de devoirs qu’envers les hommes
(Développement de l’argument) Nous l’avons vu, le devoir est une prescription que l’homme s’impose à lui-même. Cette prescription que les hommes s’imposent à eux-mêmes n’est possible que lorsque ceux-ci choisissent de se l’imposer. En l’absence de choix et de consentement de l’homme, le devoir se muterait en une obligation extérieure et non envers soi-même, c’est-à-dire en une contrainte imposée aux hommes. (Référence philosophique) Selon Kant (Fondements de la métaphysique des mœurs), il montre à ce titre que le devoir, c’est-à-dire l’obligation envers nous-mêmes, ne peut reposer que sur la volonté de s’obliger. Or, selon l’auteur, seuls les hommes sont capables de s’obliger envers eux-mêmes, car seuls eux sont doués de volonté. La nature, quant à elle, n’est pas douée de volonté et ne peut donc s’obliger envers elle-même. Ainsi, le devoir est proprement humain, car seuls les hommes ont la volonté de s’obliger. Cela doit-il pour autant signifier que les hommes, dès lors qu’ils ont seuls la faculté de s’obliger, ne peuvent s’obliger qu’envers eux-mêmes et non envers autre chose ? Kant, toujours dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, montre que les hommes peuvent référer leurs devoirs non directement à eux-mêmes, mais à des objets impersonnels, c’est-à-dire « extra-humains ». Kant fait indirectement référence à la nature en désignant notamment par objets impersonnels « la matière naturelle », « la matière organisée par la reproduction mais dépourvue de sensation » ou « la partie de la nature » qui est « douée de sensation et d’arbitre », à l’exemple des minéraux, des animaux ou des plantes. Quand bien même les hommes peuvent référer leurs devoirs à la nature, les devoirs des hommes envers la nature restent des devoirs de l’homme envers lui-même, car la destruction de la nature contribue à l’affaiblissement des hommes ; Kant parle à ce titre d’un « affaiblissement de la sensibilité des hommes ». (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, le devoir indirect des hommes envers la nature est un devoir de l’homme envers ses propres exigences morales, c’est-à-dire un devoir de l’homme envers lui-même.
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- B. (Argument second) L’homme n’est pas directement obligé envers la nature
(Développement de l’argument) L’homme n’a pas l’obligation de respecter la nature car la nature ne dispose pas de droits et ne peut s’en prévaloir. En effet, à quelques exceptions près, seuls les hommes sont des sujets de droit et disposent de la personnalité juridique, c’est-à-dire de la reconnaissance de droits et d’obligations qui permet à une personne physique ou morale (associations ou institutions par ex.) d’agir en justice afin de défendre ses droits et de faire reconnaître les obligations auxquelles d’autres seraient tenus envers elle. (Exemple 1) Par exemple, l’article 1240 du Code civil permet à toute personne qui a subi un dommage résultant de la faute d’une autre personne d’obtenir réparation du dommage qui lui a été causé. À la différence des hommes, la nature n’est pas un sujet de droit et ne peut agir en justice pour demander réparation des dommages qui lui sont causés. Néanmoins, les associations et les collectivités territoriales disposent désormais, et de plus en plus, de droits leur permettant d’agir en justice afin qu’elles puissent faire reconnaître les dommages causés à l’environnement. (Exemple n°2) Par exemple, le 16 janvier 2018, le tribunal de grande instance de Paris a admis la réparation d’un préjudice écologique pur, indépendamment des répercussions causées sur les intérêts des hommes. L’ensemble de ces actions n’est néanmoins possible qu’au travers de droits dont seuls les hommes, et par extension les associations ou les institutions qui disposent de la personnalité morale, peuvent se prévaloir, et non au travers de droits directement reconnus à la nature, qui reste un objet de droit. (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, l’homme n’est pas directement obligé envers la nature, mais celui-ci peut tout de même agir en justice pour obtenir réparation des atteintes qui lui sont causées.

(Transition) (Conclusion de la première partie) L’homme n’aurait donc véritablement que des devoirs envers lui-même et non directement envers la nature. (Nouvelle problématisation) La nature et ce qui la compose (plantes, organismes, matière inerte, biodiversité) sont pourtant essentiels à la vie des hommes. (Exemple) L’eau que l’homme boit, la qualité de l’air qu’il respire, l’approvisionnement en nourriture et en matériaux divers, la stabilité du climat sont autant d’éléments qui le rendent dépendant de la nature. Dès lors que la nature est essentielle à la vie et au bien de l’homme, et dès lors que celle-ci, aujourd’hui, se trouve menacée, nous obliger à agir en vue du bien ou s’obliger à bien agir, ne serait-ce pas s’obliger envers la nature ?
- II. (Seconde idée) Nous avons des devoirs envers la nature en lui reconnaissant une valeur
- A. (Argument premier) La nature a une valeur
(Développement de l’argument) La nature n’est pas qu’un objet de droit, elle a une valeur et doit être estimée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un ensemble de phénomènes physiques composés d’organismes vivants et inertes dont l’homme fait partie et dont il ne peut s’extraire. (Référence philosophique) C’est à ce titre que le professeur et philosophe Holmes Rolston III (Éthique environnementale) reconnaît à la nature une valeur intrinsèque. La valeur intrinsèque de la nature doit être différenciée de sa valeur instrumentale. L’on confère à une chose une valeur instrumentale lorsqu’on fait de cette chose un moyen pour parvenir à une fin. (Exemple n°1) Par exemple, il est conféré à l’arbre une valeur instrumentale lorsque l’on se sert de lui, c’est-à-dire du bois qui le compose, pour atteindre une fin qui lui est extérieure, c’est-à-dire la construction d’habitations faites en bois. La valeur intrinsèque est, quant à elle, une valeur que l’on trouve « à même le monde naturel ». La nature comporte donc une valeur en elle-même, indépendamment de la valeur instrumentale que les hommes lui confèrent. (Exemple n°2) L’auteur prend pour exemple la vie. La vie a une valeur intrinsèque dès lors qu’elle est défendue pour ce qu’elle est en elle-même. (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, en reconnaissant à la nature et aux « communautés de vie » qui la composent une valeur intrinsèque, les hommes auraient une responsabilité à l’égard des « communautés de vie » qui coexistent sur la Terre.
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- B. (Argument second) La nature est partie intégrante de l’homme
(Développement de l’argument) Nous l’avons vu, l’homme est un être naturel engendré par la nature. Celui-ci, dès lors qu’il est composé d’un principe naturel qui l’anime, est partie intégrante de celle-ci. (Référence philosophique) Le philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité) distingue les simples biens des biens de l’homme. Les premiers biens sont des biens qui ont été conférés à l’homme « dans son simple intérêt », alors que les seconds biens sont des biens qui sont considérés comme le propre bien de l’homme. La nature est ainsi le bien de l’homme et, si celui-ci souhaite agir en vue du bien, c’est-à-dire moralement, il doit agir en vue de la nature. Cette obligation d’agir collectivement en vue de la nature est établie à partir du constat selon lequel, à l’âge de notre civilisation où la technique règne en maîtresse, l’homme est devenu un danger pour lui-même, mais également pour la nature entière. (Exemple) Nous pouvons prendre l’exemple de la déforestation de masse qui sévit dans les forêts amazoniennes. Selon l’association WWF, entre 2004 et 2017, l’Amazonie brésilienne a perdu 15,4 % de son couvert forestier. Des millions d’arbres sont abattus ou brûlés chaque année pour laisser place à de vastes zones de culture et de pâturage, ce qui contribue fortement au changement climatique par la libération de tonnes de carbone dans l’atmosphère. (Conclusion de l’argumentation) Ainsi, à la différence de la thèse défendue par Kant, l’homme n’est donc plus seulement responsable envers lui-même et n’a plus seulement de devoirs qu’envers lui-même, mais sa responsabilité et ses devoirs s’étendent également envers le bien des choses extra-humaines, lesquelles sont considérées comme le propre bien de l’homme.
IV – Citations sur les notions de nature et de devoir
Citations sur la notion de nature
- « Il y a moins de désordre dans la nature que dans l’humanité. » — Edgar Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine (1973)
- « L’essentiel est d’être ce que nous fit la nature ; on n’est toujours que trop ce que les hommes veulent que l’on soit. » — J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation [1762]
- « Passez en revue, analysez tout ce qui est naturel, toutes les actions et les désirs du pur homme naturel, vous ne trouverez rien que d’affreux. » — Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne [1863]
- « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » — Victor Hugo
- « Il est évident qu’il existe une nature humaine. » — Noam Chomsky, entretien dans Philosophie magazine, n°107, mars 2017
Citations sur la notion de devoir
- « Devoir ! nom sublime et grand, toi qui ne renfermes rien en toi d’agréable, rien qui implique insinuation, mais qui réclame la soumission, […] la condition indispensable de la seule valeur que les hommes peuvent se donner à eux-mêmes. » — Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique (1788), première partie, I, III, trad. F. Picavet, Félix Alcan, 1888
- « Assurer son propre bonheur est un devoir, car le fait de ne pas être content de son état pourrait devenir une tentation d’enfreindre ses devoirs. » — Kant
- « Vivre de telle sorte qu’il te faille désirer revivre, c’est là ton devoir. » — Nietzsche
- « S’il faut obéir par force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir. » — Rousseau
- « Il n’y a jamais d’autre difficulté dans le devoir que de le faire. » — Alain, Les définitions (1953)
CONFORT DES COURS A DOMICILE EN PHILO
Une interaction directe entre le prof et l'élève
Points méthodes réguliers
Avis Google France ★★★★★ 4,9 sur 5
V – Pour aller plus loin sur la nature et le devoir en philosophie…
- Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique
- François Jacob, Le Jeu des possibles
- Rousseau, Discours sur les origines et les fondements des inégalités parmi les hommes
- Sartre, L’existentialisme est un humanisme
- Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs
- Holmes Rolston, L’Éthique environnementale
- Hans Jonas, Le Principe responsabilité
- Ruwen Ogien, L’Éthique d’aujourd’hui
- Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs
- Michel Serres, Le Contrat naturel
- Descartes, Les Principes de la philosophie
- Cicéron, Traité des devoirs, Paris : Mille et Une Nuits, 2011
- Platon, Criton
VI – Vers le bac : Les grands axes des notions de nature et devoir
- Nature & devoirs : “Avons nous des devoirs envers la nature ?” “Doit-on respecter la nature ?”
- Nature & préservation & domination : “Peut-on à la fois préserver et dominer la nature ? Le projet de maitriser la nature est-il raisonnable ?”
- Naturel & artificiel : “La nature nous fournit-elle des outils ?” “L’art transforme t-il la nature ou la dévoile t-il ? L’homme n’est-il qu’un être naturel ?”
VII – Exercice : Dissertation sur la nature en philosophie
Rédiger l’introduction du sujet suivant
Sujet : « Peut-on à la fois préserver et dominer la nature ? »
VIII – Correction Exercice : Dissertation sur la nature
Définition des termes : La nature désigne l’ensemble des phénomènes physiques et des êtres vivants qui composent notre environnement. Les hommes agissent sur la nature en usant d’elle et en l’exploitant à des fins utilitaires. Par ces actions, ils exercent sur la nature une domination, la nature étant réduite à une ressource exploitable par les hommes afin de satisfaire des besoins. La modification et l’exploitation intensive de la nature ont conduit à la raréfaction des ressources naturelles et à la dégradation de notre environnement naturel. La nécessité de la préserver, c’est-à-dire de mettre en place des mesures pour la protéger afin d’éviter sa destruction, s’impose. (Mise en relation des termes) D’une part, les hommes, afin de satisfaire leurs besoins, exploitent la nature. Dans un même temps, la nature, si elle veut continuer à pouvoir satisfaire nos besoins, doit être préservée. (Formulation de la problématique) Nous est-il possible d’exploiter la nature sans la détruire, afin de continuer à satisfaire nos besoins ?
Les programmes au lycée sont très riches et denses, et ceci dans l’ensemble des matières, et notamment en philosophie en terminale. Pour éviter de prendre un trop grand retard, les lycéens peuvent utiliser des cours en ligne pour se remettre à niveau ou tout simplement pour réviser :
