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Cours en ligne sur la religion en philosophie en terminale
Cours en ligne de Philosophie en Terminale
Ce cours en ligne comprend le chapitre de la religion du programme de philosophie en terminale. Il porte sur la notion de religion en philosophie, des leçons sur la religion, un focus sur la science et la religion, des citations et grands axes sur la notion d’état en philosophie. Vous trouverez aussi des exercices avec leurs corrigés pour travailler la notion de la religion pour le bac de philosophie. En plus de ce cours en ligne, vous pouvez aussi faire appel à des cours en philosophie avec Groupe Réussite pour des leçons personnalisées à domicile.
I – Introduction à la notion de la religion en philosophie
Définition de la religion : La religion recouvre deux sens principaux :
- La religion comme ensemble de croyances : La religion peut être définie comme l’ensemble des croyances d’un individu ou d’une communauté en une ou plusieurs entités supérieures.
- La religion comme ensemble des institutions : La religion désigne également l’ensemble des institutions et des rites qui entourent la vie religieuse d’un individu ou d’une communauté.
Définition de la croyance : La croyance peut être définie comme le fait pour un individu d’être convaincu et/ou persuadé de l’existence d’un être ou d’une chose, sans pouvoir en rapporter la preuve matérielle, c’est-à-dire concrète et physique.
Définition de la foi : La foi désigne l’attitude d’un individu qui adhère totalement à une entité, une personne ou encore une chose.
II – Les termes clés de la notion de religion en philosophie
- Vérités scientifiques
- Vérités révélées
- Vérités immuables
- Expérience vécue du monde
- Expérience mystique
- Critère de falsifiabilité
- Cohésion sociale
- Valeurs universelles
- Société à solidarité mécanique
- Société à solidarité organique
- Rationalisme
III – Focus : La science et la religion en philosophie
Les similitudes entre la science et la religion
La science et la religion sont toutes deux en quête de vérité et cherchent toutes deux à expliquer le monde et l’origine du monde, notamment à travers l’énonciation de grands principes ou de lois universelles.
William James, Le Sacré et le Profane (1957) : William James montre que la science et la religion reposent toutes deux sur l’expérience vécue du monde. Tandis que la science repose sur l’observation et l’expérimentation du monde, la religion repose sur l’expérience mystique, c’est-à-dire inexplicable rationnellement, de l’individu face au monde et le sentiment intérieur qu’il existe une réalité plus grande que celle qu’il rencontre dans son quotidien. La religion, tout comme la science, est, selon James, une manière d’explorer la réalité.
-> Exemple : L’auteur prend l’exemple de témoignages livrés par des saints, croyants ordinaires ou encore mystiques au cours de l’histoire en montrant que les expériences religieuses vécues par ces derniers ont été transformatrices et ont eu des changements réels et positifs sur leur vie (conversion, paix intérieure, engagement moral, dépassement de soi, etc.).
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Les distinctions entre la science et la religion
Les méthodes de la science et de la religion pour accéder à la vérité sont néanmoins différentes. En effet, la science repose sur l’observation et l’expérimentation de faits tirés de l’expérience à partir desquels sont induites des lois universelles ou des théories scientifiques (V. Chapitre sur la science), et suppose ainsi l’établissement d’une méthode rigoureuse pour accéder à la connaissance. La religion, quant à elle, repose sur des vérités révélées, c’est-à-dire des vérités qui sont communiquées à l’homme par une entité supérieure (Dieu, une divinité ou une autre puissance supérieure), des textes sacrés ainsi que la foi, qui repose sur l’adhésion totale des hommes aux objets de leur croyance. À la différence de la science, les vérités et croyances ne reposent pas sur des preuves matérielles ou empiriques, c’est-à-dire vérifiables par l’expérience.
Karl Popper, La Logique de la découverte scientifique (1934) : Karl Popper montre que la science et la religion se distinguent. La religion n’est pas une science, car selon Popper, elle n’est pas réfutable par l’expérience ou l’observation : c’est le critère de falsifiabilité. En d’autres termes, une théorie est scientifique si elle est réfutable par l’expérience, c’est-à-dire si celle-ci prend le risque de pouvoir être contredite par l’expérience ou l’observation. La religion repose sur des vérités révélées et immuables, c’est-à-dire vraies dans n’importe quelles circonstances, et des croyances métaphysiques, c’est-à-dire des énoncés supra-physiques, mais aussi moraux, et celle-ci n’a donc pas pour objet d’être réfutable par l’expérience.
-> Exemple : La théorie de l’évolution par la sélection naturelle de Darwin. Selon cette théorie, les espèces qui possèdent des traits héréditaires, issus des générations précédentes, les plus avantageux, ont plus de chances de survivre et de se reproduire, transmettant ainsi ces caractéristiques à leur descendance. Cette théorie est falsifiable, car elle pourrait être réfutée par des découvertes contraires, par exemple, si l’on trouvait des fossiles d’organismes complexes dans des couches géologiques très anciennes, avant l’apparition des formes de vie plus simples, ce qui irait à l’encontre du modèle évolutif. Or, toutes les observations en biologie et en paléontologie continuent de la confirmer
Tableau récapitulatif de la différence entre la science et la religion selon Karl Popper :

IV – Leçon sur la religion : Une société sans religion est-elle possible ?
- A. Une société sans religion n’est pas envisageable
- 1. Une société a besoin de religion
-> Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912) : La religion a la capacité de rassembler les individus autour de cérémonies communes, de symboles communs ou encore de rituels religieux communs. Lors des événements religieux et collectifs, les émotions de toute la communauté religieuse sont partagées, permettant ainsi de renforcer le sentiment de solidarité sociale. C’est la raison pour laquelle Durkheim montre qu’au sein d’une société, la religion a la capacité de réunir les individus autour de relations communes et participe ainsi au renforcement de la cohésion sociale.
-> Exemple : Durkheim prend l’exemple des rituels religieux dans les sociétés aborigènes d’Australie. Dans ces sociétés, chaque clan vénère un totem, c’est-à-dire un objet ou un animal qui symbolise l’identité du clan. Lors des rituels religieux, les membres du clan se réunissent pour honorer ces totems à travers des cérémonies, renforçant ainsi leur unité et leur sentiment d’appartenance.
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- 2. La religion permet aux hommes de réellement s’associer
-> Henri Bergson, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion (1932) : Bergson montre, quant à lui, que la religion est essentielle à la cohésion sociale, car c’est à travers Dieu seulement que les hommes apprennent à aimer le genre humain. Pour appuyer son propos, il compare l’amour qui nous est enseigné au travers de la religion à l’amour que nous avons pour nos parents et notre nation. À la différence de l’amour que nous entretenons naturellement pour nos parents et pour notre nation, l’amour que nous acquérons à travers la religion est un amour pour le genre humain, qui nous montre des valeurs profondément humanistes et universelles, telles que la dignité et le respect de la personne humaine, et nous enjoint à nous ouvrir à l’autre de manière désintéressée.
-> Exemple : Par exemple, l’amour prôné par Jésus-Christ est un amour désintéressé et universel qui s’adresse même aux ennemis et dépasse l’amour naturel pour ses proches et sa nation (« Aimez vos ennemis, Matthieu 5:44 »).
- B. Cependant, une société sans religion pourrait exister
- 1. Les sociétés évoluent
-> Émile Durkheim, De la division du travail social (1893) : Durkheim montre que l’évolution des sociétés a eu pour conséquence d’entraîner un retrait progressif de la religion dans les sociétés. Originairement, en effet, la société se confondait avec la religion. Les institutions économiques, politiques et scientifiques présentes étaient également des institutions religieuses. La montée de l’individualisme, de la libre pensée et l’affirmation des droits individuels a permis un affranchissement des institutions temporelles, c’est-à-dire des institutions civiles, des institutions religieuses.
-> Exemple : Durkheim prend l’exemple du droit. Dans les sociétés traditionnelles, souvent structurées par la religion, où les individus partagent les mêmes croyances, valeurs et pratiques (société à solidarité mécanique), le droit est souvent lié à la religion et il a une nature répressive : il punit fortement les infractions liées à la transgression de règles ou de coutumes religieuses, telles que le blasphème ou le sacrilège. Dans les sociétés modernes, où les individus sont indépendants et moins rassemblés autour de croyances, valeurs et sentiments communs (société à solidarité organique), le droit change et devient restitutif, c’est-à-dire qu’il a désormais pour objet de régler les relations économiques et sociales entre les différents membres de la société.
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- 2. La religion disparait
-> Nietzsche, Le Gai Savoir (1882) : Nietzsche, quant à lui, montre le retrait progressif des croyances en la religion traditionnelle dans les sociétés modernes et particulièrement occidentales, qu’il explique par l’émergence du progrès technique, du rationalisme et de la science. Il confronte à ce titre la religion et la raison, expliquant que le rationalisme, qui consiste à justifier et rendre raison de l’explication des phénomènes par des moyens rationnels et logiques, conduit à un affranchissement des hommes vis-à-vis des valeurs judéo-chrétiennes qui structuraient auparavant les sociétés occidentales. Ce sont ainsi les hommes qui sont à l’origine de la destruction de la foi et de la croyance religieuse.
-> Exemple : Nietzsche illustre la mort de Dieu (au sens figuré) au travers d’une métaphore. En pleine journée, un fou se retrouve sur la place publique, muni d’une lanterne, en criant qu’il cherche Dieu. À ces cris, les passants, athées, c’est-à-dire ceux qui ne croient pas en Dieu, et sceptiques, c’est-à-dire ceux qui mettent en doute ce qu’il dit, ne s’arrêtent pas pour l’entendre ou lui répondre, mais se moquent de lui et le tournent en dérision.
V – Citations sur la notion de religion en philosophie
- « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! » Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir (1882)
- « La foi consiste à croire ce que la raison ne croit pas. » Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764)
- « La religion est née du besoin où se trouvent les hommes d’un secours et d’un appui dans les maux de la vie. » Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912)
- « La religion est une maladie née de la peur et une source de misère indicible pour l’humanité. » Bertrand Russell, Pourquoi je ne suis pas chrétien (1927)
- « La religion n’est autre chose que l’ombre projetée de l’univers sur l’intelligence humaine. » Victor Hugo, William Shakespeare (1864)
VI – Pour aller plus loin …
- Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912)
- Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist (1888), Le Gai Savoir (1882)
- Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel (1844)
- Henri Bergson, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion (1932)
- Sigmund Freud, L’Avenir d’une illusion (1927)
VII – Vers le bac : Les grands axes de la notion de religion
- Religion & raison : “La religion est-elle étrangère à la raison ?” “Une religion peut-elle se fonder sur la raison ?”
- Religion et société : “La fonction de la religion est-elle d’unir les hommes ?” “Les religions séparent-elles les hommes ?” “La religion peut-elle se définir par sa fonction sociale ?”
VIII – Exercice : Explication de texte sur la religion en philosophie
Consigne : À partir du texte suivant et du passage souligné, dégager les différentes étapes argumentatives mises en place par l’auteur.
« Il existe un aspect de la vie religieuse, le plus précieux peut-être, qui est indépendant des découvertes de la science, et qui pourra survivre quelles que soient nos convictions futures au sujet de la nature de l’univers. La religion a été liée dans le passé, non seulement aux credos (1) et aux Eglises, mais à la vie personnelle de ceux qui ressentaient son importance. (…) L’homme qui ressent profondément les problèmes de la destinée humaine, le désir de diminuer les souffrances de l’humanité, et l’espoir que l’avenir réalisera les meilleures possibilités de notre espèce, passe souvent aujourd’hui pour avoir « une tournure d’esprit religieuse », même s’il n’admet qu’une faible partie du christianisme traditionnel. Dans la mesure où la religion consiste en un état d’esprit, et non en un ensemble de croyances, la science ne peut l’atteindre. Peut-être le déclin des dogmes rend-il temporairement plus difficile l’existence d’un tel état d’esprit, tant celui-ci a été intimement lié jusqu’ici aux croyances théologiques. Mais il n’y a aucune raison pour que cette difficulté soit éternelle : en fait, bien des libres penseurs ont montré par leur vie que cet état d’esprit n’est pas forcément lié à un credo (2). Aucun mérite réel ne peut être indissolublement lié à des croyances sans fondement ; et, si les croyances théologiques sont sans fondement, elles ne peuvent être nécessaires à la conservation de ce qu’il y a de bon dans l’état d’esprit religieux. Être d’un autre avis, c’est être rempli de craintes au sujet de ce que nous pouvons découvrir, craintes qui gêneront nos tentatives pour comprendre le monde ; or, c’est seulement dans la mesure où nous parvenons à le comprendre que la véritable sagesse devient possible. »
Russel, Science et religion
(1) credos : contenus de la foi
(2) credo : acte d’adhésion aux contenus de la foi
IX – Correction exercice sur la justice en philosophie
- Premier moment central de l’argumentation : Russel définit la religion comme un état d’esprit
- Deuxième moment central de l’argumentation : Russel rejette la définition de la religion comme un ensemble de croyances
- Troisième moment central de l’argumentation : Russel déduit que la science ne peut atteindre la religion
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