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Cours en ligne sur le temps en philosophie en terminale
Cours en ligne de Philosophie en Terminale
Ce cours en ligne aborde le chapitre sur le temps du programme de philosophie en terminale. Il comprendre des parties sur la notion de temps en philosophie, des leçons sur le temps, des citations et grands axes sur la notion de temps en philosophie. Vous trouverez également des exercices avec leurs corrigés pour travailler la notion du temps pour le bac de philosophie. Par ailleurs, vous pouvez également suivre des cours de philosophie à domicile avec Groupe Réussite pour des leçons adaptées à votre niveau et votre rythme.
I – Introduction à la notion de temps en philosophie
Définition du temps : Le temps peut être défini comme l’ensemble des événements ou continus qui se succèdent de manière continue dans et en dehors de la vie d’un individu. Ces événements peuvent avoir eu lieu (passé), peuvent être en train d’avoir lieu (présent) ou peuvent se produire prochainement (futur).
Définition de la durée : La durée peut être définie comme l’unité qui caractérise l’écoulement du temps. Elle peut être définie en secondes, en minutes, en années ou encore en siècles.
Définition de l’instant : L’instant peut être défini comme la portion du temps que l’on vit immédiatement, sans qu’il soit caractérisé par une quelconque durée.
Définition du moment : Le moment peut être défini comme une période définie du temps qui se caractérise par une durée plus ou moins longue.
Définition du souvenir : Le souvenir peut être défini comme le fait pour une personne de se représenter à l’esprit un moment du temps.
II – Les termes clés de la notion de temps en philosophie
- Temps objectif
- Temps quantitatif
- Conditions a priori de notre sensibilité
- Durée pure
- Temps qualitatif
- États de conscience
- Angoisse existentielle
- Instant
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III – Leçon sur le temps : Sommes nous condamnés à subir le temps ?
- A. Nous ne pouvons échapper au temps
- 1. Le temps ne nous appartient pas
-> Aristote, Physique : Aristote montre que le temps peut-être défini objectivement par trois caractéristiques principales. Premièrement, le temps est une mesure (arithmos), c’est-à-dire qu’il dépend du comptage d’instants successifs par l’homme. Deuxièmement, le temps ne peut être dissocié du changement (kinesis), c’est-à-dire que celui-ci n’est pas autonome. Troisièmement, le temps est structuré par une succession, c’est-à-dire « un avant » et « un après ». En d’autres termes, le temps est l’ensemble des changements physiques et successifs mesurables par l’homme (temps objectif ou physique).
-> Exemple : Le soleil se lève le matin et se couche le soir, car entre son lever et son coucher, celui-ci s’est déplacé d’Est en Ouest. C’est donc parce que les hommes ont su percevoir le mouvement du soleil, c’est-à-dire son changement d’état successif (d’Est en Ouest), et qu’ils ont mesuré ce changement que le temps peut, ainsi, être caractérisé.
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- 2. Nous sommes conditionnés par le temps
-> Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781) : Emmanuel Kant montre quant à lui que le temps est une condition a priori, c’est-à-dire en dehors de toute contingence, de notre sensibilité. En effet, selon Kant, notre expérience sensible, c’est-à-dire l’expérience que nous faisons des choses à travers notre sensibilité, et plus particulièrement notre intuition sensible, est conditionnée par le temps. En d’autres termes, le temps est une condition de notre expérience des choses.
-> Exemple : Si nous faisons l’expérience sensible du changement, en voyant le soleil se déplacer d’Est en Ouest, c’est parce que nous pouvons déjà expérimenter la succession des instants.
- B. Nous avons cependant un temps qui nous appartient
- 1. Nous éprouvons le temps à notre façon
-> Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1896) : Bergson critique la conception objective du temps comme une succession d’instants mesurables. Selon lui, elle ne correspond pas à la réalité de l’expérience que nous nous faisons du temps. Il montre, au contraire, que notre conscience éprouve le temps au travers de ce qu’il nomme la durée pure. La durée pure, selon Bergson, est ce qui se vit de l’intérieur, sans être découpée en instants fixes. À la différence du temps objectif, la durée n’est pas mesurable, c’est-à-dire quantifiable (secondes, minutes, heures, etc.), mais qualitative, liée à l’intensité du moment vécu. Elle est notamment liée à nos différents états de conscience, c’est-à-dire à nos différentes expériences mentales, qui renvoient à nos pensées, nos émotions, nos sensations ou nos perceptions. Étant liée à nos différents états de conscience, la durée peut donc se contracter ou s’allonger.
-> L’analogie avec la mélodie : Pour expliquer son propos, Bergson établit une analogie entre la mélodie et la durée pure. Une mélodie ne peut être réduite à une succession et une addition de notes isolées (temps objectif). Au contraire, elle se prend et comprend comme un tout dynamique et en transformation continue. Au même titre, nos états de conscience sont liés et se confondent entre eux, si bien qu’aucun instant n’est isolé, ni successif, mais vécu comme un tout en transformation continue.
-> Exemple : Un match de foot peut durer 90 minutes sur l’horloge (temps mesuré et objectif). Cependant, selon la manière dont nous vivons cette expérience, le match de foot peut paraître excessivement long (si nous nous ennuyons) ou, au contraire, excessivement court (si nous sommes absorbés). Notre conscience vit cette expérience de manière subjective en fonction de tous les états qui la caractérisent (pensées, émotions, etc.).

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- 2. Nous vivons réellement l’instant
-> Gaston Bachelard, L’Intuition de l’instant (1932) : Bachelard, à la différence de Bergson, montre que le temps, même s’il peut être défini comme une succession de changements mesurables, doit être fait d’instants séparés et autonomes qui n’entretiennent entre eux aucune continuité et aucun rapport. En effet, selon Bachelard, seul l’instant est réel, car c’est le moment où nous existons réellement et où les choses se produisent. Cette conception du temps tend à être dramatique, car le temps réduit à l’instant nous isole du passé et du futur. Pour Bachelard, cependant, le temps comme instant isolé permet la création et la nouveauté, car ni les instants passés, ni les instants futurs ne conditionnent l’instant. Seul l’instant peut alors surgir de manière imprévisible et autonome.

-> Exemple : Bachelard prend l’exemple du poème en montrant qu’un poème n’est pas préparé minutieusement et progressivement par l’écrivain, mais surgit dans l’instant. L’écrivain, lors de l’écriture de son poème, est saisi par un moment d’inspiration, une fulgurance qui ne dépend pas du passé. Le poème surgit dans l’instant.
- C. Finalement, nous sommes tiraillés par le temps
- 1. Le temps nous angoisse
-> Kierkegaard, Le Concept de l’angoisse (1844) : Kierkegaard montre que l’instant est pour l’homme une source d’angoisse. En effet, l’instant n’est pas un simple moment du temps. L’instant est aussi décisif, car il est le moment à travers lequel l’individu prend conscience de sa propre existence et de sa liberté. En effet, dans l’instant nous sommes face à nous-mêmes, et nous nous rendons compte que nous avons la possibilité de faire des choix, c’est-à-dire que nous sommes libres. Or, cette possibilité est très engageante pour l’individu, car celui-ci prend conscience qu’en faisant des choix, il engage sa propre existence. En d’autres termes, nous avons le choix de nous engager pleinement dans les possibilités qui s’offrent à nous. L’instant génère ainsi de l’angoisse, car nous sommes conscients qu’en choisissant, nos choix produiront des conséquences irréversibles. L’instant est ainsi une décision existentielle, dans laquelle il revient à l’individu d’affronter son angoisse et d’assumer sa liberté.
-> Exemple : Kierkegaard prend l’exemple de l’instant dans le jardin d’Éden, où Adam est confronté au choix de manger ou non le fruit défendu. En entendant l’interdiction de Dieu, Adam devient conscient de la possibilité du péché. La possibilité de commettre un péché crée en lui l’angoisse, car il sait que son choix changera tout, et il prend ainsi conscience du poids de son existence.
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- 2.Le temps nous affligne
-> Kierkegaard, La Reprise (1843) : Kierkegaard montre que nous avons du mal à accepter le temps qui passe, car nous souhaiterions revivre certains moments du passé. En effet, le passé est, pour nous, une source stabilité, car, à la différence du présent qui est en perpétuel changement, et à la différence du futur qui est incertain, il s’est déjà produit. Il est pour nous fixé et immuable. C’est la raison pour laquelle, selon Kierkegaard, l’être humain s’attache au passé. Face à l’angoisse du changement que nous éprouvons dans le présent, et plus précisément dans l’instant, le passé est un repère rassurant. Ainsi, nous montre Kierkegaard, nous avons tendance à idéaliser le passé, c’est-à-dire à lui attribuer des qualités bien trop éloignées de la réalité de ce qu’il a été, et à vouloir nous rattacher à nos souvenirs.
-> Exemple : Kierkegaard prend pour exemple l’histoire d’un jeune homme qui essaie de revivre la même relation amoureuse que celle qu’il a vécue par le passé, en pensant que l’amour qu’il avait vécu lors de sa première relation amoureuse pouvait être répété. Face à l’angoisse du présent, le jeune homme se raccroche à un amour passé et idéalisé, qu’il ne peut, en réalité, répéter à l’identique.
IV – Citations sur la notion de temps en philosophie
- « Le temps est le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. » Aristote, Physique, IV
- « Le temps n’a qu’une réalité, celle de l’instant. » Gaston Bachelard, L’Intuition de l’instant
- « L’instant est ce paradoxe où le temps et l’éternité se croisent. » Kierkegaard, Le Concept de l’angoisse (1844)
- « Le temps, c’est la vie même, et la vie réside dans le cœur. » Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience
- « Le temps est une invention de l’homme. » — Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
V – Pour aller plus loin…
- Aristote, Physique (IV, 10-14)
- Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889)
- Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (1781)
- Søren Kierkegaard, Le Concept de l’angoisse (1844)
- Saint Augustin, Les Confessions (Livre XI)
- René Descartes, Les Principes de la philosophie (1644)
- Martin Heidegger, Être et Temps (1927)
- Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945)
VI – Vers le bac : Les grands axes de la notion de temps
- Le temps & la corruption : “Le temps est-il nécessairement destructeur Sommes-nous nécessairement les victimes du temps ?” “Tout s’en va-t-il avec le temps ?”
- Le temps & la lutte contre le temps : “Est-il possible d’échapper au temps ?” “Est-il raisonnable de lutter contre le temps ?”
VII – Exercice : Explication de texte sur le temps en philosophie
Consigne : Faire l’explication du texte suivant en respectant la méthodologie.
“Quand l’enfant s’amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d’un jeu de patience, il y réussit de plus en plus vite à mesure qu’il s’exerce davantage. La reconstitution était d’ailleurs instantanée, l’enfant la trouvait toute faite, quand il ouvrait la boîte au sortir du magasin. L’opération n’exige donc pas un temps déterminé, et même, théoriquement, elle n’exige aucun temps. C’est que le résultat en est donné. C’est que l’image est créée déjà et que, pour l’obtenir, il suffit d’un travail de recomposition et de réarrangement, – travail qu’on peut supposer allant de plus en plus vite, et même infiniment vite au point d’être instantané. Mais pour l’artiste qui crée une image en la tirant du fond de son âme, le temps n’est plus un accessoire. Ce n’est pas un intervalle qu’on puisse allonger ou raccourcir sans en modifier le contenu. La durée de son travail fait partie intégrante de son travail. La contracter ou la dilater serait modifier à la fois l’évolution psychologique qui la remplit et l’invention qui en est le terme. Le temps d’invention ne fait qu’un ici avec l’invention même. C’est le progrès d’une pensée qui change au fur et à mesure qu’elle prend corps. Enfin c’est un processus vital, quelque chose comme la maturation d’une idée.
Le peintre est devant sa toile, les couleurs sont sur la palette, le modèle pose ; nous voyons tout cela, et nous connaissons aussi la manière du peintre : prévoyons-nous ce qui apparaîtra sur la toile ? Nous possédons les éléments du problème ; nous savons, d’une connaissance abstraite, comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèle et sûrement aussi à l’artiste, mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l’oeuvre d’art. Et c’est ce rien qui prend du temps.”
Bergson
VIII – Exercice : Explication de texte sur la religion en philosophie
Consigne : À partir du texte suivant et du passage souligné, dégager les différentes étapes argumentatives mises en place par l’auteur.
« Il existe un aspect de la vie religieuse, le plus précieux peut-être, qui est indépendant des découvertes de la science, et qui pourra survivre quelles que soient nos convictions futures au sujet de la nature de l’univers. La religion a été liée dans le passé, non seulement aux credos (1) et aux Eglises, mais à la vie personnelle de ceux qui ressentaient son importance. (…) L’homme qui ressent profondément les problèmes de la destinée humaine, le désir de diminuer les souffrances de l’humanité, et l’espoir que l’avenir réalisera les meilleures possibilités de notre espèce, passe souvent aujourd’hui pour avoir « une tournure d’esprit religieuse », même s’il n’admet qu’une faible partie du christianisme traditionnel. Dans la mesure où la religion consiste en un état d’esprit, et non en un ensemble de croyances, la science ne peut l’atteindre. Peut-être le déclin des dogmes rend-il temporairement plus difficile l’existence d’un tel état d’esprit, tant celui-ci a été intimement lié jusqu’ici aux croyances théologiques. Mais il n’y a aucune raison pour que cette difficulté soit éternelle : en fait, bien des libres penseurs ont montré par leur vie que cet état d’esprit n’est pas forcément lié à un credo (2). Aucun mérite réel ne peut être indissolublement lié à des croyances sans fondement ; et, si les croyances théologiques sont sans fondement, elles ne peuvent être nécessaires à la conservation de ce qu’il y a de bon dans l’état d’esprit religieux. Être d’un autre avis, c’est être rempli de craintes au sujet de ce que nous pouvons découvrir, craintes qui gêneront nos tentatives pour comprendre le monde ; or, c’est seulement dans la mesure o ù nous parvenons à le comprendre que la véritable sagesse devient possible. »
Russel, Science et religion
(1) credos : contenus de la foi
(2) credo : acte d’adhésion aux contenus de la foi
IX – Correction exercice sur la justice en philosophie
- Premier moment central de l’argumentation : Russel définit la religion comme un état d’esprit
- Deuxième moment central de l’argumentation : Russel rejette la définition de la religion comme un ensemble de croyances
- Troisième moment central de l’argumentation : Russel déduit que la science ne peut atteindre la religion
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