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Cours en ligne sur le travail en philosophie en terminale
Cours en ligne de Philosophie en Terminale
Ce cours en ligne est consacré au chapitre du travail du programme de philosophie en terminale. Il aborde les notions de travail en philosophie, le travail comme limite à la liberté. Ainsi que des exercices avec leurs corrigés pour vous entraîner efficacement pour réussir l’épreuve du bac en philosophie. En complément de ce cours en ligne, vous avez aussi la possibilité de bénéficier de cours particuliers en philosophie via Groupe Réussite. Vous pourrez ainsi cibler vos difficultés et progresser rapidement en philosophie pour réussir au bac de philo.
I – Introduction à la notion de travail en philosophie
Définition du travail : Le travail peut être défini comme une activité, gratuite ou rémunérée, ayant pour but de réaliser une tâche spécifique, souvent en vue de la satisfaction des besoins des hommes.
Définition de l’esclavage : À la différence, l’esclavage peut être défini comme une activité imposée, c’est-à-dire non volontaire, et non rémunérée, ayant pour but de réaliser une tâche spécifique, souvent en vue de la satisfaction des besoins des hommes.
Définition de la servitude : La servitude désigne un individu réduit à l’état d’esclavage.
Définition du loisir : Le loisir peut être défini comme un temps vacant consacré aux divertissements ou à la satisfaction de plaisirs.

II – Les termes clés de la notion de travail en philosophie
- Travail libre et créatif
- Travail à la chaîne
- Aliénation
- Produit du travail
- Force de travail
- Plus-value
- Aliénation selon le produit de son travail
- Assujettissement
- Dialectique du maître et de l’esclave
- Transformation de la nature
- Prise de conscience de soi-même
- Singularité
- Pur être pour soi de la conscience
- Animal laborans
- Travail moderne
- Homme moderne
- Perte d’authenticité et d’accomplissement humain
III – Leçon sur le travail : Le travail limite-t-il notre liberté ?
A) Le travail nous avilit
1. Il nous contraint
-> Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce (1947) : Simone Weil distingue le travail libre et créatif du travail contraignant, qui est une contrainte pour l’homme. Le premier, libre et créatif, permet aux hommes de s’épanouir et de s’accomplir, car, en travaillant, l’homme trouve un sens à ce qu’il fait. Ce travail est choisi et voulu par les hommes. À l’inverse, le second travail est celui que nous faisons pour satisfaire nos besoins vitaux. Il est une contrainte pour les hommes, car il est dicté par des nécessités extérieures, et ceux-ci n’agissent pas par choix. Le travail devient une aliénation pour l’homme. Celle-ci peut être définie comme le fait, pour un individu, de perdre son identité à cause de contraintes extérieures qui pèsent sur lui.
-> Exemple : La philosophie illustre ce propos avec le travail à la chaîne, qui consiste à répéter mécaniquement et de manière répétitive le même geste. En étant contraints de travailler pour des nécessités économiques, les hommes qui effectuent le travail à la chaîne perdent leur faculté de penser et d’agir librement, ce qui les détruit.
2. Le travail nous asservit
-> Karl Marx, Le Capital : Marx montre que le travailleur est asservi et réduit à une simple marchandise. En effet, le travailleur vend sa force de travail. La force de travail est la capacité du travailleur à effectuer des tâches. Elle se distingue du produit du travail, qui est le résultat de cette activité (un bien ou un service). Le travailleur moderne ne vend pas directement ce qu’il produit, mais il vend sa capacité à travailler pendant un certain nombre d’heures (force de travail). Or, le salaire du travailleur n’est pas égal à la valeur de ce qu’il a créé lors de son travail (plus-value). La plus-value est la différence entre ce que le travailleur reçoit sous forme de salaire et la valeur réelle qu’il a créée au travers de son travail. Les capitalistes, c’est-à-dire ceux qui sont propriétaires des moyens de production (machines, usines, outils), s’approprient cette plus-value. Le travailleur n’a plus la possession de son produit, il en est dépossédé. Il est ainsi réduit à une simple force de travail et n’est plus considéré que comme un moyen de production (aliénation selon le produit de son travail).
-> Exemple : Un ouvrier fabrique des voitures dans une usine. Celles-ci, une fois fabriquées, valent 10 000 euros. Le salarié est rémunéré 2000 euros. Faire fonctionner les machines pendant la période de production coûte 1000 euros. Le capitaliste, c’est-à-dire celui qui possède les moyens de production ou propriétaire de l’usine, prend une plus-value de 7000 euros (10 000 – 2000 – 1000 = 7000 euros). Bien que le salarié ait fabriqué les voitures, celui-ci a été dépossédé du produit de son travail. Il est ainsi réduit à sa force de travail et n’est plus considéré que comme un moyen de production.

B) Cependant, le travail est également un moyen d’émancipation
1.Le travail permet d’aquérir notre liberté
-> Hegel, La Phénoménologie de l’esprit (1807) : Hegel montre que le travail est, pour l’homme, un moyen d’acquérir sa liberté. En effet, en travaillant, c’est-à-dire en produisant, celui-ci devient maître de la nature dans laquelle il vit. Sans le travail, l’homme est assujetti à la nature, c’est-à-dire qu’il subit les événements extérieurs sans pouvoir agir dessus. Par le travail, au contraire, la nature qui nous entoure devient un objet de notre volonté, car nous choisissons d’agir sur elle en la transformant. Selon Hegel, seuls les hommes ont cette faculté de pouvoir se rendre libres, car les animaux, à la différence des hommes, ne transforment pas la nature qui les entoure par leur volonté, mais sont seulement guidés par leur instinct. C’est grâce à notre volonté que nous pouvons transformer la nature en travaillant, car celle-ci nous permet de nous fixer des objectifs et de les réaliser. Ainsi, par le travail, nous nous rendons libres.
-> Exemple : Le concept de la dialectique du maître et de l’esclave développé par Hegel sert d’illustration. Alors que l’esclave travaille pour son maître, le maître profite du fruit du travail de son esclave. Quand bien même ce travail est contraignant pour l’esclave, car il ne choisit pas de travailler pour son maître, l’esclave, par son travail, comprend qu’il peut transformer la nature qui l’entoure. Il se rend ainsi libre, car la nature est transformée par sa volonté. Il prend ainsi conscience non seulement qu’il agit sur elle, mais qu’il agit sur elle selon sa volonté. À l’inverse, le maître reste dans une position oisive et ne prend pas conscience qu’il peut agir sur la nature en la transformant, et devenir libre.
2. Le travail permet de nous rendre totalement indépendant
-> Hegel, La Phénoménologie de l’esprit (1807) : Selon Hegel, non seulement le travail permet à l’homme de se rendre libre, mais il permet également à l’homme de se rendre indépendant en prenant réellement conscience de ce qu’il est. En effet, le travail est un médiateur par lequel nous prenons conscience de ce que nous sommes, car nous avons les moyens de nous réaliser. Le travail permet à l’homme de se réaliser, car celui-ci, au travers du travail, accomplit ses désirs en transformant la nature selon sa volonté. Ce qu’il produit, le fruit de son travail, lui permet de satisfaire ses désirs. En effet, par nature, les désirs sont changeants car, dès lors que nous les satisfaisons, nous n’éprouvons plus le manque nécessaire à leur satisfaction. Or, comme le travail est une activité, c’est-à-dire qu’il s’étend dans la durée, nos désirs ne sont jamais entièrement satisfaits tant qu’il n’est pas terminé. Par le travail, nous pouvons ainsi nous réaliser en satisfaisant nos désirs. En nous réalisant ainsi, nous prenons réellement conscience de qui nous sommes (singularité ou pur être pour soi de la conscience), c’est-à-dire indépendamment des autres et de la nature qui nous entoure. Ainsi, le travail permet de nous rendre indépendants.
-> Exemple : Le concept de la dialectique du maître et de l’esclave développé par Hegel sert d’illustration. Le maître, à la différence de l’esclave, ne travaille pas. Il ne peut donc trouver un moyen de prendre conscience de qui il est réellement, c’est-à-dire indépendamment de son esclave, qui le sert. L’esclave, au contraire, en servant le maître, en travaillant, et même si son travail est contraint, se rend indépendant car il prend conscience de qui il est.
C) Finalement, le travail conditionne l’homme
1. Le travail est vital à l’homme
-> Hannah Arendt, La Condition de l’homme moderne (1958) : Hannah Arendt montre que le travail est une nécessité vitale pour l’homme. En effet, le travail est une nécessité vitale pour l’homme, car il est directement lié à la mortalité et à la vie. En l’absence de travail, il nous est impossible de vivre, c’est-à-dire de satisfaire nos besoins vitaux (par exemple, boire et manger). Le travail, du fait qu’il est vital, rapproche les hommes de leur animalité (animal laborans), car il se réduit à une activité purement biologique nécessaire à la survie et à la satisfaction de besoins immédiats, sans portée ni dimension proprement humaine.
-> Exemple : Arendt prend pour illustration le travail effectué par les esclaves dans l’Antiquité grecque. Dans l’Antiquité grecque, les cités étaient structurées par l’existence de maîtres, qui disposaient de loisirs, s’occupaient de la vie publique et accomplissaient les tâches intellectuelles, et d’esclaves, qui accomplissaient les tâches avilissantes et nécessaires à la satisfaction des besoins vitaux. Au travers de cet exemple, Arendt montre que le travail n’était pas réservé aux esclaves, mais qu’il était une nécessité vitale qui concernait tous les hommes, les maîtres comme les esclaves, à la différence que les maîtres se servaient de leur domination pour asservir les esclaves à cette tâche.
2. L’homme dépend du travail
-> Hannah Arendt, La Condition de l’homme moderne (1958) : Arendt distingue le travail comme activité humaine et vitale (animal laborans) du travail moderne qui structure les sociétés industrielles. Le travail moderne se caractérise par l’automatisation, c’est-à-dire le remplacement de l’humain par des machines, et la division, c’est-à-dire la division et l’organisation du travail en tâches spécifiées. Il est un produit direct des sociétés industrielles, caractérisées par des cycles de production intensifs et incessants. C’est la raison pour laquelle Arendt rapproche le travail moderne du travail comme activité humaine et vitale. En effet, les cycles de production effrénés et intensifs n’ont pour objet que de satisfaire des besoins immédiats, et réduisent l’homme moderne à un instrument, cantonné à la réalisation de tâches répétitives visant à reproduire ce cycle de production. L’homme moderne n’a ainsi plus de véritable liberté créative, ce qui conduit à une perte d’authenticité et d’accomplissement humain.
-> Exemple : Il se confond avec l’argumentation de l’auteure.
IV – Citations sur la notion de travail en philosophie
- « Le travail est la source de toute richesse, mais il est aussi la source de l’aliénation de l’homme. » — Karl Marx, Le Capital (1867)
- « Le travail est un esclavage volontaire, une violence qui dégrade l’homme au point de le dépouiller de son humanité. » — Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce (1947)
- « Le travail ne laisse aucune trace durable dans le monde, il est lié aux nécessités biologiques et se consume dans le cycle de la production et de la consommation. » — Hannah Arendt, La Condition de l’Homme Moderne (1958)
- « Le travail est une action qui peut être noble, mais il doit toujours être mis au service de la grandeur de l’individu, non de la soumission à des forces extérieures. » — Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883)
- « Le travail devient une fin en soi dans le capitalisme, transformant la vie humaine en une quête de productivité incessante. » — Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905)
- « Le travail est nécessaire, mais il ne doit pas être l’objectif ultime de la vie humaine, car la vie éthique exige que nous agissions de manière réfléchie, non simplement pour des fins utilitaires. » — Aristote, Éthique à Nicomaque (4e siècle av. J.-C.)
V – Pour aller plus loin sur le travail en philosphie…
- Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883)
- Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905)
- John Stuart Mill, De la liberté (1859)
- Aristote, Éthique à Nicomaque (4e siècle av. J.-C.)
- André Gorz, Adieux au prolétariat (1980)
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VI – Vers le bac : Les grands axes de la notion de travail
- Travail & Liberté : Le travail n’est-il que servitude ? Le travail est-il en lui-même aliénation ? La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ? Les machines nous libèrent-elles du travail ?
- Travail & Art : L’artiste travaille-t-il ? Y a-t-il du travail dans les œuvres d’art ?
- Travail & Technique : La technique doit-elle nous libérer du travail ? La technique résout-elle tous les problèmes qui se posent au travail ? Peut-on dire d’une machine qu’elle travaille ? Travailler, est-ce seulement mettre en œuvre des techniques ? Doit-on attendre de la technique qu’elle mette fin au travail ? Le progrès technique appauvrit-il le travail humain ?
- Travail & Nature : Respecter la nature, est-ce renoncer à la travailler ? Le travail n’est-il qu’une lutte avec la nature ? Le travail ne nous libère-t-il de la nature que pour nous asservir à la technique ?
VII – Exercice : Dissertation sur le travail en philosophie
Consigne : Rédiger la dissertation sur le sujet suivant en respectant la méthodologie.
Sujet : « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? »
VIII – Correction exercice sur le travail en philosophie
Problématique : Le travail, parce qu’il est nécessaire à la satisfaction des besoins humains, est une contrainte qui nous empêche de nous épanouir complètement. Dans un même temps, le travail est également entendu comme activité volontaire, il serait ainsi une activité au travers de laquelle nous pourrions nous épanouir. Dès lors, travailler moins est-ce vivre mieux ?
I. Travailler moins, c’est vivre mieux
- A. Le travail est une contrainte :
- Référence philosophique : Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce (1957) : Voir la leçon sur le travail
- Exemple : Voir la leçon sur le travail
- B. Le travail est l’origine de souffrance physique et psychologique :
- Référence philosophique : Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation : Schopenhauer montre que le travail, parce qu’il est une nécessité, est une source majeure de souffrance, et qu’il engendre de la frustration, car les individus sont obligés de satisfaire leurs besoins, mais ceux-ci, une fois satisfaits, se renouvellent sans cesse.
- Exemple : Dans le film The Machinist (2004), le personnage de Trevor Reznik, ouvrier insomniaque, subit une détérioration physique et psychologique extrême en raison de conditions de travail aliénantes et d’un épuisement mental croissant.
- C. L’homme peut se consacrer davantage à ses loisirs :
- Référence philosophique : Nietzsche, Aurore : Nietzsche critique l’idéologie moderne qui sacralise le travail en le présentant comme une valeur morale absolue. Il y voit un instrument de discipline sociale utilisé pour contrôler les individus et les détourner de la pensée critique. Il oppose à cela la valeur du loisir, qui, bien employé, permettrait le développement de la culture, de la réflexion et de l’accomplissement personnel.
- Exemple : Dans À Rebours de Joris-Karl Huysmans, le personnage de Des Esseintes rejette le travail et la société pour se consacrer entièrement à l’art, à la lecture et aux plaisirs intellectuels, illustrant une quête d’épanouissement par le loisir.
II. Mais, le travail est également une source d’épanouissement pour l’homme
- A. Le travail permet à l’homme de se rendre libre :
- Référence philosophique : Hegel, La Phénoménologie de l’esprit : Voir la leçon sur le travail
- Exemple : Voir la leçon sur le travail
- B. Le travail permet à l’homme d’être autonome :
- Référence philosophique : Hegel, La Phénoménologie de l’esprit : Voir la leçon sur le travail
- Exemple : Voir la leçon sur le travail
- C. Le travail permet à l’homme de s’accomplir :
- Référence philosophique : Aristote, Éthique à Nicomaque : Aristote montre que le travail peut permettre à l’individu de s’accomplir personnellement, car dès lors que le travail favorise le développement des compétences et des potentialités de l’individu, il lui permet d’exceller dans un domaine qui lui est approprié, c’est-à-dire conforme à ce qu’il est vraiment (sa nature).
- Exemple : Dans Les Misérables de Victor Hugo, Jean Valjean, en devenant un entrepreneur et un travailleur honnête, se réhabilite moralement et trouve une forme d’accomplissement personnel.
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