Analyser une scène d’exposition
Réussir l'analyse d'une scène d'exposition en 1ère - Théâtre
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Les pièces de théâtre : la première scène
Toutes les pièces de théâtre commencent par une première scène. Il s’agit donc d’un passage canonique qu’on ne peut éviter. Par conséquent, cette scène est construite selon certains codes, qui sont respectés dans les scènes d’exposition traditionnelles ou détournées lorsqu’un auteur cherche à être original. Ces scènes sont assez faciles à analyser dès qu’on a compris les éléments qui les caractérisent.
Lors des cours de français au lycée, vous aurez l’occasion de découvrir de nombreuses notions sur le théâtre au bac de français, par exemple : les genres théâtraux. À noter, qu’il est indispensable de savoir analyser un texte théâtral au bac de français ainsi qu’une scène d’exposition. Les professeurs de français offrent un environnement d’apprentissage personnalisé où vous pourrez travailler en étroite collaboration avec un professeur expérimenté. Ils vous permettront de bénéficier d’une attention individualisée, adaptée à vos besoins spécifiques en matière d’analyse de textes théâtraux et de compréhension des subtilités des scènes d’exposition
Voici donc quelques éléments pour comprendre comment se construit une scène d’exposition.
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Qu’est-ce qu’une scène d’exposition ?
Comme son nom l’indique, l’exposition consiste à exposer aux spectateurs les informations essentielles dont ils ont besoin pour comprendre la pièce, à savoir les personnages, le cadre spatio-temporel et l’intrigue. Elle se situe généralement pendant le premier acte de la pièce.
Une scène d’exposition désigne alors la première scène de cet acte I.
Les fonctions d’une scène d’exposition
La scène d’exposition a deux fonctions majeures :
Informer le spectateur
La scène d’exposition a deux fonctions majeures :
Lorsque le rideau se lève, le spectateur est immédiatement plongé au cœur de l’action. Il doit par conséquent rapidement comprendre les éléments qui la caractérisent au risque d’être perdu et de ne pas accrocher à la suite de l’histoire.
Ainsi, le dramaturge doit vite donner des informations sur les personnages principaux (leur nom, leur condition sociale, leurs relations les uns avec les autres, leur rôle), sur le cadre de l’action (répondre aux questions où et quand), et l’intrigue (quel est l’enjeu de la pièce ? Quel est le conflit, la crise qu’il faudra dénouer ?).
La première scène doit également établir rapidement le genre de la pièce de théâtre : s’agit-il d’une comédie, d’une tragédie, d’un drame… ?
Séduire le spectateur
Toutefois, informer est une contrainte qui peut vite provoquer l’ennuie chez le spectateur. Or le théâtre est aussi un art du divertissement. Le dramaturge doit donc trouver un moyen plaisant de donner les éléments de compréhension au spectateur, au risque de le voir quitter la salle avant l’acte II.
Ainsi, les informations ne doivent pas être apportées de façon statique, mais de façon dynamique, car le théâtre est aussi un art de l’action. De plus, ces informations ne doivent pas apparaître comme adressées directement au spectateur, mais doivent être intégrées de manière naturelle dans la scène. Enfin, il convient de présenter rapidement l’intrigue pour mettre le spectateur en haleine et lui donner envie de savoir la suite.
Les types de scènes d’exposition
Alors que le roman bénéficie d’un narrateur qui peut revenir sur le passé, décrire le décor, expliquer le contexte de l’histoire, le théâtre, lui, est limité aux répliques, c’est-à-dire aux dialogues entre les différents personnages.
Le dramaturge n’a donc que quelques possibilités pour respecter à la fois les exigences d’information et de séduction de la scène d’exposition tout en passant uniquement par la parole.
Le monologue
Le rideau s’ouvre sur un personnage seul sur scène qui va réciter une longue réplique. Cette dernière sera l’occasion de donner des informations au spectateur. Ce type de scène d’exposition a pour défaut d’être plus statique et peu vraisemblable. Toutefois, elle est beaucoup utilisée dans la comédie et quelques fois dans la tragédie.
Exemple : Le malade imaginaire de Molière (1673)
Le dialogue entre le personnage principal et son confident
Le rideau s’ouvre sur deux personnages en train de discuter. Le personnage principal raconte à son confident ce qui le préoccupe, souvent un problème inhérent à l’intrigue. Dans la tragédie, le confident est un ami, un précepteur, une nourrice… tandis que dans la comédie ce rôle peut être occupé par un valet ou une servante.
Exemple : Phèdre de Racine (1677)
Le dialogue entre deux personnages secondaires
Il s’agit encore une fois d’ouvrir sur une discussion entre deux personnages, toutefois ces derniers sont des personnages secondaires, ce qui donne souvent envie au spectateur d’attendre pour rencontrer les personnages principaux évoqués dans la conversation des premiers.
Exemple : Dom Juan de Molière (1665)
Le dialogue entre deux personnages principaux
Cette modalité est plus rare. Elle a souvent pour conséquence de nouer immédiatement l’intrigue en créant une situation de conflit.
Exemple : Pulchérie de Corneille (1672)
Le dialogue entre plusieurs personnages
Plus rare également, ce choix de scène d’exposition a pour avantage de créer un certain dynamisme à la scène.
Exemple : Tartuffe de Molière (1664)
Analyser une scène d’exposition – Théâtre au bac de français
Analyser une scène d’exposition consiste donc à s’interroger sur les fonctions de la scène et la façon dont elle est construite :
- Quelles sont les informations données au spectateur ?
- Comment sont-elles amenées ?
- Qui sont les personnages présents sur scène ?
- Pourquoi ce choix ?
- Est-ce que la scène est dynamique ?
- L’intrigue est-elle nouée ?
- Donne-t-elle envie de voir la suite ?
N’hésitez pas à observer la liste des personnages lorsqu’elle vous est donnée afin d’identifier les personnages principaux et les personnages secondaires. Relevez aussi les éléments qui vous sont donnés dans les didascalies (décor, costume, accessoires, type de jeu)
Les scènes d’exposition du théâtre classique respectent les contraintes traditionnelles, mais le théâtre contemporain tend à s’en écarter.
La problématique peut donc s’articuler autour de cette tension : Dans quelle mesure cette scène d’exposition est-elle traditionnelle / originale ?
Une scène d’exposition traditionnelle
Exemple : Molière – Le Misanthrope (1666)
PHILINTE, ALCESTE.
PHILINTE — Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ?
ALCESTE — Laissez-moi, je vous prie.
PHILINTE — Mais, encor, dites-moi, quelle bizarrerie…
ALCESTE — Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher.
PHILINTE — Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher.
ALCESTE — Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.
PHILINTE — Dans vos brusques chagrins, je ne puis vous comprendre ;
Et quoique amis, enfin, je suis tout des premiers…
ALCESTE — Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers.
J’ai fait jusques ici, profession de l’être ;
Mais après ce qu’en vous je viens de voir paraître,
Je vous déclare net que je ne le suis plus,
Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.
PHILINTE — Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre compte ?
ALCESTE — Allez, vous devriez mourir de pure honte,
Une telle action ne saurait s’excuser,
Et tout homme d’honneur s’en doit scandaliser.
Je vous vois accabler un homme de caresses,
Et témoigner, pour lui, les dernières tendresses ;
De protestations, d’offres, et de serments,
Vous chargez la fureur de vos embrassements :
Et quand je vous demande après quel est cet homme,
À peine pouvez-vous dire comme il se nomme ;
Votre chaleur, pour lui, tombe en vous séparant,
Et vous me le traitez, à moi, d’indifférent.
Morbleu, c’est une chose indigne, lâche, infâme,
De s’abaisser ainsi, jusqu’à trahir son âme :
Et si, par un malheur, j’en avais fait autant,
Je m’irais, de regret, pendre tout à l’instant.
PHILINTE — Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable ;
Et je vous supplierai d’avoir pour agréable,
Que je me fasse un peu, grâce sur votre arrêt,
Et ne me pende pas, pour cela, s’il vous plaît.
ALCESTE — Que la plaisanterie est de mauvaise grâce !
PHILINTE — Mais, sérieusement, que voulez-vous qu’on fasse ?
ALCESTE — Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.
PHILINTE — Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie,
ll faut bien le payer de la même monnoie,
Répondre, comme on peut, à ses empressements,
Et rendre offre pour offre, et serments pour serments.
ALCESTE — Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ;
Et je ne hais rien tant, que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations
Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,
Qui de civilités, avec tous, font combat,
Et traitent du même air l’honnête homme et le fat.
Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin il court en faire autant ?
Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située,
Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ;
Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers :
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde.
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
Morbleu, vous n’êtes pas pour être de mes gens ;
Je refuse d’un cœur la vaste complaisance
Qui ne fait de mérite aucune différence ;
Je veux qu’on me distingue ; et pour le trancher net,
L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait.
Analyse :
Cette scène d’exposition commence par un dialogue entre le personnage principal (Alceste le misanthrope) et son ami (Philinte).
Ce dialogue met en scène un conflit : Alceste reproche à Philinte d’avoir offert des preuves d’amitié hypocrite à un homme qu’il ne connaissait pas vraiment et Philinte ne comprend pas pourquoi la colère d’Alceste est si forte. Cette scène de dispute permet à la fois de servir le dynamisme de la scène (on commence par un début in medias res, c’est-à-dire un début au beau milieu de l’action, les premières répliques sont courtes et interrogatives) et d’informer le spectateur.
En effet, ce dernier apprend ce qui s’est passé précédemment, le nom du personnage principal et surtout il découvre le trait qui le définit : la misanthropie. Cette manie d’Alceste, son dégoût exagéré de la mondanité, est ce qui va fonder cette comédie de caractère et son intrigue. Par conséquent, le spectateur peut tout de suite situer le genre de la pièce et a envie de découvrir les conséquences que ce caractère aura sur la suite de l’histoire.
Il est également séduit par le comique de cette première scène. Celui-ci repose notamment sur l’exagération de la colère d’Alceste qui porte un jugement sans appel sur le comportement de Philinte alors que ce dernier n’a pour tort que de s’être comportée selon les règles de la sociabilité mondaine.
Une scène d’exposition originale
Exemple : Eugène Ionesco – La Cantatrice chauve, Acte I scène 1 (1950)
Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil anglais et ses pantoufles anglaises, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, près d’un feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise, anglaise. A côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais.
Mme SMITH : Tiens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes de terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l’eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. C’est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Les pommes de terre sont très bonnes avec le lard, l’huile de la salade n’était pas rance. L’huile de l’épicier du coin est de bien meilleure qualité que l’huile de l’épicier d’en face, elle est même meilleure que l’huile de l’épicier du bas de la côte. Mais je ne veux pas dire que leur huile à eux soit mauvaise.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Pourtant, c’est toujours l’huile de l’épicier du coin qui est la meilleure…
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Mary a bien cuit les pommes de terre, cette fois-ci. La dernière fois elle ne les avait pas bien fait cuire. Je ne les aime que lorsqu’elles sont bien cuites.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Le poisson était frais. Je m’en suis léché les babines. J’en ai pris deux fois. Non, trois fois. Ça me fait aller aux cabinets. Toi aussi tu en as pris trois fois. Cependant la troisième fois, tu en as pris moins que les deux premières fois, tandis que moi j’en ai pris beaucoup plus. J’ai mieux mangé que toi, ce soir. Comment ça se fait? D’habitude, c’est toi qui manges le plus. Ce n’est pas l’appétit qui te manque.
M. SMITH, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Cependant, la soupe était peut-être un peu trop salée. Elle avait plus de sel que toi. Ah, ah, ah. Elle avait aussi trop de poireaux et pas assez d’oignons. Je regrette de ne pas avoir conseillé à Mary d’y ajouter un peu d’anis étoilé. La prochaine fois, je saurai m’y prendre.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Notre petit garçon aurait bien voulu boire de la bière, il aime s’en mettre plein la lampe, il te ressemble. Tu as vu à table, comme il visait la bouteille? Mais moi, j’ai versé dans son verre de l’eau de la carafe. Il avait soif et il l’a bue. Hélène me ressemble : elle est bonne ménagère, économe, joue du piano. Elle ne demande jamais à boire de la bière anglaise. C’est comme notre petite fille qui ne boit que du lait et ne mange que de la bouillie. Ça se voit qu’elle n’a que deux ans. Elle s’appelle Peggy. (pas de retour à la ligne) La tarte aux coings et aux haricots a été formidable. On aurait bien fait peut-être de prendre, au dessert, un petit verre de vin de Bourgogne australien mais je n’ai pas apporté le vin à table afin de ne pas donner aux enfants une mauvaise preuve de gourmandise. Il faut leur apprendre à être sobre et mesuré dans la vie.
Analyse :
Cette scène d’exposition de l’auteur Eugène Ionesco s’inscrit dans le mouvement du théâtre absurde. Par conséquent, elle reprend et détourne les codes du théâtre conventionnel.
Ainsi, les didascalies semblent commencer normalement : elles décrivent avec précision le décor de la scène et les comédiens : “Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais.” Toutefois, la répétition à outrance du terme “anglais” indique qu’il ne s’agit pas vraiment de donner des détails importants au lecteur, mais de briser la convention des didascalies et d’introduire un comique de répétition.
De même, cette scène semble à première vue se conformer aux modèles de scènes d’exposition traditionnelle : elle s’ouvre sur deux personnages. Toutefois, le dialogue est inexistant, puisque seule Mme Smith parle, tandis que M. Smith ne fait que claquer sa langue.
Cette dernière donne des informations au spectateur par ses répliques : nous apprenons que les personnages composent la famille Smith, qui habitent dans les environs de Londres, qu’ils ont une bonne et trois enfants (un petit garçon et deux petites filles, Hélène et Peggy). Néanmoins, ces informations sont données de façon peu naturelle en s’adressant directement au spectateur : “C’est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith”.
Par ailleurs, ces informations sont disséminées parmi de longues répliques qui tournent à vide sans faire avancer l’action. Ainsi, Mme Smith parle longuement de sujets anodins, comme la qualité de l’huile, elle revient en détail sur ce qu’ils ont mangé pendant le repas alors que cela n’a pas grand intérêt. Le fait qu’elle parle seule montre aussi à quel point le langage n’est pas utilisé pour communiquer, mais qu’il n’a d’autre fonction que lui-même. D’ailleurs, il y a de nombreuses incohérences dans les paroles de Mme Smith : “La tarte aux coings et aux haricots a été formidable. On aurait bien fait peut-être de prendre, au dessert, un petit verre de vin de Bourgogne australien”.
Enfin, cette scène d’exposition ne présente aucune intrigue. Alors qu’elle est assez longue, rien ne semble créer un conflit ou une tension qui pourrait faire avancer l’action, si ce n’est que Mary devrait ajouter un peu d’anis étoilé dans la soupe. Elle est toutefois séduisante par ses répliques déroutantes et l’humour absurde qu’elles créent.
Exercice sur l’analyse d’une scène d’exposition
Consigne de l’exercice : analyser cette scène d’exposition. De quel type de scène s’agit-il ? Quelles informations apporte-t-elle ? Pourquoi donne-t-elle envie de savoir la suite ?
Molière – Dom Juan, Acte I, scène 1 (1665)
SGANARELLE, valet de Dom Juan.
GUSMAN, écuyer d’Elvire.
SGANARELLE.- Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois-moi, quel homme est Dom Juan.
GUSMAN.- Je ne sais pas de vrai quel homme il peut être, s’il faut qu’il nous ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point, comme après tant d’amour, et tant d’impatience témoignée, tant d’hommages pressants, de vœux, de soupirs, et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes, et de serments réitérés ; tant de transports enfin, et tant d’emportements qu’il a fait paraître, jusqu’à forcer dans sa passion l’obstacle sacré d’un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance ; je ne comprends pas, dis-je, comme après tout cela il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole.
SGANARELLE.- Je n’ai pas grande peine à le comprendre moi, et si tu connaissais le pèlerin, tu trouverais la chose assez facile pour lui. […] par précaution, je t’apprends (inter nos,) que tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, en pourceau d’Epicure, en vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. Tu me dis qu’il a épousé ta maîtresse, crois qu’il aurait plus fait pour sa passion, et qu’avec elle il aurait encore épousé toi, son chien, et son chat. Un mariage ne lui coûte rien à contracter, il ne se sert point d’autres pièges pour attraper les belles, et c’est un épouseur à toutes mains, dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud, ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles qu’il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à durer jusques au soir. Tu demeures surpris, et changes de couleur à ce discours ; ce n’est là qu’une ébauche du personnage, et pour en achever le portrait, il faudrait bien d’autres coups de pinceau, suffit qu’il faut que le courroux du Ciel l’accable quelque jour : qu’il me vaudrait bien mieux d’être au diable, que d’être à lui, et qu’il me fait voir tant d’horreurs, que je souhaiterais qu’il fût déjà je ne sais où ; mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose ; il faut que je lui sois fidèle en dépit que j’en aie, la crainte en moi fait l’office du zèle, bride mes sentiments, et me réduit d’applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste. Le voilà qui vient se promener dans ce palais, séparons-nous ; […].
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Correction de l’exercice sur l’analyse d’une scène d’exposition
Consigne de l’exercice : analyser cette scène d’exposition. De quel type de scène s’agit-il ? Quelles informations apporte-t-elle ? Pourquoi donne-t-elle envie de savoir la suite ?
Cette première scène du Dom Juan de Molière met en scène un dialogue entre deux personnages secondaires : Sganarelle, le valet de Dom Juan et Gusman, l’écuyer d’Elvire. Leur conversation permet notamment d’apprendre au spectateur ce qui vient de se passer : Dom Juan a passionnément courtisé Elvire, jusqu’à l’enlever d’un couvent, puis il l’a abandonnée. Toutefois, le centre de cette conversation est bien le portrait de Dom Juan : Gusman présente le grand seigneur comme un hypocrite et un fourbe, tandis que Sganarelle n’hésite pas à le peindre comme le parangon du mal à force de superlatifs (“le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté”) et d’épithètes péjoratives (“un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique”). Cette peinture horrifique de son maître pique alors la curiosité du spectateur qui a envie de voir apparaître “le monstre” dans la scène suivante, afin de se faire sa propre idée du personnage.
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