Cours culture générale en prépa HEC : La violence

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Pourquoi Le thème la violence ?

Le thème de culture générale et philosophie pour la préparation des concours BCE et Ecricome de l’année 2023-2024 sera « La violence ». Cette thématique revêt une importance cruciale, car elle permettra aux élèves des filières ECG et ECT d’appréhender les multiples manifestations de la violence au sein de notre société. Au cours de cette étude sur la violence en prépa HEC, ils seront invités à explorer les origines profondes de la violence, ses diverses formes, les répercussions qu’elle engendre ainsi que les défis qu’elle présente tant pour l’individu que pour la société dans son ensemble. De nombreux étudiants font appel à nos profs de français à domicile ou en ligne pour travailler en profondeur sur le thème mais également pour progresser en méthodologie de la dissertation et espérer gagner de précieux points le jour du concours.

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L’élaboration d’une vie sociale et politique comme réponse à la violence naturelle de l’homme ?

Dans l’état de nature (état théorique et précédant l’état civil, imaginé par les philosophes du “contrat” comme Hobbes et Rousseau, notamment, règnent donc la force et la violence. C’est, du fait de la tendance naturelle de l’homme à l’agressivité, un état de guerre. Pourtant, la raison humaine a du mal à accepter cet état de violence anarchique, c’est pourquoi l’humanité en vient assez naturellement à créer une société civile, qui lui garantit une certaine sécurité.

Hobbes, Le Léviathan, 1651 :

Le philosophe Hobbes explique que les hommes cherchent avant tout à assurer leur propre sécurité ; pour cela, il leur est nécessaire de sortir de l’état de guerre qui est une “conséquence nécessaire des passions naturelles qui animent les humains quand il n’y a pas de puissance visible pour les maintenir en respect et pour qu’ils se tiennent à l’exécution de leurs engagements contractuels par peur du châtiment”. Le seul moyen d’établir cette puissance commune capable de protéger les hommes est alors de rassembler toute leur puissance au sein d’un seul homme ou d’une assemblée d’hommes qui pourra, par la majorité des voix, ramener toutes les volontés à une seule volonté.

Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755 :

Pour Rousseau, dans l’état de nature, l’homme est plutôt solitaire et cherche uniquement à se préserver lui-même. Sa violence est uniquement mise au service de la survie et est contrebalancée par la pitié, c’est-à-dire la répugnance à faire souffrir ses semblables. C’est pour lui un état plutôt heureux. À l’inverse, la violence véritable naît avec la notion de propriété et donc avec les premières règles juridiques. La propriété entraîne la cupidité, l’ambition, la jalousie et donc la violence. Comme chez Hobbes, l’État se met alors en place pour remédier à cet état de guerre de tous contre tous.

La vie sociale et politique est indissociable d’une ou plusieurs formes de violence

Chez Rousseau, ce sont les premières formes de vie en société qui, suscitant rivalité et jalousie, sont causes de violence. Mais de manière plus générale, même une fois l’État constitué, celui-ci ne peut se maintenir sans violence.

Machiavel, Le Prince, 1532 :

Le philosophe florentin Machiavel prône en politique une approche pragmatique des situations. C’est pourquoi le bon dirigeant ne doit en aucun cas renoncer totalement à la violence. Ainsi, il explique qu’il est certes important de gouverner avec des lois mais que cela ne peut être suffisant ; la force redevient une arme nécessaire quand les lois ne sont plus opérantes.

Cela s’applique notamment en politique étrangère : un État doit être capable d’attaquer dès lors qu’il se sent menacé. Sa puissance militaire est même pour Machiavel la garantie de sa possibilité de maintenir la paix.

De façon similaire, pour s’assurer la paix intérieure, la violence, utilisée de manière parcimonieuse, est nécessaire pour faire naître crainte et par suite obéissance des sujets : “On peut appeler bonne cette cruauté qui s’exerce seulement une fois, par nécessité de sa sûreté, et puis ne se continue point, mais se tourne au contraire au profit des sujets le plus qu’il est possible.”

Max Weber, Le Savant et le Politique, 1917 et 1919 :

Pour Weber, l’État est la seule entité qui puisse avoir un usage légitime de la violence :

“Un État est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné”. Cette conception de l’État est une conséquence logique de la perspective contractualiste : en effet, pour que l’État puisse jouer son rôle de garant de la sécurité des individus, il lui faut pouvoir user de la force pour lutter contre ceux qui mettraient en danger cette sécurité ou tenteraient de s’y opposer. Toutefois, cette théorie suppose que l’État s’en tienne à des fonctions régaliennes, à savoir la sécurité de ses membres; dans tout autre cas, l’usage de la force par l’État deviendrait illégitime (comme dans le cas d’un régime tyrannique ou dictatorial).

Bourdieu, La Reproduction, 1970 :

De façon plus générale, pour le sociologue Pierre Bourdieu, dès lors qu’une société est instituée, parce qu’elle est nécessairement inégalitaire, elle fait subir une violence symbolique à un certain nombre de ses membres. Ainsi, les dominants imposent aux dominés un certain nombre de normes sociales, que ces derniers intériorisent et qui les conduisent à considérer le système d’inégalités sociales comme légitime. Cette violence symbolique peut se manifester dans différents domaines comme la nationalité, le genre, le niveau d’étude, le monde professionnel ou encore les pratiques culturelles. Une telle logique contribue dès lors à la reproduction sociale. On peut également évoquer, au sein des sociétés capitalistes, une forme de violence économique que fait peser un chef d’usine ou d’entreprise sur ses travailleurs.

Marx, Le Capital, 1867 :

Lorsqu’il évoque la journée de travail du travailleur, Marx montre qu’il y a un conflit d’intérêt entre le capitaliste qui souhaite utiliser au maximum cette marchandise que constitue pour lui la force de travail de son employé, et l’employé lui-même qui a le droit, en tant que “vendeur” de sa force de travail, de revendiquer une diminution de sa journée de travail. Pour résoudre ce conflit d’intérêt, intervient nécessairement un rapport de force et donc une certaine violence exercée d’une part ou de l’autre.

Louis-Ferdinand Céline, Le Voyage au bout de la nuit, 1932 :

C’est cette violence exercée par les patrons d’usine sur leurs travailleurs que dénonce l’écrivain dans la partie du roman qui se déroule à Détroit. Bardamu se fait embaucher dans l’une des usines Ford de la ville; il est alors contraint de se soumettre à un monde excessivement violent. L’entreprise est comparée à une “cage à mouches” dans laquelle les hommes “se débattent”, ils sont soumis toute la journée à d’insupportables bruits métalliques et à des vibrations incessantes, il est indiqué d’emblée à Bardamu qu’il n’aura pas à penser ici mais à accomplir les gestes qu’on lui commandera, tel un “chimpanzé” et petit à petit, l’homme est contraint de se soumettre au rythme et aux exigences des machines… “On se laisse aller aux machines […] C’est fini. Partout ce qu’on regarde, tout ce que la main touche, c’est dur à présent. Et tout ce dont on arrive à se souvenir encore un peu est raidi aussi comme du fer et n’a plus de goût dans la pensée. ”

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