Exemple de dissertation sur le thème Faire croire en prépa - Druon
Exemple de dissertation sur une citation de Druon en CPGE scientifique
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Maîtriser la dissertation est essentiel pour les étudiants en classes préparatoires scientifiques, en particulier pour ceux qui visent les concours de haut niveau comme Centrale Supelec, Mines Ponts, X ENS, ou CCINP. Exceller dans cet exercice, en se concentrant sur des sujets tels que « Faire croire« , nécessite souvent une immersion dans des exemples de dissertations. Opter pour un cours de français, grâce à des heures de tutorat, s’avère très bénéfique. Un professeur de français compétent peut donner des conseils appropriés et une connaissance approfondie des différents thèmes de dissertation, afin de vous préparer au mieux aux épreuves des concours.
Sujet Druon sur le thème Faire croire en CPGE scientifique
Voici le sujet :
« Car rien de ce qui ne demeure pas identique à soi-même n’est vrai. L’homme est une apparence d’humanité, l’enfant est une apparence d’enfant, l’adolescent une apparence d’adolescent, l’adulte une apparence d’adulte, le vieillard une apparence de vieillard. Dès qu’elles changent, les choses mentent. »
(Accroche) « Le Navire de Thésée » est un paradoxe philosophique attribué à Plutarque, qui soulève la question suivante : si chaque pièce de bois du navire de Thésée, ce héros grec, est remplacée au fil du temps, le navire reste-t-il le même ?
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Définition dynamique des termes du sujet Faire croire
Cette interrogation soulève des réflexions profondes sur l’identité et le changement et que reprend Druon. Peut-on considérer que l’objet (ou un homme, dans le cas de notre sujet) conserve son identité originelle malgré tous les changements qu’il traverse ?
Druon répondrait sans hésiter « non » à cette question. Dans la première partie de la citation, le romancier des « Rois maudits » affirme d’un ton relativement péremptoire que « rien de ce qui ne demeure pas identique à soi-même n’est vrai ». Cette tonalité relativement catégorique se signale par l’usage du présent de vérité générale (« demeure ») et une certaine universalisation du propos, rendue par le pronom indéfini « rien ». Druon souligne ainsi que les idées de vérité (comme discours rapporté en conformité avec le réel) et d’authenticité résident dans la permanence et la constance.
Pourquoi donc cette telle aversion pour le changement ? Quels mécanismes psychologiques peuvent l’expliquer ? D’une part parce que le jugement de Druon, dans son roman historique, peut être vu comme une critique de l’impermanence de l’existence humaine, où la vérité ne peut être saisie pleinement à travers les transformations incessantes de la vie. Du reste l’époque alexandrienne était elle aussi marquée par de formidables changements civilisationnels, avec par exemple la rencontre, voire le syncrétisme, entre les civilisations grecque et perse – d’où peut-être aussi, dans le roman, une recherche, par effet de balancier, d’une certaine stabilité.
C’est ainsi que d’autre part, en affirmant que « dès qu’elles changent, les choses mentent », Druon vient refléter une quête de stabilité dans un monde en perpétuel changement – un désir d’avoir des repères, un point fixe dans le tourbillon du monde.
La théorie générale étant posée (il s’agit de la première et de la dernière phrase de la citation), Druon en vient aux exemples, aux déclinaisons. L’anaphore « d’apparence » traverse les âges de la vie, qui sont donc présentés comme des manifestations éphémères de l’essence humaine – qui, par leur nature changeante, ne peuvent incarner une vérité absolue. « Apparence » est ainsi employé dans une acceptation péjorative (comme l’illusion ou l’aspect trompeur, ce qui ne reflète pas ou cache la vérité). Ce que confirme d’ailleurs l’utilisation du verbe « mentir » (« les choses mentent »), c’est-à-dire qu’elles présentent une réalité de manière trompeuse (avec une intention de tromper réellement, ce dont il faudra discuter).
En affirmant que seul ce qui est constant peut être considéré comme vrai, Druon touche donc à la permanence ontologique de la nature humaine : est-on le même individu enfant qu’adulte ? En changeant, ne devient-on pas autre ? Notons aussi que cette citation peut également être interprétée comme une critique de la société et de ses normes fluctuantes. En identifiant chaque étape de la vie comme une simple « apparence », Druon soulève des questions sur la réalité versus la perception sociale de l’identité. La citation de Druon interroge notre compréhension de l’identité personnelle et collective, nous poussant à considérer si la vérité réside dans ce qui est éternel et immuable ou si elle peut aussi se trouver dans le flux et le reflux de l’existence.
« Dès qu’elles changent, les choses mentent » : cette affirmation de Druon dans son roman Alexandre le Grand n’est-elle pas par trop radicale ?
Et pourtant, n’est-il pas aussi possible de faire du changement non le signe du mensonge, mais l’essence même de la réalité – si cette réalité est en elle-même mouvante et changeante, en perpétuelle construction ? « L’apparence » pour Nietzsche était ainsi le mouvement même de la vie, où se percevait la véritable réalité. De même le verbe « changer », employé par Druon avec un sens négatif, peut être aussi perçu dans une acception positive : le changement peut être vu positivement comme une amélioration, une évolution, pas seulement sous le prisme de l’instabilité mensongère. Du reste si elle venait à être universalisée, la thèse de Druon pourrait nier les idées des progrès, d’évolution – n’est-il pas bénéfique, par exemple, de passer de l’enfance à l’âge adulte ?
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Problématisation et plan de la dissertation sur Faire croire
Problématisation par rapport aux œuvres de CPGE scientifiques
Druon soulève donc un dilemme qu’il nous faudra résoudre. Si nous acceptons que la vérité réside uniquement dans ce qui est constant, comment pouvons-nous alors considérer notre réalité — intrinsèquement marquée par le changement — comme vraie ? Si la vie réside dans le changement et la vérité dans la permanence, comment réconcilier l’idéal de permanence avec la réalité du changement ? Autrement dit, réalité du changement et changement de la réalité sont-ils incompatibles ?
Annonce des axes de la dissertation en prépa
Nous expliquerons, en première instance, que la recherche de constance, au-delà des « apparences » et des fluctuations, s’explique facilement notamment par des mécanismes psychologiques propres à l’humain. Mais n’est-il pas vrai aussi que la réalité est de nature dynamique et évolutive ? « Dès qu’elles changent », les choses ne « mentent » pas forcément – c’est ce que nous explorerons dans un deuxième temps de notre argumentation. Mais comment concilier cependant recherche de la vérité, changement incessant et nécessaire stabilité et sérénité de l’esprit ? Comment trouver des points de repères dans ce changement permanent ? C’est ce que nous verrons enfin dans une dernière partie.
La quête de vérité face au mirage des apparences: psychologie et tromperie
Le Navire de Thésée est une expérience de pensée ancienne qui questionne les rapports entre identité et changement.
La quête de changement et de stabilité, et le refus des « apparences » et des inconstances, se comprennent aisément : pour des raisons de sécurité psychologiques, et parce que l’apparence peut être, dans certaines occasions, la courroie du mensonge et de la tromperie.
La psychologie humaine face au changement et à l’apparence
Ce refus de « l’apparence » et du « changement » assimilé au mensonge, tel que formulé ainsi par Druon, peut s’expliquer par des mécanismes intrinsèques à la psychologie humaine : la recherche de cohérence, de constance. Il s’agit d’un besoin psychologique fondamental – dans un monde en constante évolution, où tout est éphémère, l’esprit humain cherche des ancrages de vérité immuable comme forme de réconfort.
(Exemple) Cette quête d’une vérité qui serait immuable face aux « changements » constants, ce repoussoir de « l’apparence », font partie de l’essence même de la théorie platonicienne, qu’évoque aussi Hannah Arendt dans « Vérité et politique ». Platon refuse ainsi les « opinions toujours changeantes du citoyen sur les affaires humaines, qui sont elles-mêmes dans un état de flux constant ».
Il lui « opposa la vérité sur les choses qui sont dans leur nature même éternelles et d’où par conséquent l’on peut dériver des principes pour stabiliser les affaires humaines », poursuit Hannah Arendt. De là apparaît la division platonicienne entre la science, immuable et vraie, et l’opinion, changeante et fausse. Dans la théorie platonicienne, le mensonge est ainsi, plus loin pour Hannah Arendt, assimilé à quelque chose de mouvant et instable (« le mensonge cohérent, métaphoriquement parlant, dérobe le sol sous nos pieds sans fournir d’autre sol sur lequel se tenir »). « L’identique » évoqué par Druon est ainsi assimilé à l’identité permanente, reflétant l’aversion générale pour l’incertitude et l’ambiguïté, et la quête de stabilité dans un changement permanent du monde.
(Exemple 2) Conséquemment, la psychologie humaine sera portée à considérer comme vraie ce qui se répète, ce qui est stable – non car ce phénomène est vrai en soi, mais parce que la permanence et la vérité seraient, faussement ou non (nous le verrons), assimilés et confondus. C’est ce mécanisme du biais de confirmation que Lorenzo emploie lui-même (III, 1) pour piéger ses voisins : étant donné qu’il entend assassiner le duc de Médicis à son domicile, et pour ne pas affoler les voisins le soir du meurtre, il décide de s’entraîner chaque soir à l’épée avec son ami Scoronconcolo pour accoutumer ses voisins à la normalité du raffut chez lui, chaque soir ! (Voici l’extrait complet : « SCORONCONCOLO — A l’assassin ! on me tue ! on me coupe la gorge ! LORENZO — Je te le dis, en confidence, — je ferai le coup dans cette chambre ; et c’est précisément pour que mes chers voisins ne s’en étonnent pas, que je les accoutume à ce bruit de tous les jours. ») Lorenzo utilise ainsi à bon escient, dans la pièce de Musset, ce mécanisme de la psychologie humaine qui refuse le changement et lui préfère une quête permanente de stabilité.
La vie d’Alexandre le Grand, qui a fini par adopter les mœurs perses, n’est-elle pas aussi une vie de changements.
(Transition) Ces mécanismes psychologiques humains qui tendent à préférer la constance au changement peuvent certes s’expliquer : car il est des situations où, bien souvent, l’apparence, le changement, sont utilisés pour manipuler les perceptions à des fins personnelles.
L’apparence comme outil de manipulation
La superficialité, « l’apparence », peuvent être en effet les armes et les outils du « mensonge », en masquant leur réalité sous-jacente.
(Exemple) Tel est par exemple le but, voire la raison d’être, de ces « spécialistes de la solution des problèmes » que dénonce Hannah Arendt, notamment dans « Du Mensonge en politique. » L’objectif de ces spécialistes n’est pas d’agir sur le réel, mais d’opérer « la formation même [d’une] image » trompeuse de la réalité, à des fins d’avantage politique. Il s’agit ainsi de « faire de la présentation d’une certaine image la base de toute une politique », l’apparence (qui est ici le synonyme du mensonge puisque la réalité décrite par ces spécialistes, notamment concernant la guerre du Viêt Nam, ne correspond pas à la situation sur le terrain) devant prendre le pas sur la réalité.
(Exemple 2) Ces « apparences » devenant « mensonges » sont notamment celles du déguisement, de l’habit, qui visent aussi à masquer les apparences humaines à travers les âges de la vie. Nous pouvons ici utilement évoquer le rôle des maquillages chez la Marquise de Merteuil, qui visent à la fois à masquer le passage des âges sur le visage de la libertine, et à lui donner une image de coquetterie, de pudeur, de séduction. Mais ce maquillage est en réalité, nous le savons, un masque. C’est aussi le rôle du maquillage, de la poudre, de masquer les émotions du Vicomte de Valmont. Madame de Rosemonde (lettre CXXII à la Présidente de Tourvel) peut ainsi remarquer l’affliction du Vicomte, d’ordinaire cachée par le maquillage : « Il était, à la vérité, sans toilette et sans poudre ; mais je l’ai trouvé pâle et défait et ayant surtout la physionomie altérée. Son regard, que nous avons vu si vif et si gai, était triste et abattu… »). Soigner ainsi son « apparence » peut apparaître comme une volonté de faire prévaloir le « mensonge » sur son état d’esprit plutôt que la vérité de ses émotions.
(Transition) La quête de stabilité et de permanence reflétée dans la citation de Druon se comprend ainsi bien par les mécanismes psychologiques de défense de l’être humain. Cependant, l’apparence et le changement ne sont-ils parfois la seule réalité – l’apparence de la stabilité n’est-elle pas en réalité le véritable mensonge ?
Changement et vérité: L’évolution comme principe de réalité
Dès lors, le changement ne fait-il pas partie de la réalité ?
Dès qu’elles mentent, les choses ne mentent pas forcément. Au contraire même, le changement est parfois même la substance consubstantielle comme souhaitable de la réalité.
Reconnaissance du changement comme vecteur de vérité
Il apparait dans un premier temps, que le changement, l’apparence, ne sont pas synonymes de mensonge. « Dès qu’elles changent », les « choses » ne « mentent » pas forcément – au contraire, la vérité est souvent de nature dynamique et évolutive.
(Exemple) Hannah Arendt souligne par exemple la contingence de la réalité, sa nature adaptative, mouvante ; pour la philosophe, « le signe le plus sûr de la factualité des faits » réside même non dans leur stabilité, dans leur permanence, mais dans la « contingence intrinsèque » qui « défie en fin de compte toutes les tentatives d’explication définitive ». La vérité est ainsi plutôt dans le changement.
(Exemple 2) Et c’est donc ainsi en voyant par-delà les changements que l’on pourra, contrairement à ce que semble avancer Druon, percer les mystères du réel. Car la vérité humaine est souvent dynamique, mouvante. Pierre Bayard, à propos des Liaisons Dangereuses, évoque même la notion de vérité « indécidable », « où l’on ne sait plus seulement qui croire, mais aussi que croire », étant donné que les libertins, mais aussi les vertueux, essaient de nous piéger en permanence à travers mille chausse-trappes et manigances, qui sont autant de changements permanents de visages, de caractères, de décors. Rester dans le mensonge serait ainsi vouloir retrouver, dans l’incessant changement du réel, une stabilité illusoire.
(Transition) « Dès qu’elles changent, les choses » ne mentent donc pas – bien au contraire, il faut percevoir ce changement pour briser les mensonges, par exemple ceux des libertins. Dans le même esprit, Druon semble minimiser, voire oublier un deuxième aspect positif du changement : dans l’évolution d’une personne, à travers ces âges de la vie qu’il évoque, le changement est non seulement constitutif de l’identité mais encore nécessaire et souhaitable.
Pour Hannah Arendt, la réalité est mouvante, complexe, contingente – le changement y est permanent.
Le rôle constructif du changement dans l’identité personnelle
De l’enfant au vieillard, l’homme change et évolue : et c’est ainsi que l’on peut évoquer un rôle positif du changement dans la construction de l’identité – il est nécessaire et même souhaitable qu’une même personne change et évolue tout au long de sa vie. Ce n’est pas mensonge ; c’est progrès.
(Exemple) Philippe Strozzi, dans une tirade de l’Acte II (Scène 1), concède ainsi son désir de faire évoluer la société florentine, le caractère même des hommes qui la peuplent – leur nature, leur comportement, notamment quand il déplore « l’éducation des basses classes ». « Que le bonheur des hommes ne soit qu’un rêve, cela est pourtant dur ; que le mal soit irrévocable, éternel, impossible à changer… non ! » lance-t-il ainsi. Le désir de changement devient ainsi souhaité comme souhaitable.
(Exemple 2) De même l’évolution de tout personnage, dans les Liaisons Dangereuses, est à double tranchant ; elle n’est pas forcément négative. De froide et altière, la Présidente de Tourvel devient à la fois plus fragile et plus humaine, plus authentique, plus émouvante ; elle devient en somme une autre personne, notamment en acceptant son amour pour Valmont (ainsi à la lettre 128 : « Tout ce que je puis vous dire, c’est que, placée par M. de Valmont entre sa mort ou son bonheur, je me suis décidée pour ce dernier parti. Je ne m’en vante, ni ne m’en accuse : je dis simplement ce qui est. Vous sentiez aisément, d’après cela, quelle impression a dû me faire votre lettre, & les vérités sévères qu’elle contient. Ne croyez pas cependant qu’elle ait pu faire naître un regret en moi, ni qu’elle puisse me faire changer jamais de sentiment ni de conduite. Ce n’est pas que je n’aie des moments cruels ; mais quand mon cœur est le plus déchiré, quand je crains de ne pouvoir plus supporter mes tourments, je me dis : Valmont est heureux ; & tout disparaît devant cette idée, ou plutôt elle change tout en plaisirs. ») Dans un premier temps, cette idée de faire évoluer sa personnalité, de grandir en somme, lui apporte bonheur et réconfort – nous connaissons la suite, mais il est cependant bon qu’un personnage puisse évoluer, changer, se transformer. L’évolution fait partie de la vie et de son parcours initiatique.
Toute évolution des personnages est-elle forcément négative dans le roman épistolaire de Laclos ?
(Transition) Dès lors, comment concilier ces contraires, entre d’une part, la quête et la recherche, compréhensible, de stabilité ; et de l’autre, la nature mouvante de la réalité et de la personne humaine ? C’est ce que nous allons explorer dans un troisième mouvement de notre argumentation.
Flexibilité cognitive et sérénité: Naviguer dans le flux du changement
Pour trouver une forme de sérénité, d’ataraxie, il apparaît nécessaire de développer une certaine éducation à la flexibilité cognitive ; d’accepter que le changement soit permanence. Mais cela n’exclut en rien la possibilité de se retrouver dans cette réalité en permanente évolution, de trouver des points de repère pour lire à travers le flux incessant du monde et réduire l’anxiété liée au changement.
Vers une sérénité ancrée dans l’acceptation du changement
Pour trouver cette forme de fixité de la sérénité malgré les changements, il apparaît tout d’abord nécessaire d’accepter que la réalité soit évolutive ; de développer une sorte d’éducation à la flexibilité cognitive, comme il y a une éducation à l’esprit critique.
(Exemple) Hannah Arendt nous propose un tel modèle de pensée, notamment dans « Du mensonge à la violence ». Elle brocarde notamment certains théoriciens de la « politique moderne », qui emploient la théorie des jeux, la mise au point de scénarios, aboutissant à « l’énumération méticuleuse d' »options », d’ordinaire au nombre de trois, A, B et C, A et C représentant les solutions extrêmes et opposées, et B constituant la « solution logique » des problèmes, celle de la voie moyenne ». Or, rajoute-t-elle, « L’erreur, dans ce mode de pensée, consiste d’abord à imposer des choix entre des solutions qui paraissent mutuellement s’exclure ; jamais la réalité ne s’offre à nous sous cette forme de prémisses aboutissant à des conclusions logiques ». C’est que la réalité est changeante, évolutive. Il faut donc adopter une posture plus humble, celle par exemple de Kant, dont Hannah Arendt fait ainsi l’éloge dans « Vérité et politique » : elle loue ainsi « la grandiose Critique de la raison pure de Kant, où la raison est amenée à reconnaître ses propres limites, comme dans les mots de Madison qui souligna plus d’une fois que « la raison de l’homme, comme l’homme lui-même, est timide et circonspecte quand elle est abandonnée à elle-même ». Dès lors, il faut renoncer, à l’inverse peut-être de Spinoza, « à l’infaillibilité de la raison humaine » et au contraire, comme dans la philosophie nietzschéenne, être ouvert aux mille vents du changements. C’est ainsi que l’esprit humain pourra concilier une plus grande sérénité, malgré l’incessant changement de son environnement – en conciliant changement, vérité et sérénité.
(Exemple 2) En un sens, l’appel d’Hannah Arendt est un exercice d’humilité pour l’esprit humain ; il faut accepter que la réalité nous échappe et que l’esprit humain n’a parfois pas assez prise pour la changer, ou même pour la comprendre. C’est à une même démarche d’humilité qu’appelle par exemple la Marquise (III, 6) dans la pièce de Musset, lorsque le Duc lui lance : « Vous rêvez tout éveillée ». Elle répond ainsi : « Oui, par le ciel ! oui, j’ai fait un rêve — hélas ! les rois seuls n’en font jamais — toutes les chimères de leurs caprices se transforment en réalités, et leurs cauchemars eux-mêmes se changent en marbre ». Or l’esprit humain n’est pas un roi ou un magicien : il doit faire avec la réalité, même quand elle est un cauchemar, ne pas chercher à retrouver le « marbre » de la permanence dans le changement incessant.
« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » : la philosophie héraclitéenne est une philosophie appelant à intégrer le changement dans le cours de nos vies.
(Transition) Cependant, cette posture de flexibilité cognitive pourrait ne pas suffire à elle seule, tant les changements sont parfois déroutants : cette quête de la sérénité dans le changement, pour concilier vérité, changement, et sérénité, ne peut donc être individuelle ; elle est une tâche collective et nécessite des auxiliaires.
Le rôle des intermédiaires dans la perception de la vérité et du changement
Pour atteindre cette sérénité dans le changement, et percevoir la réalité de la nature humaine malgré son impermanence, l’esprit humain a besoin de concours extérieurs : à l’image des intermédiaires de la vérité que constituent les journalistes ou les universitaires.
(Exemple) Telles sont en effet des institutions du « dire-la-vérité » pour Hannah Arendt : journalistes et universitaires nous permettent de nous repérer dans le monde tel qu’il l’est ; de repérer la permanence derrière le changement, ou de retrouver une certaine forme de sérénité en décodant les changements du monde. Elle écrit ainsi que sans « l’information quotidienne fournie par les journalistes », « nous ne nous y retrouverions jamais dans un monde en changement perpétuel, et, au sens le plus littéral, nous ne saurions jamais où nous sommes ». Dès lors c’est par la presse, qui décode la réalité, par de tels intermédiaires de la vérité qui peuvent être aussi nos proches, que nous pourrons nous retrouver dans le changement perpétuel – et construire ainsi notre identité en résonance avec le monde, collectivement.
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Conclusion de la dissertation en prépa scientifique
Les masques, omniprésents dans Lorenzaccio, reflètent aussi une certaine vision de la dissimulation, qui n’est pas sans rappeler une société florentine en perpétuel tourbillonnement.
Le fil directeur de notre raisonnement était le suivant : si nous admettons que seules les choses immuables peuvent être considérées comme véritables, comment pouvons-nous alors appréhender la nature de notre existence, intrinsèquement sujette au changement, comme étant véridique ? Dans un univers où le changement est l’essence même de la vie et la constance celle de la vérité, est-il possible de trouver un terrain d’entente entre ces deux notions apparemment opposées ? Au fil de notre questionnement, nous avons tout d’abord expliqué les raisons fondamentales de cette tendance humaine à rechercher la stabilité au-delà des apparences éphémères et des fluctuations constantes, une tendance qui peut être attribuée à des mécanismes psychologiques innés à notre espèce. Cependant, nous avons aussi montré qu’il était indéniable que la réalité elle-même est en perpétuelle évolution. Nous avons enfin mis en lumière la possibilité de concilier cette quête de vérité avec le caractère inéluctable du changement – en étant ouvert à l’évolution des « choses », et en trouvant des points d’ancrage dans ce paysage en constante mutation.
(Ouverture) L’interrogation soulevée par Maurice Druon trouve enfin un écho particulier dans la philosophie d’Héraclite, qui affirmait : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » Cette métaphore héraclitéenne illustre l’idée fondamentale que tout dans l’univers est en perpétuel changement ; mais suggère aussi que la vérité réside peut-être moins dans une permanence illusoire que dans notre capacité à naviguer et à trouver un sens dans le perpétuel devenir de l’existence.
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