Exemple de dissertation thème Faire croire en prépa - Sextus Empiricus
Exemple de dissertation sur une citation de Sextus Empiricus en CPGE scientifique
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Cours particuliers de français
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Sujet Sextus Empiricus sur le thème Faire croire en CPGE scientifique
Nous vous proposons ici une dissertation rédigée sur le thème Faire croire en philosophie en CPGE scientifiques. Vous pouvez vous appuyer sur cette dissertation pour travailler la méthode de dissertation et les connaissances à avoir pour réussir le concours de CPGE scientifique.
Voici le sujet de dissertation proposé :
À la lumière des œuvres au programme, vous vous interrogerez sur cette réflexion du philosophe sceptique Sextus Empiricus. « La fin du sceptique, c’est la tranquillité (…). Car étant incapable de décider, [le sceptique] suspend son assentiment. Et pour celui qui avait suspendu son assentiment, la tranquillité en matière d’opinions s’ensuit fortuitement. »
Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes (IIe-IIIe siècle), Livre I, § 8, 10, 25-26, tr. fr. Pierre Pellegrin, Seuil, Points essais, 1997, p. 57-59 et 69-7
(Accroche) : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » disait le sage Socrate. In fine le maître de Platon croyait certes en la possibilité de fonder des connaissances sûres et sereines, basées sur la sagesse philosophique. Mais cette même sagesse philosophique conduit l’école sceptique antique, dont Sextus Empiricus est l’une des figures de proue, à tirer d’autres enseignements de l’incertitude fondamentale des sociétés humaines : celle de l’impossibilité de décider ; celle de la suspension de tout jugement, qui serait la base, le corollaire, de la « tranquillité » de l’âme.»
Définition dynamique des termes du sujet Faire croire
D’emblée, nous pouvons noter ce paradoxe mis en avant par Sextus Empiricus. Le philosophe sceptique antique pose une certitude – celle, justement, qu’on ne peut être certain de rien… Mais comment être certain du fait que rien n’est certain ?
Pour autant, en dépit de cette conclusion sceptique, la tonalité de cette citation se veut péremptoire et catégorique : cet aspect se signale notamment par l’usage du présent de vérité générale (avec la tournure démonstrative « c’est » ; ou encore « s’ensuit fortuitement ».)
Il faut dès lors, pour mieux cerner cette citation, distinguer la fin et le moyen (ou la conséquence et la cause). La fin du sceptique, c’est la « tranquillité » de l’âme, l’ataraxie pour reprendre un terme épicurien, l’absence de troubles de l’âme – un état qui s’oppose à l’anxiété, l’incertitude, l’angoisse. Cette tranquillité semble être une des premières pierres posées sur la route du bonheur – mais nous pourrons aussi nous demander si la tranquillité, qui apparaît positivement comme un état désirable de paix intérieure ou de bien-être, ne peut pas, également, être perçue sous un angle plus négatif (une forme d’apathie ou d’indifférence, ou une renonciation au jugement).
Le moyen (la cause) pour atteindre cette tranquillité de l’âme (la fin), est de suivre les préceptes de l’école philosophique de Sextus Empiricus : le scepticisme – l’école philosophique du doute, de l’incrédulité ou de la méfiance. Le scepticisme, qu’est-ce à dire ? Il repose sur l’idée que la vérité n’est pas facilement accessible ou peut-être même inatteignable ; et invite conséquemment à une remise en question permanente des opinions et des affirmations. L’étymologie du terme (« skeptikos », « qui examine ») rend d’ailleurs bien compte de ce caractère d’investigation et d’examen critique. Là encore, le scepticisme peut être vu positivement, comme une méthode de pensée critique évitant la naïveté, la tromperie, la déception, les troubles de l’âme ; mais aussi négativement, comme une incapacité à s’engager envers des croyances fermes. De plus, le scepticisme peut être choisi, comme dans le scepticisme philosophique ; ou bien subi, constituant alors une solution par dépit ou par défaut, comme dans le cas de celui qui, déçu et trompé par tout, se réfugierait dans un pyrrhonisme (scepticisme) radical. Dans les écrits de Sextus, l’incapacité à décider se conçoit cependant dans une perspective choisie et positive (pour l’auteur du moins) : puisque la réalité est complexe et mouvante, le sceptique prétendre « suspendre son jugement » plutôt que de risquer l’erreur.
Notons cependant que Sextus suspend son jugement concernant les « opinions », non les faits ; mais à la suite de Hannah Arendt nous pourrons aussi nous demander si la séparation entre opinion et fait est bien réelle et si nette que cela.
Le doute radical sceptique conduit-il à la « tranquillité de l’âme », comme l’affirme Sextus Empiricus ?
Il est cependant permis de douter des doutes de Sextus lui-même. En effet, le doute radical est-il possible ? Est-il même souhaitable ? Car en effet, la tranquillité de l’âme suppose peut-être, justement, d’avoir pour base un socle d’opinions sûres et fermes. De plus, s’il faut douter, alors il faut conclure que le scepticisme de Sextus s’étend également aux relations interpersonnelles, aux amis, à la famille ; or une société du scepticisme permanent, qui ne laisserait aucune place en la confiance, serait aussi difficilement supportable.
Enfin, il est possible de se demander si Sextus Empiricus, qui vit lui-même dans une période de l’Antiquité marquée par le bouleversement des ordres anciens, par la crise de l’Empire romain, par le relativisme, la diversité culturelle, la pluralité des religions (avec le développement du christianisme), n’est pas lui-même porté, par son contexte historico-social, à relativiser toute opinion – pour éviter de se retrouver dans les pièges d’une époque.
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Problématisation et plan de la dissertation sur Faire croire
Problématisation par rapport aux œuvres de CPGE scientifiques
Nous sommes donc face à un dilemme : d’un côté, le scepticisme peut apparaître comme nécessaire pour éviter d’être trompé, et ainsi fonder une certaine sérénité de l’âme ; et pourtant de l’autre côté, le scepticisme permanent et radical peut confiner à l’apathie et à l’indifférence, et peut causer l’intranquillité de l’âme si aucune place n’est laissée à la confiance. C’est cet équilibre du scepticisme que nous interrogerons dans notre réflexion.
Annonce des axes de la dissertation en prépa
En première instance, le scepticisme prôné par Sextus Empiricus apparaît comme un enseignement raisonnable et sain, permettant d’éviter d’être joué et trompé par une réalité multiple, changeante et potentiellement manipulée. Cependant, nous nous pencherons par la suite sur le dilemme intrinsèque du scepticisme : faut-il considérer son excès comme un facteur d’agitation et de trouble de l’esprit plutôt que de paix intérieure ? Pour surmonter ce dilemme, nous choisirons, plutôt que la société de scepticisme constant, un esprit critique positif où il est possible de « suspendre » le jugement sans inquiétude, en faisant place à la confiance à autrui.
La nécessité du doute : Exploration du scepticisme en pratique
Dans Lorenzaccio, les « Huit », les juges de Florence, ne sont jamais à l’écoute du « vent lugubre du doute » – ils auraient dû, pour éviter de prendre des jugements arbitraires !
Hygiène du jugement et préceptes sceptiques
Il paraît nécessaire, en première instance, d’adopter une certaine hygiène du jugement, en suivant les préceptes sceptiques – afin d’éviter d’être trompé, déçu, et joué, ce qui nourrirait une certaine « intranquillité de l’âme ».
Pourquoi faudrait-il tout d’abord se montrer méfiant, sceptique, cartésien dans l’âme ? Car puisque le monde n’est pas pavé de bonnes intentions, cette « hygiène sceptique » permet d’éviter d’être trompé et joué. Le scepticisme apparaît en effet comme une solution rationnelle pour éviter les erreurs de jugement – pour ne pas se tromper, quand on est dans le doute et dans « l’incapacité de décider », il vaut mieux suspendre son jugement comme le veut l’éthique sceptique.
(Exemple) Le (contre-) exemple des « Huit », les juges de Florence dans Lorenzaccio (III-3), montre bien que le scepticisme, la « suspension » du jugement (ici au sens propre, la suspension de la décision de justice) peut être préférable à une mauvaise décision. Les Huit sont en effet des juges arbitraires. Quand une affaire politique parait « indécidable », ils n’hésitent pas et vont tout de même juger au fond et ainsi précipiter une injustice… et donc favoriser « l’intranquillité » de toute une société. Philippe Strozzi est bien conscient de cette iniquité des Huit dans la pièce, quand il affirme à Lorenzo : « Les Huit ! un tribunal d’hommes de marbre ! une forêt de spectres, sur laquelle passe de temps en temps le vent lugubre du doute qui les agite pendant une minute, pour se résoudre en un mot sans appel. » Dans cette citation, le « vent lugubre du doute » est bien vu comme une attitude potentiellement positive, qui permettrait d’éviter les erreurs de jugement.
(Exemple 2) Un autre contre-exemple, rejoignant le même argument, est celui de la Présidente de Tourvel, qui aurait bien dû adopter une attitude sceptique, pour ne pas être trompée par le Vicomte de Valmont. Dans la lettre VI des Liaisons Dangereuses, le Vicomte de Valmont se réjouit ainsi, écrivant à la Marquise de Merteuil, que Tourvel « ne se doute pas encore de ce qu’il lui en coûtera pour le tenter ». Or en exerçant cette raison critique du doute, en suspendant son « assentiment », la Présidente aurait pu aussi éviter d’être trompée.
(Exemple 3) Il apparaît d’autant plus nécessaire et souhaitable de douter que la réalité en elle-même est complexe. Bien souvent, l’on se retrouve conséquemment dans cette situation d’être « incapable de décider » que décrit Sextus Empiricus. C’est cette même complexité, pluralité de la réalité que relève Hannah Arendt dans « Du mensonge à la violence ». Elle signale ainsi que la réalité est toujours multiple, contingente ; et qu’il est impossible de réduire « les éléments de la réalité dans le froid langage des chiffres et des pourcentages », étant donné que « la réalité ne s’offre à nous sous cette forme de prémisses aboutissant à des conclusions logiques » (contrairement à ce que croyaient les partisans de la théorie des jeux dans l’administration des USA, qui voulaient réduire la réalité à une série de chiffres, de pourcentages et de probabilités).
Selon Hannah Arendt, la réalité est toujours multiple, contingente, accidentelle : mieux vaut donc l’aborder avec prudence et scepticisme.
(Transition) Nous avons vu ainsi « pourquoi » il fallait douter et adopter cette approche sceptique ; mais « comment » y parvenir ? En quoi consistent plus précisément les modalités du doute sceptique, de la suspension de l’assentiment ?
Modalités du doute sceptique : De la raison critique au scepticisme radical
Les modalités du doute sceptique peuvent passer par l’exercice de la raison critique, voire tourner au scepticisme radical.
(Exemple) L’esprit critique est par exemple adopté par l’orfèvre dans Lorenzaccio (V, 5), qui réussit à ne pas être trompé par les fariboles vides du marchand, ne croyant pas son galimatias. Le marchand lui tient ainsi une parodie de discours scientifique, prétendant qu’une malédiction du chiffre 6 affecte la famille de Médicis (voici le passage complet pour information : « Le feu duc Alexandre a été tué l’an 1536, qui est bien l’année où nous sommes — suivez-moi toujours. — Il a donc été tué l’an 1536, voilà qui est fait. Il avait vingt-six ans ; remarquez-vous cela ? Mais ce n’est encore rien. Il avait donc vingt-six ans, bon. Il est mort le 6 du mois ; ah ! ah ! savez-vous ceci ? n’est-ce pas justement le 6 qu’il est mort ? Ecoutez maintenant. Il est mort à six heures de la nuit. Qu’en pensez-vous, père Mondella ? voilà de l’extraordinaire, ou je ne m’y connais pas. Il est donc mort à six heures de la nuit. Paix ! ne dites rien encore. Il avait six blessures. Eh bien ! cela vous frappe-t-il à présent ? Il avait six blessures, à six heures de la nuit, le 6 du mois, à l’âge de vingt-six ans, l’an 1536. Maintenant, un seul mot — Il avait régné six ans. ») Cependant l’orfèvre, exerçant sa raison critique et sceptique, ne s’en laisse pas conter. Il répond : « Quel galimatias me faites-vous là, voisin ? ». Il refuse d’être trompé par des suppositions vagues et considère les déductions du Marchand comme absurdes : il nous livre donc une démonstration de l’efficacité de la méthode sceptique par l’exercice de la raison critique. Cette méthode permet in fine d’arriver à un jugement plus sûr et certain, l’orfèvre devenant « capable de décider ».
(Exemple 2) Cependant cette modalité du doute, de l’attitude sceptique, peut prendre une tournure plus radicale. C’est celle qui est évoquée par Hannah Arendt dans « Vérité et politique » : le doute radical et cynique. Or la philosophe déplore cette attitude, conséquence du rejet du « lavage de cerveau » des régimes contemporains : « On a fréquemment remarqué que le résultat à long terme le plus sûr du lavage de cerveau est un genre particulier de cynisme – un refus absolu de croire en la vérité d’aucune chose, si bien établie que puisse être cette vérité » écrit-elle ainsi.
(Transition) Ainsi, cette attitude radicalement sceptique, si elle peut éviter que l’on soit trompé, n’est pas sans poser des désavantages : l’excès de scepticisme peut nuire comme le manque de scepticisme. Dès lors, faut-il faire des préceptes de Sextus Empiricus un idéal à suivre en tout point ? C’est ce que nous allons explorer plus en détail dans la suite de notre raisonnement
Le Dilemme du scepticisme : Entre agitation et tranquillité d’ame
Devrait-on pour autant douter de tout ? Quelles seraient les conséquences d’une société du tout-scepticisme, de l’immoralité cynique comme chez Laclos ?
Dans un deuxième moment de notre argumentation, nous pourrons donc mettre en avant le dilemme du scepticisme : son excès n’est-il pas plutôt synonyme d’agitation et d’intranquillité de l’âme ? Au contraire, son absence n’est-il pas parfois plus souhaitable ?
Le cynisme du scepticisme excessif et ses conséquences
Loin d’amener à une certaine « tranquillité » de l’âme, une attitude permanente de doute peut au contraire causer des troubles et des agitations nuisibles à la paix intérieure, notamment quand le scepticisme vire au cynisme.
(Exemple) Lorenzo tombe lui-même dans ce piège du cynisme dans la pièce de Musset. « Lorenzo est un athée ; il se moque de tout » relève ainsi Sire Maurice dans la pièce, sur Lorenzo. Et en effet, Lorenzo, dans une forme de cynisme lucide (il ne croit aucunement à l’honnêteté possible de la société de son temps), est en proie au désordre et au malaise intérieur. « Je me suis réveillé de mes rêves, rien de plus » avoue-t-il à Philippe (III, 3). « Je te dis le danger d’en faire. Je connais la vie, et c’est une vilaine cuisine, sois-en persuadé, ne mets pas la main là-dedans, si tu respectes quelque chose » ajoute-t-il. Il ne croit plus dans les valeurs de probité que lui oppose Philippe Strozzi – et de là résulte l’intranquillité de son âme. Le scepticisme devient ainsi le synonyme d’un renoncement, du cynisme.
(Exemple 2) Imaginons aussi une société cynique, de type nihiliste, qui douterait d’absolument tout, y compris des valeurs morales élémentaires. Cette société de l’immoralité, qui prendrait pour prétexte une attitude sceptique, n’est pas très éloignée de la société libertine telle que décrite par Laclos. Et c’est pour dénoncer cette société du scepticisme, où l’on ne croit plus en rien, y compris dans les valeurs fondamentales, que Laclos prend la plume. Il le rappelle en ces termes dans la « Préface du rédacteur » : « Mais, en partant encore de cette supposition favorable, il me semble toujours que ce recueil doit plaire à peu de monde. Les hommes et les femmes dépravés auront intérêt à décrier un ouvrage qui peut leur nuire, et comme ils ne manquent pas d’adresse, peut-être auront-ils celle de mettre dans leur parti les rigoristes, alarmés par le tableau des mauvaises mœurs qu’on n’a pas craint de présenter. » De même, dans la lettre 164 du roman, Madame de Rosemonde confiera à M. Bertrand sa volonté, en parlant de son neveu Danceny, de « venger à la fois sa mort, l’humanité et la religion ». Et elle ajoute : « On ne saurait trop exciter la sévérité des lois contre ce reste de barbarie qui infecte encore nos mœurs ; et je ne crois pas que ce soit dans ce cas que le pardon des injures puisse nous être prescrit. » On voit ainsi où mène l’excès de scepticisme : à un doute cynique radical qui remet en cause les fondements mêmes de la moralité de la société.
Si l’on doit douter de tout, doit-on douter du fait qu’il faille douter ?
(Transition) Dans ces conditions, l’absence de scepticisme, en osant décider, en osant avoir des convictions, peut être au contraire la voie à suivre pour atteindre une plus grande « tranquillité » de l’âme.
L’absence de Scepticisme : Un chemin vers la tranquillité ?
Puisqu’il apparaît toujours nécessaire de « croire en quelque chose », l’absence de scepticisme peut être au contraire un moyen d’atteindre une plus grande « tranquillité » de l’âme.
(Exemple) Cette absence de scepticisme peut être tout d’abord nécessaire dans le domaine politique. Ainsi dans Lorenzaccio, le scepticisme, l’esprit critique du doute, peuvent aussi nuire à l’action politique sincère. À titre d’illustration, lorsque Lorenzo tente de convaincre Alamanno et Pazzi de la réalité de ses intentions de tuer le duc, ils refusent de le croire. Ils pensent qu’il est ivre ou fou et rejettent ses déclarations. Ils font croire à Lorenzo qu’il se trompe et qu’il ne peut pas être celui qui tue le duc. « Tu veux tuer le duc, toi ? Allons donc ! tu as un coup de vin dans la tête » persifle ainsi Alamanno, visiblement trop sceptique.
(Exemple 2) La conviction ferme (l’absence de scepticisme) dans la rigueur du travail
journalistique est également indispensable pour avoir des repères stables dans une société, et ainsi atteindre une plus grande tranquillité. Comme l’écrit Hannah Arendt ainsi dans « Vérité et politique », à propos des journalistes, « sans eux nous ne nous y retrouverions jamais dans un monde en changement perpétuel, et, au sens le plus littéral, nous ne saurions jamais où nous sommes. » Si chacun doutait, de manière sceptique, du travail de ces journalistes, en vivant dans une ère du soupçon permanente, la société serait ainsi réellement perdue et jamais « tranquille » selon les termes de Sextus Empiricus.
(Transition) Nous sommes donc confrontés à un dilemme : entre l’utilité du scepticisme et ses limites intrinsèques. Comment trouver un plus juste équilibre et rendre les préceptes de Sextus Empiricus plus propres à fonder une durable et véritable « tranquillité » de l’âme ?
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Équilibre et synthèse : Vers un esprit critique constructif et une confiance saine
Hannah Arendt trouve une position d’équilibre, en promouvant l’esprit critique tout en critiquant le doute radical.
Afin de résoudre ce dilemme, nous préférerons donc, à la société du scepticisme permanent, un esprit critique constructif – qui laisse place dans le même temps à la confiance aveugle en matière d’amour ou d’amitié, où le jugement peut « se suspendre » sans crainte.
Préférer l’esprit critique au scepticisme radical
Pour continuer à se défendre contre les fausses nouvelles et garder les aspects positifs du scepticisme (ne pas être trompé), il faut préférer, au scepticisme radical, un esprit critique constructif. Cet esprit appartient à celui qui construit méthodiquement la vérité pas à pas, selon la méthode de la rationalité scientifique, en se basant sur des faits, des hypothèses et des vérifications. Il diffère ainsi de l’attitude sceptique radicale, qui ne se fonde pas sur des vérifications rationnelles mais sur un préjugé négatif (toutes les vérités proférées sont douteuses voire fausses).
(Exemple) Cet esprit critique est par exemple celui de l’historien tel que le présente Hannah Arendt dans « Vérité et politique ». C’est cette méthode scientifique de l’historien, qui vise à débusquer les mensonges en analysant rationnellement les incohérences qu’il laisse, que la philosophe décrit notamment en ces termes : « Puisque les faits se produisent toujours dans un contexte, un mensonge particulier – c’est-à-dire une falsification qui ne s’efforce pas de changer tout le contexte – fait pour ainsi dire un trou dans le tissu des faits. Comme tout historien le sait, on peut repérer un mensonge en observant des incongruités, des trous, ou les jointures des endroits rafistolés. Aussi longtemps que la texture en son tout est conservée intacte, le mensonge se montrera par la suite comme spontanément. »
(Exemple 2) C’est ainsi que Hannah Arendt, plus loin dans le texte, qualifie les universités, aux côtés des amphithéâtres antiques, de « refuges de la liberté ». Ces institutions sont en effet des lieux où prédomine une certaine vision critique de la réalité, qui ne tombe dans aucun extrême : ni la crédulité absolue, ni le scepticisme par principe. « Des vérités très malvenues ont émergé des universités, et l’amphithéâtre a maintes et maintes fois délivré de ces vérités très malvenues ; et ces institutions, comme d’autres refuges de la vérité, sont demeurées exposées à tous les dangers qui nais- sent du pouvoir social et politique » écrit ainsi Hannah Arendt.
(Transition) Il est donc possible et souhaitable de préférer, au scepticisme permanent, cet esprit critique plus constructif. Mais en parallèle, et afin de laisser place à une forme de confiance dans la société, il semble aussi impérieux de ne pas passer chaque élément de la vie sociale au tamis de la critique.
Confiance et amitié : Au-delà du scepticisme
En effet la confiance, l’amitié, quand elles sont sincères, peuvent et doivent se passer même d’examen critique. Il doit exister, dans la société, des échappatoires à la critique constructive, des champs de confiance où l’on n’a pas à suspendre son assentiment.
Adopter une attitude purement pyrrhonienne (sceptique), est-ce ouvrir un autre « livre de l’intranquillité », pour reprendre le titre de l’œuvre maîtresse de Pessoa ?
(Exemple 1) Un de ces exemples de confiance souhaitable est la relation existante entre Tourvel et le père Anselme, du moins dans la première partie du roman épistolaire de Laclos. Le Vicomte de Valmont, qui essaie de convaincre le père Anselme (qui sera cependant bien naïf, mais non traître) de trahir la Présidente, a lui-même conscience de la force de cette confiance, quand il écrit (lettre 70) ceci : « Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous, monsieur : mais je sais la confiance entière qu’a en vous madame la présidente de Tourvel, et je sais de plus combien cette confiance est dignement placée. »
(Exemple 2) Un autre exemple d’amitié sincère, qui doit se passer d’un esprit critique permanent pour persister comme telle, est la relation entre Lorenzo et Scoronconcolo. Leur amitié est si forte que la complicité qui relie Lorenzo à son spadassin se passe de tout examen critique, se joue de toutes les dissimulations. Ainsi, pas encore dans la confidence du projet d’assassinat du duc de Médicis, Scoronconcolo le devine d’avance (III, 1) : « Tu as un ennemi, maître. Ne t’ai-je pas vu frapper du pied la terre, et maudire le jour de ta naissance ? N’ai-je pas des oreilles ? ». Il lance également à Lorenzo : « Pour toi, je remettrais le Christ en croix ». Cette formule, quoiqu’irréligieuse, témoigne bien de la confiance absolue régnant entre les deux hommes, et qui peut se passer d’examens critiques – et même doit, pour garder une part de confiance indispensable dans la vie d’une société.
Conclusion de la dissertation en prépa scientifique
(Conclusion) Nous nous étions donné pour fil directeur d’éclaircir le dilemme suivant : certes, le scepticisme apparaît comme une hygiène de jugement nécessaire, tant le monde est rempli de roueries et de trompeurs ; cependant, comment dans le même temps ne pas tomber dans l’excès de scepticisme, qui serait tout aussi néfaste pour atteindre la « tranquillité de l’âme » chère à notre Sextus Empiricus ? Au fil de notre raisonnement, nous avons certes montré que le scepticisme, tel qu’enseigné par Sextus Empiricus, se présente comme une approche raisonnable et bénéfique, offrant une protection contre les illusions d’une réalité complexe, en perpétuel changement et susceptible de manipulation. Toutefois, nous avons aussi illustré le fait qu’il était essentiel de questionner l’excès de scepticisme, qui peut entraîner une certaine intranquillité de l’âme ? Dès lors, pour résoudre ce paradoxe, nous avons mis en avant la construction d’une nouvelle éthique, celle d’un esprit critique constructif, qui refuse le scepticisme des postures et laisse la place à une confiance nécessaire dans la société.
(Ouverture) C’est ainsi que nous pourrons éviter à notre tour d’écrire, pour reprendre le titre d’un grand livre du poète portugais Fernando Pessoa, un nouveau « livre de l’intranquillité ».
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