Exemple de dissertation sur le thème Faire croire en prépa - Giordano
Exemple de dissertation sur une citation de Giordano en CPGE scientifique
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Sujet Pablo Giordano sur le thème Faire croire en CPGE scientifique
Voici le sujet :
Dans Contagions, un essai paru en 2020 analysant la pandémie de Covid-19, Paolo Giordano, docteur en physique nucléaire italien et romancier, écrit ceci : « Dans la contagion, la science nous a déçus. Nous voulions des certitudes et nous avons trouvé des opinions. Nous avons oublié que cela marche toujours ainsi, ou plutôt que cela ne marche qu’ainsi, que le doute est pour la science encore plus sacré que la vérité. »
Vous commenterez son propos à la lumière des œuvres au programme.
(Accroche) « Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison » a pu écrire François Jacob, Compagnon de la Libération et Prix Nobel de médecine en 1965. Ce grand généticien décrivait ainsi les promesses paradoxes de la science : la science peut beaucoup, mais nous en attendons peut-être davantage encore.
Définition dynamique des termes du sujet Faire croire
La pandémie de Covid-19 a mis en exergue cette tension. La science, scrutée, anticipée, parfois critiquée, s’est retrouvée au cœur d’une confrontation entre espoir et réalité. Du fait de sa « double casquette » d’écrivain et de docteur en physique nucléaire, Giordano est bien placé pour évaluer la capacité de la science à réaliser ou décevoir les espoirs qui lui sont accordés.
Cette citation est empreinte d’une tonalité lucide. Giordano évoque les espoirs placés par la communauté mondiale dans son ensemble, dans ceux qui espéraient de grandes choses de la part de la science (ce « nous », ce pronom personnel à la première personne du singulier, renvoie à la société dans son ensemble, à l’opinion publique, à une société confrontée aux besoins et aux craintes liés au virus Covid.). Giordano semble sûr de ce qu’il affirme : cela se manifeste clairement à travers l’utilisation de la négation restrictive, comme dans l’expression « cela ne marche qu’ainsi ».
Tout le propos de Giordano tient dans ce décalage : entre les espoirs de la science et ses déceptions ; entre les « certitudes » et les « opinions. » On peut ainsi noter un certain balancement, un rythme binaire dans l’écoulement de ces phrases. Cette ambivalence de la science tient en ceci : la science, cette démarche rationnelle pour comprendre le réel, fondée sur des méthodes rigoureuses, faites d’analyse, d’hypothèse et de rationalité, est attachée à l’idée de progrès scientifique construit dans la certitude. La confiance initialement mise dans la science tient aux résultats spectaculaires qu’elle a pu obtenir, quand on mesure les progrès acquis ; pour « nous », le public, la science est ainsi synonyme à la fois de « certitudes » (ce qui est certain, indubitable, bien acquis) et de progrès francs et durables (par exemple pour vaincre les maladies contagieuses définitivement, comme la peste, etc.).
Mais la science (dans sa diversité, celle des sciences sociales et humaines et celle des sciences exactes et naturelles) est ambivalente. Elle n’est pas une collection de vérités immuables, mais un processus en constante évolution, fondé sur l’observation, l’hypothèse, et la révision. Du moins pour les vérités scientifiques encore un peu moins assises et construites – et de ce fait il existe une différence entre la situation de la science face à un virus inconnu, et les axiomes scientifiques comme « deux et deux font quatre », davantage admis. Or la science est intrinsèquement dynamique et adaptative. La série des succès scientifiques a fait « oublier » au public que la science était aussi une construction fonctionnant par hypothèses, par expérience, par étonnement, par le doute et donc possiblement par échec ; qu’elle se définit point dans la certitude que dans le débat et la confrontation scientifique.
« Rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison » a pu écrire François Jacob, Compagnon de la Libération et Prix Nobel de médecine en 1965.
De là cette opposition, décevante et même terrifiante pour le public dans l’angoisse du virus, entre la certitude de la science et « l’opinion ». Ici Giordano, en philosophe aussi, ressuscite la vieille querelle de la confrontation entre la science et l’opinion ; entre le philosophe et les habitants de la caverne platonicienne, ceux végétant encore dans le domaine de l’opinion. (l’inverse d’une connaissance sûre et assurée, que méprisait Platon). C’est d’ailleurs cette vieille bipartition platonicienne que Hannah Arendt reprend d’ailleurs, dans « Vérité et politique », rappelant « qu’aux opinions toujours changeantes du citoyen sur les affaires humaines, qui sont elles-mêmes dans un état de flux constant, le philosophe opposa la vérité (…). De là vint que le contraire de la vérité fut la simple opinion, donnée comme l’équivalent de l’illusion ».
(renversement dialectique) Pourtant il est possible aussi de voir, dans un deuxième temps, l’opinion comme une richesse. Au lieu d’être synonyme d’insatisfaction et de précarité, l’opinion, surtout dans la confrontation des opinions, dans le débat public, scientifique, peut être au moyen de construire des vérités scientifiques ; peut être une des modalités de la construction du savoir scientifique. C’est ainsi que le « doute » pour Giordano devient une modalité positive : il n’est pas vraiment synonyme d’incertitude angoissante, stressante ; mais devient synonyme d’esprit critique, méthodique (en doutant, on ne prend pas pour acquis la vérité ou la fausseté d’une affirmation, ce qui ouvre la voie à l’enquête et à la réflexion). Ce doute méthodique, d’inspiration cartésienne en un sens, devient ainsi essentiel dans la construction de la vérité scientifique. Le doute n’est pas un échec, il prend donc une tournure positive, celui de la prudence intellectuelle ou d’un outil pour atteindre la vérité.
C’est pourquoi le doute est aussi « sacré » (au sens étymologique latin : sacer, ce qu’il ne faut pas toucher) que la « vérité ». La « vérité » est ici prise dans le sens de l’adéquation d’un discours au réel. Mais en matière de science, la vérité n’est-elle même pas absolue : il faudra ainsi se questionner sur les pluralités des vérités. Par exemple, Arendt distingue les vérités de fait (liées aux documents humains, celles de l’histoire, la politique etc., les sciences humaines) et les vérités rationnelles (liées aux sciences exactes et naturelles). Giordano semble ainsi évoquer les vérités scientifiques « rationnelles », mais il ne sera pas interdit de se demander si un même raisonnement ne peut pas aussi s’appliquer aux sciences dans leur diversité.
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Problématisation et plan de la dissertation sur Faire croire
Problématisation par rapport aux œuvres de CPGE scientifiques
Nous sommes donc face à un dilemme : d’un côté, la science se construit dans le doute méthodique et parfois dans l’erreur ; et pourtant, d’un autre côté, elle a pour fondement et doit toujours avoir pour objectif de construire des certitudes, des vérités scientifiques. Cette ambivalence est-elle un mode d’être souhaitable ou une contradiction fondamentale et potentiellement dangereuse ?
Annonce des axes de la dissertation en prépa
Dans un premier moment de notre argumentation, nous analyserons pourquoi la science, envisagée comme un réservoir de vérités absolues, se trouve en réalité confrontée à un équilibre délicat entre les hautes attentes du public et son processus évolutif, caractérisé par le doute et l’élaboration non pas de certitudes, mais plutôt de perspectives éclairées. Cependant dans un deuxième temps, nous soutiendrons que, bien que l’universalisation de la thèse de Giordano ait une certaine validité, elle n’est ni réalisable ni souhaitable. En effet, douter excessivement de la capacité de la science à atteindre des vérités pourrait favoriser injustement des « pseudo-sciences. Dès lors, nous affirmerons dans un dernier mouvement que la science doit avant tout viser la recherche de la vérité – et que l’atteindre n’est pas une utopie, mais le fruit d’une éthique scientifique fondée sur le doute et l’éducation scientifique.
La science entre certitude et opinion : Une navigation complexe
Dans « Contagions », ses réflexions sur la pandémie de Covid, Giordano évoque la relation entre le doute et la science. Est-elle toujours saine ou parfois décevante ?
Les attentes du public envers la science : Quête de certitudes
La science, perçue comme une source potentielle de certitudes infaillibles, doit en réalité naviguer entre les attentes élevées du public et sa propre élaboration progressive, souvent marquée par le « doute » et la construction non de « certitudes », mais « d’opinions ».
Le public fonde de grands espoirs sur la science : il existe un véritable désir de pouvoir compter sur la science pour fournir des « certitudes » et non des « opinions » sur les grands problèmes de notre temps, alimentant ainsi la réputation d’infaillibilité de la science.
(Exemple) C’est ainsi que comme le souligne Hannah Arendt dans « Vérité et politique », il existe une distinction entre les vérités rationnelles et scientifiques, qui semblent plus solides, et les vérités de fait, liées aux documents humains, qui sont plus vulnérables et fragiles. Les vérités de fait, telles que les événements historiques, sont en effet sujettes à l’influence du pouvoir et peuvent être manipulées ou altérées. Arendt met ainsi en lumière la fragilité des faits par rapport aux théories scientifiques, qui reposent sur des méthodes rigoureuses et des preuves vérifiables. C’est le sens de ce qu’elle écrit dans les lignes suivantes, rappelant la vulnérabilité d’une vérité de fait particulière (l’effacement du rôle de Trotski dans la Révolution Russe, par la censure des livres d’histoire) : « Les chances qu’a la vérité de fait de survivre à l’assaut du pouvoir sont effectivement très minces ; elle est toujours en danger d’être mise hors du monde, par des manœuvres, non seule- ment pour un temps, mais, virtuellement, pour toujours ». Or au contraire, « les faits et les événements sont choses infiniment plus fragiles que les axiomes, les découvertes et les théories », parmi lesquelles « les mathématiques euclidiennes ou la théorie de la relativité ».
(Exemple 2) C’est cette même confiance dans l’autorité, dans le pouvoir de la science, que relève Philippe Strozzi dans Lorenzaccio. À l’acte III (Scène 2), il souligne ainsi, face à la réflexion nonchalante de son fils Pierre (« Un bon coup de lancette guérit tous les maux »), la complexité de la science médicinale : « Guérir ! guérir ! Savez-vous que le plus petit coup de lancette doit être donné par le médecin ? Savez-vous qu’il faut une expérience longue comme la vie, et une science grande comme le monde, pour tirer du bras d’un malade une goutte de sang ? ». Cette nécessité de l’expérience est le corollaire, pour Strozzi, de la confiance placée dans le pouvoir scientifique – à même d’apporter des « certitudes » grâce à la solidité des savoirs construits et des vérités acquises. Nous verrons cependant que la science médicinale n’est pas sans s’attirer quelques critiques justifiées…
(Transition) Car nous le savons, la médecine à l’époque de la Renaissance était encore balbutiante voire dangereuse.
La science et le doute : Déceptions et construction du savoir
Les espoirs placés en la science, comme le relate Giordano, peuvent être ainsi déçus, les « opinions » succédant au désir de certitude. Et pourtant ce n’est pas parce que la science déçoit qu’elle n’est plus science : elle se construit justement par le « doute ».
(Exemple) Hannah Arendt y compris concède par exemple la difficulté, pour certaines disciplines scientifiques, de prouver et d’établir fermement des « vérités ». Elle prend l’exemple de la quadrature du cercle dans l’extrait suivant de « Vérité et politique » : « Si néanmoins le philosophe souhaite voir prévaloir sa vérité sur les opinions de la multitude, il subira une défaite, et il est susceptible de conclure de cette défaite que la vérité est impuissante – truisme aussi plein de sens que celui du mathématicien, incapable de réaliser la quadrature du cercle, et déplorant le fait que le cercle n’est pas un carré. » Même la science mathématique peut ainsi nous décevoir à atteindre des vérités solides – mais ne procède-t-elle pas aussi par doute, par échec, par construction scientifique et hypothèses ?
(Exemple 2) Certaines pratiques scientifiques peuvent s’attirer les critiques et les doutes, à la suite de Molière et de son « Médecin imaginaire » : la médecine. Madame de Volanges, à la lettre 160 des Liaisons Dangereuses, (lettre à Madame de Rosemonde), déplore ainsi avec ironie un sentiment partagé : la science médicinale, loin de fonder des remèdes certains, fonde plutôt des « opinions » incertaines voire dangereuses. « Je vous écris de la chambre de votre malheureuse amie » (écrit ainsi Volanges au sujet de Tourvel), « dont l’état est toujours à peu près le même. Il doit y avoir cet après-midi une consultation de quatre médecins. Malheureusement c’est, comme vous le savez, plus souvent une preuve de danger qu’un moyen de secours. »
Le doute est-il un obstacle ou moyen d’atteindre la vérité ?
(Transition) La science, en dépit des espoirs de certitudes placés en elle, peut ainsi s’avérer impuissante et relever plus de « l’opinion » que de la vérité installée. Se comprend ainsi la certaine déception autour des attentes placée en la science évoquées par Giordano. Cependant, l’assertion de l’auteur doit-elle pour autant universalisée ? Le doute dans la science peut-il, doit-il être systématique ? Il serait paradoxal que le doute soit « indubitable » (intouchable au sens de « sacré »), alors même que la science est aussi fille du doute.
Les limites de l’universalisation de la thèse de Giordano : Nécessité des certitudes scientifiques
L’universalisation de la thèse de Giordano, en partie fondée, n’est cependant ni possible ni souhaitable : en effet, il existe bel et bien des principes et axiomes scientifiques, mathématiques, hors de « doute » ; de plus, trop nier cette capacité de la science à atteindre (au moins par moments) des certitudes, serait ouvrir une brèche dans sa légitimité, favorisant des discours pseudo-scientifiques.
Les axiomes scientifiques indubitables : Au-delà du doute
Il existe tout d’abord des axiomes scientifiques qui peuvent justement mis être hors de doute : l’absence de « certitude » en science n’est certes pas une règle universelle souhaitable, elle est même une nécessité.
(Exemple) En effet l’ensemble du savoir scientifique humain, pour être établi et développé, a besoin de principes, d’axiomes scientifiques ; de vérités scientifiques qui peuvent ne pas être qualifiées « d’opinions », mais qui sont pour autant toujours « sacrées » au sens d’indubitables. Parmi ces vérités principielles, il y a les axiomes euclidiens dont Hannah Arendt décrivait le caractère « despotique » dans « Vérité et politique » (c’est-à-dire que leur vérité s’impose) : « Ce que Mercier de la Rivière a remarqué un jour à propos de la vérité mathématique s’applique à toutes les espèces de vérité : « Euclide est un véritable despote ; et les vérités géométriques qu’il nous a transmises sont des lois véritablement despotiques.» Dans un même ordre d’idées, Grotius, environ cent ans plus tôt – désirant limiter le pouvoir du monarque absolu, avait insisté sur le fait que « même Dieu ne peut pas faire que deux fois deux ne fassent pas quatre » écrit-elle ainsi. Certaines vérités doivent être considérées comme indubitables, y compris dans le domaine politique… Car le doute n’est pas forcément toujours fécond en matière scientifique.
(Transition) Et nous voyons bien le risque qu’il existe à vouloir « relativiser » le caractère parfois « sacré » de la vérité scientifique : en effet le risque est d’aboutir à une confusion entre les sciences et les apparences de science – puisqu’il serait permis de douter de toute science, les pseudo-sciences pourraient arguer de cet argument pour prétendre au même degré de sérieux scientifique.
Dans Les Liaisons Dangereuses, Valmont essaie d’imiter le discours scientifique du médecin… avec un certain succès !
Le risque de brouiller les frontières entre science et pseudo-science
Il existe ainsi un risque à relativiser le degré de certitude des sciences. Des pseudo-sciences pourraient essayer de profiter de ce brouillage des frontières entre la certitude et l’opinion, pour s’engouffrer dans la brèche. Si toute science est ainsi rabrouée au rôle d’opinion, la frontière entre science et pseudo-science risque donc de se brouiller, desservant les savoirs réellement et éthiquement « scientifiques ». C’est ainsi que le point de vue de Giordano, s’il venait à être universalisé, desservirait les sciences « authentiques ».
(Exemple) Si nous aboutissons à cet état de fait, la science serait ainsi plus fragile, plus malléable, et son imitation rendue plus facile. C’est à une telle imitation de la science (la pseudo-médecine) que se livre Valmont à la lettre 25 des Liaisons Dangereuses, quand il examine « la feinte malade », Tourvel. Valmont peut se faire passer pour un quasi-médecin aux yeux de sa tante : « Madame de Rosemonde m’engagea à lui tâter le pouls, en vantant beaucoup mes connaissances en médecine » relate-t-il ainsi.
(Exemple 2) Un autre exemple de parodie de discours scientifique est livré par le Marchand dans Lorenzaccio. Celui-ci livre une parodie de discours scientifique, qui expliquerait que le duc de Médicis serait concerné par une « malédiction des 6 » (il serait tué une année en 6, le 6 du mois, à 6h, etc.). Or, ces « combinaisons surnaturelles » du propre mot du marchand, ne sont pas de nature à tromper l’orfèvre, qui réagit ainsi : « Quel galimatias me faites-vous là, voisin ? ». Nous voyons ici l’importance de l’esprit critique, du doute, pour déminer les faux discours scientifiques – mais dans le même temps, il n’est pas possible de considérer que toute science relèverait nécessairement de l’opinion, car cela serait ravaler la science au même rang que les pseudo-sciences, ouvrant la voie ainsi à de possibles dangers et manipulations.
Dans Lorenzaccio, Musset se livre à une parodie de discours pseudo-scientifique dans la tirade du Marchand.
(Exemple 3) Enfin, à l’époque même des Liaisons Dangereuses, il y avait également une « science » qui se disait à l’écart de tout doute : la science religieuse, et qui se proclamait comme telle. C’est à cette science que fait exemple référence Madame de Volanges à Madame de Rosemonde, dans la lettre 160, quand elle évoque les derniers moments de Tourvel (voici l’extrait) : « Après que notre amie eut proféré ce peu de mots, elle se laissa retomber dans mes bras ; et elle était à peine replacée dans son lit, qu’il lui prit une faiblesse qui fut longue, mais qui céda pourtant aux secours ordinaires. Aussitôt qu’elle eut repris connaissance, elle me demanda d’envoyer chercher le père Anselme et elle ajouta : « C’est à présent le seul médecin dont j’ai besoin ; je sens que mes maux vont bientôt finir. » Elle se plaignait de beaucoup d’oppression, et elle parlait difficilement. » La science religieuse est ainsi érigée au même rang, au même titre que la science à part entière – ce qui serait pour nous un anachronisme.
(Transition) Dès lors, comment peut-on maintenir un équilibre entre le doute nécessaire et l’établissement de vérités solides et durables en science, comme le préconisait Descartes ? Sans renoncer à la certitude, comment ne pas renoncer non plus à l’apport indispensable du doute dans la construction du savoir scientifique ? Comment résoudre cet apparent dilemme ?
Le doute méthodique en science : Un pilier pour construire des vérités solides
N’y a-t-il pas un danger à renoncer à atteindre toute vérité par la science, comme semble le sous-entendre Giordano ?
Accepter la part du doute en science ne signifie pas renoncer à la vérité. Au contraire, c’est par le doute méthodique que le savoir scientifique peut progressivement construire des vérités mieux établies et nécessaires. ». Cela suppose cependant une honnêteté scientifique (l’éthique scientifique rejoignant alors le doute méthodique comme condition de l’efficacité de la science) comme une éducation scientifique plus large.
L’équilibre entre doute et vérité en science : Le rôle décisif de l’honnêteté scientifique
La science, tout en acceptant la part de « doute » et d’incertitude, ne doit pas pour autant renoncer à l’établissement de toute « vérité » : cet aspect-là est nécessaire pour éviter une société plongée perpétuellement dans le doute et le relativisme scientifique.
(Exemple) Arendt prend en particulier l’exemple d’une science sociale : l’histoire. Tout en reconnaissant le rôle du doute, de l’esprit critique, comme fondement des savoirs scientifiques, elle affirme que tout de même, l’historien scientifique peut accéder à la vérité des faits – par son lent et patient travail qui se base sur le doute méthodique, mais avec toujours comme cap la vérité des faits. Cet apport de l’historien est d’autant plus vital pour déjouer les mensonges du pouvoir ; or l’historien débusque les incohérences, les trous dans le « tissu des faits », pour reprendre l’expression arendtienne dans l’extrait suivant de « Vérité et politique » : « Puisque les faits se produisent toujours dans un contexte, un mensonge particulier – c’est-à- dire une falsification qui ne s’efforce pas de changer tout le contexte – fait pour ainsi dire un trou dans le tissu des faits. Comme tout historien le sait, on peut repérer un mensonge en observant des incongruités, des trous, ou les jointures des endroits rafistolés. Aussi longtemps que la texture en son tout est conservée intacte, le mensonge se montrera par la suite comme spontanément. ». C’est ainsi que pour Hannah Arendt, « les modes existentiels du dire-la-vérité » peuvent se retrouver non seulement dans la « solitude du philosophe », dans « l’isolement du savant et de l’artiste » mais encore dans « l’impartialité de l’historien. »
(Exemple 2) Cette valorisation du savoir critique permet dès lors d’éviter que la science ne devienne trop changeante et vacillante. C’est cet usage détourné de la science que conspue, avec ironie, Sire Maurice face à Lorenzo dans l’acte I. À Lorenzo qui lui lance, « Si l’on vous a dit que j’étais un soldat, c’est une erreur ; je suis un pauvre amant de la science », Sire Maurice lui répond ainsi : « Votre esprit est une épée acérée, mais flexible. C’est une arme trop vile ; chacun fait usage des siennes ». En filant la métaphore, nous pourrions dire que dans le contexte de l’impartialité arendtienne de l’historien, l’esprit scientifique peut au contraire devenir une arme à la fois puissante et acérée, mais en même temps « flexible », capable de s’adapter aux circonstances et à l’évolution des preuves.
(Transition) Cependant il existe une condition essentielle pour que la science puisse jouer tout son rôle dans la société, et conserver la confiance et l’estime que lui portent les citoyens : renforcer l’éducation scientifique de tous et de toutes.
La certitude existe-t-elle dans la science ou bien cette dernière est-elle en perpétuel mouvement d’une théorie réfutée à l’autre ?
L’Importance de l’éducation scientifique pour éviter les malentendus et renforcer la société
Qui est ce « nous » en effet de la citation de Giordano ? Il inclut sûrement le public lettré, éduqué, au profil culturel semblable à celui de Giordano. Mais ce « nous » n’inclut pas toute la société : la pandémie de Covid a été en effet un moment de remise en question par ceux qui, déçus par la science, sont allés chercher ailleurs d’autres « certitudes » (que telle ou telle molécule soignait, qu’un grand complot pharmaceutique avait déclenché la pandémie, etc.). Pour répondre à cette crise de confiance, c’est seulement en amplifiant la connaissance, l’éducation scientifique, que des solutions durables pourront être trouvées.
(Exemple 1) L’éducation scientifique du peuple doit ainsi être propulsée au rang de priorité au même rang que l’éducation politique des Florentins, dont Philippe Strozzi regrettait le trop faible développement dans Lorenzaccio : « Quand l’éducation des basses classes sera-t-elle assez forte pour empêcher les petites filles de rire lorsque leurs parents pleurent ! La corruption est-elle donc une loi de nature ? » regrette-t-il ainsi à corps perdu dans l’Acte II (Scène première).
(Exemple 2) Laclos, dans les Liaisons Dangereuses, singulièrement dans la Préface du rédacteur, nous montre ainsi la voie vers une éducation populaire. Son roman épistolaire n’est ainsi pas autre chose, selon lui, qu’un traité d’éducation à l’esprit critique, de mise en garde, contre la science de la manipulation des libertins. « L’utilité de l’ouvrage, qui peut-être sera encore plus contestée, me paraît pourtant plus facile à établir. Il me semble au moins que c’est rendre un service aux mœurs, que de dévoiler les moyens qu’emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes, et je crois que ces lettres pourront concourir efficacement à ce but » écrit-il ainsi, rappelant que son œuvre conduit à établir bel et bien des « vérités » sociales.
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Conclusion de la dissertation en prépa scientifique
Nous nous étions donné pour fil directeur la résolution du dilemme suivant : si d’un côté, la science se construit par l’erreur et le doute méthodique, d’un autre côté, comment ne pas renoncer à construire in fine des vérités scientifiques établies ? Avec ce cap, nous avons certes, dans un premier temps, concédé à Giordano la nécessité, pour la science, de progresser par le doute et les hypothèses réfutables et réfutées. Cependant, le renoncement à toute vérité apparaît tout aussi critiquable, dans la mesure où la science peut et doit se fonder aussi sur des axiomes certains, et que des « pseudo-sciences » risqueraient de s’engouffrer dans la brèche pour combler les besoins de vérité. C’est pourquoi, dans un dernier temps, nous avons réaffirmé le besoin, la nécessité pour la science d’atteindre des vérités, sur les fondements de la méthode scientifique et de l’éducation de tous et toutes.
(Ouverture) La citation de Giordano apparaît in fine comme une sorte de confusion possible : dire qu’une théorie scientifique est réfutable ne signifie pas qu’elle n’est pas capable d’atteindre quelque vérité. Peut ici être évoquée la théorie de la réfutabilité (ou falsifiabilité) de Karl Popper, qui repose sur l’idée que pour qu’une théorie scientifique soit considérée comme scientifique, elle doit être réfutable, c’est-à-dire formulée pour être potentiellement testée et contredite par la théorie ou le raisonnement. Cependant, Popper, s’il visait ici la psychanalyse qu’il considérait comme une « pseudo-science », ne considérait pas que la science ne pouvait atteindre toute vérité – et cela était même une nécessité.
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