Dissertation sur le thème Individu et Communauté en CPGE
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Sujet 1 : Dissertation corrigée Individu et Communauté
Sujet : « Toute communauté – un jour, quelque part, d’une manière ou d’une autre – rend « commun. » »
À l’appui des œuvres au programme, vous vous interrogerez sur cette citation de Nietzsche, dans le Gai Savoir (1882).
(Accroche) Dans le paragraphe 335 du Gai savoir, Nietzsche expose ce qui constitue, selon lui, la grandeur de l’égoïsme individuel. « Admire bien plutôt ton égoïsme », lance Nietzsche ; il exhorte ainsi son lecteur à « tracer sa propre voie », à se donner à soi-même sa propre loi, à refuser en somme les règles avilissantes de la communauté.
(Définition des termes du sujet) Il ne sera donc pas surprenant de voir Nietzsche, dans l’extrait que nous avons à étudier, conspuer la communauté et ses effets dégradants sur l’originalité de chaque individu. Nietzsche emploie même une tonalité péremptoire, catégorique, en universalisant l’acception de sa dénonciation : c’est ainsi qu’il a recours à l’adjectif indéfini « toute » pour désigner la communauté, comme s’il n’y avait aucune exception (ce que nous interrogerons). La répétition des compléments circonstanciels de temps, lieu et manière (« un jour, quelque part, d’une manière ou d’une autre »), de même que l’emploi du présent de vérité générale « rend », redoublent cette universalisation du propos. La thèse de Nietzsche se veut donc maximaliste – ce qu’il sera bien sûr permis de contester.
C’est donc avec cet universalisme dénonciateur que le chantre de la solitude héroïque, du surhomme, dénonce les effets avilissants, « moyennisants », de la communauté. La « communauté » nietzschéenne peut ici renvoyer à la définition classique de ce terme, « l’ensemble de personnes vivant en collectivité ou formant une association d’ordre politique, économique ou culturel ». Mais Nietzsche songe, nous semble-t-il, en premier lieu aux communautés fondées notamment sur des valeurs religieuses et morales (communautés religieuses et morales). Pour Nietzsche, ces communautés se feraient les meilleures (ou les pires) porte-voix de l’écrasement des sensibilités individuelles – il songerait moins aux communautés nationales et linguistiques en tant que telles.
Toute appartenance à une communauté, selon Nietzsche, rend donc « commun ». Notons d’emblée que Nietzsche glisse ici un jeu de mots, fondé sur le polyptote communauté-commun (nota bene : il est bon de glisser des analyses littéraires, comme s’il s’agissait presque d’un commentaire de texte de 1ere). « Commun » peut certes avoir un sens neutre ou positif, dans le sens de « partagé » ou « collectif » (communis, qui appartient à plusieurs, l’étymologie étant d’ailleurs la même que « communauté »). En effet, la communauté permet de « rendre commun » non seulement des biens matériels mais encore des valeurs, des visions du monde. Cependant le terme « commun » a pour Nietzsche une connotation négative : au sens de « banal », « ordinaire » – loin du « surhomme nietzschéen ».
(Mise en tension et problématique) Dès lors se mettent au jour une tension, un paradoxe. La communauté, en cherchant à créer une unité et une cohésion, finit par standardiser et uniformiser ce qui était initialement divers et unique, l’individu. Pour Nietzsche, ce processus n’est pas positif (au sens d’intégration et de solidarité) mais bien négatif (au sens de conformisme et de perte de l’identité individuelle). Nous nous interrogerons donc sur ce dilemme entre l’appartenance à une communauté et la perte de l’individualité – l’appartenance à une communauté efface-t-elle fatalement toute individualité et originalité ?
(Annonce du plan) À la lumière du raisonnement nietzschéen, nous montrerons, dans un premier temps, les modalités et conséquences de cette perte d’individualité, à l’œuvre dans le processus communautaire. Nous soutiendrons cependant, dans le deuxième temps de notre réflexion, que la thèse de Nietzsche ne peut être appliquée universellement et n’est pas totalement désirable. Le fait qu’une communauté rassemble et unifie ses membres n’est ainsi ni inévitable, ni entièrement négatif. Nous chercherons donc, dans un dernier temps argumentatif, à fonder des relations plus harmonieuses entre, d’une part, l’affirmation de la communauté et, d’autre part, le développement et la protection de l’originalité individuelle.
I. Uniformisation des individus dans la communauté
Il apparaît bien, dans un premier moment de notre réflexion, que la « communauté » tend à promouvoir et créer des liens entre ses membres, conduisant à une certaine « uniformisation » des individus, qui perdent dès lors une part de leur originalité propre.
I – 1. Causes et modalités de l’affirmation de l’auteur
Comment et sous quelles modalités, tout d’abord, s’opère ce processus de ‘communisation’, de banalisation de l’individu ? Comment la communauté parvient-elle à « rendre » l’individu « ‘commun’ » (nota bene : il est bon, en début de sous-partie, de reprendre le sujet par intra-citation) en particulier dans les œuvres au programme ? Ce processus s’opère par une série de modalités, qui tiennent notamment aux valeurs communes ou structures sociales de la communauté – des valeurs tendant à s’imposer face à celles de l’individu.
(Exemple 1) Les membres d’une communauté partagent tout d’abord souvent des valeurs et normes culturelles qui favorisent la cohésion sociale – et in fine la ‘banalisation’ de l’individu qui rentre ainsi dans le moule social. C’est bien sûr le processus qui s’opère pour Newland Archer dans Le Temps de l’Innocence. Le New-Yorkais se sent contraint par les attentes de la bonne société d’incarner et de respecter les valeurs de son milieu – et ainsi contraint de réfréner ses désirs individuels de s’échapper avec la comtesse Olenska. Cependant ce processus de banalisation de l’individu s’opère dans toutes les couches de la personnalité et de la vie des Archers, jusqu’à la musique, comme nous le voyons dans cet extrait : « Naturellement elle chantait « M’ama » et non « il m’aime » puisqu’une loi immuable et incontestée du monde musical voulait que le texte allemand d’un opéra français chanté par des artistes suédois fût traduit en italien afin d’être plus facilement compris d’un public de langue anglaise. Ceci semblait aussi naturel à Newland Archer que toutes les autres conventions sur lesquelles sa vie était fondée. » Même la musique est rendue ‘commune’, au-delà des individus, par les règles de la communauté. Cette « loi immuable » évoquée par Wharton est celle du respect des valeurs de la communauté, qui conduit donc à réfréner les pulsions individuelles et à rendre commun.
(Exemple 2) C’est donc l’appartenance à une communauté sociétale (communauté aussi religieuse et morale, la communauté new-yorkaise) qui pousse Newland à ce conformisme. La pièce d’Eschyle, Les Sept Contre Thèbes, permet, quant à elle, de mettre en valeur le rôle de la communauté civique dans cette ‘dépersonnalisation’. C’est ainsi que les femmes, dans la pièce, sont comme dépersonnalisées – elles sont rendues ‘communes’ dans la mesure où elles ne s’expriment qu’à travers le ‘Chœur, qui est en réalité le ‘Chœur de jeunes filles’, nous indique la présentation des personnages (des jeunes filles thébaines même appelées ‘le Chœur des vierges’ dans d’autres traductions). Ce chœur est sans cesse rabroué par un très misogyne Étéocle (certes aussi pour des raisons tenant à l’organisation classique des pièces de théâtre grecques) ; toutes leurs paroles s’expriment, se fondent dans une seule et même voix ; elles n’ont pas de pensée propre, pas d’individualité propre, justement parce que ce chœur incarne la voix de la communauté. On ne saurait mieux rendre compte de cette fusion (voire effacement) des individus dans une même communauté familiale (du reste, le concept d’individu est anachronique pour la société gréco-antique).
(Transition) Nous comprenons ainsi les modalités, les causes de cette ‘dépersonnalisation’ de l’individu. Les conséquences de ce processus sont certes pour Nietzsche, à regretter – mais pour quelles raisons plus précisément ?
I – 2. Conséquences
Pour Nietzsche, l’individu, ainsi coincé dans le moule communautaire, est ‘rendu commun’, c’est-à-dire banal, ordinaire, ce qui est, pour notre auteur, à déplorer. Et en effet les conséquences négatives de cette vie en communauté sont explicites, qu’il s’agisse du conformisme ou de l’exclusion des réfractaires.
(Exemple 1) Le conformisme et l’exclusion des réfractaires, c’est ce dont est victime Spinoza lui-même dans l’écriture du Traité théologico-politique. Accusé de contrevenir aux règles de sa communauté religieuse et morale, Spinoza est même excommunié avant l’écriture de son Traité. Dans le Chapitre XVII, il met lui-même en exergue la force de la pression sociale, pour contraindre l’individu à étouffer sa propre individualité, afin de se conformer aux normes. C’est en particulier le cas dans les sociétés théocratiques qui imposent des normes strictes, qui imposent quelque « frayeur » aux réfractaires. Son traité se veut ainsi comme une mise en garde contre les dangers de l’exclusion par des lois strictes – contre des communautés qui cherchent à trop homogénéiser leur corps social, par désir d’aplanir les différences et de « rendre commun ». Au contraire, comme il l’écrit dans le Chapitre XVI, Spinoza entend définir « jusqu’où doit s’étendre, dans l’État le meilleur, cette liberté laissée à l’individu de penser et de dire ce qu’il pense » – c’est-à-dire permettre aux originalités de chaque individu de s’exprimer au moins par la liberté d’opinion.
(Exemple 2) Ce processus de conformisme, tendant à exclure les réfractaires et in fine à araser l’individualité du corps social, est aussi à l’œuvre dans Le Temps de l’Innocence. La société new-yorkaise impose des contraintes sévères qui empêchent Ellen Olenska de vivre librement après son divorce. Elle est même traitée « d’affreuse brute » par « un jeune homme » au début du roman – ce qui reflète la pression du corps social pour ôter toute originalité, c’est-à-dire en un sens toute déviance, à l’individu. Celui-ci doit, s’il veut vivre en paix, refuser justement l’originalité de son individualité.
(Transition) Cependant Nietzsche a-t-il raison d’universaliser son propos, en affirmant, avec l’adjectif indéfini « toute », que « toute communauté » produit cet effacement de l’originalité individuelle ? C’est ainsi que nous pouvons, dans un deuxième temps de notre argumentation, questionner l’universalité de l’assertion de l’auteur.
II. La thèse de Nietzsche : ni universalisable, ni totalement regrettable
En réalité, dans un deuxième temps de l’argumentation, la thèse de Nietzsche n’apparaît ni universalisable, ni même entièrement souhaitable : le fait qu’une communauté ‘rende commun’ n’est ni une fatalité, ni une situation entièrement à déplorer.
II – 1. Émancipation possible d’une communauté
Cet effacement de l’individualité dans la communauté, que Nietzsche prédit et pressent, n’est ainsi pas inévitable : certaines communautés ne visent pas à rendre l’individu moins ‘commun’ – mais au contraire à lui permettre de défendre ses spécificités. Une émancipation demeure possible.
(Exemple) Dans certaines sociétés modernes, la communauté peut ainsi, bien plutôt, mener à une montée de l’individualisme et donc à l’affirmation des spécificités de l’individu (paradoxe qu’a bien mis en exergue Tocqueville). N’est-ce pas aussi le cas dans la bonne société new-yorkaise du Temps de l’Innocence ? En effet, la communauté individualiste américaine a aussi permis à la comtesse Olenska de s’émanciper, de devenir une femme libre et divorcée, malgré tous les assauts de la bienséance. Elle n’y est pas parvenue totalement, mais au moins a-t-elle tenté. En dépit de toutes les difficultés rencontrées, la comtesse devient moins ‘commune’ grâce aux progrès de cet ‘individualisme communautaire’ – qui est un paradoxe à l’œuvre dans les sociétés contemporaines.
(Exemple 2) Certaines communautés sont aussi construites pour mieux affirmer, et protéger, l’individualité propre de leurs membres. C’est ainsi le propre des cités grecques : elles regroupent des citoyens dans le cadre de la communauté civique, pour mieux protéger l’individu dans son originalité. Ainsi assemblés, les citoyens peuvent aussi mieux défendre l’originalité de leurs lois, de leur organisation sociale, en somme leur spécificité. En un sens, c’est cette protection de l’originalité qu’impose Étéocle quand il organise la défense de Thèbes dans Les Sept contre Thèbes (« tenez-vous sur les terrasses des tours, gardez hardiment les issues des portes et craignez peu la cohue des assaillants »). Le corps civique s’unit pour mieux protéger chaque citoyen, individuellement et collectivement (à quoi bon séparer les deux quand les deux peuvent se soutenir ?). Les communautés civiques et politiques exclusives (qui excluent pour mieux protéger leur propre originalité, leur propre spécificité) ne rendent en somme pas plus ’commun’ (au sens de banal ou ordinaire) ; elles sont justement le moyen de préserver l’originalité de chacun de leurs membres.
(Exemple 3 si nécessaire) L’identité créée n’est d’ailleurs pas seulement individuelle, mais aussi collective – et il faut ainsi peut-être, à rebours de Nietzsche, penser l’affirmation voire l’épanouissement de l’identité de l’individu dans un cadre collectif et communautaire. Spinoza montre par exemple que les récits et lois partagés des Hébreux aident à fonder une unité et une identité collective, qui font partie eux-mêmes de l’individualité de leurs membres (comme dans cette citation : « Autrement dit les dogmes de la religion n’étaient pas des enseignements, mais des règles de droit et des commandements, la piété passait pour justice, l’impiété pour un crime et une injustice », Chapitre XVII du TTP). Dans le TTP, Spinoza étudie les tensions entre la diversité et les affects d’individus passionnels, et la nécessité de maintenir un cadre unitaire dans la communauté.
(Transition) Du reste la thèse de Nietzsche, même si elle était universelle, serait-elle pour autant souhaitable ? Nous pouvons légitimement en douter pour plusieurs raisons.
II – 2. Sans communauté, l’individu perd son originalité et devient plus commun
Sans cadre communautaire, l’individu serait donc empêché de déployer son originalité. Il y a plus encore : sans communauté, l’individu serait moins « unique », plus « commun ».
(Exemple) Une communauté, par la mise en commun des biens (deuxième sens possible à ‘rende commun’) permet en effet d’accroître les capacités d’agir de l’individu. C’est la potentialité de l’individu qui est conséquemment augmentée par les ressources offertes par la communauté – lui permettant de déployer toutes ses potentialités. Dans Les Suppliantes, la décision des Argiens de protéger les Danaïdes illustre cet état de fait. La mise en commun des ressources des Argiens augmente les capacités d’agir des Danaïdes ; leur donne une capacité d’agir propre ; leur permet d’échapper au mariage forcé qui annihilerait définitivement leur liberté propre. C’est ainsi que l’hospitalité communautaire permet de protéger la survie d’individus menacés (« Que Zeus hospitalier ait égard aux hommages que lui rend la bouche de ses hôtes et qu’il mène vraiment à bonne fin tous nos vœux ! », Les Suppliantes, Le Coryphée).
(Exemple 2) De même, Spinoza rappelle que la justice sociale est un fondement pour une communauté stable, pour la paix de l’État – et donc pour l’expression du conatus (la liberté de persévérer dans son être) de chaque individu. Il rappelle ainsi, au chapitre XVII du TTP, l’importance de la « charité envers le prochain, c’est-à-dire le concitoyen », réconciliant les exigences de la communauté religieuse avec celle de la vie civique. C’est grâce à la protection de la cité que chaque individu sera à même de déployer sa liberté, sa puissance et donc son originalité – et non pas « malgré » la communauté civique.
(Transition) Il n’en demeure pas moins qu’une tension, dénoncée par Nietzsche, persiste entre l’affirmation de la communauté et la protection de l’originalité individuelle. Comment s’assurer, dès lors, que cette tension soit sinon effacée, du moins apaisée ? Comment s’assurer de garantir au mieux la libre affirmation de l’individu sans renoncer au développement de la communauté ? Pour Spinoza, la tolérance, la liberté d’expression, peuvent être des solutions utiles pour concilier intérêts de l’individu et intérêts de la communauté.
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III. Explorer des voies pour harmoniser communauté et originalité individuelle
III – 1. Promouvoir l’ouverture et l’éducation à la diversité au sein de la communauté
III – 2. Réduction de la dichotomie individu/communauté
(Conclusion – rappel de la problématique et du cheminement argumentatif)
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