L’argumentation directe et indirecte
Quels sont les différents genres argumentatifs au bac de français ?
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La littérature argumentative – Bac de français
La littérature argumentative consiste à exprimer ses préoccupations ou ses interrogations, à donner son point de vue sur un sujet, à apporter des réflexions critiques. Pour faire passer son message, elle peut prendre alors de nombreuses formes, que ce soit en passant par des genres narratifs, théâtraux et poétiques, ou des genres qui lui sont propres comme l’essai, le discours ou le traité. Le choix de la forme dépend souvent de la stratégie argumentative adoptée par l’auteur : est-il plus convaincant de passer par une forme d’argumentation directe ou indirecte ?
Dans ce contexte, les cours de français à domicile peuvent se révéler extrêmement utiles. Ils vous aideront à comprendre comment différents genres littéraires et discursifs sont utilisés pour atteindre des objectifs spécifiques en matière d’argumentation. Ces cours vous donneront l’opportunité d’analyser en profondeur la relation entre la forme et le contenu d’un texte, ce qui renforcera votre aptitude à décoder les intentions de l’auteur et à élaborer des réponses pertinentes lors de vos travaux.
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Les formes directes de l’argumentation
L’argumentation directe consiste à faire passer un message directement, sans détour narratif. Ainsi l’auteur donne à son écrit un titre reconnaissable, il expose clairement ses arguments, parle à la première personne et signe de son nom. Plusieurs genres permettent cette argumentation directe.
L’essai
Comme son nom l’indique, l’essai renvoie à la notion de tentative, d’expérimentation. Ainsi ce genre ne consiste pas à traiter avec rigueur un sujet dans sa totalité, mais plutôt à y réfléchir de façon partielle et personnelle.
L’essai a donc une grande variété de sujets et une grande liberté de forme. Il est généralement écrit en prose et à la première personne du singulier. Il peut aborder des questions universelles (la liberté, la mort, l’homme…), des problèmes d’actualité ou des sujets de sciences humaines (sociologie, économie, ethnologie…)
La dimension littéraire du genre naît au XVIème siècle avec l’œuvre de Montaigne : Les Essais (1580-1590). Cet ouvrage contient à la fois une dimension autobiographique et réflexive. En effet, Montaigne a pour sujet lui-même, mais cela l’amène à traiter différentes réflexions générales qu’il classe par chapitres, confrontant sa pensée et ses expériences personnelles aux positions des auteurs de l’antiquité.
L’essai est ensuite délaissé au XVIIème siècle, car la littérature argumentative lui préfère d’autres genres. Toutefois, il revient en force à partir du XVIIIème siècle grâce aux philosophes anglais (Essai sur l’entendement humain de John Locke – 1689) puis des philosophes français (Essais sur la peinture de Diderot – 1795). Il continue d’avoir du succès depuis lors (Race et Histoire, Claude Lévi-Strauss,1952 ; Le mythe de Sisyphe, Albert Camus, 1943 ; La société de consommation, Jean Baudrillard, 1970…).
Au sens large, l’essai est un texte d’idées de forme libre et relativement court. Il se distingue souvent par un ton personnel et le fait de donner une opinion plus qu’une démonstration rigoureuse. Le traité quant à lui est moins personnel, mais il se veut plus exhaustif et plus exigeant quant à la démonstration logique.
Exemple : Les Essais de Montaigne (1580) ; De l’esprit des lois de Montesquieu (1748)
Le traité
À l’inverse de l’essai, le traité est un ouvrage qui tend à couvrir un sujet de façon systématique, didactique et méthodique. Souvent écrit par des spécialistes, il vise à répondre à des besoins de formation sur un domaine d’enseignement. Le ton ne se veut plus subjectif, mais neutre. La démonstration n’est plus partielle, mais complète et rigoureuse.
Exemples : Traité d’anatomie, traité d’architecture, traité de musique…
Le discours
Le discours consiste à s’adresser oralement et publiquement à une audience. Il est souvent prononcé lors d’une grande occasion. L’orateur en profite alors pour défendre ses opinions et mobiliser son auditoire. C’est pourquoi on retrouve dans l’énonciation l’utilisation de la première et de la deuxième personne du singulier ou du pluriel.
Les différentes situations de discours :
- Le genre judiciaire :
Dans son discours, l’orateur défend ou attaque, plaide l’innocence ou la culpabilité. - Le genre délibératif :
L’orateur utilise son discours pour conseiller ou déconseiller à l’assemblée de prendre une décision qui concerne l’avenir. - Le genre épidictique :
L’orateur loue ou blâme dans son discours les défauts et les qualités d’une personne ou d’une institution.
Le plaidoyer
Le plaidoyer est un type de discours qui vise à défendre une cause, une personne, une idée. Par conséquent, la stratégie utilisée est souvent le recours au pathétique.
Exemple : Le plaidoyer contre la peine de mort de Victor Hugo en 1848.
Le réquisitoire
Le réquisitoire consiste à accuser une cause, une personne, une idée. Par conséquent, la stratégie utilisée est plutôt celle du recours à l’ironie et au registre polémique.
Exemple : Le réquisitoire du procureur Ernest Pinard lors du procès contre Les Fleurs du mal de Baudelaire en 1857.
La forme du discours est parfois utilisée sans qu’elle ait donné lieu à une déclamation orale. Par exemple, Aimé Césaire publie son Discours sur le colonialisme en 1950 sans l’avoir lu publiquement. De même, le discours peut être prononcé par un personnage imaginaire dans une œuvre de fiction.
La lettre ouverte
Contrairement au discours, la lettre ouverte passe non par l’oral, mais par l’écrit. Elle reprend les codes de la correspondance privée (indication de la date et du lieu, formules de salutation, adresse directe au destinataire) mais se destine à être lue par le grand public. Par conséquent, son destinataire est souvent une personnalité publique ou un destinataire général (la jeunesse, les Français, le Président de la République…) et elle est principalement publiée dans la presse pour être lue par tous et toutes.
Exemple : “J’accuse” d’Émile Zola (1898)
Le manifeste
Le terme manifeste vient de l’italien manifesto désignant une « dénonciation publique”. Pris dans son acception actuelle, le manifeste est un texte déclaratif qui consiste à exposer publiquement un programme politique ou esthétique. Il est souvent publié par un parti politique ou un groupe artistique.
Exemples : La manifeste du parti communiste (1848) ; Le manifeste du surréalisme (1924)
L’art poétique :
L’art poétique consiste à énoncer des principes esthétiques, des règles de création, des définitions de la beauté, qui ont pour finalité de guider la création artistique en vue du Beau.
De fait, on appelle ainsi certains poèmes qui énoncent eux-mêmes leurs règles de construction.
Exemples : L’Art poétique de Boileau (1674) ; L’Art poétique de Verlaine (1874).
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Les formes indirectes de l’argumentation au bac de français
L’argumentation indirecte consiste à faire passer un message argumentatif à travers une œuvre fictive. Ainsi, l’argumentation en elle-même n’est pas prise en charge par l’auteur, mais par le narrateur ou les personnages. Le lecteur doit alors découvrir par lui-même le sens du propos. Plusieurs genres favorisent l’argumentation indirecte.
Les apologues
L’apologue est le terme générique pour désigner une leçon de morale illustrée sous la forme d’un bref récit symbolique, allégorique. Il s’agit donc d’une œuvre fictive à visée didactique. Il a la double fonction de plaire et instruire.
La fable
La fable a pour origine le terme latin fabula qui signifie “récit”, “propos”. Au XIIème siècle, on utilise ce mot pour désigner une “histoire imaginaire”. Toutefois, dès l’antiquité, en plus du simple récit, la fable se dote d’une visée morale : elle doit transmettre une leçon, un enseignement.
Petit texte écrit en vers, la fable met en scène des personnages variés, souvent des animaux, mais aussi des humains ou des végétaux. Le récit a pour but de distraire : il doit donc être vivant et dynamique, tout en gardant une certaine tension dramatique. Il est également lié à une morale formulée au début ou à la fin, voire sous-entendue. Cette dernière vise souvent à dénoncer les défauts humains de façon satirique.
Développées depuis l’antiquité avec des auteurs tels que Esope ou Phèdre, le genre se développe sur les siècles suivants jusqu’à gagner ses lettres de noblesse avec Jean de la Fontaine au XVIIème siècle qui publiera douze livres de fables entre 1668 et 1694.
Le conte
Le conte est avant tout un récit de tradition orale qui fut ensuite mis à l’écrit. Il suit une intrigue simple et une structure narrative identifiable (le schéma narratif). Le conte relève de l’apologue car son univers est manichéen : les gentils sont récompensés, alors que les méchants sont punis. Le dénouement est donc souvent heureux.
Exemple : Les Contes de ma mère L’Oye de Charles Perrault (1697)
Le conte philosophique :
Le conte philosophique reprend l’univers fictionnel du conte, mais il participe de la philosophie par la quête de vérité ou de bonheur du personnage principal. De même que dans le conte traditionnel, le héros doit surmonter des épreuves pour découvrir le monde, se forger un apprentissage et s’exercer à la raison. La fin est heureuse et amène le lecteur à réfléchir.
Le conte philosophique se développe particulièrement au XVIIIème siècle, sous la plume des philosophes des Lumières. Il est considéré comme une “arme” littéraire au service des idées, d’autant plus que sa forme fictive lui permet d’échapper à la censure.
Exemple : Candide de Voltaire (1759)
L’utopie et la contre-utopie
L’utopie
En 1516, l’anglais Thomas More publie un roman fantaisiste dans lequel il peint une société idéale qui prospère dans une île imaginaire. Il lui donne pour titre Utopia, un terme qu’il forge à partir du préfixe privatif grec u- et du terme topos qui veut dire “lieu”, renvoyant alors à un lieu qui n’existe pas.
Dès lors, le terme utopie désigne plus généralement des récits qui imaginent un monde idéal au sein d’un lieu irréel, souvent clos ou difficile d’accès. L’Utopie est donc présentée comme un modèle sociétal et politique qui dresse en creux la critique de la société réelle et amène à questionner les modèles contemporains de l’œuvre.
L’utopie peut parfois être juste quelques chapitre dans une œuvre plus large. Par exemple, dans le conte philosophique Candide, Voltaire décrit aux chapitres 17 et 18 le pays merveilleux de l’Eldorado.
La contre-utopie
Au XXème siècle, on pense tendre vers une société idéale dans laquelle les hommes seraient libres et heureux. Toutefois, les deux guerres mondiales mettent un terme à ce fantasme. Les auteurs expriment alors cette désillusion en inventant des mondes imaginaires, qui sous une apparence parfaite, se révèlent en réalité cauchemardesques. Ces récits se présentent comme l’inverse parodique des utopies écrites pendant les siècles précédents : on les appelle donc des contre-utopies.
Exemples : Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932) ; 1984 de George Orwell (1948).
Le terme contre-utopie renvoie à un monde au fonctionnement parfait, mais qui devient un enfer par ce fonctionnement même. Le terme dystopie, souvent employé comme synonyme, renvoie davantage à un monde d’emblée cauchemardesque fondé sur des principes condamnables.
Exercice sur l’argumentation indirecte
Consigne : quel est le genre de ce texte ? Justifiez
L’abbaye de Thélème
Toute leur vie était dirigée non par les lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur libre-arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Toute leur règle tenait en cette clause :
FAIS CE QUE TU VOUDRAS,
car des gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en honnête compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse toujours vers la vertu et les éloigne du vice ; c’est ce qu’ils nommaient l’honneur. Ceux-ci, quand ils sont écrasés et asservis par une vile sujétion ou une contrainte, se détournent de la noble passion par laquelle ils tendaient librement à la vertu, afin de démettre et d’enfreindre ce joug de servitude ; car nous entreprenons toujours les choses défendues et convoitons ce qui nous est refusé. Grâce à cette liberté, ils entrèrent en une louable émulation pour faire tous ce qu’ils voyaient plaire à un seul. Si l’un ou l’une disait : « Buvons », tous buvaient. S’il disait : « Jouons », tous jouaient. S’il disait : « Allons nous ébattre dans les champs », tous y allaient. Si c’était pour chasser au vol ou à la courre, les dames, montées sur de belles haquenées , avec leur palefroi richement harnaché, portaient chacune sur leur poing joliment ganté un épervier, ou un lanier, ou un émerillon ; les hommes portaient les autres oiseaux.
Ils étaient tant noblement instruits qu’il n’y avait parmi eux personne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique, parler cinq ou six langues et en celles-ci composer, tant en vers qu’en prose. Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si nobles, si habiles à pied et à cheval, plus vigoureux, mieux remuant, maniant mieux toutes les armes. Jamais ne furent vues dames si élégantes, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à l’aiguille, à tous les actes féminins honnêtes et libres, qu’étaient celles-là. Pour cette raison, quand le temps était venu pour l’un des habitants de cette abbaye d’en sortir, soit à la demande de ses parents, ou pour une autre cause, il emmenait une des dames, celle qui l’aurait pris pour son dévot, et ils étaient mariés ensemble ; et ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu’ils continuaient d’autant mieux dans le mariage ; aussi s’aimaient-ils à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces.
Correction de l’exercice sur l’argumentation indirecte
Consigne : quel est le genre de ce texte ? Justifiez
Cet extrait est issu de l’œuvre de Rabelais : Gargantua (1534). Il s’agit d’une utopie, car Rabelais dresse le portrait d’un lieu imaginaire dans lequel les habitants sont libres et heureux.
En effet, la liberté est explicitement mentionnée dans le premier paragraphe par le fait que les habitants de Thélème sont dirigés “selon leur volonté et leur libre-arbitre” et par leur maxime : “fais ce que tu voudras”. Or cette liberté n’est pas source de chaos ou d’anarchie. Au contraire, cette liberté entraine une “louable émulation” car les habitants sont eux-mêmes présentés comme idéaux : ce sont “des gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en honnête compagnie”. Ils sont naturellement du côté de la “vertu” et non du vice. Ainsi, la liberté de Thélème les poussent à suivre leur nature.
Le portrait idéal des habitants de Thélème est d’ailleurs poursuivi dans le dernier paragraphe. Ils sont ainsi présentés comme des personnes instruites, comme le montre l’énumération “personne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique, parler cinq ou six langues”, mais qui cultivent aussi leur corps : “Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si nobles, si habiles à pied et à cheval, plus vigoureux, mieux remuant, maniant mieux toutes les armes”. Les superlatifs et les intensifs utilisés soulignent la perfection de ces habitants.
Enfin, le bonheur des habitants de l’abbaye réside dans leur capacité à vivre en harmonie dans la communauté. Ainsi, malgré une liberté individuelle, le groupe vit collectivement : “ils entrèrent en une louable émulation pour faire tous ce qu’ils voyaient plaire à un seul”. Enfin, ce bonheur semble se poursuivre même à l’extérieur de l’abbaye par le mariage fondé sur un amour mutuel : “ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu’ils continuaient d’autant mieux dans le mariage.”
Dans le chapitre sur l’abbaye de Thélème, Rabelais crée donc un modèle idéal, imaginant un monde où les hommes et les femmes seraient libres, instruits, raisonnables et heureux.
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