Le Malade imaginaire et son parcours associé au bac de français
Parcours associé malade imaginaire : spectacle et comédie
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La comédie du Malade imaginaire par Molière
Jouée pour la première fois en 1673, Le Malade imaginaire est la dernière comédie du célèbre dramaturge Jean-Baptiste Poquelin, mieux connu sous le nom de Molière. Âge de 51 ans, il mourra après la quatrième représentation d’une maladie pulmonaire. Pour autant, le Malade imaginaire n’est pas une œuvre qui se veut sombre ou triste. Au contraire, c’est une œuvre joyeuse dans laquelle on rit, mais aussi on chante et on danse. C’est donc bien un spectacle complet que Molière nous offre pour sa dernière comédie.
Le Malade imaginaire est au programme des cours de français au lycée, tout comme les Fleurs du mal ou encore le Rouge et le Noir. Ce parcours associé vous sera d’une aide précieuse pour vos dissertations sur œuvre sur le Malade Imaginaire. Si vous cherchez à approfondir votre compréhension de ces œuvres ou à améliorer votre niveau en analyse littéraire, envisager un prof de français peut être un moyen efficace d’obtenir un soutien personnalisé et des conseils adaptés à vos besoins.
Lire aussi : le théâtre au bac de français et la poésie au bac de français.
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L’histoire de la comédie au bac de français
La comédie est un genre ancien qui date de l’Antiquité. À cette époque, elle est déjà opposée à la tragédie, à l’aune de laquelle elle est considérée comme un genre mineur. En effet, elle ne met pas en scène des personnages nobles, mais se moque des hommes ordinaires et de leurs défauts. Aristote la définit notamment comme “une imitation d’hommes sans grande vertu”.
Au Moyen-âge, la comédie se réduit principalement à la farce, une courte pièce à visée satirique. Cette dernière met en scène des personnages populaires et caricaturaux, comme le paysan, le mari et la femme, ou encore le curé. Elle repose principalement sur un comique grossier et des renversements de situation.
Au XVIᵉ siècle, la comédie s’illustre particulièrement en Italie avec la commedia dell’arte. Cette dernière utilise également des personnages stéréotypés, comme les valets (Arlequin, Scapin, Polichinelle…), les vieillards avaricieux ou les jeunes amoureux. L’intrigue quant à elle consiste à improviser sur des canevas d’action préconçus et entrecoupés de plaisanteries grotesques qui n’ont aucun lien avec l’intrigue.
Au début du XVIIᵉ siècle, en France, la comédie est pourtant sur le déclin, faute de se moderniser. Il faudra attendre les premières comédies de Corneille dans les années 1630 pour que le genre se développe à nouveau. Dans ses pièces, Molière reprend des traits propres à la farce et à la commedia dell’arte mais toujours en les renouvelant et en dépassant les simples stéréotypes ou le seul recours au burlesque. En outre, il dote la comédie d’une dimension morale : celle-ci ne doit plus seulement divertir, mais elle doit aussi “plaire et instruire”. Il confère ainsi à la comédie un statut aussi digne que celui de la tragédie. D’ailleurs, certaines de ses pièces sont écrites en alexandrins afin de ne plus être associé à un genre mineur. On parle alors de “la grande comédie”.
Après Molière, la comédie continue de se développer : au XVIIIᵉ siècle, les auteurs comme Marivaux complexifient les intrigues amoureuses par des jeux de masques et de dupes, tandis que des auteurs comme Beaumarchais créent des personnages de valet de plus en plus élaborés. De plus, le théâtre, et plus particulièrement la comédie, devient aussi une tribune pour exposer les idées des Lumières.
Enfin, le XIXème siècle et le XXème siècles sont des moments de mutations : les genres se mélangent et des épisodes comiques peuvent survenir dans des pièces sérieuses. De plus, des comédies plus populaires comme le vaudeville ou le théâtre de boulevard connaissent un grand succès.
Lire aussi : la littérature d’idées au bac de français et le roman au bac de français.
Les différents genres de comédie en français
La comédie d’intrigue
Composée en trois actes, elle met en scène des personnages stéréotypés qui enchaînent les péripéties. Elle a souvent pour thème l’amour : des amoureux contrariés doivent lever les obstacles qui s’opposent à leur union. Le dénouement amène inévitablement au mariage convoité, souvent grâce à l’aide d’adjuvants (principalement des valets rusés) ou par une révélation inattendue.
Exemple : Les Fourberies de Scapin de Molière, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais.
La comédie de caractère
La comédie de caractère se fonde sur le défaut caractéristique d’un personnage caricaturé à l’extrême. Ainsi de l’avarice, de la misanthropie ou de l’hypocondrie. Par conséquent, l’intrigue est souvent mise au second plan, éclipsée par le personnage principal.
Exemple : L’avare de Molière
La comédie de moeurs
La comédie de mœurs ne critique pas un personnage en particulier, mais bien la société, ou du moins une tendance, une classe, une profession de cette société. Elle se caractérise par une dimension satirique.
Exemple : Les précieuses ridicules de Molière.
Le spectacle au XVIIème siècle
Au XVIIᵉ siècle, le théâtre se place au cœur de la vie publique, mais aussi de la vie politique. Le cardinal de Richelieu prévoit ainsi de subventionner des troupes officielles et Louis XIV crée la Comédie française en 1680.
Le Roi Soleil est notamment un grand amateur de spectacles et un passionné de danse. Ainsi les fêtes qu’il organise mettent en scène du théâtre et des ballets, mais aussi des feux d’artifices ou des carrousels. Elles deviennent de plus en plus grandioses.
Pour plaire au Roi, Molière décide alors de créer un spectacle total qui associerait le théâtre à la musique et à la danse. Avec le compositeur de musique Jean-Baptiste Lully, il invente ainsi sa première comédie-ballet en 1661 (Les Fâcheux). Il en écrira treize autres et deviendra le fournisseur officiel des fêtes de la Cour en 1664.
Les représentations théâtrales au XVIIᵉ siècle n’étaient pas vraiment similaires à celles du XXIᵉ siècle. Dans la salle, il n’y a pas de places assises : seuls ceux qui peuvent mettre le prix s’installent dans des fauteuils à même la scène. Le reste des spectateurs se répartissent soit dans le parterre bruyant et chaotique, soit dans les loges et les galeries s’ils sont un peu plus aisés. Sur scène, le décor est particulièrement travaillé et les costumes des comédiens sont réalisés dans des matières somptueuses. L’éclairage est encore aux bougies, ce qui pose un problème puisqu’il faut les moucher toutes les vingt minutes, mais aussi parce qu’elles risquent d’enflammer le décor ou les costumes. Enfin, le spectacle se passe sur scène, mais aussi dans la salle : on vient au théâtre pour voir ou être vu.
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Parcours spectacle et comédie dans l’œuvre au bac de français
Une comédie originale
La seconde partie du XVIIᵉ siècle est marquée par le classicisme, un mouvement littéraire qui imposait au théâtre le respect d’un certain nombre de règles comme la règle des trois unités, ou les règles de la bienséance et de la vraisemblance. Si Molière les respecte dans quelques pièces, il prend aussi des libertés dans plusieurs comédies, et notamment dans le Malade imaginaire.
Des entorses au classicisme
Dans le Malade imaginaire, la règle des unités n’est pas vraiment respectée. En effet, alors qu’il est préconisé que l’action dure 24 heures, celle du Malade imaginaire se déroule au moins sur deux jours : à la fin de l’acte I, Toinette indique que “pour aujourd’hui il est trop tard” et qu’elle ira chercher Polichinelle “demain, au grand matin”. Le premier intermède se déroule d’ailleurs “dans la nuit” avec ce dernier. L’acte II reprend donc au lendemain matin et l’action se conclura au soir de cette deuxième journée, puisque Béralde précise avant le 3ème intermède qu’il veut “nous divertir un peu ce soir”.
De même, si l’unité de lieu est respectée dans les scènes de comédie (elles se passent dans la chambre d’Argan), les prologues et les intermèdes se déroulent quant à eux dans des lieux très variés : il s’agit d’un “lieux champêtre” dans le prologue, d’ “une ville” lors du premier intermède et d’un amphithéâtre lors du troisième intermède.
Enfin, l’unité d’action peut être contestée. En effet, cette dernière ne semble pas vraiment progresser : Argan reste un hypocondriaque du début à la fin de la pièce. Le Malade imaginaire relèverait donc davantage de la succession de tableaux que d’une intrigue parfaitement nouée.
Un esprit classique
Malgré ces quelques écarts, Molière garde tout de même un esprit classique et respecte certaines règles.
Ainsi, la règle de bienséance est respectée, malgré une pièce qui porte essentiellement sur la maladie et donc sur le corps. Ainsi, le vocabulaire médical conserve un aspect policé comme en atteste la première scène : les ordonnances de M. Fleurant sont rédigées de façon très obséquieuses et réfèrent toujours avec politesse aux “entrailles de Monsieur”. De plus, les noms de médicaments donnés restent évasifs, comme le “séné” ou la “casse”, alors qu’ils renvoient à des plantes en réalité laxatives. Enfin, si Argan s’en va “courant au bassin” à la scène 3 de l’acte I, c’est bien pour un besoin pressant qui n’est évidemment pas montré sur scène.
Par ailleurs, malgré la présence d’intermèdes variés, on peut conférer au Malade imaginaire une unité de ton qui est celui de la gaieté. En effet, tous les épisodes prêtent à rire ou à sourire alors même que le fond de la pièce a une dimension plus sérieuse, celle de la maladie mentale et de la mort.
Enfin, si on peut reprocher l’absence de guérison d’Argan à la fin de la pièce, on peut tout de même constater une évolution de l’intrigue au sein même du personnage. En effet, ce dernier semble plutôt sombrer de plus en plus dans sa manie : d’abord obsédé par les médicaments et les lavements, il envisage ensuite d’imposer à sa fille d’épouser un médecin et finit par accepter lui-même le titre de médecin, faisant triompher la folie dans une grande cérémonie carnavalesque.
Les épisodes comiques
Un comique de caractère
Comme son titre l’indique, la pièce repose principalement sur un comique de caractère : Molière caricature à l’extrême l’hypocondrie d’Argan. Ce dernier est donc le principal personnage comique à cause de sa manie extravagante et ses maladies imaginaires.
Ainsi, la première scène le présente en train de faire le compte de tous ses traitements : “Si bien donc que, de ce mois, j’ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit médecines ; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements ; et, l’autre mois, il y avait douze médecines et vingt lavements”. Ce total est bien sûr exagéré et les remèdes se montrent inefficaces puisque Argan ne se sent pas bien pour autant : “Je ne m’étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l’autre.”
La première scène le montre également avare, puisque malgré l’importance de sa santé, il négocie chaque traitement : “Trente sols un lavement ! Je suis votre serviteur, je vous l’ai déjà dit ; vous ne me les avez mis dans les autres parties qu’à vingt sols ; et vingt sols en langage d’apothicaire, c’est-à-dire dix sols ; les voilà, dix sols.” Il recoupe par là le personnage stéréotypé des vieillards dans la commedia dell’arte.
Enfin, le personnage est également comique par sa naïveté. En effet, il gobe les discours des différents médecins, même ceux du médecin imaginaire inventé par Toinette. Il se fait par ailleurs berner par Cléante qu’il ne reconnaît pas lorsqu’il se déguise en professeur de musique. Ainsi, il ne comprend pas que la chanson qu’il improvise avec Angélique est en réalité une déclaration d’amour. Enfin, il est manipulé par sa femme Béline qui espère pouvoir à sa mort récupérer ses biens et son argent.
La satire de la médecine
Le Malade imaginaire tire une grande partie de sa dimension comique dans la critique des médecins et la caricature de la médecine. Ainsi, tous les praticiens sont peints de façon ridicule : l’apothicaire Monsieur Fleurant est présenté comme un homme extrêmement courtois qui profite de l’hypocondrie d’Argan pour augmenter ses honoraires et le médecin Monsieur Purgon est décrit comme un homme imbu de sa personne malgré son incompétence, qui se vexe si l’on ne suit pas ses ordonnances.
Toutefois, les deux plus ridicules restent le père et le fils Diafoirus, comme leur nom l’indique. Tous les deux médecins, ils s’expriment de façon lourde et caricaturale : leurs longs discours sont ainsi émaillés d’expressions toutes faites (“Bon, disais-je en moi-même : les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. On grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable”) et de mots latins incompréhensibles (“Nego consequentiam, mademoiselle”). Leur jargon professionnel nourrit donc le comique de mots. Thomas est présenté comme un grand benêt qui “n’a jamais été ce qu’on appelle mièvre et éveillé”, tandis que le père est un piètre médecin dont tous les diagnostics vont à l’encontre de ceux de M. Purgon et qui confond les différents organes.
Enfin, la satire trouve son parachèvement dans le personnage imaginé par Toinette. Elle invente un médecin imbu de lui-même qui a moins d’intérêt pour son malade que pour sa propre médecine : “je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l’agonie, pour vous montrer l’excellence de mes remèdes”. Elle va ensuite à l’encontre de toutes les recommandations du docteur Purgon pour assurer avec convictions des causes fausses et des remèdes inventés. Les répétitions qu’elle assène avec détermination (“le poumon !”) participent au comique de mot. Le spectateur sait assurément qu’elle raconte des balivernes puisqu’elle est servante et non médecin, mais Argan ne démasque pas l’imposture, ce qui laisse sous-entendre que les vrais médecins ne diffèrent pas des faux. Elle confirme donc les arguments de Béralde qui présente la médecine comme une mascarade hypocrite.
Un comique farcesque
Si Molière se détache de la farce, il s’en inspire aussi. Par conséquent, on retrouve dans le Malade imaginaire des scènes de cavalcade, de disputes et de punitions à coups de bâton. Ainsi, dès la scène 5 de l’acte I, Argan se met à courir après Toinette pour la châtier de ses impertinences (“Ah ! Insolente, il faut que je t’assomme”) tout en l’insultant de “chienne”, “pendarde”, “carogne”. Dans la scène 7, il lui jette des oreillers à la figure.
Le premier intermède est, lui aussi, farcesque car il met en scène Polichinelle, un personnage de la commedia dell’arte qui incarne un valet rusé et grossier. Ainsi, ce dernier va engager une querelle avec des violons qui ne cessent d’interrompre sa mélodie jusqu’à le faire enrager. Puis, il se fait arrêter par des archers qui veulent le mettre en prison, et cherchent ensuite à lui extorquer de l’argent. Devant le refus de Polichinelle, ils commencent par lui donner des “croquignoles en cadence”, puis “des coups de bâton en cadence”.
Lire aussi : analyser un texte de poésie et analyser un texte théâtral au lycée.
Un spectacle total
Théâtre, musique et ballet
Comédie-ballet, le Malade imaginaire est un spectacle total qui réunit le théâtre, la danse et la musique. Ainsi, on compte seize ballets répartis entre le prologue (huit), le premier intermède (trois), le second intermède (un) et le troisième intermède (quatre).
À cette époque, Molière ne travaille plus avec Jean-Baptiste Lully, la musique est donc de Marc Antoine Charpentier. En plus de l’accompagnement de la danse, on remarque l’intervention des violonistes dans le prologue et le premier intermède, et la présence de chants dans le deuxième et troisième intermède.
Enfin, on peut même relever la présence d’arts du cirque, puisque dans le deuxième intermède, il est écrit que “Tous les Mores […] font sauter des singes qu’ils ont amenés avec eux.”
Le théâtre n’est pas en reste : la comédie constitue bien sûr le fil principal qui relie tous ces différents intermèdes, mais la pièce comporte également des passages de mise en abyme qui rendent hommage à l’art théâtral. Ainsi, quelques personnages se déguisent : Cléante se grime en professeur de musique et Toinette endosse la robe du médecin pour incarner un personnage imaginaire. De même, quelques personnages feignent la mort : c’est le cas de Louison qui “contrefait la morte” pour éviter le fouet, puis au tour d’Argan reste étendu sur une chaise pour observer la réaction de Béline. Toutefois, le plus grand rôle de composition reste celui de Toinette qui joue à plusieurs reprises le médecin.
Décors et figurants
Bien qu’il s’agisse d’une comédie classique en trois actes, la multiplication des prologues et des intermèdes impose des changements de décors fréquents, ce qui suppose un vrai travail scénique et visuel.
Ainsi, le prologue se déroule dans un “lieu champêtre” qui se transforme ensuite en “chambre” pour l’acte I. Puis, lors du premier intermède il est indiqué que “Le théâtre change, et représente une ville” avant de revenir à la chambre d’Argan pour l’acte II. Enfin, le deuxième intermède ne change pas de décor, mais dans le troisième intermède, qui correspond à la cérémonie nommant Argan médecin, il est précisé que “plusieurs tapissiers viennent préparer la salle, et placer les bancs en cadence.” Les décors sont donc nombreux et variés.
Par ailleurs, les didascalies laissent supposer la présence sur scène d’un grand nombre de comédiens et comédiennes. En effet, outre les personnages propres à la comédie, on relève six personnages dans le prologue (Flore, Climène, Daphné, Tircis, Dorilas, Pan) deux personnages dans le premier intermède (Polichinelle et une vieille), quatre Égyptiennes dans le deuxième intermède, un personnage (le président) dans le dernier intermède, mais également une foule de figurants les accompagnant (des bergers et des bergères, des faunes, des archers, des Égyptiens et égyptiennes, des tapissiers, des apothicaires, des porte-seringues, des chirurgiens…)
Aujourd’hui, une telle représentation coûterait trop cher ! Par conséquent, le Malade imaginaire est désormais réduit à ses scènes parlées, à l’exception du dernier intermède qui constitue le dénouement, mais qui est représenté avec un nombre de personnages plus limité.
Un spectacle homogène ?
Nous venons de le voir, le Malade imaginaire entremêle plusieurs disciplines et une grande variété de décors et figurants. Ainsi, parvient-il à se présenter pour autant comme un spectacle homogène et cohérent ? La comédie fonctionne comme un fil directeur, mais qu’en est-il de ses liens avec le prologue et les intermèdes ?
Le premier prologue a pour but premier de chanter la gloire de Louis XIV, le protecteur de Molière. Toutefois, le registre pastoral permet d’introduire le thème de l’amour, une des trames qui sera ensuite développée par les personnages d’Angélique et de Cléante. Le deuxième prologue quant à lui permet d’ajouter au thème de l’amour celui de la médecine, autre dimension centrale de la pièce. Les médecins sont ainsi présentés d’emblée comme des charlatans : “Ignorants médecins ; vous ne sauriez faire : / Votre plus haut savoir n’est que pure chimère” et le titre de la pièce est annoncé : “Et tout votre caquet ne peut être reçu / Que d’un malade imaginaire.”
Les liens entre les intermèdes et l’intrigue principale sont toutefois plus distendus. En effet, à la fin de l’acte I, Angélique veut faire prévenir Cléante du mariage que son père a prévu pour elle. Toinette propose d’utiliser Polichinelle comme intermédiaire : “Je n’ai personne à employer à cet office, que le vieil usurier Polichinelle, mon amant […] Pour aujourd’hui, il est trop tard ; mais demain, de grand matin, je l’enverrai quérir, et il sera ravi de…”. C’est donc bien ce personnage que l’on retrouve dans le premier intermède en train de chanter une sérénade. Pour autant, il n’est pas question de Cléante ou d’Angélique dans ces quelques scènes : Polichinelle s’adresse à sa maîtresse et chante les cruautés de l’amour. S’ensuit alors un enchaînement de scènes farcesques totalement décorrélées de l’intrigue et Polichinelle ne reviendra à aucun autre moment de la pièce.
Le deuxième intermède est, lui aussi, motivé par la comédie en elle-même, mais le motif reste bien faible. En effet, à la fin de l’acte II, Béralde prétend avoir invité des saltimbanques pour divertir son frère et mieux l’engager dans leur discussion à propos du mariage d’Angélique : “Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera votre chagrin, et vous rendra l’âme mieux disposée aux choses que nous avons à dire. Ce sont des Égyptiens vêtus en Mores, qui font des danses mêlées de chansons, où je suis sûr que vous prendrez plaisir”. Le deuxième intermède n’est donc qu’un simple divertissement, bien qu’une fois encore les chansons aient pour thème l’amour et la jeunesse.
À l’inverse, certains passages de la pièce mêlent adroitement l’intrigue, la musique et la danse. Ainsi du duo d’Angélique et Cléante durant leur leçon de musique. En effet, les deux amants profitent d’une chanson improvisée pour se déclarer leur flamme devant Argan lui-même : “Oui, Tircis, je vous aime.” On notera d’ailleurs que les personnages utilisés dans la chanson et le thème pastoral renvoient également au premier prologue. De même, le troisième intermède fonctionne moins comme un divertissement que comme le dénouement réel de la pièce ! En effet, en étant sacré médecin, Argan pourra soigner lui-même ses maladies imaginaires. Il trouve donc un remède possible à son hypocondrie et n’a plus besoin d’un médecin à domicile, rompant ainsi la nécessité de faire épouser Thomas Diafoirus à Angélique.
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Exercice d’entraînement sur le Malade imaginaire au bac
Consigne : analysez cet extrait du Malade imaginaire. En quoi cette scène constitue-t-elle d’un spectacle comique ?
Toinette : Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume, pour chercher d’illustres matières à ma capacité, pour trouver des malades dignes de m’occuper, capables d’exercer les grands et beaux secrets que j’ai trouvés dans la médecine. Je dédaigne de m’amuser à ce menu fatras de maladies ordinaires, à ces bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à ces fiévrotes, à ces vapeurs, et à ces migraines. Je veux des maladies d’importance, de bonnes fièvres continues, avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies avec des inflammations de poitrine ; c’est là que je me plais, c’est là que je triomphe ; et je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les médecins, désespéré, à l’agonie, pour vous montrer l’excellence de mes remèdes et l’envie que j’aurais de vous rendre service.
Argan : Je vous suis obligé, monsieur, des bontés que vous avez pour moi.
Toinette : Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l’on batte comme il faut. Ah ! je vous ferai bien aller comme vous devez. Ouais ! ce pouls-là fait l’impertinent ; je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre médecin ?
Argan : Monsieur Purgon.
Toinette : Cet homme-là n’est point écrit sur mes tablettes entre les grands médecins. De quoi dit-il que vous êtes malade ?
Argan : Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.
Toinette : Ce sont tous des ignorants. C’est du poumon que vous êtes malade.
Argan : Du poumon ?
Toinette : Oui. Que sentez-vous ?
Argan : Je sens de temps en temps des douleurs de tête.
Toinette : Justement, le poumon.
Argan : Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux.
Toinette : Le poumon.
Argan : J’ai quelquefois des maux de cœur.
Toinette : Le poumon.
Argan : Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.
Toinette : Le poumon.
(Acte III, scène 10)
Correction de l’exercice sur le Malade Imaginaire de Molière – Bac français
Consigne : analysez cet extrait du Malade imaginaire. En quoi cette scène constitue-t-elle d’un spectacle comique ?
Tout d’abord, cette scène est avant tout un spectacle, car Toinette joue ici une sorte de pièce de théâtre en se déguisant en médecin. En effet, pour ne pas être reconnue, elle enfile à chacune de ses apparitions un costume de médecin et improvise un rôle. On peut même imaginer qu’elle contrefait sa voix pour ne pas se faire percer à jour. C’est donc un vrai plaisir pour le spectateur d’assister à cette mise en abîme.
Ensuite, il s’agit d’un passage comique, car Toinette incarne par son personnage la satire de la médecine. Tout d’abord, elle peint un médecin imbu de lui-même (comme l’indique la gradation “de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume” soulignant que ses compétences ne peuvent se limiter au petit espace de la ville. Les termes “illustres” et “dignes” renforce cette impression d’orgueil disproportionné). Par conséquent, alors qu’un médecin devrait être au service de ses patients, ce médecin-ci refuse de soigner certains malades (“Je dédaigne de m’amuser à ce menu fatras de maladies ordinaires”), voire leur souhaite les pires maladies (“je voudrais, monsieur, que vous eussiez toutes les maladies que je viens de dire”). Enfin, le médecin incarné par Toinette affirme une certaine autorité, mais celle-ci s’avère ridicule, d’une part, car il prétend dompter un poul de façon militaire, comme si ce dernier allait lui obéir à la façon d’un soldat (“Allons donc, que l’on batte comme il faut. Ah ! je vous ferai bien aller comme vous devez.”), d’autre part parce que son diagnostic asséné avec conviction n’est aucunement justifié (“C’est du poumon que vous êtes malade.”) En outre, le spectateur sait que derrière cette prétendue science se cache Toinette qui ne connaît rien à la médecine, ce qui accentue le comique de la scène…
Enfin, le comique repose principalement sur un principe de répétition, celle justement du diagnostic (“le poumon !”) qui apparaît comme la seule réponse possible, peu importe les symptômes évoqués par Argan.
Par tous ces aspects, c’est donc bien un spectacle comique que nous livre cette scène.
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