Analyse de l'œuvre de Haushofer en CPGE - Le mur invisible
Résumé de l'oeuvre "Le Mur invisible" de Haushofer
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Le Mur invisible : analyse Haushofer sur le thème « Expériences de la nature »
Le programme de français en prépa scientifique a été révélé pour l’année 2025 2026. Il portera sur le thème français expériences de la nature. Cette année, les élèves de CPGE scientifique étudieront notamment Le Mur invisible de Marlen Haushofer, aux côtés de La Connaissance de la vie de Georges Canguilhem et de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.
Le Mur invisible met en scène une femme citadine qui se retrouve soudainement isolée du reste du monde par une paroi invisible, dans un paysage alpin devenu inhabité. Livrée à elle-même, elle doit réapprendre à vivre en autonomie complète, en lien direct avec la nature, dans toute sa beauté mais aussi sa brutalité. À travers ce huis clos forestier, Marlen Haushofer propose une expérience radicale de retour à la nature : il s’agit à la fois d’une survie quotidienne et d’une redécouverte de soi, loin des normes sociales, des repères culturels et des artifices de la vie moderne.
Cette expérience de la nature est d’abord physique et sensorielle : cultiver, soigner les animaux, supporter le froid, affronter la solitude. Mais elle devient aussi philosophique et existentielle : qu’est-ce qu’un être humain sans société ? Quelle est notre véritable place dans le vivant ? À mesure que la narratrice s’enracine dans ce territoire de forêt, de roche et de silence, les frontières entre nature et culture, humain et animal, deviennent plus poreuses. La nature est à la fois refuge, miroir, menace et révélateur.
Dans Le Mur invisible, Marlen Haushofer interroge la possibilité d’une expérience authentique du vivant, où l’humain ne serait plus maître et possesseur de la nature, mais simple vivant parmi d’autres. Le roman, désormais considéré comme une œuvre majeure de l’écoféminisme, met en lumière l’ambivalence de cette expérience : la nature y est à la fois source de sens, d’émerveillement et de vulnérabilité.
Nous vous proposons ici une première analyse de cette œuvre. Vous retrouverez plus de détails dans le livre sur le thème expériences de la nature en prépa édité par Groupe Réussite et disponible sur Amazon.
Par ailleurs, nombreux sont les élèves et étudiants qui optent pour des cours de français à domicile pour perfectionner leur compréhension de la méthodologie du résumé de texte et de la dissertation en CPGE scientifique, ainsi que pour approfondir leur compréhension du thème de français en prépa. Vous pouvez également faire appel à des cours particuliers à distance en français si vous habitez dans une zone où peu de professeurs de CPGE sont présents.
Marlen Haushofer, Le Mur invisible : le retour (forcé) à la nature
Marlen Haushofer, une écrivaine féministe proche de la nature
Marlen Haushofer (1920-1970) a passé son enfance – et cela sera bien sûr déterminant relativement à notre programme de l’année – au milieu de la nature, dans la maison forestière d’Effertsbach en Haute-Autriche. Fille d’un garde-forestier, et d’une femme de chambre, elle pourra ainsi se plonger chaque jour dans cet univers champêtre et montagnard qu’elle décrira si bien dans Le Mur invisible. Sa situation de « rurale » est donc différente de celle de la narratrice du roman, qui, elle, est une urbaine forcée à redécouvrir la vie parmi la nature.
Après des études en philologie allemande à Vienne et Graz, interrompues par le service du travail obligatoire sous le régime nazi, Marlen épouse le dentiste Manfred Haushofer en 1941. Le couple s’installe à Steyr, petite ville où Marlen mènera, en apparence, une vie rangée de femme au foyer et d’assistante au cabinet dentaire de son mari, élevant deux fils. Cependant, en parallèle de cette vie plutôt conventionnelle, elle développe une activité littéraire intense, écrivant souvent la nuit ou tôt le matin.
Elle publie ses premiers contes dès 1946. Un premier succès arrive avec la nouvelle Das fünfte Jahr (La cinquième année, 1952). Son roman le plus célèbre demeure notre roman au programme Le Mur invisible (Die Wand), paru en 1963 et salué par le Prix Arthur Schnitzler et qui ne sera traduit en France qu’en 1985 grâce aux éditions Actes Sud.
Malgré ce succès critique, l’image de « femme au foyer » de Haushofer a longtemps desservi la réception de son œuvre. La critique littéraire, majoritairement masculine, a eu tendance à sous-estimer la radicalité et l’engagement féministe de ses textes. Son travail fut ainsi souvent relégué, avec condescendance, dans la catégorie de la « Frauenliteratur », terme péjoratif désignant une littérature féminine considérée comme mineure, traitant de thèmes triviaux.
Il faudra attendre l’émergence des mouvements féministes et le développement des études de genre pour que son œuvre soit réévaluée. On reconnaît alors la constance avec laquelle Marlen Haushofer explore le rôle spécifique et souvent difficile des femmes au sein d’une société patriarcale, ainsi que la complexité de son écriture.
Aujourd’hui, Marlen Haushofer est reconnue comme une figure majeure de la littérature autrichienne du XXe siècle. Outre Le Mur invisible, son œuvre comprend d’autres textes remarquables comme le court récit Nous avons tué Stella (Wir töten Stella) et des livres pour enfants primés.
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Résumé de « Le Mur invisible », une œuvre sans histoire ?
Publié en 1963, Le Mur invisible (Die Wand) débute comme une escapade banale qui bascule dans la science-fiction, voire le survivalisme dystopique et post-apocalyptique. La narratrice (on ne connaîtra pas son nom), une femme d’une quarantaine d’années, veuve depuis deux ans et mère de deux filles presque adultes, rejoint sa cousine Louise et son mari Hugo dans leur pavillon de chasse niché au cœur des Préalpes autrichiennes. Le couple part pour une soirée au village et ne revient jamais. Le lendemain matin, partie à leur recherche avec Lynx, le chien de chasse bavarois d’Hugo, la narratrice se heurte brutalement à une paroi invisible, « lisse et froide ».
Derrière cet obstacle incompréhensible, le monde semble figé : un paysan près de sa fontaine, bras levé, immobile comme une statue, des oiseaux gisant au sol tels des jouets peints. Toute vie humaine ou animale paraît s’être pétrifiée durant la nuit. La radio de la Mercedes ne capte plus rien. Est-ce la fin du monde ? La narratrice serait-elle la seule rescapée ?
On ignore l’origine de ce mur infranchissable – est-ce une catastrophe planétaire, une arme secrète développée pendant la Guerre Froide ? Rappelons que nous sommes en pleine Autriche des années 1960, dans l’angoisse de la Guerre Froide. La narratrice évoquera d’ailleurs à plusieurs reprises la piste d’une arme nouvelle ayant abouti à la formation du Mur (les armes des « vainqueurs »). Elle s’attendra à voir leurs avions fendre le ciel. Mais rien n’arrivera.
Ainsi, le mur devient à la fois une protection face à la mort qui rôde à l’extérieur, mais aussi une prison, qui l’emprisonne dans cette vallée. La peur et l’incompréhension saisissent bien sûr d’abord la narratrice, mais elle renonce à chercher une issue, trop effrayée puis résignée et comme habituée à sa nouvelle vie.
Dès lors, le roman tisse la chronique de sa survie – non pas une intrigue proprement dite, mais le récit au jour le jour d’une adaptation forcée, consigné sur de vieux calendriers et papiers à en-tête trouvés dans le chalet. Les débuts sont marqués par l’épuisement physique, les blessures, la maladie ; mais son instinct de survie, renforcé par la nécessité de prendre soin des animaux qui dépendent entièrement d’elle, prend le dessus.
Sa solitude est rompue par l’arrivée progressive d’une compagnie animale : Bella, une vache trouvée errante, deviendra sa « grande et douce mère nourricière » et mettra au monde Taureau. De plus, une « vieille chatte » grise et tigrée, d’abord sauvage et méfiante, s’apprivoise lentement et lui donnera des chatons : la magnifique mais fragile Perle, au long poil blanc, qui mourra tragiquement, puis les turbulents Tigre et Panthère. Mais Panthère disparaîtra très rapidement aussi. Seul Tigre survivra un temps, devenant un compagnon de jeu exubérant avant de disparaître à son tour.
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La disparition du temps, une des marques de la civilisation humaine
« Je crois que le temps est immobile et que je me meus en lui parfois lentement, parfois à une vitesse foudroyante. Depuis que Lynx est mort, je ressens cela très nettement. Je suis assise à ma table et le temps s’arrête. Je ne puis le voir ni le sentir ni l’entendre, pourtant il m’entoure de tous côtés. Son immobilité et son silence sont effrayants. »
Autre « rebondissement » de l’intrigue : un jour, la narratrice découvre un alpage plus haut dans la montagne. Elle y déménage l’été avec ses animaux, pour profiter de l’herbe grasse. Ce premier été (contrairement au second) sur l’alpage est une parenthèse presque magique : sous l’immensité du ciel étoilé, dans le silence seulement troublé par le vent ou le cri d’un rapace, la narratrice ressent une paix profonde, un détachement du monde des hommes, se sentant presque dissoute dans le paysage. Mais même ce lieu finit par lui devenir étranger.
Le récit, qui couvre presque deux ans et demi, s’achève sur une note brutale : un homme surgit, abat Taureau et Lynx à coups de hache. Sans hésiter, la narratrice prend son fusil et le tue. Elle termine son journal. Nous ne saurons rien de plus.

Les « personnages » : une communauté animalo-humaine
La Narratrice : Anonyme, cette femme initialement « mal armée pour affronter les réalités de la vie » se révèle à elle-même dans l’épreuve. Sa féminité conventionnelle s’efface (« femme au léger double menton » devenue « souche brune et coriace« ) ; elle écrit pour ne pas « perdre la raison« . Son lien avec les animaux devient fusionnel, essentiel à sa survie physique et mentale. Elle développe une profonde tendresse et un sens aigu de la responsabilité envers eux, tout en se détachant de plus en plus du souvenir des hommes.
La narratrice portant un regard critique sur « sa vie d’avant » «
Quand je me remémore la femme que j’ai été, la femme au léger double menton qui se donnait beaucoup de mal pour paraître plus jeune que son âge, j’éprouve pour elle peu de sympathie. Mais je ne voudrais pas la juger trop sévèrement. Il ne lui a jamais été donné de prendre sa vie en main. Encore jeune fille, elle se chargea en toute inconscience d’un lourd fardeau et fonda une famille, après quoi elle ne cessa plus d’être accablée par un nombre écrasant de devoirs et de soucis. […] C’était bien assez pour la société dans laquelle elle vivait et qui d’ailleurs était aussi ignorante et accablée qu’elle. »
Les animaux constituent des « personnages » à part entière du Mur invisible, ce qui témoigne bien sûr du rapprochement de l’autrice avec la nature.
Lynx : Bien plus qu’un chien, il est « l’unique ami », baromètre émotionnel de la narratrice, compagnon joyeux et fidèle, dont la mort laisse un vide immense. Il est son « sixième sens », très utile pour renifler les pistes ou chasser ; mais surtout pour tenir le coup. Sans lui, la narratrice se sent amputée.
Bella et Taureau : La vache douce et patiente et son fils fort mais sage, représentent la vie qui continue, le cycle de la naissance et de la croissance, mais aussi la vulnérabilité face à la violence extérieure. Bella s’avère indispensable pour fournir du lait à la communauté, mais la traite matinale constituera une lourde besogne. Une expérience-limite de la nature est aussi celle de l’inceste entre Bella et Taureau.
Les chats : La « vieille chatte », d’abord distante, finit par tisser un lien fait de respect mutuel, incarnant l’indépendance farouche. Elle se couche chaque soir sur le lit, formant un creux sur la couverture, signe qu’elle ne sera pas morte alors qu’elle est la seule à ne pas vouloir faire le voyage vers l’alpage. Ses chatons, comme Perle, Panthère et Tigre, apportent une joie éphémère et soulignent la précarité de l’existence. La narratrice refusera de s’attacher à eux de peur de connaître des peines répétées. Comme un symbole, la chatte enfantera quatre derniers chatons mort-nés.
La nature : Omniprésente, elle est le cadre grandiose et indifférent, la source de toute subsistance et de tous les dangers. La forêt semble parfois penser à travers la narratrice.
La perte du « visage » de la narratrice.
Quand l’on sait que selon Levinas, le visage définit l’humanité, ce passage est révélateur de l’effacement des frontières humanité-vivant : la narratrice, vers la fin du roman, réalise qu’elle a comme perdu l’humanité de son visage. Mais peu importe tant que ses animaux reconnaissent son odeur.
« Je les coupai devant la glace, courts, juste à la hauteur des oreilles, puis je contemplai mon visage bruni sous le casque de mes cheveux décolorés par le soleil. Il me parut étrange, maigre, avec des joues un peu creuses. Mes lèvres s’étaient amincies et je trouvai que ce visage étranger portait la marque d’un manque secret. Puisque personne n’était en vie qui aurait pu aimer ce visage, il me parut tout à fait superflu. Il était pauvre et nu et j’en eus honte, je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui. Mes bêtes s’étaient attachées à mon odeur familière, à ma voix et à certains mouvements. Je pouvais sans crainte me débarrasser de mon visage, on n’avait plus besoin de lui. Cette pensée fit naître en moi une impression de vacuité dont je devais à tout prix me délivrer. Je cherchai un travail quelconque et me dis que ce serait puéril, dans la situation où j’étais, de déplorer la perte d’un visage. Pourtant je ne pouvais chasser le sentiment torturant d’avoir perdu quelque chose d’important. »

Une œuvre éco-féministe ?
Publié en 1963 en allemand, traduit en français en 1985, Le Mur invisible a longtemps été sous-estimé. Pourtant, le roman a connu un spectaculaire regain d’intérêt. D’abord en 2013, avec l’adaptation du roman en film que nous vous conseillons de voir. Puis en France en 2019, propulsé par un post enthousiaste de l’illustratrice Diglee sur Instagram, le transformant en référence de l’écoféminisme et provoquant une rupture de stock en librairies ! Mais pourquoi donc ?
Écologie et rapport au vivant : Le roman anticipe les thèmes survivalistes et écologiques actuels. Face à une catastrophe rappelant la menace nucléaire ou annonçant les crises climatiques, la narratrice doit abandonner la société industrielle pour réapprendre les lois de la nature. Elle vit au rythme des saisons, cultive, chasse, observe la forêt reprendre ses droits sur les traces humaines. Les frontières entre elle et les animaux s’estompent dans une « grande famille » du vivant, même si la nécessité de tuer pour survivre reste une déchirure. Elle a l’impression que « la forêt avait commencé à allonger en moi ses racines pour penser avec mon cerveau ses vieilles et éternelles pensées« .
Un féminisme radical : Le mur, prison physique, devient un espace de libération psychologique et sociale. La narratrice s’émancipe d’une vie antérieure jugée étriquée, soumise aux attentes d’un « monde hostile aux femmes » et aux trois « K » allemands (Kinder, Kirche, Küche). Elle échappe au regard et à la menace des hommes. Sa transformation physique (elle devient de moins en moins féminine, « sans sexe défini », attache moins d’importance à son visage puisque l’important est que les animaux connaissent son « odeur ») accompagne une renaissance intérieure, l’éclosion d’une force insoupçonnée. La femme « mal armée pour affronter les réalités de la vie » découvre en elle des ressources et une force qu’elle ignorait posséder. Elle apprend à chasser, à cultiver, à construire, à soigner les animaux, à faire face à la douleur et à la peur. C’est une « éclosion », une prise de conscience de son potentiel réel, étouffé auparavant par les contraintes sociales. L’acte final – tuer l’homme qui a détruit sa communauté animale – est une affirmation brutale de son autonomie et un rejet violent du « principe masculin » destructeur. Elle choisit la solitude et le lien avec la nature plutôt que le retour à une société perçue comme aliénante et violente.
Lynx, le « sixième sens » de la narratrice. Un chien ou un homme ?
« Lynx était toujours heureux que je le caresse. À vrai dire, il lui était impossible d’agir autrement, mais je ne l’en regrette pas moins. Il était mon sixième sens. Depuis qu’il est mort je me sens comme amputée, quelque chose me manque et me manquera toujours. » (…)
« Je lui parlais beaucoup à cette époque et il comprenait le sens de presque tout ce que je lui disais. Qui sait, peut-être comprenait-il même plus de mots que je ne le pensais. Cet été-là j’oubliai complètement que Lynx était un chien et pas un homme. Je le savais, mais cette différence n’avait pour moi plus aucun sens. Lynx aussi avait changé. »
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Expériences de la nature : principaux thèmes Haushofer
Retrouvez la suite du contenu sur l’analyse et le résumé de l’oeuvre de Haushofer Le Mur invisible en prepa scientifique dans notre livre sur le thème de CPGE expériences de la nature. Voici les éléments que vous y trouverez :
1. Marlen Haushofer, Le Mur invisible : le retour (forcé) à la nature
2. Résumé. Le Mur invisible, une œuvre sans histoire ?
3. Briser la frontière entre nature et culture : le mur invisible rend visible nos liens avec le vivant
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