Qu’est ce que la procédure SCEI ?
Pour rappel, l’acronyme SCEI désigne le Service des Concours des Écoles d’ingénieurs. SCEI est un portail, une plateforme centralisée pour gérer différents services pour les prépas scientifiques de deuxième année. Grâce à la plateforme SCEI, inscriptions et entrée des vœux se feront en ligne. Il s’agit de l’équivalent de SIGEM pour les écoles de commerce post-prépa.
Au cours de leur prépa scientifique, en deuxième année (ou troisième année si 5/2), les élèves vont devoir s’inscrire sur SCEI afin de s’inscrire aux différents concours d’écoles d’ingénieurs post-prépa comme les concours Centrale, concours Mines-Ponts, concours CCINP… Cette inscription sur SCEI nécessitera de fournir des pièces justificatives : pièce d’identité et attestation de JDC (Journée Défense et Citoyenneté), éventuellement d’autres pièces pour les candidats boursiers ou présentant un handicap. Il faudra ensuite régler les frais administratifs d’inscription aux concours : il faut compter entre 100 et 150 euros par école environ pour les non boursiers. SCEI est également la plateforme encadrant l’épreuve du TIPE, en 3 étapes :
- téléversement du sujet choisi, du groupe constitué et des objectifs visés au mois de janvier
- téléversement des compléments bibliographiques, du support de la présentation orale, du résumé en anglais et du Déroulé Opérationnel du TIPE sur la période avril mai juin,
- et enfin le téléversement de la validation des Livrables par le professeur référent TIPE mi juin, pour bien réussir votre TIPE ensuite.
Voici les étapes avec les dates SCEI, un calendrier du concours de CPGE Scientifique à respecter scrupuleusement pour intégrer une école d’ingénieur post-prépa :
- Inscription sur SCEI en ligne sur la période décembre / janvier.
- Épreuves Écrites des concours en avril et mai
- Épreuves Orales des concours en juin/juillet
- Formulation d’une liste de vœux SCEI : de février jusqu’à début août, après communication des barres d’admission.
- 4 propositions d’intégration sur la période août/septembre vous sont faites par SCEI
Intéressons nous à présent plus spécifiquement aux propositions d’intégration, et à l’algorithme SCEI qui les prend en charge afin d’affecter les candidats.
Des interrogations sur l’algorithme SCEI
Beaucoup d’élèves de prépa scientifique s’interrogent au moment de formuler leurs vœux sur la plateforme SCEI. Comment classer leurs voeux SCEI ? Il y a de nombreuses façons de procéder, toutes ne se valent pas. Faut-il tenir compte uniquement du classement des écoles d’ingénieurs ? Il y a également des facteurs géographiques, si vous avez peur de quitter votre famille, ou bien des difficultés à trouver un logement étudiant, des facteurs humains. Il y aussi des caractéristiques de l’école visée, comme la possibilité d’étudier à l’étranger, les double-diplômes, la force du réseau des anciens élèves… Tous ces critères sont discriminants.
En réalité, le seul véritable critère que vous devez privilégier est tout simplement celui de vos préférences personnelles et pas la désirabilité de l’école et la difficulté à l’obtenir. Et nous allons voir dans le détail pourquoi, en étudiant attentivement l’algorithme SCEI d’affectation aux écoles d’ingénieurs.
Le saviez vous ? La logique des vœux APB (le prédécesseur de Parcoursup) était dérivée du portail SCEI. Il répondait tout simplement au même besoin : affecter des élèves à des formations ayant un nombre limité de places comme en CPGE, en tenant compte des classements des élèves et de leurs préférences. Qu’il s’agisse de bacheliers ou d’étudiants de prépa scientifique, de formations universitaires sélectives ou d’écoles d’ingénieurs, le principe est parfaitement identique. Il faut chercher à atteindre les meilleurs résultats d’affectation possibles et c’est là que l’algorithme SCEI intervient.
L’algorithme SCEI, le principe du mariage stable
Quel est le principe fondateur de cet algorithme SCEI ? Inutile de relire vos cours d’informatique, le principe général est assez simple. C’est celui du mariage stable, théorisé par Gale et Shapley en 1962 (College Admission and the Stability of Marriage).
Ces deux informaticiens ont mis en place un algorithme visant à faire “matcher” ( “correspondre” en bon français) des couples en fonction des préférences des femmes comme des hommes. Chacun effectue une hiérarchisation des membres du sexe opposé. Le problème de cet algorithme est qu’il réagit mal lorsque l’on procède instantanément. C’est à dire lorsque l’on crée des couples immédiatement en fonction des préférences de chacun, il ne sera pas possible de satisfaire tout le monde.
Certains individus seraient mieux en couple avec d’autres, qui correspondraient mieux à leurs préférences. C’est pour cela que l’algorithme de Gale et Shapley comporte plusieurs étapes. A chaque étape, les couples changent jusqu’à arriver à l’affectation parfaite : chaque individu obtient le meilleur partenaire qu’il puisse avoir. Il n’y a plus de “jalousie justifiée” : aucun individu moins bien classé qu’un autre n’a obtenu de meilleur partenaire.
Algorithme SCEI : une application de ce principe
Cette procédure d’affectation pour un mariage stable s’applique parfaitement à la procédure SCEI : les étudiants font un classement des écoles. Et les écoles… classent elles mêmes les élèves, en fonction de leurs résultats aux concours, par exemple les résultats Centrale, les résultats Mines Ponts, résultats CCINP ou résultats Polytechnique etc. Prenons un exemple concret, avec les préférences des élèves suivantes selon un ordre décroissant (de l’école préférée à la moins désirée) :
- Elève 1 : Ecole A > Ecole C > Ecole B
- Elève 2 : Ecole A > Ecole B > Ecole C
- Elève 3 : Ecole B > Ecole A > Ecole C
Voici les classements des élèves faits par les écoles, différents en raison de l’existence de plusieurs concours :
- Ecole A : Elève 3 > Elève 1 > Elève 2
- Ecole B : Elève 1 > Elève 2 > Elève 3
- Ecole C : Elève 3 > Elève 2 > Elève 1
Comment l’algorithme SCEI va-t-il les répartir pour obtenir des “mariages stables” ?
Les élèves vont chacun mettre leur école préférée en 1er vœu. L’algorithme SCEI va ensuite simuler plusieurs tours, qui aboutissent automatiquement à l’affectation parfaite. Attention, il ne s’agit pas du tout des 4 tours visibles par les élèves, où ils peuvent répondre Oui, Oui Mais, Non etc.
L’élève 1 et l’élève 2 font donc une “proposition” à l’École A.
L’élève 3 fait une proposition à l’Ecole B.
Donc l’École A, qui préfère l’élève 1 à l’élève 2, choisit dans un premier temps (c’est à dire de manière virtuelle, par pour de vrai) l’élève 1.
L’École B choisit l’élève 3, qui figure pourtant tout en bas de son classement.
L’École C n’a été choisie par aucun élève.
L’élève 2 n’a pas d’affectation.
Mais il y a ensuite un second tour pour l’affectation SCEI ! Les élèves sans affectation, ici l’élève 2, vont faire une proposition à leur second vœu SCEI lors de ce second tour.
L’élève 2 va donc faire une “proposition” à son second vœu qui est l’École B.
L’École B préfère l’élève 2 à l’élève 3. Elle va donc l’accepter et rejeter l’élève 3, même s’il l’avait mise en premier voeu. C’est donc l’élève 3 qui est désormais sans affectation.
Troisième tour : l’élève 3 va faire une proposition à son second choix, c’est à dire l’école A. L’école A le préfère à l’élève 1. Elle rejette donc l’élève 1, qui se retrouve sans affectation.
Quatrième tour : l’élève 1 propose à son second voeu SCEI, l’école C, qui accepte.
A l’issue du quatrième tour , chaque élève est donc affecté à une école, en fonction de son classement et de ses préférences.
Bien entendu, appliquée à plus de 20 000 élèves inscrits sur SCEI, cette procédure d’affectation prendra bien plus de tours, surtout avec l’augmentation du nombre d’élèves en CPGE Scientifique. Mais ces nombreux “tours d’affectation” se font automatiquement, ils sont simulés sans que ce soit visible par les élèves, à la différence de l’algorithme Parcoursup par exemple. L’algorithme SCEI simule ces tours d’affectation lui même et propose directement aux élèves la meilleure école qu’ils puissent avoir en fonction de leurs résultats et de leurs voeux.
Il y a toutefois jusqu’à 4 propositions SCEI d’intégration pour les élèves durant l’été, en raison des abandons des élèves souhaitant faire 5/2 en prépa ou choisissant une école hors SCEI.
Faire ses vœux pour obtenir les meilleurs résultats SCEI
Alors que retenir du fonctionnement de cet algorithme SCEI ? Ce modèle du mariage stable présente 4 grands avantages :
- l’algo SCEI fournit une solution “stable” : impossible qu’un élève moins bien classé dans une école ne vous passe devant pour cette école.
- l’affectation SCEI est rapide : les différents “tours” sont tous simulés par l’algorithme.
- la procédure SCEI fournit les meilleures propositions possibles aux élèves
- L’attribution SCEI n’est pas manipulable : inutile de mentir sur ses vœux pour essayer d’anticiper l’algorithme et obtenir une meilleure affectation SCEI. En effet, l’école regarde votre liste de vœux mais aussi votre classement à la suite des concours.
En outre, c’est grâce à cette affectation SCEI que l’on peut établir par exemple des classements des prépa MP et des classements des prépa PC, en fonction des choix des écoles, un peu sur le même modèle que le classement SIGEM.
Dès lors, comment les élèves de prépa scientifique doivent-ils aborder cette procédure SCEI ? Il faut en réalité s’interroger non pas sur l’algorithme d’attribution SCEI mais sur ses propres préférences. Pas facile d’y réfléchir à tête reposée en pleine préparation des oraux scientifiques. Le meilleur conseil que l’on puisse vous donner est de classer les écoles en fonction de vos affinités, vous devez donc vous renseigner sur les écoles d’ingénieurs comme l’ISEP, l’ECE, l’ESILV, l’EPF et bien d‘autres… Bien évidemment, inutile de faire figurer dans votre liste une école dont vous n’avez pas passé les oraux : impossible de postuler pour intégrer Polytechnique si vous n’avez pas été déclaré admissible.
Alors comment ordonner au mieux vos vœux SCEI ? Interrogez vous sur votre orientation future, sur les critères déterminants pour vous, et seulement pour vous. Si une école est bien classée et que vous y êtes probablement bien classé, mais qu’elle est spécialisée en mécanique, ne la mettez pas en premier vœu si vous n’aimez pas la mécanique ! Essayez de déterminer vos préférences en matière de spécialités, mécanique, informatique, aéronautique, optique etc. Même si les classements d’écoles d’ingénieurs peuvent vous aider à y voir clair, choisissez selon vos préférences réelles, ne vous laissez pas influencer, et soyez seul maître de votre destin.
Certains, ceux qui majorent en prépa notamment, font face à des choix privilégiés, comme choisir entre l’X ou l’ENS. D’autres doivent éplucher les brochures, se renseigner durant les journées portes ouvertes sur les formations proposées etc. Enfin d’autres pourront faire le choix de refaire une année, quitte à reprendre des cours particuliers de maths et à travailler les œuvres au programme du thème afin de réussir la prépa scientifique.
Retrouvez d’autres articles sur la prépa scientifique qui pourraient vous intéresser :
- Réussir sa rentrée à l’école
- Savoir gérer les mauvaises notes en prépa
- La quantité de travail en école d’ingénieurs
- Comment intégrer Polytechnique ?
- Conseils pour trouver l’environnement de travail idéal en bibliothèque
- Les expressions en prépa
- L’histoire des CPGE
- Comment réussir les concours aux grandes écoles ?