Pourquoi et comment faire une année de césure en école de commerce ?
Il y a quelques années, l’année de césure était boudée par les étudiants d’écoles de commerce et était beaucoup plus rare en école d’ingénieur. En effet, elle retardait l’entrée dans la vie active et était synonyme de coûts supplémentaires, de manque à gagner. Aujourd’hui, ce cursus long est largement plébiscité par un grand nombre d’étudiants des grandes écoles de commerce voire obligatoire dans certaines écoles. A HEC, elle est systématique, à moins de faire un double diplôme HEC.
A l’heure de faire valoir ses expériences aux entreprises, cette année de césure supplémentaire n’est pas une année artificielle mais permet de vous démarquer et de bénéficier d’une expérience professionnalisante : à l’étranger, stage long en entreprise, expérience entrepreneuriale, en ONG… Les possibilités d’année de césure en grande école sont multiples et variées, surtout quand la césure se divise en 2 expériences de 6 mois. Ces options de césure sont un facteur décisif pour choisir son école de commerce.
Comment tirer profit de son année de césure et l’intégrer au mieux dans son projet professionnel ? Comment tenter de nouvelles choses, explorer de nouveaux domaines tout en étant capable de revendre une expérience même non concluante ou sans lien avec la suite ? Quels projets peut-on réaliser en année de césure ? Nous vous livrons nos meilleurs conseils et partageons avec vous 3 témoignages d’étudiants qui ont franchi le cap de l’année de césure en école de commerce !
Année de césure en école de commerce : c’est quoi ?
Année de césure: consignes, durée et cadre légal
Selon une loi du 8 mars 2018 sur l’année de césure en grande école, l’État autorise les bacheliers et les étudiants du supérieur, quel que soit le classement de l’école de commerce ou d’ingénieur dans laquelle vous étudiez, à suspendre de manière temporaire vos études pour une période maximum de 12 mois. En école de commerce et école d’ingénieur, l’année de césure se fait généralement entre la deuxième et la troisième année. Cela ne signifie en aucun cas l’arrêt définitif des études.
L’étudiant souhaitant faire une année de césure doit justifier du caractère professionnalisant et riche d’un point de vue éducatif de son projet. Certains établissements évaluent même l’année de césure avec des crédits ECTS et le ou les projets présentés passent obligatoirement devant une commission qui doit donner son aval, approuver l’année de césure visée. Ce ne sont donc pas des vacances scolaires : il n’est pas possible par exemple de rester chez soi sans rien faire ou de voyager sans but.
Néanmoins, les voyages sont tout à fait possibles à condition d’y trouver une plus-value à faire valoir dans son cursus. Une idée ? Inspirez-vous par exemple de Cassandre et Matthieu, deux étudiants de l’EM Lyon, qui ont voyagé pendant 6 mois dans une dizaine de pays à la rencontre de plus de 40 entrepreneurs et entreprises. Leur but ? Découvrir les innovations dans le domaine du management et ses applications concrètes partout dans le monde.
Quels types d’étudiants font une année de césure ?
Selon une étude de Viavoice, un jeune sur deux entre 18 et 24 ans souhaiterait faire une année de césure et ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. L’année de césure est même devenue obligatoire dans certaines écoles comme à l’année de césure d’Audencia Business School.
Claude Lombard, la directrice de l’école de commerce nantaise affirme “Cette césure permet de confirmer ou au contraire d’infirmer un projet professionnel avant le choix de la spécialisation en dernière année”. Qu’ils soient entrepreneurs, voyageurs, humanistes ou à la recherche d’une expérience longue en entreprise, la plupart des étudiants trouve leur compte et 77 % d’entre eux dressent même un bilan très positif de leur année de césure selon une enquête du BNEI.
Le coût d’une année d’école de commerce en césure
La loi de mars 2018 relative à la césure définit aussi le coût en année de césure. L’étudiant continue à payer son école mais à un tarif (très) réduit.
En année de césure, il faut continuer à financer son école de commerce. En effet, il existe des frais de scolarité à payer, même en année de césure. Ces derniers s’élèvent à 500 euros en moyenne et ils peuvent monter jusqu’à 2500 euros en fonction des écoles. En revanche, pour certaines écoles cette année de césure est gratuite : par exemple à Montpellier BS, le prix d’une année de césure est nul. Néanmoins, ne croyez pas que les frais de scolarité d’école de commerce résument le coût de votre année de césure. En effet, faire un stage à l’étranger, faire un voyage, développer son projet entrepreneurial a un coût qui dépend du projet (si vous travaillez ou non), de la ville de résidence et de votre mode de vie !
Sachez que même en année de césure, vous bénéficiez toujours de la bourse du CROUS sur critères sociaux mais vous ne bénéficierez plus des APL si votre année de césure est à l’étranger. En revanche, l’année de césure à l’étranger vous donne accès à de nouvelles bourses comme la bourse ERASMUS si vous décidez de partir faire un échange universitaire en Europe ou même un stage. A noter qu’en année de césure sur le territoire français, vous bénéficiez toujours de la couverture de l’assurance maladie. Si votre projet est en dehors de la France, vous devrez vous rapprocher de votre caisse d’assurance maladie et son organisme d’accueil pour toutes les modalités.
Comment réussir son année de césure en école de commerce ?
Choisir son année de césure en fonction de son profil et ses attentes
L’année de césure en école de commerce est l’occasion parfaite de tester différentes branches et métiers. Faire deux stages en 1 an est idéal et vous offre le choix d’un ou 2 secteurs d’activités et vous permettra de choisir beaucoup plus facilement votre spécialisation en dernière année d’école par exemple. C’est aussi l’occasion de tester et de trouver LA structure d’entreprise dans laquelle vous aimeriez évoluer : en start up, où les initiatives sont souvent les bienvenues et où vous êtes entreprenant et polyvalent ; dans une grande entreprise où votre rôle est bien défini et avec un salaire souvent plus avantageux ? Dans une entreprise à dominante tech style Silicon valley ? Dans la recherche ? Plus institutionnel en Banque d’affaires à la Défense ?
Vous pouvez également profiter de cette année de césure en école de commerce pour réaliser un rêve. Le temps dont vous disposez en année de césure illustre bien une des grandes différences entre la prépa et l’école de commerce. Ainsi, préparez votre sac et partez travailler dans une ONG, effectuez un service civique ou participez à une mission humanitaire. Ce ne sont que des exemples car en réalité, il y a autant de possibilités que de profils d’étudiants. Laure, étudiante à l’EDHEC, a décidé de consacrer son année de césure à la question du handicap en entreprise. Un projet de six mois durant lequel elle s’est initiée aux montages vidéos et est partie à la rencontre des innovations pour faciliter le handicap en entreprise en France, en Europe et en Amérique Latine.
Quel que soit votre projet, rappelez vous que l’année de césure (surtout 6 mois) n’enferme pas définitivement dans une voie mais élargit votre champ de vision ! Les recruteurs comprendront tout à fait un changement à 180 degrés s’il est contextualisé, réfléchi, justifié.
Avant : Mettre toutes les chances de son côté pour une année de césure réussie !
L’année de césure est un projet qui s’organise en amont, tel un grand voyage. Pour cela, veillez à mettre toutes les chances de votre côté.
Renseignez-vous pour trouver votre année de césure
Pour rendre concret votre projet d’année de césure, vous devez mettre toutes les chances de votre côté en faisant marcher votre réseau en école de commerce. Demandez à vos amis et contactez les élèves des promotions au dessus de la vôtre pour avoir plus de renseignements sur l’année de césure. Si un ancien de votre école a fait une césure dans un domaine qui vous intéresse, rencontrez-le.
Le rôle de l’école est aussi de vous aider et vous accompagner dans votre démarche, ainsi n’hésitez pas à allez voir le service stage de votre école de commerce pour leur faire part de votre projet, ils pourront peut-être vous aider à vous mettre en relation avec un ancien élève ou une entreprise. Quelle a été leur méthode pour trouver une césure ? Pour réussir l’entretien ? Cela n’est pas facile pour un jeune étudiant de déjà savoir quels sont les défauts et qualités à dire en entretien, où se voient-ils dans 10 ans, etc. Quelles difficultés ont-ils rencontrées ? Comment se passe une césure à l’étranger ? Devez-vous passer le Toefl ou passer le Toeic pour améliorer vos chances d’être embauché ? Ont-ils des contacts à vous donner ? S’il s’agit d’un stage, en France ou à l’étranger, votre réseau d’école sera votre meilleur ami.
Toutes les écoles de commerce et d’ingénieurs disposent d’une plateforme de recrutement pour les étudiants. Vous pouvez faire des recherches en fonction de la ville, du poste que vous recherchez, de la durée, et même du type de contrat. Il peut s’agir de JobTeaser ou de JobCenter. Créez une alerte pour être parmi les premiers à voir l’annonce. Aussi, soyez à l’affût des événements professionnels qu’organise votre école. Ces rencontres entre les entreprises et les étudiants sont le parfait moment pour échanger avec eux et leur glisser votre CV et lettre de motivation. Provoquez le destin, allez au devant des opportunités !
Mettez vos compétences en valeur en année de césure
On ne le dira jamais assez mais le CV (éventuellement la lettre de motivation) est capital pour trouver LE stage de ses rêves. Soignez donc toutes les informations et n’hésitez pas à inclure au bon score au Toeic ou au test Toefl. Aussi, si votre domaine de prédilection s’y prête (communication, marketing digital et même ressources humaines) pensez au CV original ! Cela vous démarquera des autres candidats et attestera de votre créativité et de votre motivation. Nous avons sélectionné pour vous 3 CV pépite pour vous donner des idées :
Après : comment capitaliser sur son année de césure ?
Pour capitaliser sur son année de césure, il faut veiller à l’intégrer à son projet professionnel en faisant valoir les expériences et compétences acquises. Alors que faire valoir les compétences développées durant les cours en prépa HEC est évident, les recruteurs étant encore sensibles à cette filière d’élite, faire valoir une expérience en année de césure n’est pas toujours chose facile. Il peut s’agir de softs skills (langue étrangère, capacité d’adaptation, relation client…) ou de hard skills (compétences développées au cours d’un stage en entreprise, maîtrise d’un outil, découverte du marketing digital, SEO, SEA).
Sacha Kalusevic, directeur de Page Personnel, une filiale de Michael Page met en garde : « Il faut être assez sûr de son projet pour pouvoir ensuite capitaliser sur son année de césure. Sinon, l’expérience peut s’apparenter à une année de perdu« . Cette vision de l’année de césure est un peu extrême car en réalité, on a le droit de changer d’avis et tirer du positif d’une expérience à première vue négative.
Néanmoins Sacha Kalusevic relève un point important : bien déterminer son projet en année de césure et surtout à mettre en évidence les compétences acquises et l’enseignement retiré de cette expérience. Pour cela, le rapport de stage est un excellent moyen de synthétiser vos enseignements et de garder une trace écrite de ces derniers. Ne le négligez pas, même s’il n’est pas obligatoire.
Année de césure en école de commerce : les étudiants témoignent !
Vincent de GEM “J’ai pu monter ma boîte grâce à l’année de césure”
“Durant ma première année à GEM, j’ai créé Ficha, la solution de tri des déchets qui récompense le tri dans les habitations collectives. Cette expérience entrepreneuriale me prenait de plus en plus de temps. C’est pourquoi, avec Hubert le co-fondateur rencontré à GEM, nous avons continué l’aventure en césure.
Cela nous permettait de nous consacrer pleinement au développement de Ficha avec, tout de même, l’incertitude quant à la réussite du projet. Cette année de césure a été plus qu’enrichissante et nous a notamment permis d’avancer sur notre solution technique. Ainsi, plus de 19 ingénieurs ont travaillé sur notre conteneur connecté dont le premier prototype est sorti durant l’été 2019. Durant l’année de césure nous avons également agrandi l’équipe, rencontré de nombreux mentors, été accompagné par le réseau Pépite et levé 35 000€.
Nous avons rencontré quelques difficultés quant à notre business model et à la gestion de l’équipe puisque à un moment plus de 20 personnes travaillaient sur Ficha ! Dans une expérience entrepreneuriale, même (et surtout) en année de césure, il faut savoir bien gérer son temps, ses deadlines et s’entourer des bonnes personnes. Le réseau que nous avons constitué durant notre année de césure a réellement été la clé du succès car il a été synonyme d’opportunités et de prise de recul. Alors gardez ce conseil en tête : entourez-vous et faites-vous accompagner car seul vous n’y arriverez pas ! Alors si vous avez une idée d’entreprise : essayer, car comme avec Ficha, c’est jamais fichu ! “
Edouard de l’EDHEC
“J’ai associé un stage en entreprise et un voyage à vélo”
À l’EDHEC, l’année de césure est obligatoire alors l’année de césure ne s’est pas présentée à moi. Dès le début de mes recherches, je savais que je voulais faire quelque chose de spécial : une expérience plus enrichissante qu’une simple belle ligne sur le CV. N’ayant que peu de stages en entreprise à mon actif, j’ai voulu commencer mon année de césure par un stage de 6 mois chez Zodiac Nautic, une des plus anciennes industries françaises et leader sur le marché “marin plaisance”.
Les 6 mois restants, j’étais libre de partir à l’aventure. Avec un ami, je me suis donc lancé dans l’aventure Rocket Bike : un voyage à vélo de plus de 10 000km à la rencontre des entrepreneurs expatriés d’Amérique du Nord. On dit souvent qu’une expérience dans une entreprise est un vrai plus à faire valoir ! Moi je pense que la réponse diffère en fonction de la voie que l’on choisit. Pour ma part, j’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat et cette expérience atypique reflète mon goût du challenge, ma capacité d’adaptation et mon coté atypique ! Je pense que c’est durant cette période que nous pouvons réaliser ces projets qui nous tiennent tant à coeur. Une fois dans le monde professionnel il sera peut-être trop tard. Qu’attendez-vous ?
L’année de césure est devenue très importante dans la vie d’un étudiant en école de commerce. Faire deux stages de 6 mois vous permet de tester différents secteurs, postes ou type d’entreprise et peut-être d’obtenir une double compétence. Ces expériences sont précieuses pour vous lancer dans la vie active en sachant ce qui vous plaît. C’est également l’occasion rêvée de réaliser un projet qui vous tient à cœur comme un voyage ou un projet d’entreprise, ou autre, soyez créatif !
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Laura Orozco