Bien parler à l’oral est un grand atout dans l’existence ; il peut parfois même faire la différence. Et pourtant, l’art de bien parler à l’oral n’est que très peu enseigné au lycée et rarement pratiqué. Pourtant, comme l’explique Cyril Delhay, professeur d’art oratoire à Science Po : “parler en public devant un auditoire s’apprend ; comme on apprend à nager.” Alors, qu’est-il indispensable de comprendre pour mieux parler à l’oral ? Doit-on obligatoirement prendre des cours particuliers au lycée ? Ces conseils pourront également grandement vous servir pour la préparation des entretiens de motivation des écoles de commerce que vous passerez après les écrits du concours Sesame et du concours Acces.
Pourquoi travailler son oral ?
Après tout, il est légitime de se poser la question puisqu’aucun cours du programme du collège ou du programme du lycée ne s’intitule “Oral”. Tout d’abord, parce que parler (même mal, même peu) est le meilleur moyen de comprendre et d’améliorer sa mémoire. C’est tout l’intérêt des interventions orales qu’il faut s’efforcer de multiplier à chaque fois qu’on en a l’occasion. Même moyennes et fort courtes. En effet, si on définit la mémoire comme la faculté de stocker l’information et d’y avoir accès lorsqu’on en a besoin, il est important de comprendre comment elle fonctionne.
Toutes les recherches convergent et s’accordent sur la façon dont s’effectue la mémorisation. D’après des chercheurs américains, on retient : 10 % de ce qu’on lit, 20 % de ce qu’on lit et écoute, 30 % de ce que l’on voit, 50 % de ce que l’on voit et écoute, 70 % de ce que l’on dit, 90 % de ce que l’on fait. Concrètement, cela signifie que chacune de vos prises de paroles stimulera les sphères cérébrales de la mémorisation. Plus vous appartenez à la catégorie des gens timides, plus, bien parler à l’oral constitue un exploit et participe alors du “faire”. En effet, cela consiste à dépasser ses limites, sortir de sa zone de confort, prendre des risques, s’exposer, etc.
Plus vous parlerez et plus, vous mémoriserez non seulement ce que vous dites, mais aussi tout ce qui entoure votre prise de parole. Une fois qu’on a établi la nécessité de prendre la parole et de bien parler à l’oral pour réussir une scolarité qui – en France – est très basée sur la mémorisation, il est important de voir les façons de s’améliorer. Et ce que ce soit pour réussir la fac ou bien pour réussir en prépa.
Comment travailler son expression orale ?
Pour franchir un cap clé, il faut rapidement comprendre un paradoxe : à l’oral, ce n’est pas l’oral qui compte ! Ce fut très bien montré par le psychologue et professeur de psychologie Albert Mehrabian. Ce qu’a prouvé ce spécialiste de la communication s’intitule la règle des “7 %, 38 % et 55 %”. Elle se comprend ainsi : 7 % (un faible pourcentage) de la communication est verbale, c’est-à-dire que votre auditoire accordera une très faible importance aux mots que vous allez choisir, au vocabulaire qui sera le vôtre, et ne prêtera absolument pas attention à un éventuel lapsus, une répétition, voire une interversion de deux mots. En définitive, ce que vous dites importe très peu lorsque vous parlez à l’oral ! Cela pourra notamment vous servir lors des oraux des écoles de commerce pour les concours Acces et Sesame.
Plus important (à hauteur de 38 %) vient la communication para-verbale. C’est-à-dire, la capacité de modulation, la rapidité du débit, la clarté de la voix. Tous ces aspects qui caractérisent un acteur de théâtre, dont l’outil principal pour bien parler à l’oral est la voix, doivent vous préoccuper. Il est donc essentiel d’écouter (et donc d’enregistrer au préalable) sa propre voix pour s’efforcer de varier ses intonations. Si elle tend à la monocordie, d’en pousser un peu le volume si elle est trop douce ou bien de faire l’effort de parler moins vite si on a pour habitude de manger ses mots. Mais, à la limite, on pourrait s’arranger de beaucoup de défauts en matière de Communication para-verbale.
Là où il vous faut concentrer vos efforts et porter votre attention (55% d’une prise de parole réussie) c’est la Communication non verbale. D’après Merahbian, l’essentiel pour bien parler à l’oral tient donc à la façon dont vous vous tenez ainsi qu’aux expressions de votre visage. Il faut donc s’efforcer de maîtriser ses postures (ni trop rigides, ni trop fantaisistes) et que votre visage marque de l’intérêt pour ce que vous dites et du respect pour votre auditoire. C’est la force d’un individu qui, même lorsque les regards sont braqués sur lui et que tout le monde l’écoute, saura conserver un corps aux déplacements souples et naturels, dénués de gestuelle parasite. C’est l’aisance de celui dont le sourire accompagne les traits d’humour, mais n’apparaît pas – de façon inappropriée – lorsqu’il est gêné.
Combien d’exposés ratés parce que celui qui parle gigote dans tous les sens ou garde les bras croisés dans le dos pendant 5 minutes consécutives ? Combien de mauvaises impressions parce que l’élève devient rouge tomate alors qu’il répond avec justesse à une question, dévalorisant ainsi complètement sa réponse ? Vous l’aurez compris, pour travailler efficacement au lycée, il faut travailler son oral passe également par un travail de gestion du stress – ce grand ennemi de l’orateur – !
Enfin, on progresse à l’oral lorsqu’on est congruent. Qu’est-ce à dire ? C’est toujours à Merahbian que l’on doit ce concept-clé. “Pour parler efficacement et significativement, ces 3 formes de communication doivent correspondre entre elles (on parle de « congruence »). Dans le cas contraire, la personne qui nous écoute peut être troublée par deux messages venant de deux façons différentes et se contredisant. “ C’est ainsi qu’il faut s’efforcer de tout mettre en cohérence : le discours, la gestuelle et les mimiques.
Qu’est-ce que cela donne concrètement ?
Comment réussir un exposé oral ou une présentation orale ?
S’il n’y a pas de recettes magiques pour bien parler à l’oral, il est évident qu’un certain nombre de “trucs” font la différence. Tout d’abord, la structuration de votre pensée. Si le plan tient et si les idées sont justes, le reste suivra. Même peu assuré, même maladroit, votre propos passera si votre plan et son contenu sont solides. Il faut donc anticiper votre préparation et obtenir une validation préalable de ce que vous allez dire.
Votre professeur qui vous donne cours ou un pair peut vous aider ; ils vous donneront ainsi la confiance qui risquerait de vous faire défaut. Ensuite, il convient de soigner certains moments clés de votre exposé. On en compte trois : le tout début, soit les 30 premières secondes, les transitions entre les grandes parties et la toute fin, soit les 30 dernières secondes. Il ne faut surtout pas hésiter à prendre des notes ou rédiger ces passages afin de les sécuriser et ainsi réussir sa présentation orale. Si vos notes sont aisément lisibles, ces brefs moments de lecture rapide n’affaibliront pas votre prise de parole.
Enfin, la meilleure source de progrès tient au travail de répétition filmée. Il est encore bien plus efficace que les répétitions devant un public choisi, lequel peut manquer de sévérité ou de bienveillance, ce qui est également délétère. Se filmer en situation permet de contrôler tous les éléments relatifs aux trois formes de communication préalablement présentées et se confronter à l’image qu’on renvoie lorsqu’on prend la parole. C’est aussi le moyen le plus efficace pour mémoriser son propos et ainsi parvenir à une forme d’aisance ; celle de la reproduction d’une prise de parole qui devient alors une sorte de réflexe. Car pour apprendre à bien parler à l’oral devant un public, “Il faut (…) faire ses gammes et solliciter la mémoire procédurale” tout est donc une question d’exercices progressifs et de pratique. Portez-vous volontaire dès qu’on vous en donne la possibilité afin de travailler son oral !
En conclusion, négliger l’oral serait une vraie erreur tactique et stratégique. Tactique parce que parler régulièrement donne de la confiance, facilite mémorisation et compréhension. Stratégique parce que les oraux sont toujours l’outil de sélection par excellence dans tous les concours d’entrée dans les grandes écoles et que, plus on les anticipe par une pratique régulière, meilleures sont vos chances d’y exceller. C’est le cas des oraux HEC ou encore des oraux ESSEC. Vous avez toujours la possibilité d’assister à des stages de préparation des oraux d’école de commerce ou de prendre des cours particuliers. Les cours particuliers ont de nombreux avantages, notamment le fait d’accompagner personnellement un élève et de le faire progresser dans la durée.
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Hélène Bieber
À propos d’Hélène
Depuis 2013, je suis en charge de l’enseignement « Expression et communication » à l’I.U.T. de Poitiers (site de Niort, département S.T.I.D.) où j’exerce également la fonction de Directrice des Études. Titulaire du C.A.P.E.S. de lettres modernes, j’ai enseigné durant 13 ans le français et la littérature au lycée Jean Macé à Niort (79000) à tous les niveaux et dans toutes les sections. Je coordonne depuis plusieurs années les ouvrages que les éditions Ellipses consacrent à l’épreuve de culture générale des BTS.