Méthodologie de la dissertation de philosophie en terminale
L’épreuve de philosophie est traditionnellement celle qui ouvre les épreuves du bac, elle reste importante dans le cadre du nouveau bac 2021. Pour réussir la dissertation de philo au bac, il faut comprendre comment elle est évaluée. La philosophie est une matière importante car elle représente un fort coefficient à l’examen du baccalauréat. Pour vous préparer au mieux à cette épreuve, rien de mieux que des cours particuliers de philosophie ou des stages de révision qui vous permettront de bien assimiler la méthodologie de la dissertation de philo en terminale.
Pour comprendre l’esprit de l’épreuve, voici un extrait du programme officiel de philosophie, « Évaluation et notation » :
L’évaluation de la copie du candidat est globale. Qu’il s’agisse de la dissertation ou de l’explication de texte, la nature des exercices philosophiques proposés aux candidats exclut tout barème ou grille de notation fixés d’avance. Elle impose en revanche que des critères de correction soient collégialement élaborés par les correcteurs dans le cadre de réunions plénières d’entente et d’harmonisation. Les correcteurs procèdent alors à l’analyse attentive des difficultés singulières de chaque sujet et à l’examen d’un certain nombre de copies représentatives de ces difficultés.
Aucune méthode, aucun plan ne sont imposés ni interdits au candidat, dès lors qu’il effectue l’exercice demandé en manifestant les aptitudes requises. On ne saurait non plus identifier l’existence d’une culture philosophique à la simple présence, dans une copie, de références non commentées, de citations éparses ou de noms d’auteurs sans une référence à tel ou tel de leurs arguments.
La nature de l’épreuve n’appelle pas la simple restitution de connaissances. L’exigence d’une culture philosophique accompagne un effort de pensée qui comporte lui-même, inévitablement, une part de risque. Aussi la nature de l’épreuve impose-t-elle aux correcteurs de tenir le plus largement compte, dans leur évaluation, de la réalité de cet effort, même lorsqu’il n’est pas abouti.
Il s’agit d’abord d’évaluer une capacité à formuler une question philosophique sous-tendue par le sujet. La problématisation est donc une étape décisive et c’est elle qui autorisera généralement le correcteur à accorder la moyenne ou non. En effet, le développement est certes important mais est évalué dans un second temps, il pourra être valorisé même s’il n’est pas abouti. La culture philosophique enfin est uniquement au service de l’argumentation, elle ne sera pas prise en compte s’il s’agit simplement de la « saupoudrer » sans aucun lien avec les arguments du développement.
I- Le travail au brouillon de la dissertation de philo
A-Définition et problématisation du sujet pour réussir en philo
- Le choix du sujet de philo
Il doit se faire quasiment de façon instinctive. On y réfléchit un peu, et on choisit celui qui se rapporte au domaine qu’on maîtrise le mieux. Ne pas changer de sujet en cours d’épreuve !
- L’analyse du sujet de philo
Définir les termes : Il s’agit d’interroger la définition du ou des concepts contenus dans le sujet. Pour cela, il est possible de rappeler l’étymologie ou de définir le terme opposé.
Il ne faut surtout pas hésiter à coucher à l’écrit les premières idées qui viennent à l’esprit et ensuite juger si oui ou non elles sont au cœur de l’enjeu du sujet. Si elles ne le sont pas, cela n’est pas grave, cela permet de définir ce que le sujet n’est pas. Si elles ont un intérêt et qu’elles permettent d’ouvrir des pistes intéressantes, il faut les garder.
Il y a rarement un seul terme dans un sujet.
Souvent la question va faire dialoguer deux notions ou va questionner le positionnement de l’un par rapport à l’autre (Ex : « Le passé est-il un fardeau? » Il y a ici la notion de passé bien sûr, mais aussi la notion de fardeau.) Une piste peut être considérée comme intéressant dès lors qu’elle participe à la réflexion sur ce rapport entre différentes notions (ex : rappeler que le passé a un poids sur l’existence présente, est intéressant en ce qu’il y a ici un lien avec la notion de fardeau).
Il faut ainsi dérouler le plus d’idées qui permettent in fine de tisser un maximum de liens entre les différents termes.
Si ce travail est suffisamment fourni, un certain nombre de contradictions (des « problèmes ») devraient apparaître.
- La problématisation en cours de philosophie
La problématisation est une étape qui vient en même temps que la définition des termes du sujet. Définir des termes en philosophie revient toujours à révéler des contradictions. Il y en aura souvent plusieurs. L’enjeu est ici de sélectionner celle qui est au centre du sujet, c’est-à-dire celle qui sous-tend la question posée dans l’intitulé (= celle qui amène à se poser la question du sujet).
Choisir la mauvaise contradiction signifie faire un hors-sujet. Il ne faut donc pas se tromper.
Une problématique en philosophie revient à formuler un paradoxe, c’est-à-dire une contradiction fondamentale (qui vient de la définitions des termes du sujet) et irréconciliable (qui est très forte, sans solution évidente) entre les termes du sujet. Ce paradoxe doit être nécessaire (il doit venir logiquement), il découle directement du travail de définition.
Ce paradoxe peut être formulé par une question, mais cela n’est pas obligatoire. En effet la forme interrogative n’est qu’un simple choix de forme, elle n’est pas nécessaire.
B. La construction du plan et des grandes parties
- Les grandes parties du développement
Reprendre les deux parties de la contradiction (= +/-) pour développer une thèse et une antithèse.
Une fois la contradiction trouvée, il va falloir commencer à développer un plan. Ce plan peut être élaboré à partir du travail mené dans la problématisation. En effet, le paradoxe ou la contradiction soulevé, contient généralement deux propositions contradictoires. Ces deux propositions vont permettre de trouver les thèses des deux premières parties. Il faut alors reprendre les deux parties de la contradiction et les détailler.
Dépasser cette opposition par une troisième thèse (=synthèse).
La troisième partie en revanche sera une thèse qu’il faudra trouver en dépassant les des deux éléments de la contradiction.
On la trouve en cherchant un troisième point de vue. Cette tâche est sans doute la plus complexe car elle fait appel, en partie, à l’intuition personnelle de l’étudiant, tout comme elle sera jugée de façon très subjective par le correcteur.
Il y une part d’audace à développer une thèse personnelle, et à ainsi se lancer loin des termes sécurisant du sujet. Il ne faut pas pour autant faire n’importe quoi, une telle liberté de développement demande de s’imposer une certaine exigence de justification de ses arguments. La trame doit rester logique dans son enchaînement, et paraître découler de la contradiction précédemment présentée.
- Les sous-parties de la dissertation de philosophie
Mobilisation des connaissances au brouillon
Idéalement il faut trois sous-parties par grande partie. Toutefois on peut s’en contenter de deux, si celles-ci ont bien structurées.
Pour construire une sous-partie il faut prendre la thèse d’une grande partie et chercher toutes les références, exemples, théories ou pensées qui viennent dans son sens. Il faut pour cela travailler librement en jetant ses idées sur le brouillon.
Lister les rappels du cours ou autres, et les écrire. Il s’agit ici d’écrire un maximum de connaissances.
Organiser ses connaissances
Une fois que l’on a de quoi former au moins deux sous-parties, c’est suffisant.
Il faut un ou deux arguments par sous-partie.
Un argument est :
-une affirmation ou une idée
-un exemple, un penseur ou une autre référence précise
-une conclusion partielle qui rappelle l’idée en faisant le lien avec l’exemple ou le penseur exploité.
– une transition avec l’argument suivant (a minima une annonce de l’argument suivant) mais qui n’est pas obligatoire.
Il faut toujours que l’argument le plus simple ou le plus évident, soit placé avant l’argument le plus complexe. L’argument simple est une entrée en matière, un début. L’argument le plus complexe est le plus intéressant, il a plus de valeur que ceux qui l’ont précédé dans a grande partie.
Si le plan d’une grande partie est bien construit, les deux sous-parties devraient s’enchaîner de façon parfaitement logique : l’argument complexe ne peut exister sans l’argument simple et l’argument simple amène logiquement à traiter l’argument complexe. Les deux sont étroitement liés.
II- La rédaction de la dissertation de philo
Remarque de forme :
Une phrase est un sujet, un verbe et un complément, ex : « Tout l’objet de la cure analytique est en effet de mettre l’identité de l’individu en perspective avec son passé »
Ne pas trop complexifier la syntaxe, qui est un risque très courant surtout en dissertation de philosophie. Il faut préférer des phrases simples, claires et concises qui sont articulées entre elles par des connecteurs logiques (« donc », » or », « en effet », etc.). Le correcteur passe peu de temps sur une copie, il ne lit donc pas forcément les phrases dans leur intégralité. Les connecteurs logiques et la concision (=le format court) des phrases qui permettront de comprendre rapidement sans tout lire (et un correcteur qui s’autorise à lire rapidement est un correcteur qui ne fait pas attention aux erreurs dans les détails !).
A. La rédaction de l’introduction (à rédiger au brouillon)
Une introduction commence par une accroche (2-3 phrases maximum) qui présentent par exemple un fait, un mythe, une anecdote historique ou une citation, qui est en lien direct avec la question de l’intitulé.
Cette accroche amène ensuite à définir les termes du sujet. Il faut des définitions longues et fournies, car ce sont elles qui vont permettre ensuite de poser la problématique. (4-5 phrases par définition est une bonne moyenne).
Puis il faut que ces deux définitions soient « mises en résonance », on les compare, on regarde le rapport qu’elles ont entre elles au regard de la question posée dans le sujet. C’est ainsi qu’on présente le paradoxe que l’on a dégagé au brouillon.
On résume ensuite le paradoxe en une ou deux phrases, avec possibilité de poser une ou deux questions.
Présentation du pan en trois phrases (une pour chaque partie).
B. La rédaction de la conclusion (au brouillon si possible)
La conclusion n’est pas essentielle au sens où elle n’apporte rien de nouveau. Il ne faut pas d’argument supplémentaire, la conclusion ne sert pas à caser ce qu’on n’a pas pu traiter dans le corps du sujet. Toutefois, elle constitue la dernière partie du devoir que le correcteur lit avant de donner une appréciation globale de la copie. Une mauvaise conclusion peut donc vraiment desservir l’appréciation d’une copie.
La conclusion est un récapitulatif détaillé du plan, elle répond à la problématique tout simplement. Il faut faire un résumé en trois ou quatre phrases. Ce résumé peut être suivi ensuite d’une ouverture (un fait, une anecdote, une citation, etc.) qui va élargir le sujet à un domaine plus large. Il ne faut pas que l’ouverture pose une question qui n’a pas pu être traitée dans la copie, il faut que cela soit un enjeu qui dépasse le cadre de ce qu’on a développé. Généralement les ouvertures sont assez ratées, mieux vaut ne pas trop s’y risquer si l’on n’a rien. Ne pas inventer une histoire ou un auteur à cet endroit, cela serait quelque peu hasardeux…
C. La rédaction du corps du devoir
Sauts de ligne |
Alinéas |
Après l’introduction : 3 lignes
Entre le I et la transition : 2 lignes Entre la transition et le II : 2 lignes Entre le II et transition : 2 lignes Entre transition et III : 2 lignes Entre le III et la conclusion 3 lignes. |
Dans l’introduction
-Avant l’accroche -Avant chaque définition -Au début de la problématique/paradoxe -Avant l’annonce du plan Dans le corps du devoir : -Avant chaque sous-partie -Au début de chaque transition Conclusion : -Début de conclusion -Début d’ouverture |
Petite synthèse de la composition du développement
-Rédiger la thèse : 2-3 phrases = Présenter au passage les deux idées des deux sous-parties (on obligatoire). X3
-Rédiger les deux ou trois sous-parties :
Présenter idée (2 + phrases) + donner un exemple/ expliquer une pensée d’auteur (3 + phrases) + conclusion partielle (1 + phrase) X6 ou X9
Transition : conclusion d’une grande partie (on reprend la thèse) + montrer qu’elle ne suffit pas à répondre à la problématique à évoquer l’autre partie du paradoxe (cela peut par une question). X2
D. Relecture :
Il existe deux façons de se relire :
-Tout relire à la fin, ce qui peut prendre 15 à 20 minutes.
-Relire au fur et à mesure (après chaque partie, voire après chaque sous-partie), ce qui est demande approximativement le même temps, mais réparti sur toute l’épreuve. Cette seconde option est sans doute préférable car on demeure concentré sur ses idées lorsqu’on vient juste de les écrire. Ainsi peut-on corriger immédiatement ses fautes et garantir la qualité d’une relecture plus limitée dans le temps.
III- La notation des copies
Voici à peu près les grandes catégories de copies que l’on peut distinguer, notamment au bac et les attentes par rapport aux notes espérées :
–hors-sujet absolu : une problématique qui ne traite pas du sujet sans référence ni développement structuré. (Note : moins de 7)
–hors-sujet : une problématique qui ne traite pas directement du sujet mais un effort de construction d’un développement sur les thèmes proposés par le sujet (environ 10), qui peut verser parfois le « placage » de connaissances apprises par cœur. (Note : environ 8-11)
– Sujet compris mais une réponse insuffisante : une problématique pertinente qui démontre une compréhension du paradoxe et des enjeux du sujet, mais qui est desservie par un développement insuffisant (Note : environ 11-13)
-Sujet compris avec un développement soutenu et structuré dans ses deux premières parties mais avec une réponse en troisième partie qui n’est pas aboutie (Note : environ 13-16)
-Sujet compris avec un développement équilibré, étayée par des exemples pertinents et des références maîtrisées, qui déroule de façon progressive et logique les termes du paradoxe du sujet et qui apporte une réponse fine et intelligente en troisième partie. (Note : environ 16-20).
L’amplitude de la notation au sein de ces grandes catégories est fonction du niveau d’écriture, de la clarté et de la progressivité des démonstrations et de la qualité des exemples ou des références mobilisés. En effet la qualité d’écriture étant aujourd’hui en berne, une copie qui fait montre d’une réelle capacité démonstrative et d’un propos clair et maîtrisé, sera fortement valorisée, et se verra attribuer par exemple la note de 11 plutôt que de 9. Ainsi, la notation est-elle bien souvent décidée à la première lecture qui concerne essentiellement l’introduction, les grandes parties du plan et la conclusion. La seconde lecture servira à juger le niveau de rédaction et de connaissances de l’élève.
En outre, il n’existe pas de barème précis, mais il est certain qu’un correcteur du bac qui commencera son office de juge par la lecture d’une introduction au style clair et concis, agréable à lire, appréciera le reste du propos avec un a priori positif.
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Louis Lapeyrie
A propos de Louis
Après deux années de classe préparatoires B/L, ainsi qu’une licence de sciences sociales mention économie à l’université Paris-Dauphine, Louis intègre le master Carrières judiciaires et juridiques de l’Ecole de droit de Sciences Po Paris, assorti d’un mémoire de recherche sur le droit pénal de l’environnement. Tout juste diplômé, il prépare actuellement les concours de la haute fonction publique, toujours à Sciences Po.
Bonjour
Merci, c’est très bien sur la dissertation en philo
Merci Alex. Profite en bien.