Ce qui suit ci-dessous se veut comme une fiche de cours de philo pour aider les élèves en cours de terminale à mieux maîtriser certaines notions importantes et à s’initier à la philosophie en terminale. D’autres fiches sont présentes sur le blog (comme la morale en cours de philo terminale, la monadologie), consultez-les au plus vite, elles vous serviront aussi à progresser dans l’exercice de la dissertation de philo. D’autres lecteurs pourraient simplement vouloir parfaire leur culture générale.
Utiliser le passé en philosophie en Terminale
Descartes, comme il le rapporte en sa première des Méditations métaphysiques, voulut « entreprendre sérieusement une fois en [sa] vie de [se] défaire toutes les opinions [qu’il avait] reçues jusques alors en [sa] créance », mais il ne put le faire sans croire au sens de cette langue qui lui avait appris à relier un sujet à tout verbe. La difficulté de dépasser le passé constitue sans doute ce qu’il est convenu d’appeler son poids, mais elle en révèle du même coup un paradoxe. Car on ne saurait entendre le poids du passé autre chose qu’une influence qu’il exerce au présent et par laquelle il continue de se faire sentir. Mais si le passé ne pèse qu’au présent, n’est-il pas lui-même un faux passé, le passé devant plutôt être défini comme ce qui n’est plus susceptible de peser d’aucune manière ? Ou au contraire, quel est ce présent qui n’existe que dans le passé, que ce soit dans le mauvais souvenir, source de cauchemars, ou dans la mauvaise conscience qui n’est jamais suffisamment présente à elle-même, c’est-à-dire présente à ce qui est présentement, comme si, plutôt qu’ici et maintenant, on vivait dans un ailleurs imaginaire.
Peser le passé (philosophie en Terminale)
Cf. Bergson, La Pensée et le mouvant (p. 166-167) : l’appréhension véritable du temps ne s’opère pas grâce à une analyse conceptuelle de l’intelligence mais par une intuition de la durée qui consiste à percevoir le temps comme « indivisible ». Le passé se conserve automatiquement et intégralement. Sans cette survivance, le présent n’aurait que l’identité vide sans laquelle aucune conscience ne serait possible.
Mais comprendre la prégnance du passé ne suffit pas à définir son poids. Cf. Freud Cinq leçons sur la psychanalyse : le passé qui pèse est celui qui ne passe pas. Et il ne passe pas parce qu’il n’a pas été entièrement dépassé. Le poids du passé est poids personnel, mais aussi collectif.
Un poids comme entrave à notre liberté en philosophie ?
Le passé est ce qui chez un homme ne peut plus ne pas avoir été, en ce sens, il est hors d’atteinte. Il fait partie du nécessaire, de ce qu’on ne peut pas choisir et sur quoi on ne peut pas délibérer, mais aussi de ce dont on ne peut pas ne pas tenir compte pour choisir. C’est pourquoi l’avenir est, malgré ma liberté, déterminé en tant que relatif à un passé qui se présente comme définitivement déterminé.
Pour mieux comprendre cela, il est possible de s’appuyer sur le cours de philo sur la liberté en Terminale et, plus particulièrement, sur le libre-arbitre. Prenez des notes pour pouvoir faire parler toutes ces notions entre elles.
Futur pour donner du sens au passé
Le poids du passé peut se modifier par notre futur (analyse de l’habitude vue en cours). Il ne peut s’agir d’une opération magique de changement de signification, mais plutôt d’une reconstruction réelle de la personne par laquelle son passé, d’obstacle qu’il était, peut redevenir socle. Il faut noter que pareille reconstruction ne va jamais sans la médiation d’autrui : le travail que chacun peut opérer sur soi passe par un travail visant à transformer sa relation aux autres. Dans l’ordre éthique, la forme exemplaire d’une telle transformation se retrouve dans l’acte du pardon. Le pardon n’est pas l’oubli, il ne consiste pas à faire comme si le passé n’avait pas existé et le mal commis. Il s’agit au contraire d’en approfondir la conscience pour lui faire produire d’autres conséquences que la haine qu’il a engendrée. Mieux qu’un simple effacement, le pardon est surcroît de don puisqu’il va au-delà de ce qui est effectivement dû. Pardonner, c’est donner rétrospectivement au passé un autre poids que celui qu’il paraissait imposer, et libérer l’avenir pour l’invention de nouveaux possibles.« J’écris pour me justifier (…) aux yeux de l’enfant que je fus » disait Bernanos dans Les grands cimetières sous la lune. « Qu’importe ma vie, , ajoutait-il dans les Enfants humiliés, je veux seulement qu’elle (lui) reste jusqu’au bout fidèle ». Il s’agit ici de peser un passé plutôt que de subir son poids dans l’inconscience, ou de prétendre l’ignorer par choix. Mais cette pensée se fait ici à la mesurer d’elle-même selon une exigence interne : donner son poids au passé, devoir de mémoire collectif autant qu’individuel, ne relève pas d’un acte d’interprétation arbitraire, mais d’une réponse active au « connais-toi toi-même » delphique. En ce cas, comme ailleurs, la vérité nous rendra libre : à la légèreté frivole qui eut fait croire que le passé pourrait n’avoir d’autre sens que celui qu’on veut lui prêter, il convient de substituer l’allégement, voire l’allégresse de la réconciliation avec soi, par la médiation de la parole d’autrui. C’est alors l’acte du pardon qui rouvre un avenir que le passé semblait fermer.
De nombreux autres cours et conseils pour réussir en philosophie en terminale sont accessibles sur notre blog, vous pourrez y retrouver par exemple :
- dissertation sur l’éducation, la transmission et l’émancipation en terminale (au programme de spé HLP)
- dissertation sur la légalité et la légitimité (au programme de spé HLP)
- dissertation sur l’humain et ses limites (au programme de spé HLP)
- dissertation sur l’histoire et la violence (au programme de spé HLP)
- gagner des points en philosophie en terminale
- méthodologie de la dissertation de philosophie en terminale
- le philosophe Leibniz