Les fondements de la sociologie en ECG1
Résumé de cours Exercices et corrigés
Un cours en ligne au programme d’ECG1 sur le chapitre des fondements de la sociologie. Ce chapitre fait partie du premier thème d’ESH au programme d’ESH en ECG1. L’ESH est une matière importante en ECG1, c’est pourquoi, des révisions régulières et sérieuses sont indispensables s’assurer de réussir en ECG1. Ces révisions peuvent également être complétées grâce à des cours en ligne d’ESH à domicile ou particuliers.
I – Objet et méthodes de la sociologie en ECG1
Qu’est-ce que la sociologie ?
Selon le sociologue Emile Durkheim, la sociologie est la science qui analyse les faits sociaux, c’est-à-dire « les manières de faire, fixées ou non, susceptibles d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure; et qui sont générales dans l’étendue d’une société donnée ».
Autrement dit, et même si cette définition peut varier selon les époques et les courants, la sociologie a pour objet l’analyse de la manière dont les comportements, les pratiques, les valeurs, les normes ou encore les croyances individuelles sont reliés à la position de ces derniers dans la société.
Une science comme les autres ?
Dès sa constitution à la fin du 19ème siècle, des débats émergent sur la scientificité de la sociologie. Une des questions majeures est de déterminer dans quelle mesure les sciences sociales s’apparentent ou non aux sciences naturelles, et jusqu’où elles doivent copier leurs processus de validation.
Initialement, se distinguent globalement deux positions. Tout d’abord, celle du dualisme épistémologique, représentée notamment par Wilhelm Dilthey, qui considère qu’il existe une rupture nette entre les sciences dites nomologiques, qui peuvent formuler des lois générales (les sciences naturelles), et les sciences idiographiques, fondées sur une démarche inductive et qui se limitent à l’exploration de cas particuliers (les sciences de l’esprit pour Dilthey). À l’inverse, d’autres auteurs prônent un monisme épistémologique, et considèrent qu’il est tout à fait possible d’appliquer au monde social les procédures de vérification que l’on retrouve dans la sciences physique ou la biologie. C’est le cas par exemple d’Émile Durkheim, qui défend dans son ouvrage Les Règles de la Méthode Sociologique (1895), la possibilité d’une analyse de la société rationnelle et étayée par des preuves empiriques.
Aujourd’hui, peu de sociologues défendent une approche purement dualiste, et existe un consensus autour de l’idée d’une continuité entre sciences sociales et sciences naturelles (on trouve, par exemple, une présentation de ce consensus dans l’ouvrage. Pour la sociologie de Bernard Lahire (2017)). Toutefois, persistent certaines variations entre les auteurs quant à l’intensité avec laquelle il est nécessaire de se conformer aux modèles des sciences naturelles. Le sociologue Gerald Bronner publiait par exemple en 2017, un ouvrage nommé Le Danger Sociologique, créant la polémique dans la monde sociologique français en fustigeant ce qu’il considérait être le manque de rigueur scientifique de certains sociologues contemporains, et en enjoignant à ce que la sociologie se rapproche des sciences cognitives.
Les méthodes de la sociologie
Pour mener à bien cette recherche scientifique, et sans passer par le processus d’expérimentation, difficilement applicable au monde social, la recherche sociologique utilise différentes méthodes.
On peut globalement classer ces méthodes en deux grands groupes, qui sont les méthodes qualitatives d’un côté et quantitatives de l’autre. Si la formalisation mathématique est un marqueur classique -mais pas exclusif- des méthodes quantitatives, la différence qui se fait entre qualitatif et quantitatif réside avant tout dans deux manières différentes d’envisager la représentativité.
Les méthodes quantitatives reposent sur des modèles statistiques qui permettent de prévoir le pourcentage de chance qu’un comportement présent dans un échantillon de population tiré aléatoirement se retrouve dans toute la population. Le raisonnement quantitatif passe donc toujours par un échantillonnage, et par l’extrapolation des résultats trouvés pour cet échantillon à la population dans son ensemble. On peut distinguer différents types de méthodes quantitatives, à la fois dans la collecte des données (questionnaire, recension de textes, données économiques ou démographiques…) et dans leur traitement : on oppose notamment les analyses par régression, dont l’objectif est d’identifier des corrélations toutes choses égales par ailleurs entre une variable et une (ou plusieurs) autres, et les analyses factorielles, qui entendent dresser des représentations simplifiées des interrelations entre une multitude de variables.
À l’inverse les méthodes qualitatives fonctionnent par l’exploration intensive de cas particuliers et n’ont pas de prétention à la représentation statistique. C’est par la mise en lumière détaillée de la construction des parcours individuels, et par la confrontation entre des dynamiques générales et des propriétés particulières, que l’on cherche à dégager des logiques d’ensemble.
Parmi les différentes méthodes qualitatives on peut citer l’observation, qui peut être plus ou moins participante, et qui consiste en l’immersion du chercheur dans l’univers qu’il souhaite étudier ; ou l’entretien semi-directif où un chercheur interroge longuement un individu sur un sujet donné, en lui laissant le plus de liberté possible pour évoquer sa pratique, mais aussi le rapport qu’il entretien avec cette pratique.
II – Les grands courants de l’analyse sociologique en ECG1
Les pères fondateurs de la sociologie
Si des auteurs comme Karl Marx ou Alexis de Tocqueville avaient déjà abordé des questions relatives à l’organisation sociale dès la première partie du 19ème siècle, la constitution de la sociologie en tant que science s’effectue à la fin du 19ème autour de quelques pères fondateurs.
Ces auteurs, pour la plupart issus d’Europe continentale, partagent une réflexion sur les transformations sociales induites par l’industrialisation et le passage à la modernité. On retrouve ainsi chez Emile Durkheim, Georg Simmel, Ferdinand Tönnies ou Max Weber, la même préoccupation pour les mutations radicales des sociétés industrielles auxquelles ils assistent, et pour les éventuelles conséquences négatives de ces mutations. Ainsi dans Communauté et Société (1887), Tönnies souligne la manière dont l’accélération des échanges marchands et le développement de la société industrielle entraîne le passage d’une organisation sociale intensive fondée sur des liens de communauté, à des sociétés, où les liens interpersonnels sont plus nombreux mais plus distendus.
Émile Durkheim est le principal artisan de la fondation de la sociologie comme discipline académique en France, il est par ailleurs un des instigateurs du programme scolaire de la troisième république. Il construit le même genre de raisonnement que Tönnies dans son ouvrage De la division du travail social (1892), où il explique comment l’augmentation de la division du travail, rendue nécessaire par l’industrialisation, entraîne le basculement de solidarités mécaniques vers des solidarités organiques. Dans le premier cas, le lien social est fondé sur la similitude des individus qui se côtoient quotidiennement, tandis que dans le second, c’est la conscience de la nécessité d’interagir avec des individus différents et complémentaires (dans l’échange marchand notamment), qui façonne la nature du social.
Max Weber, quant à lui, peut être considéré comme le pendant allemand de Durkheim. Dans un de ses ouvrages majeurs L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905), il met en lumière les liens existants entre le développement de la recherche d’accumulation propre au capitalisme, et la morale véhiculée par la religion protestante. C’est notamment le beruf (la « besogne »), qui correspond au devoir d’accomplissement et de réalisation dans le monde, particulièrement valorisé dans l’éthique protestante, que Weber mentionne, en soulignant en quoi elle détermine le développement d’un investissement ascétique dans le travail et dans l’épargne, et est ainsi favorable à la rationalité capitaliste.
Évolutions et ouvertures durant l’entre-deux guerres en ESH
La période de l’entre-deux guerres est marquée par la constitution de nouveaux courants sociologiques, notamment du fait de l’émergence d’une sociologie états-unienne. L’un des foyers principaux de ce renouveau est l’université de Chicago où se forme une véritable école théorique et méthodologique. Dans cette mégapole qui connaît alors une explosion démographique liée à des flux migratoires considérables, se développe une réflexion sur la ville qui pose les bases de la sociologie urbaine. Des ouvrages classiques comme Le Ghetto (1928) de Louis Wirth, ou Le Paysan Polonais (1918) de William Thomas et Florian Znaniecki étudient la répartition spatiale des différentes communautés de migrants dans la ville de Chicago, et les phénomènes sociaux que cette distribution des populations engendre. En suivant cette perspective, d’autres travaux de l’école de Chicago analysent les processus de déviance qui émergent dans les ghettos urbains, notamment chez les jeunes garçons (par exemple Le Gang de Frederic Trasher paru en 1927). Ces recherches ouvrent la perspective d’une analyse de la déviance à partir des normes sociales en vigueur dans les différentes communautés, et de l’inadéquation entre certaines normes dominantes et des sous-cultures locales.
Au delà de ses thématiques, c’est aussi d’un point de vue méthodologique que l’école de Chicago se distingue. Ses auteurs donnent, en effet, ses lettres de noblesse à la méthode de l’observation participante, qui est utilisée comme moyen d’intégration dans les groupes étudiés. Par exemple, pour la rédaction de Street Corner Society (1943) ouvrage portant sur des bandes de jeunes italiens d’un quartier populaire de Boston, le sociologue William Foote Whyte s’est installé plusieurs années dans le quartier en question afin de s’intégrer progressivement aux différents lieux de sociabilités et aux activités menées par ces jeunes.
La première moitié du 20ème siècle est aussi une période d’autonomisation respective des disciplines sociologiques et anthropologiques. L’anthropologie se constitue ainsi progressivement comme une science à part entière, qui n’est pas seulement l’étude sociologique des peuples « lointains », mais est une science possédant ses propres écoles et ses propres questionnements. Aux États-Unis, l’école culturaliste développe une réflexion sur la manière dont l’appartenance à une culture façonne des types particuliers de personnalité. La chercheuse Margaret Mead s’est, par exemple, penchée sur les variations culturelles des hiérarchies de genre à l’intérieur des sociétés, soulignant les différences pouvant exister entre les sociétés quant à la place respective des hommes et des femmes et à leurs relations.
En France, Marcel Mauss, neveu de Durkheim, se fait le continuateur de son oeuvre, et son transcripteur dans le domaine anthropologique. Son oeuvre la plus célèbre est son Essai sur le don (1923), ouvrage dans lequel il analyse des rituels de dons dans différentes sociétés comme le Potlach en Amérique du nord, ou la Kula en Micronésie. Son analyse principale tient dans l’idée de réciprocité du don, souvent résumée par l’expression de don contre-don. Le don est un fait social qui, pour Mauss, met en jeu l’intégralité de la société, en ce qu’il engage ses membres dans des séries d’obligations réciproques, intimement liées aux positions dans les hiérarchies sociales.
Une prégnance de la sociologie bourdieusienne en France à partir des années 1960
La sociologie française de la seconde moitié du 20ème siècle est marquée par la figure de Pierre Bourdieu. Bien sur, d’autres courants sociologiques ont coexisté, mais aucun n’a atteint une telle hégémonie en terme intellectuel et académique depuis. Normalien et agrégé de philosophie, Pierre Bourdieu se convertit à la sociologie lors de son service militaire en Algérie, où il étudie les structures familiales dans la société kabyle. La sociologie faite par Pierre Bourdieu et ses collaborateurs est fondamentalement liée à la mise en lumière des phénomènes de domination, dans différents domaines de la vie sociale (le rapport à la culture, à l’économie, au rôle de l’école…).
Cette domination, est analysée à partir de plusieurs outils conceptuels qui structurent toute son oeuvre. Le concept d’habitus possède, par exemple, une place cruciale. L’habitus désigne l’incorporation, dès la socialisation primaire, de normes, de pratiques et de croyances ajustées à la position sociale occupée par l’individu. L’habitus n’est pas une simple habitude qui serait la répétition d’un comportement observé plusieurs fois, mais, plus profondément, le processus par lequel, confronté au même environnement social, un individu tend à developper les mêmes structures de comportement que ceux qui partagent sa condition sociale. Ainsi, dans La Distinction (1979), Bourdieu souligne les différences sociales de consommation culturelle, et montre comment différents habitus conditionnent différents types de rapports à la pratique culturelle. Là où les classes populaires manifestent des préférences culturelles marquées par « le goût du nécessaire », les classes supérieures se définissent par un rapport à la culture marqué par un « sens de la distinction ».
Autre concept crucial de la sociologie bourdieusienne, celui de champ. Les champs sont des espaces sociaux, où des individus dotés de ressources inégalement distribuées, sont en compétition pour l’accession à des positions valorisées. Une des idées centrales de Bourdieu, est que la structure du champ est relativement invariable, quels que soient les individus qui font partie de ce champ, et quels que soient les espaces considérés. Ainsi, le champ politique, le champ économique, le champ scientifique etc sont autant d’espaces régulés par des règles de détermination des positions plus ou moins semblables. Les comportements individuels peuvent alors s’expliquer par la position relative dans un champ. Par exemple, Bourdieu nomme héritiers, les individus qui possèdent un habitus s’accordant naturellement avec les comportements exigés par le champ dans lequel ils sont intégrés.
L’oeuvre de Bourdieu est parcourue par la question de l’engagement et du rôle de la sociologie. Il conçoit, dès le début de sa carrière, la sociologie comme une science ayant pour vocation de lever le voile sur la domination, avec l’ambition que cette connaissance permette une prise de conscience chez les dominés, dans un objectif de lutte sociale. Pour autant, il défend l’idée d’une objectivité du discours scientifique, que la construction rationnelle fait primer sur la simple opinion, et qui ne saurait être instrumentalisée au service d’un intérêt politique.
À la fin de sa vie, toutefois, il occupe de plus en plus une position d’intellectuel engagé, rédigeant, par exemple, en 1995, une tribune soutenant les ouvriers en gréve contre la reforme du système de retraite conduite par Alain Juppé.
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Les évolutions contemporaines en ESH en ECG1
La sociologie française contemporaine demeure marquée par la figure de Pierre Bourdieu et par son héritage théorique. Depuis, les années 1990, toutefois, de nouveaux paradigmes théoriques, provenant notamment du monde anglo-saxon, ont progressivement été incorporés dans les recherches.
Parmi ces importations, on peut noter l’importance grandissante de la réflexion en termes de genre dans les sciences sociales. Si de nombreuses penseuses, y compris françaises, ont exploré la question des rapports hommes/femmes tout au long du 20ème siècle, l’émergence des Gender Studies aux États-Unis à la fin des années 1980 a contribué à installer cette problématique comme un objet et une méthode de recherche à part entière. En lien avec la troisième vague du féminisme, des chercheuses comme Judith Butler, Donna Haraway ou Monique Wittig en France, développent une réflexion sur la production sociale des identités sexuelles.
Dans Trouble dans le Genre (1990), Butler développe une conceptualisation du genre comme performance : la féminité et la masculinité sont des identités qui, plutôt que des données naturelles ou même sociales, sont produites au quotidien par les individus, en fonction des normes et des croyances qu’ils ont incorporés. Dès lors, cette production identitaire, si elle peut être synonyme d’oppression lorsqu’elle est vécue comme une imposition, peut aussi participer d’une subversion de l’ordre traditionnel hétérosexuel et patriarcal. Provenant initialement des départements de philosophie ou de littérature, ces travaux sont aujourd’hui repris par beaucoup de sociologues, et malgré des divergences théoriques qui continuent à exister, la question du genre semble aujourd’hui de plus en plus cruciale dans la réflexion sociologique.
De la même manière, et dans un mouvement relativement parallèle à celui de la notion de genre, la réflexion sur la domination raciale a, elle-aussi, pris de l’importance dans ces vingt dernières années. Signe de cette importance, l’ouvrage collectif publié en 2006 sous la direction d’Éric et Didier Fassin au nom évocateur : De la question sociale à la question raciale ?. L’objectif de ce livre est d’analyser l’apport de la réflexion sur la domination raciale, issue en particulier des Post-colonial Studies américaines, tout en s’interrogeant sur les limites de ces approches, et notamment sur le risque d’essentialisation que comporte une perception de la structure sociale par le seul biais de la couleur de peau ou de l’ethnie. La question de l’interdiction en France des statistiques ethniques (alors qu’elles sont autorisées dans le monde anglo-saxon, par exemple) est une bonne illustration de ces enjeux théoriques.
Parmi d’autres directions actuelles, la question de l’usage des sciences sociales pour penser la crise environnementale est de plus en plus discutée. Des auteurs comme Bruno Latour ou l’anthropologue Jacques Derrida, étudient les transformations profondes liées au basculement dans une ère de l’anthropocène -ce terme provenant de la géologie désigne l’ère géologique dans laquelle nous nous trouvons, et où le fonctionnement de la planète est déterminé par l’activité humaine. Ces auteurs tentent de mettre en lumière les implications sociales et politiques de ce basculement, et de produire un discours sociologique susceptible d’accompagner les mutations qui en découleront.
Les étudiants en prepa HEC, peuvent profiter des vacances scolaires pour participer à des stages de révisions en prepa HEC. Ces moments de révisions en petit groupe menés par un professeur de haut-niveau, permettront aux étudiants, de confirmer leurs connaissances et/ou de revoir des notions que partiellement assimilées. Connaître et maîtriser le programme d’ECG1 est essentiel pour suivre correctement le programme de 2ème année.
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