C’est un refrain auquel tous les étudiants ont droit pendant les premières semaines de cours : il faut bien suivre l’actualité. Et ce, pour réussir à la fac comme pour réussir en prépa. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une nouveauté. Pour la grande majorité, c’est une corvée, pour certains un pensum. Or, bien suivre l’actualité est une pratique essentielle pour la réussite en prépa HEC et dans le Supérieur.
Exercer son esprit critique, son esprit de synthèse et sa mémoire
Être au courant de l’actualité est un exercice qui est tout sauf passif. Il implique, en effet, de mobiliser plusieurs capacités cognitives, plusieurs formes d’intelligence. Tout d’abord, parce que les sources d’information sont variées et politiquement orientées, vous êtes donc obligé d’exercer votre esprit critique. Par exemple, le traitement du phénomène dit “des migrants” diffère totalement selon qu’on s’informe dans un journal de gauche ou un hebdomadaire de droite. Les chiffres ne sont pas les mêmes, l’analyse des tenants et des aboutissants s’oppose. C’est alors l’occasion de croiser les sources, de décrypter les sous-entendus, de faire la part des affirmations gratuites et des vérités dérangeantes. Bref, c’est un des meilleurs exercices de vigilance intellectuelle qui soit. Le pratiquer régulièrement ne saurait vous nuire et vous aidera à bien suivre l’actualité !
De surcroît, l’information étant diffluente et renouvelée en permanence, elle suppose d’être synthétisée pour faire l’objet de regroupements judicieux. C’est tout l’enjeu de l’esprit de synthèse. Savoir vite et bien différencier l’essentiel du secondaire, rassembler les informations concomitantes suppose des qualités que vous développerez sans même y penser à force de bien suivre l’actualité.
Enfin, être au courant de l’actualité améliorera votre mémoire. Et l’on sait l’importance de la mémorisation dans la réussite des études. “Il a été montré qu’il existe une corrélation élevée entre l’empan de mémoire de travail mesuré grâce à ces tâches classiques et les activités cognitives complexes”. Autrement dit, meilleure est votre mémoire et plus vous êtes capable de conceptualiser, d’organiser vos idées, d’affiner votre pensée ; bref, de rédiger un bon devoir.
Développer sa culture générale en prepa HEC et briller dans les copies
Suivre l’actualité avec régularité et intelligence, constitue aussi le principal moyen d’accroître votre culture générale. Et on le sait, l’épreuve de culture générale prépa HEC est le principal outil de discrimination dans les concours, notamment le concours BCE. C’est le principal outil de sélection d’entrée dans les grandes écoles, même si la tendance à diminuer cette importance (initiée par Sciences Po il y a plus d’une décennie maintenant, ce qui donnait un avantage aux lycéens suivant une prépa sciences po) se répand lentement.
Il n’en reste pas moins vrai que pour une Françoise Mélonio, doyenne du collège universitaire de Sciences Po, qui a enterré cette épreuve en 2012, subsiste des dizaines de directeurs d’écoles ou présidents des meilleures universités aux yeux desquels cette précieuse culture patrimoniale constitue l’Alpha et l’Omega de toute sélection. De plus, “la dissertation de » culture générale » ne concerne pas uniquement les grandes écoles qui forment les élites du pays : en France, la plupart des candidats à la fonction publique doivent se plier à ce rituel“.
Quant aux responsables des meilleures écoles de commerce, ils estiment, eux aussi, que la culture générale, matière littéraire la plus importante de prépa HEC, est un bon outil de sélection, ne serait-ce que parce que les entreprises le demandent. « Il s’agit d’un élément incontournable de la formation des cadres”, précise Thierry Debay, directeur des admissions et concours des 25 écoles de management réunies dans la Banque commune d’épreuves.
Savoir contextualiser une réflexion, posséder des capacités de discernement, organiser une pensée, cela peut être utile quand on lance un produit en permettant, par exemple, de faire la distinction entre l’essentiel et l’accessoire. La culture générale est aussi un atout dans un monde où l’ouverture d’esprit est valorisée : “elle est une couche de vernis indispensable à la coloration intellectuelle d’une carrière”.
Même en 2020, nous ne sommes pas sortis de la prévalence persistante de la notion “d’honnête homme” héritée du XVIIème siècle : “l’honnête homme a une culture générale étendue et les qualités sociales propres à le rendre agréable en faisant preuve d’une aisance sociale conforme à l’idéal du moment. Homme de cour et homme du monde, il se doit de se montrer humble, courtois et cultivé mais aussi de pouvoir s’adapter à son entourage. Au nom de la nature, il refuse tout excès et sait dominer ses émotions”. Cette définition, qui voue à l’homme cultivé des qualités humaines, intellectuelles, sociales et émotionnelles hors pair, domine encore !
De façon, plus tangible, faire référence à l’actualité dans vos copies, vous voudra très souvent un a priori positif. Cela permet de rédiger des accroches d’introduction ou bien des ouvertures de conclusion qui vous distingueront des autres qui n’ont pas bien suivi l’actualité ; toujours de façon positive dès lors que l’allusion sera pertinente bien entendu. Si, comme l’explique si bien, le généticien Albert Jacquard, être intelligent consiste à savoir faire du lien, une allusion fine à ce qui se passe dans le monde mise en relation avec une dissertation d’économie, d’histoire, de littérature ou de sociologie sera du meilleur effet. Bien suivre l’actualité vous aide donc à progresser en ESH comme à réussir les épreuves de culture générale.
Comment bien suivre l’actualité ?
Une fois que vous aurez pratiqué suffisamment ces exercices de sélection, de synthèse et de mémorisation de l’actualité, il s’agit surtout de se simplifier la vie. Pour être efficace, utilisez les outils fiables, reconnus par l’institution universitaire. Faire référence à ces sources-là vous vaudra toujours de sortir du lot et pourquoi pas de majorer en prepa. Pour ce qui est de l’information généraliste, on admet comme source incontestable le quotidien Le Monde qui reste la référence de l’enseignement supérieur. Dans la mesure où la génération Z passe en moyenne quatre heures par jour sur l’écran de son smartphone, bien suivre l’actualité passera par l’application du Monde.
Vous pouvez, avec grand profit, y ajouter la consultation régulière du site internet The Conversation : “l’expertise universitaire, l’exigence journalistique”. L’information y est structurée, fouillée et expurgée de toute forme de fake news, ce poison de l’esprit. De surcroît, il s’agit d’un média totalement indépendant qui ne vit que des dons de ses lecteurs. Les auteurs sont tous des universitaires, comme l’indique la notice de recrutement : “Pour être publié par The Conversation, vous devez être actuellement employé comme chercheur ou universitaire dans un établissement d’enseignement supérieur ou de recherche membre de notre association. Les doctorants, sous la supervision d’un universitaire, peuvent écrire pour nous”. Eh bien entendu, chaque auteur n’intervient que dans son domaine d’expertise ; pas de meilleure garantie contre l’ultra crepidarianisme, cet autre poison de l’information.
Vous l’aurez compris, bien suivre l’actualité consiste en bien d’autres choses que collecter des faits divers ou prendre connaissance du dernier sondage à la mode. C’est d’abord et avant tout un moyen de développer votre intelligence et surtout votre indispensable culture générale. Il faut donc voir la veille informationnelle non pas comme une contrainte supplémentaire, mais comme une opportunité précieuse de progresser, que ce soit au lycée pour réussir en terminale ou bien en prepa, pour réussir en prepa ECG, par exemple.
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Hélène Bieber
À propos d’Hélène
Depuis 2013, je suis en charge de l’enseignement « Expression et communication » à l’I.U.T. de Poitiers (site de Niort, département S.T.I.D.) où j’exerce également la fonction de Directrice des Études. Titulaire du C.A.P.E.S. de lettres modernes, j’ai enseigné durant 13 ans le français et la littérature au lycée Jean Macé à Niort (79000) à tous les niveaux et dans toutes les sections. Je coordonne depuis plusieurs années les ouvrages que les éditions Ellipses consacrent à l’épreuve de culture générale des BTS.