Le thème du désir en philosophie et culture générale
Au cœur des tensions qui agitent l’individu contemporain, hôte d’un univers peuplé d’images, le désir, moteur puissant, « essence même de l’homme » (Spinoza, Éthique, III, Appendice), est le révélateur de notre rapport au réel et aux représentations qui nous font vivre. Banalisé par la vulgarisation de la psychanalyse, valorisé par le discours du marketing qui l’éveille chez le consommateur.
Il est mis en avant par l’obligation d’épanouissement sexuel ou par celle de promotion de soi qui imprègne le monde du travail, érigé au rang de valeur lorsqu’il rencontre les terrains du droit, des normes sociales et de l’éthique (souhait de modifier son corps, demande d’enfant saisie par les débats législatifs), le désir est cependant marqué par un soupçon fondamental.
Le désir comme défiance
Cette défiance est le fruit du double héritage culturel de la philosophie antique et de la pensée judéo-chrétienne, qui le discrédite souvent sur les plans moral et spirituel. Le désir, vecteur de la tentation, de la transgression, conduit-il l’homme à la faute, à l’hubris, cet excès dangereux par lequel on se hausse jusqu’aux dieux, oubliant que l’on est soumis à un ordre, une loi transcendante ?
S’agit-il d’une épreuve aliénante ? Faut-il le distinguer du besoin, le réguler, le dominer, se maîtriser, à l’image de l’empereur Auguste dans Cinna de Corneille, pardonnant, dans un arrachement de volonté surhumain, aux proches qui complotaient contre lui (« Je suis maître de moi comme de l’univers ; / Je le suis, je veux l’être. » Acte V, scène 3) ?
Le désir comme ennemi de la raison ?
Le désir est-il l’ennemi de la raison et l’occasion d’un basculement dans l’illusion, dans la folie ? Peut-il aller jusqu’au dangereux fantasme de toute-puissance s’il implique l’oubli d’autrui comme sujet et comme fin (Kant, Levinas) ? Dans une perspective actuelle (travaux sur les neurosciences, l’intelligence artificielle, le numérique, exploitation des ressources naturelles), l’aspiration à repousser les frontières du pouvoir et de la connaissance est-elle périmée, entre-t-elle en conflit avec les impératifs moraux et nos urgences écologiques ? Sur le plan politique, comment les désirs des individus et des États entrent-ils en conflit entre eux ou avec d’autres désirs (Droits de l’Homme et de l’environnement, responsabilité collective) ?
À notre époque où la satisfaction immédiate du désir devient un horizon mythique du discours ambiant, une rhétorique sociale et politique un peu facile, consumériste, touche jusqu’aux mouvements de contestation populaires. Ces derniers demandent à des gouvernements à la fois fragilisés et supposés tout-puissants la satisfaction immédiate de revendications économiques et environnementales. On se souviendra alors avec profit que le désir est au cœur d’une tension aussi féconde que frustrante entre aspiration et satisfaction :
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.
Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, que hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. »
Jean-Jacques Rousseau, extrait de La Nouvelle Héloïse, VIII, 1761.
Le désir depuis les racines antiques : un thème de philosophie qui met en appétit
Le désir est une notion éminemment contradictoire grâce à son étymologie même (latin, nom neutre desiderium : désir de ce qui est perdu ou absent, regret, besoin, prière, demande). En grec, nom masculin ὁ πόθος (hô pothos) : désir, regret, passion sensuelle. Le terme désigne le mouvement vers un objet qui n’est pas encore ou plus là, que l’on ne peut que se représenter.
Motivé par la recherche de la jouissance et du bonheur, le désir est souvent marqué par le manque, la frustration – voyez le motif mythologique du tonneau des Danaïdes, impossible à remplir. Il est lié aux passions et aux affects, associé à ce que désire l’Autre (voir le désir triangulaire chez René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque). Il coïncide peu avec son objet dont il ne peut cependant se passer. C’est aussi une énergie qui pousse l’homme à s’inscrire dans une dynamique d’inachèvement renouvelée, généralement douloureuse.
Vers la dissertation sur le thème du désir en prépa hec
La première difficulté du thème du désir en prépa hec réside dans sa nature de substantif sans complément (le désir de qui, de quoi, pour quoi ?). Dans sa formulation, il pose donc le problème du sujet et de l’objet du désir. On remarquera aussi son nombre : singulier, il a un caractère absolu qui le fait apparaître comme direction unique, force autonome, parfois incarnée, à l’exemple du mythe de l’Eros grec.
Pour ouvrir le plus possible l’éventail des références aux concours des écoles de commerce et de management, il faudra aborder, dans une perspective éclectique, des œuvres appartenant à des supports et à des genres multiples. Une étude portant sur l’origine et la portée anthropologique du désir dans la littérature partira des grands textes des antiquités occidentale ou orientale dont la connaissance valorise considérablement le candidat.
Par exemple : Ancien et Nouveau Testament, épopées homériques et de Gilgamesh, dialogues de Platon (Le Banquet, Phèdre), tragédies grecques comme Antigone ou Œdipe Roi, Métamorphoses d’Ovide. Nous espérons que cette introduction au thème de prépa HEC sur le désir a su ouvrir pour vous des pistes pleines de promesses, qu’elle vous conduira vers une exploration savoureuse des voies tortueuses du désir. En vue de la dissertation de culture générale sur le désir en prépa hec, constituez-vous une banque d’exemples analysés (littérature française et internationale, arts visuels, musique, cinéma), de citations étudiées en contexte, de pistes de développement rapides à partir de sujets.
Les concours BCE et Ecricome accordent des coefficients en ECG élevés pour cette épreuve. Ainsi, il est nécessaire de s’approprier la méthode pour maximiser ses chances de réussite à cette épreuve, ainsi que de chercher tout au long de l’année à améliorer sa culture générale.
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Aurélie Zygel-Basso
À propos d’Aurélie
Aurélie Zygel-Basso est professeur de Chaire supérieure, professeur agrégé de Lettres classiques. Elle enseigne au lycée Condorcet (Paris) en CPGE littéraires, après avoir donné cours à des CPGE BL, prépas scientifiques et prépa ECG des deux années. Elle poursuit la préparation des étudiants aux concours des grandes écoles de commerce, entraîne vers l’entretien de personnalité et corrige la dissertation de culture générale de l’ESSEC.