Éléments de compréhension du capitalisme en ESH en prépa ECG
Afin de bien préparer l’épreuve de dissertation en ESH pour les cours de prépa ECG, il est indispensable de maîtriser les notions principales d’économie. En effet, au concours BCE et au concours Ecricome, le niveau d’exigence pour intégrer les meilleures écoles de commerce françaises est tel qu’il ne s’agit pas seulement pour l’élève d’avoir des connaissances sur tout le programme d’ESH en prépa HEC.
En effet l’épreuve d’ESH détient les coefficients de la BCE en ECG les plus élevés. Dès lors, le plus important est de savoir parfaitement définir et présenter une notion précise, nous traiterons ici du capitalisme en prépa HEC. Cette fiche de cours HEC sur le capitalisme peut également vous être précieuse pour vos colles d’économie en prépa ECG ou les oraux d’école de commerce.
Définitions et dynamique du capitalisme en cours d’Economie
Les définitions du capitalisme en prépa ECG
Au sens commun, le capitalisme désigne un système économique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange. Les caractéristiques majeures de ce système sont la recherche du profit, l’initiative individuelle, la concurrence entre les entreprises.
De nombreux auteurs vont plus loin dans la définition et identifient le capitalisme comme un mode de production historiquement daté, géographiquement localisé et socialement construit. Cela nous permet d’analyser les dynamiques du capitalisme, c’est-à-dire d’étudier les différentes forces qui concourent au processus capitaliste.
Plusieurs auteurs (Gilles, 2004 ; Boyer, 2004) considèrent ainsi que le capitalisme peut être analysé au travers du prisme de la succession de plusieurs régimes d’accumulation c’est-à-dire à travers des modèles de croissance à long terme qui rendent compte des aspects tant qualitatifs que quantitatifs assurant la progression générale et relativement cohérente de l’accumulation du capital.
Cinq aspects sont essentiels à l’étude du capitalisme pour identifier plusieurs régimes d’accumulation au cours du temps :
- l’organisation de la production et des rapports des salariés aux moyens de production
- les canaux de valorisation du capital impliquant les méthodes de gestion
- le partage de la valeur permettant la reproduction dynamique des différents groupes sociaux
- la composition de la demande sociale validant l’évolution tendancielle des capacités de production
- l’articulation des différents capitalismes nationaux au niveau mondial.
Notons qu’un régime d’accumulation est toujours soutenu par un mode de régulation, c’est-à-dire un ensemble de procédure et de comportements qui possède la propriété de reproduire les rapports sociaux fondamentaux à travers des formes institutionnelles historiquement déterminées, et d’assurer la compatibilité dynamique des décisions décentralisées caractéristiques de l’économie capitaliste (Boyer et Saillard, 2002)
Dynamique du capitalisme en cours d’ESH
De nombreux auteurs ont ainsi cherché à analyser la dynamique du capitalisme afin d’en percevoir les forces motrices. Retenons notamment trois approches :
- Chez MARX (1811-1883), les crises sont la dynamique historique du capitalisme. En effet, pour MARX, le système capitaliste est caractérisé par la séparation entre la classe capitaliste et le prolétariat. Les premiers combinent la force de travail des seconds afin de produire des biens. Cette exploitation de la classe ouvrière permet au capitaliste d’obtenir une plus-value, la valeur étant chez MARX, la résultante du travail. Toutefois, comme le système capitaliste est caractérisé par une substitution croissante du capital au travail, on observe une baisse tendancielle du taux de profit : la profitabilité du système de production diminue. Dans le même temps, une crise de surproduction apparaît du fait que la richesse créée n’est pas absorbée par la demande car le facteur travail est exploité. Cette crise va alors mener à une réallocation des moyens de production vers des secteurs de production plus profitables. Pour Marx, ces crises seront d’ampleur croissante et mèneront tôt ou tard à un changement complet des modes de production lorsque les forces productives entreront en contradiction avec les rapports de production ou de propriété.
- Chez SCHUMPETER (1942), le cœur de la dynamique capitalistique est le processus de destruction créatrice, qu’il définit comme un processus organique, qui révolutionne constamment « de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs« . Cette destruction créatrice provient de deux éléments clés : l’innovation (qui se diffuse en grappes et qui donne naissance à de nouveaux produits, de nouvelles méthodes de production, de nouveaux marchés, de nouveaux types d’organisation industrielle) et l’entrepreneur (qui traduit les découvertes en activités économiques).
- La dynamique du capitalisme selon Fernand BRAUDEL (1979, 1985) est bien plus complexe et s’inscrit sur un temps long. BRAUDEL s’intéresse aux conditions de naissance du capitalisme préindustriel (entre le XVIème et le XVIIIème siècle) en Europe. Pour l’auteur, c’est à la faveur de son expansion commerciale et coloniale, que l’Europe occidentale a constitué autour d’elle et à son bénéfice une économie-monde à l’échelle planétaire, et qu’elle a eu le privilège de constituer le berceau historique du capitalisme. BRAUDEL identifie ainsi trois niveaux d’organisation socio-économique des sociétés préindustrielles :
- La civilisation matérielle : ce sont les pratiques d’autosubsistance (autoproduction, autoconsommation). C’est l’organisation socio-économique la plus fondamentale et ancestrale, ancrée dans le quotidien et le local. La valeur d’usage prime.
- L’économie de marché : c’est notamment l’échange du surproduit de la civilisation matérielle. Cela donne lieu à une petite production marchande agricole ou artisanale. La valeur d’échange commence à s’affirmer, ainsi que le commerce (activité visant à s’enrichir). Mais le système reste régulé par les règles traditionnelles.
- Le capitalisme : cela correspond aux activités de négoce, de banque, de bourse. Ce sont tous les commerces lointains, capables de se soustraire aux usages locaux et aux régulations traditionnelles, aux réglementations politiques et à la concurrence qui règne en principe au sein de l’économie de marché. Cette organisation permet la concentration des capitaux et des profits entre peu de mains. Ici s’affirme la valeur d’échange, ce qui se manifeste par le fait que le capitalisme, au sens de BRAUDEL, n’a pas d’autre fin que la valorisation de la valeur et de son accumulation.
Braudel distingue ainsi capitalisme et économie de marché, et capitalisme et mécanismes concurrentiels. Pour lui, le capitalisme a pu apparaître dans des sphères lointaines, peu contrôlées par les coutumes ou les Etats.
La variété du capitalisme en cours de prépa HEC
Les différentes formes du capitalisme en cours d’ESH en prépa ECG
L’idée ici est encore que le capitalisme, mode de production et d’accumulation spécifique, connaît des réalités multiples. Plusieurs théories peuvent être mobilisées :
La théorie française de la régulation (Robert Boyer, Michel Aglietta) a notamment insisté sur la succession dans le temps de régimes d’accumulation et de modes de régulation alternatifs. Elle met notamment en avant la cohérence nécessaire entre les formes institutionnelles du capitalisme : formes de la contrainte monétaire, formes du rapport salarial, formes de la concurrence, modalités d’insertion dans la division internationale du travail, modalités d’intervention de l’État.
La théorie de la variété des capitalismes (Peter Hall et David Soskice , Varieties of Capitalism: The Institutional Foundations of Comparative Advantage, 2001) s’intéresse davantage à la multiplicité des capitalismes de manière synchronique, c’est-à-dire dans « l’espace » du capitalisme mondial. Cette théorie insiste en l’occurrence sur les fondements institutionnels des avantages comparatifs dans l’échange. Ceux-ci s’enracinent dans des déterminants culturels et sociaux, et créent une dépendance de sentier. Deux idéaux-types sont identifiés :
- les économies « libérales » de marché (pays anglo-saxons)
- les économies « coordonnées » de marché (pays nordiques)
Cela prolonge, d’une certaine manière, la vision de Michel Albert sur l’opposition entre un capitalisme « rhénan » et un capitalisme « anglo-saxon » (Capitalisme contre capitalisme, 1991). Le 1er valorise le collectif, le productif, le long terme tandis que le second valorise l’individuel, le financier, le court terme.
A noter que la France se classe difficilement dans cette opposition binaire, étant historiquement marquée par une forme spécifique de capitalisme « étatique ». Mais le retrait orchestré de l’Etat, à partir du début des années 1980, l’a finalement laissé à la croisée des chemins.
On peut enfin citer les travaux de Bruno Amable (Les cinq capitalismes, 2005). S’inspirant de la théorie de la régulation, il se positionne comme voulant complexifier les approches de Hall et Soskice. À partir de l’analyse comparative d’une vingtaine de pays de l’OCDE et de plusieurs critères (type de concurrence sur le marché des biens, niveau de déréglementation des marchés du travail, caractéristiques des marchés financiers, degré de protection sociale et système d’éducation) l’auteur établit cinq grands modèles types de capitalisme.
- le capitalisme libéral de marché
- le capitalisme d’Europe continentale
- le capitalisme méditerranéen
- le capitalisme asiatique
- le capitalisme social-démocrate
Il y a donc plusieurs autres formes de capitalisme. L’Europe elle-même est donc une « mosaïque » de modèles ayant chacun leur cohérence institutionnelle.
Ordo-libéralisme : forme de capitalisme à l’essence de l’UE
L’ordo-libéralisme (Ordoliberalismus en allemand) est un courant du libéralisme, apparu en Allemagne dès les années 1930 face à la profonde crise économique et politique donnant naissance au système d’économie sociale de marché. Selon cette théorie :
- L’État a pour responsabilité de créer un cadre légal et institutionnel à l’économie, et de maintenir un niveau sain de concurrence « libre et non faussée » via des mesures en accord avec les lois du marché.
- L’État a donc un rôle d’« ordonnateur » et une « division du travail » clairement définie entre acteurs de la gestion économique est de mise :
- la politique monétaire est sous la responsabilité d’une banque centrale à l’abri du pouvoir politique, dévouée à la stabilité monétaire et à une faible inflation
- la politique budgétaire, équilibrée, appartient au gouvernement
- la fixation des salaires et des conditions de travail est partagée entre les employeurs et les syndicats.
On voit clairement l’influence que ces conceptions ont pu avoir sur la mise en place de l’Union monétaire européenne, notamment sur l’architecture de politique économique qui lui fut associée.
La doctrine de l’ordo-libéralisme cherche à obtenir et maintenir à la fois une croissance économique élevée, une faible inflation, un faible chômage, de bonnes conditions de travail et une protection sociale.
Les enrichissements issus des théories institutionnalistes
Née aux USA au début du XXème siècle, l’approche institutionnaliste en économie place au centre de ses analyses les institutions, et s’intéresse à la fois à la genèse, à la cohérence et à l’évolution de la forme des institutions économiques. En rupture avec la vision orthodoxe de l’économie, la notion d’institution est alors comprise comme une construction sociale des actions économiques individuelles.
Thorstein B. Veblen (1857-1929) appelle institution une habitude mentale spécifique, une façon particulière de penser et d’agir dans le domaine économique ;
Pour John R. Commons (1862-1945), une institution se définit comme l’action collective contrôlant l’action individuelle (Institutional Economics 1934). Ainsi, l’institution ne réside ni dans l’autonomie individuelle ni dans l’hétéronomie sociale ; elle est la façon dont un acteur économique doit, peut, pourrait ou non se comporter. Elle contribue à la coordination, à la cohérence et à la régulation des actions individuelles. Le marché est lui même une forme instituée, et la prise en compte du caractère construit des institutions conduit logiquement à la prise en compte de l’infinie diversité potentielle des arrangements institutionnels.
Le néo-institutionnalisme se développe, quant à lui, dans les années 1980, sur la base des travaux fondateurs plus anciens de Ronald Coase sur la théorie de l’entreprise (The Nature of the Firm, 1937) et le problème des coûts sociaux (The Problem of Social Cost, 1960), de Douglass North sur les conditions institutionnelles de la croissance (Structure and Change in Economic History, 1981) et d’Oliver Williamson sur les modes d’organisation structurant une économie de marché et la logique sous-jacente aux arbitrages entre ces modes (Market and Hierarchies, 1975). Le néo-institutionnalisme est ainsi fondé sur le concept unificateur de coûts de transaction.
On doit également à John Davis et Douglass North d’avoir effectué en 1971 une distinction fondamentale entre « environnement institutionnel » et « arrangements institutionnels ».
- Un environnement institutionnel désigne les normes et règles du jeu qui cadrent l’action individuelle ou collective en imposant des contraintes, mais aussi en fournissant des supports plus ou moins efficaces à l’organisation des transactions. Ces règles n’évoluent que très lentement. Elles peuvent être formelles (régime juridique des droits de propriété) mais aussi informelles (les coutumes et croyances contribuant à structurer l’activité économique et le rôle des acteurs).
- Dans l’environnement institutionnel s’« encastrent » les arrangements institutionnels, ou modes d’organisation. Ces arrangements entendent capter la façon dont les agents, opérant dans un cadre fixé par les institutions, combinent des actifs plus ou moins spécifiques en vue de développer leurs activités de production et d’échange. L’horizon temporel de ces arrangements est nettement plus court que celui d’un environnement dont les changements s’inscrivent dans la longue, voire la très longue durée.
Bien maîtriser la notion de capitalisme en cours d’ESH en prépa hec quand on est dans une des meilleures prépa ECG en France est un point essentiel de la réussite aux concours prépa HEC des écoles de commerce post-prépa. Pendant les deux années de prépa HEC, vous allez apprendre à manipuler ces idées et ces objets économiques qui vous permettront d’enrichir non seulement vos devoirs écrits mais aussi vos colles et votre culture générale pour les colles en prépa HEC. D’autres fiches en prépa HEC sont disponibles sur le blog, par exemple l’inflation en prépa HEC.
D’autres fiches pourront vous aider à réussir en ESH en prépa HEC :
- Cours de micro économie en ESH en prépa HEC
- Cours sur le multiplicateur Keynesien en ESH en prépa HEC
- Cours sur la crise des subprimes en 2008 en prépa HEC
- Cours d’ESH sur le système monétaire international
- Cours d’ESH sur le protectionnisme et le libre échange
- Fiche d’ESH sur l’intégration européenne en prépa HEC