Les politiques économiques en ECE2
Résumé de cours Exercices et corrigés
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I. Allocation des ressources et réglementation des marchés
a. L’intervention de l’état pour assurer la concurrence
Dans la pensée économique traditionnelle, le marché est considéré comme l’institution qui permet l’allocation optimale des ressources. Reprenant une intuition de Leon Walras, Kenneth Arrow et Gérard Debreu, démontrent ainsi dans les années 1950 que, lorsque les marchés fonctionnent sous les règles de la concurrence pure et parfaite, il existe nécessairement un système de prix permettant de parvenir à un équilibre général de l’offre et la demande sur tous les marchés.
En suivant cette conception, on pourrait considérer que l’état ne devrait avoir aucun rôle d’intervention dans l’économie puisqu’il pourrait que dénaturer un mécanisme tendant intrinsèquement vers l’équilibre. Toutefois, ce théorème n’est valide que sous les conditions restrictives de la concurrence pure et parfaite (atomicité, libre entrée et sortie, homogénéité des produits, transparence de l’information, libre circulation des produits). Aussi, une des premières formes d’intervention étatique dans l’allocation des ressources, peut être celle d’une réglementation visant à rapprocher les marchés des conditions de la CPP.
Ainsi, le Sherman Antitrust Act de 1880, qui est une réglementation américaine visant à limiter le pouvoir des monopoles, représente une intervention de l’état dans le libre fonctionnement du marché, qui vise à contraindre ces marchés à respecter les contraintes de la CPP (en l’occurrence l’atomicité) pour une plus grande efficacité.
b. L’intervention de l’état pour corriger les défaillances de marché
Au delà de cette dimension assez restrictive de l’intervention étatique, la majeure partie des économistes, y compris libéraux, s’accordent sur la nécessité d’une intervention de l’état pour corriger les défaillances de marché.
Les défaillances de marché sont des situations où un marché fonctionnant sous la forme d’une concurrence pure et parfaite aboutit à une allocation sous-optimale.
On liste habituellement quatre type de défaillances de ce genre :
- Les externalités qui sont des situations où la consommation d’un bien par un individu possédé des conséquences sur la satisfaction d’un autre individu, qui ne sont pas prise en compte dans le prix d’échange. La consommation d’objets polluants est un exemple typique d’externalité négative.
- Le monopole naturel, situation où les économies d’échelles sont infinies, souvent à cause de coût initiaux très importants ce qui conduit à ce que l’entreprise capable de produire le plus soit toujours capable de proposer un prix plus bas que ses concurrentes. On peut citer, par exemple les infrastructures ferroviaires.
- L’aléa moral qui est une situation où une des parties de l’échange ne possède pas les compétences pour évaluer la qualité du bien échangé, ce qui conduit à une éviction des meilleurs produits et, sans intervention à la fermeture des marchés.
- Les biens communs, qui ne sont pas excluables, c’est à dire que l’offreur ne peut pas empêcher des individus qui ne paieraient pas à profiter du bien. Il est par exemple, impossible d’interdire à des navires n’ayant pas participé au financement d’un phare, de bénéficier du service de ce dernier.
Dans ces quatre situations, la théorie économique développe des solutions passant par une intervention de l’état ayant pour objectif de corriger ces défaillances de marché.
c. Une remise en cause (ultra)libérale de l’intervention de l’état
Malgré un relatif consensus autour de ce rôle étatique d’accompagnateur du marché, certains auteurs, développant des positions très libérales, remettent en cause ce consensus.
Les économistes de l’école autrichienne, par exemple, développent une conception différente du marché qui conduit à remettre en cause l’action de l’état. Sous la plume de Friedrich Hayek, le marché est ainsi conçu non pas d’un point de vue statique de fixation de l’équilibre, mais dans une perspective dynamique. L’important n’est alors plus la fixation de l’équilibre, mais la manière dont la situation à un instant T favorise ou non le développement du marché dans les moments suivants.
Ainsi un monopole, peut être sous-optimale d’un point de vue de l’équilibre à un moment donné, mais être bénéfique dans une perspective de plus long terme, puisqu’il incite les entreprises à innover pour occuper ces positions de monopoles. Ainsi, en reprenant cette conception, Wiliam Baumol construit le concept de marché contestable. Les marchés contestables sont des marchés monopolistiques mais où existe une concurrence face à ce monopole, qui contraint le monopole à rester compétitif. Pour Baumol, l’existence de ce type de marché dé-légitime des régulations comme le Sherman Act.
Autre forme de remise en cause de l’action étatique, la réflexion menée par l’école du Public Choice sur les défaillances de l’état. Ces économistes, appartenant pour la plupart à l’Université de Virginie, contestent l’idée selon laquelle l’intervention de l’état serait nécessairement bienveillante et égalitaire. Ils soulignent que les individus en charge de la mise en place de l’intervention étatique, sont eux mêmes des agents rationnels cherchant à maximiser leur satisfaction (rémunération, prestige, élection…), et que rien n’indique qu’il fasse passer l’efficacité collective avant cette recherche de rétribution individuelle.
II. Politique de régulation du cycle
Au delà de cette réflexion micro-économique sur l’intervention de l’état dans les marchés, une perspective plus large peut être engagée autour du rôle de l’état dans la régulation générale du cycle économique.
a. Le moment keynésien et la politique interventionniste
C’est John Maynard Keynes qui, le premier introduit cette réflexion de nature macroéconomique sur la régulation de la conjoncture.
En 1936, il publie la Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie, ouvrage dans lequel il présente les fondements de sa réflexion. Selon lui, la demande de travail par les entreprises ne provient pas des conditions d’échange sur le marché du travail, comme le pensent les économistes néo-classiques, mais de l’anticipation faite par les entreprises de la demande future dans le marché des biens et services.
Il peut, dès lors, exister une situation dans laquelle des individus cherchant à travailler, ne trouvent aucune offre d’emploi, même à des salaires en dessous du salaire d’équilibre. Dans les situations de crise (comme la crise des années trente au cours de laquelle il écrit), une dépression générale de la demande anticipée peut induire de manière durable cette situation d’équilibre de sous-emploi.
Pour Keynes, la solution à ce problème, est une stimulation conjoncturelle de l’activité par des investissements réalisés par l’état. Ces investissements relancent la demande et l’investissement privé, et sont la seule manière de sortir mécanisme de dépression. Durant les années 1950 et 1960, la pensée keynésienne sera dominante dans le monde de l’économie mais aussi dans le monde politique. En France comme aux Etats-Unis, l’idée de la responsabilité de l’état sur le niveau du chômage et l’état du cycle économique est globalement partagée. Se développent ainsi ce que l’on appelle des policy mix, c’est à dire des alternances d’intervention étatique expansionniste et restrictive pour éviter à la fois le creusement du chômage et celui de l’inflation. L’arbitrage inflation/chômage, présenté dans la célèbre courbe de Philips, est un des fondements théoriques majeurs de cette approche.
b. Remises en causes du consensus keynésien dans les années 1970
Au tournant des années 1970, les politiques conjoncturelles d’intervention de l’état, inspirées par la théorie keynésienne, connaissent une double remise en cause empirique et théorique.
Empiriquement, l’existence d’un arbitrage inflation/chômage, au cœur du policy mix, se vérifie de moins en moins dans les pays occidentaux. Le phénomène de stagflation à partir du début des années 1970 correspond en effet à un moment de stagnation et d’augmentation du chômage combinés avec une inflation importante. Les politiques de relance conjoncturelle de l’état engendrent ainsi de l’inflation sans véritablement parvenir à relancer la croissance.
Sur le plan théorique, les économistes libéraux de la nouvelle économie classique, pour beaucoup issus de l’université de Chicago, attaquent frontalement la théorie keynésienne, et contestent l’efficacité de l’intervention conjoncturelle de l’état. Milton Friedman produit, par exemple, une relecture de la courbe de Philips, où il montre qu’à moyen terme, les anticipations réalisées par la population sur les politiques conjoncturelles conduit à l’inefficacité de ces dernières. Il ne peut, selon lui, pas y avoir de réduction du chômage par la manipulation de l’inflation : le multiplicateur keynésien est inefficace. Il existe un niveau de chômage naturel, propre aux conditions structurelles des économies, et il est impossible de s’en éloigner durablement par la politique conjoncturelle. Dans la même perspective, des auteurs comme Robert Lucas ou Robert Barro critiquent les formes d’intervention publique dans le cycle économique, qu’elles soient de nature budgétaires ou monétaires, en soulignant à la fois leur inefficacité à réduire le chômage, et leurs effets pervers en termes d’inflation.
À partir des années 1980, un nouveau consensus de politique économique se construit autour de l’intervention minime de l’état. Il est alors admis que l’état ne peut pas intervenir efficacement sur le chômage ou la croissance par des politiques conjoncturelles, et que la seule prérogative des autorités économiques doit rester le maintient de l’inflation. La constitution économique de l’Union Européenne est héritière de cette vision, que ce soit par les objectifs restrictifs de la banque centrale européenne, ou par les différents traités qui restreignent les possibilités d’investissement public conjoncturel, par l’encadrement de la dette et du déficit public.
c. Un retour de l’interventionnisme après la crise de 2008
C’est la crise des subprimes, à partir de 2008 qui vient ébranler ce consensus libéral. La modification de la conjoncture induite par cette crise, et le retour à des circonstances économiques rappelant celles des années trente conduit un retour en grâce d’une partie des théories keynésiennes.
Certains auteurs appartenant à la nouvelle économie keynésienne revendiquent un retour à des politiques conjoncturelles expansionnistes. Paul Krugman, par exemple, critique l’austérité budgétaire imposée par les états européens en soulignant comment un creusement temporaire du défit peut créer un choc positif sur toute l’économie et permettre une relance de l’activité.
Dans la pratique même de la politique économique, les préceptes keynésiens reviennent au goût du jour. Dans le cadre de la politique monétaire, typiquement, des politiques importantes de relance conjoncturelles sont mises en place. Dans la zone euro, la Banque centrale Européenne effectue des mesures dites non-conventionnelles d’investissement massifs et de rachats d’actifs, avec pour objectif la relance de la demande de monnaie et de l’investissement. Ces politiques, très interventionnistes, s’opposent à l’orthodoxie libérale qui prévalait jusque là dans les instances européennes, mais elles s’imposent en partie face à la gravité de la menace de récession découlant de la crise. De même, la réserve fédérale américaine, sous la présidence de Ben Bernanke, entame à partir de 2009 de très importantes politiques d’assouplissement quantitatif afin de soutenir l’activité.
Sur le plan théorique, la période est aussi à la redécouverte d’auteurs keynésiens, influents jusqu’aux années 1960, mais oubliés depuis. On utilise, par exemple, le concept de paradoxe de la tranquillité forgé par l’auteur post keynésien Hyman Minsky pour décrire le processus conduisant à la crise de 2008. Pour Minsky, les périodes de tranquillité, qui correspondent aux phases expansives du cycle économique, portent en elles-mêmes les conditions de leur propre dégradation.
En effet, l’illusions de sécurité que confère la dynamique positive de l’économie contribue au développement de comportements de plus en plus risqués, qui finissent par mettre en danger le système tout entier. Ce modèle décrit très bien l’enchaînement de la période de croissance économique de la fin des années 1990, au Etats-Unis notamment, et le développement de produits financiers risqués comme les surprimes au début des années 2000, qui constitue une bulle finissant par exploser en 2008. Minsky préconisait ainsi une régulation étatique, même en période de bonne santé économique, pour prévenir ces risques.
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III. Politiques Structurelles
À l’opposé des politiques de régulation conjoncturelle du cycle économique, les politiques structurelles ont pour objectif de transformer en profondeur les déterminants d’une économie pour en augmenter les capacités productives. Schématiquement on pourra considérer que les politiques conjoncturelles visent à corriger les moments où le chômage effectif s’éloigne du chômage naturel, tandis que les politiques structurelles cherchent à faire baisser ce chômage naturel.
a. Grandeur et déclin de la planification
En France, comme dans plusieurs pays occidentaux, la période des trente glorieuses est marquée par une politique structurelle très interventionniste, marquée par le processus de planification. Ce type de politique, qui n’est pas sans lien avec la politique conjoncturelle keynésienne, fait de la transformation structurelle de l’économie, une prérogative entièrement étatique. L’état décide à l’avance des évolutions nécessaire de la structure industrielle (c’est le plan) et met en œuvre les politiques nécessaires pour parvenir à ces évolutions. Parmi les multiples exemples de ces politiques, on peut citer en France le Plan Neige qui correspond à une valorisation massive des espaces de Montagne, impulsée de manière centralisée par l’état entre 1964 et 1977. La création de stations de ski, d’infrastructures de transports, d’hébergements… sont autant de réalisations décidées et réalisées par l’état.
Au tournant des années 1970, à mesure que s’opère le tournant libéral et que l’intervention directe de l’état est remise en cause, la politique structurelle change de paradigme. Il n’est plus question d’une prise de décision directe de l’état, mais d’un guidage et d’un accompagnement opéré par l’état, mais encadré par les règles du marché. C’est l’idée de stratégie industrielle qui naît alors : il n’y a plus de politique industrielle directe, mais une stratégie de soutien et d’orientation des grandes industries.
b. La politique structurelle à l’heure de la mondialisation
À partir des années 1980, la mondialisation transforme profondément les modalités traditionnelles de politiques structurelles. Les stratégies industrielles doivent désormais prendre en compte les questions de compétitivité vis à vis de l’extérieur, les dynamiques internationales d’échanges, et les régulations transnationales-européennes typiquement.
Dans des pays comme la France, cela conduit à la constitution de nouvelles modalités de conduite de la politique structurelle.
On peut, par exemple, souligner l’importante croissance de l’intervention sur l’environnement des firmes. Les années 1980 voient la diminution des politiques de soutien direct à des grands champions nationaux, qui peuvent s’avérer peu compétitifs dans le cadre d’une économie mondialisée. L’objectif devient alors de laisser s’instaurer une concurrence marchande importante pour qu’émergent des entreprises les plus compétitives possibles. Pour que cette compétition puissent se développer, il convient toutefois de transformer les cadres structurels de ces marchés (que ce soient les cadres juridiques, administratifs, scientifiques…) qui pouvaient être jusque-là adaptés à des entreprises en position de monopole. À partir du tournant de la rigueur en 1983, se multiplient ainsi les politiques de dérégulations de certains marchés, mais aussi de privatisation de certains services publics (le service postal ou téléphonique par exemple).
Une autre conséquence de la pression internationale est la focalisation croissante sur la question des coûts de productions, qui sont les déterminants principaux de la compétitivité d’une entreprise. Si les coûts directs de productions (salaires) sont difficiles à réduire, les coûts indirects (charge sociale, taxations…) font l’objet de nombreuses politiques de diminution. Fleurissent ainsi, quelles que soient les majorités politiques, des politiques d’exonération de cotisations, telles que le CICE par exemple, avec l’objectif d’une amélioration de la compétitivité-prix de la France.
c. Les tendances actuelles de la politiques structurelles
Si la politique structurelle n’a pas connu de transformation majeure depuis les années 1980, certaines dynamiques se sont renforcées.
L’accroissement de la mondialisation rendant illusoire la possibilité d’une compétitivité-prix avec les pays émergents, c’est la compétitivité hors-prix qui devient le cheval de bataille des décideurs politiques. L’objectif est ainsi de faire de la France une économie de la connaissance où des industries de pointe sont soutenues par une investissement important en recherche et développement. Cet objectif est porté par l’ensemble des politiques de démocratisation de l’enseignement, mais aussi, plus récemment, par les volontés de transformation du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les politiques de regroupements universitaires, de clusters de recherche et d’industrie ou d’autonomisation des universités font partie de ces politiques.
En Europe, la tendance des politiques structurelles est aussi celle d’une part de plus en plus importante des décisions communautaires. La stratégie Europe 2020 signée en 2010 par les états membres et les états associés, prévoit une augmentation de la part des dépenses de l’Union dans les domaines de l’emploi, de la recherche et développement pour encore de l’inclusion. Cette dynamique contribue à la volonté de faire de l’Europe un acteur unifié capable de faire face aux autres grandes puissances internationales.
Dans le même temps, l’accentuation de la problématique environnementale vient reposer la question de la planification. Certains économistes estiment en effet que les investissements nécessaires à la transition vers une économie moins carbonée ne peuvent pas être pris en charges par le marché, notamment du fait des importantes externalités inhérentes à ces problématiques. C’est ainsi un retour de l’état qui est préconisé par certains auteurs comme, par exemple, Eloi Laurent dans son ouvrage The New Environmental Economics (2020).
Pour compléter ce cours en ligne, les élèves de prepa HEC en ECE2, ont la possibilité de pouvoir participer à des stages de révisions ou des stages en Prepa HEC de préparation aux concours post-prepa pendant les vacances scolaires. Et pour être parfaitement prêt le jour du concours, tout cela peut également être accompagné par des cours particuliers d’ESH.
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