Cours prépa ECG : L’inflation, notion phare en économie
Symptôme ? Mal ? Remède ? La méthodologie de la dissertation d’ESH n’est pas la seule chose à maîtriser pour mettre en avant ses connaissances sur le programme d’économie en prépa ECG. L’épreuve d’ESH est la plus coefficientée de la BCE en ECG. Par conséquent, des notions clés et des concepts essentiels à l’économie sont à connaître : l’inflation en fait partie !
Selon André MAUROIS, L’inflation est l’œuvre du diable parce qu’elle respecte les apparences, mais détruit les réalités. Toutefois, l’inflation fait diminuer la compétitivité prix d’un pays et opère une redistribution des revenus. Il faut donc s’abstraire des jugements de valeurs traditionnellement émis pour mieux comprendre les causes et les effets de l’inflation.
Définition, mesure et évolution de l’inflation en cours prépa HEC
L’inflation constitue un cas particulier d’évolution du niveau général des prix
C’est la hausse durable du niveau général des prix dans un espace donné. C’est un phénomène prolongé et généralisé. L’inflation cause une perte du pouvoir d’achat, une diminution du salaire réel, une baisse du taux d’intérêt réel, une baisse du taux de change réel. Il ne faut pas confondre avec :
- Désinflation : décélération de la hausse des prix.
- Déflation : diminution du niveau général des prix.
- Hyperinflation : inflation exacerbée.
- Stagflation : inflation et croissance molle.
Pour mesurer l’inflation en ESH on se réfère à l’indice des prix. L’indice des prix français comporte 266 postes. La mesure suppose aussi une année de référence. Il peut donc y avoir imperfection dans la mesure de l’inflation.
Jusqu’en 1945 les périodes d’inflation alternent avec les périodes de déflation.
L’inflation est une « invention » du XXème siècle. Entre le début du XIXème et du XXème siècle, l’inflation n’a été que de 0,25% par an et en moyenne. Cependant la moyenne cache des variations qui feront établir à Nicolas Kondratiev la théorie des cycles longs. Il y a alternance entre inflation et déflation.
Durant l’entre-deux guerre, il y a toujours alternance conformément aux cycles, mais la déflation ne compense plus l’inflation.
Depuis 1945 l’inflation ne provoque plus en retour une déflation, mais une désinflation.
Depuis 1945, il n’y a plus d’alternance entre inflation et déflation. On dénombre notamment 6 grands chocs inflationnistes parmi lesquels la Guerre de Corée, le retour des français d’Algérie, les chocs pétroliers.
La France présente, depuis 1950, un terrain fertile à l’inflation avec une rigidité du marché du travail (inflation salariale) et une économie d’endettement.
Les sources de l’inflation en économie en prépa HEC
L’inflation par les coûts suite à un choc d’offre
Une augmentation trop élevée des salaires peut engendrer une inflation par les coûts. En effet, les salaires devant rémunérer le travail à sa productivité marginale (selon la théorie néoclassique), des salaires supérieurs à celle-ci entraîne de l’inflation. Dès lors, tous les processus ayant pour conséquence une fixation du salaire au-delà de la productivité marginale sont inflationnistes.
L’analyse des boucles prix-salaire (Kalecki, Kaldor), par exemple, montre qu’une augmentation des salaires débouche sur une augmentation des prix et une nouvelle augmentation des salaires via des revendications salariales.
L’inflation par les coûts peut prendre la forme d’une inflation importée. C’est le cas d’un choc pétrolier. L’augmentation du prix des consommations intermédiaires est répercutée sur le prix des biens. Cependant, on observe parfois un paradoxe dans la mesure où le prix élevé des matières premières ne semble pas toujours impliquer d’inflation. Ceci peut être expliqué par deux facteurs : la hausse des importations à bas coût et l’euro fort. Cela induit une tendance à la baisse des prix et compense la hausse des matières premières.
L’inflation importée peut aussi être due à une dévaluation qui a pour conséquence le renchérissement des importations. Il faut se référer au théorème des élasticités critiques pour mesurer son efficacité : si les élasticités cumulées des importations et des exportations sont égales à 1, alors la dévaluation sera efficace et on se trouvera dans une situation de courbe en J selon la condition de Marshall Lerner.
Il peut aussi exister une inflation de productivité (théorie de la Macrojustice de Kolm (1970) et celle de Baumol en 1967). Les gains de productivité ne concernent pas tous les secteurs de l’économie, cependant les hausses de salaires se réalisent uniformément peu importe les secteurs. On retrouve ici encore un salaire supérieur à la productivité marginale. C’est le mécanisme de l’effet Balassa pour les pays en développement.
L’inflation peut également résulter d’un accroissement de la demande globale
Dans la théorie keynésienne, l’offre à court terme est inélastique, c’est-à-dire qu’une hausse de la demande peut provoquer de l’inflation.
Selon la théorie quantitative de la monnaie, c’est une augmentation de la masse monétaire supérieure à la croissance qui crée de l’inflation. Pour Friedman, l’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire. Il reconnaît toutefois, qu’à court terme, la monnaie peut avoir un effet sur la sphère réelle, mais que celui ci s’estompe à long terme. Empiriquement, on constate qu’une hausse de la masse monétaire était bien inflationniste entre 1973 et 1988. Par exemple, en France, le taux de croissance annuel de M1 était d’environ 11% pour une inflation de 9% alors qu’aux USA la croissance de M1 était de 7% pour une inflation de 6%.
L’inflation par la demande peut être accentuée par les anticipations des agents, par l’intermédiaire du phénomène de prophéties autoréalisatrices. Ce mécanisme a été mis en lumière par Jevons, par la métaphore des taches solaires.
En résumé, les sources de l’inflation sont nombreuses :
- L’offre : Salaire supérieur à la productivité marginale : rigidités de salaires – Boucle prix-salaires – Effet Balassa / Macrojustice Kolm : inflation de productivité – Inflation importée matière première – Dévaluation compétitive
- La demande : Hausse de la demande au plein emploi dans logique keynésienne/théorie quantitative de la monnaie – Politique de relance pour les nouveaux classiques – Anticipations autoréalisatrices (Jevons) – A chaque fois que le pouvoir d’achat est supérieure à la production
Les nombreux effets de l’inflation en économie en prépa HEC
L’incertitude (la notion de revenu permanent)
L’inflation génère de l’incertitude chez les agents : son rôle d’unité́ de compte, d’étalon de valeur est donc réduit. Elle entraîne une répartition arbitraire des revenus en favorisant les personnes qui se sont endettées et la consommation immédiate au détriment de l’épargne.
Cette incertitude affecte également l’anticipation des agents calculant leur revenu permanent. Ainsi, leurs anticipations sont faussées par l’inflation. Les prix qui augmentent sur un territoire géographique donné ont des conséquences sur les prix des exportations. La compétitivité prix des biens nationaux est détériorée par l’inflation. Il y a de plus un coût spécifique engendré par l’inflation non anticipée qui est la redistribution arbitraire des richesses. Ce coût doit être évalué selon le niveau d’inflation de l’économie : l’inflation est volatile et incertaine lorsque son niveau moyen est important.
Exemple : le Zimbabwe de 2000 à 2008 (pic) : 50 milliards de dollars zimbabwéens valaient 70 cents américains. Les prix sont réajustés plusieurs fois par jour, la monnaie locale perd donc de sa pertinence. Les locaux dépensent la monnaie le plus vite possible ou la transforment en monnaie forte sur le marché noir. Il y a une limite journalière très stricte de retraits donc les agents retournent à une économie de liquidités : l’économie informelle devient plus importante que l’économie formelle selon John Robertson. Les prix augmentent de plus de 50% par mois (en 2008). On a un abandon de la monnaie nationale en 2009.
Les critiques de la courbe de Phillips
Milton FRIEDMAN et Edmund PHELPS considèrent que cette courbe reposerait sur un postulat erroné selon lequel les travailleurs formulent leur choix de salaire nominal indépendamment du taux d’inflation, sans aucune rationalité donc (irrationalité contestée par Friedman, qui défend l’idée selon laquelle les travailleurs s’intéressent à leurs salaires réels et non aux salaires nominaux).
Les théoriciens des anticipations rationnelles (LUCAS, MUTH) ont aussi contesté cette courbe. D’où d’ailleurs leur postulat que le multiplicateur keynésien est inefficace pour lutter contre le chômage.
L’érosion du pouvoir d’achat : l’illusion inflationniste en cours ECG
L’inflation semble diminuer directement le pouvoir d’achat (et donc le niveau de vie) des individus. Cependant, les vendeurs de biens et services touchent dans un contexte d’inflation plus d’argent sur ce qu’ils vendent et une majorité d’individus sont concernés et voient donc leur revenu augmenter : l’inflation ne réduit pas en tant que tel le pouvoir d’achat réel des individus.
Les individus sont néanmoins sensibles à l’illusion inflationniste.
Les coûts d’usure : ce sont les shoe-leather costs de FISCHER et MODIGLIANI 1978.
L’inflation peut être perçue comme une taxe imposée aux détenteurs de monnaie. Comme les autres taxes, la taxe inflationniste engendre des pertes sèches car les individus gaspillent des ressources rares pour tenter d’y échapper.
L’inflation érodant la valeur réelle de la monnaie détenue, les individus peuvent être tentés d’y échapper en détenant moins d’encaisses monétaires. Le coût lié à cette réduction de détention d’encaisses monétaire liquides (obligeant l’agent à se déplacer plus fréquemment à la banque) est appelé coût d’usure de l’inflation (coût d’opportunité des trajets).
Ce coût est insignifiant dans des pays où il y a une faible inflation mais prononcé en cas d’hyperinflation.
Exemple : Zimbabwe. La monnaie n’est plus une réserve de valeur : on ne peut se permettre d’en détenir et si on en détient on veut la changer contre une monnaie permettant une réserve de valeur fiable.
Les coûts de changement des menus
Ce sont les coûts liés aux changements de prix par les entreprises (comme pour un restaurant qui change son menu) (Gregory MANKIW 1985). Ils incluent les coûts liés la fixation des nouveaux prix, à l’édition d’une nouvelle liste de prix, à l’envoi de ces nouvelles listes aux déposants et clients, à la publicité nécessaire pour avertir de ce changement et liés au mécontentement des clients confrontés à ces changements des prix. Durant les périodes d’hyperinflation, les prix ne peuvent plus être changés annuellement.
Exemple : pendant l’hyper-inflation allemande des années 1920, les clients insistaient pour payer l’addition en début de repas pour éviter de payer plus cher à la fin.
La variabilité des prix relatifs et la mauvaise allocation des ressources.
Les économies de marché se fondent sur les prix relatifs afin d’allouer les ressources rares et les consommateurs prennent leurs décisions d’achat en comparant le rapport qualité-prix de nombreux biens et services. Cela détermine l’allocation des ressources entre les facteurs de production. L’inflation déforme les prix relatifs et donc l’allocation des ressources rares vers leurs meilleurs usages.
Les distorsions fiscales engendrées par l’inflation.
De nombreuses taxes deviennent encore plus problématiques lorsqu’on a de l’inflation. En effet, il est difficile de prendre en compte l’inflation lors de l’édiction des lois fiscales. L’inflation tend à augmenter le poids de la fiscalité sur les revenus de l’épargne.
Exemple : dans le traitement fiscal des plus-values, le système fiscal ne tient pas compte d’une éventuelle évolution de l’inflation entre l’achat et la revente du titre qui pourrait diminuer la valeur réelle de la plus-value. La solution peut être d’indexer le système d’imposition sur le taux d’inflation mais cela rendrait encore plus complexe le système d’imposition.
La désinflation et les politiques de lutte contre l’inflation en cours d’ESH
Objet d’un consensus pendant les années 1980 la désinflation compétitive a vu son efficacité remise en question.
En France, dans les années 1980-1990, la désinflation compétitive était un objectif pour la croissance économique et la compétitivité internationale. Il s’agissait d’éviter la fuite devant l’argent en favorisant l’épargne et une plus grande compétitivité prix. La reprise est dans ce cas tirée par les exportations.
La technique de la désinflation a fonctionné en France puisqu’en 1993, date à laquelle la balance des transactions courante était excédentaire de plus de 50 milliards de francs. Le chômage reste pourtant élevé, car le problème d’une désinflation est qu’elle repose sur une politique de rigueur qui augmente le chômage à court terme et limite les hausses de salaires d’où une faible inflation permettant une meilleure compétitivité prix et, in fine, des créations d’emplois (Exemple de l’Irlande et de la Lettonie en 2010).
Ainsi, pour être efficace, une désinflation doit rapidement conduire au chômage et à une modération salariale. La modération salariale doit permettre une baisse des prix et non une hausse des marges. Cependant la compétitivité prix n’est pas la seule compétitivité essentielle sur le marché international. L’investissement se heurte au manque de demande anticipée (effet d’accélérateur).
En effet, la désinflation compétitive, qui nécessite une hausse des taux d’intérêt (contraction de la masse monétaire), et une rigueur salariale (rigueur des salaires des fonctionnaires) affecte la demande en tant que déterminant de l’investissement.
On ne doit pas cependant rechercher l’inflation zéro, en raison du risque de déflation et de l’imprécision de la mesure qui peut être un danger. Des pays comme le Japon des années 1990 ont peiné à sortir de la trappe à liquidité.
Pour mener à bien la lutte contre l’inflation, les pouvoirs publics disposent de nombreux instruments.
La politique monétaire restrictive permet de combattre l’inflation par la demande et les anticipations d’inflation.
- Par le taux de réserve obligatoire
- Le taux de refinancement
- L’encadrement du crédit.
- Exemple plan Giscard d’Estaing de 1963 ou de Barre de 1976. La politique monétaire doit cependant être crédible.
La politique budgétaire (générique) restrictive lutte contre l’inflation en contractant la demande de l’Etat, en réduisant son déficit par la même occasion.
La politique des prix vise à s’attaquer aux effets plutôt qu’aux causes de l’inflation. Cette politique fut menée en France jusqu’à l’ordonnance du 1er décembre 1986 mettant fin à la pratique du contrôle des prix. Ce type de politique connaît des limites :
- Une déconnexion complète des prix de leur valeur de marché
- La perte du rôle de signal du prix, important pour tous les agents économiques.
La politique de change est devenue un instrument important de contrôle des prix. La politique de revenu permet de lutter contre l’inflation par les coûts et par la demande (exemple en France dans les années 1960 à l’initiative de Pierre Massé) en jouant par exemple sur le niveau du SMIC.
La politique de la concurrence a une influence indirecte sur l’inflation en limitant les distorsions dues aux monopoles.
Plutôt complexe et assez dense, le programme d’économie en prépa ECG2 donne des bases solides aux élèves de prépa ECG en France pour qu’ils puissent être bien préparer pour les concours des écoles de commerce post-prépa mais aussi pour être prêts pour les colles d’économie en prépa ECG.
Si des élèves de prépa HEC préfèrent faire appel à un professeur pour des cours particuliers afin de renforcer leurs connaissances, certains privilégient les stages en prépa HEC lorsqu’ils souhaitent optimiser leur temps et se préparer aux concours en profondeur. En effet, pour intégrer les meilleures écoles de commerce post prepa du palmarès des révisions régulières et un bon entrainement sont nécessaires pour la réussite des concours.
Ce qui compte réellement pour être prêt lors des concours en économie, c’est de maîtriser les notions clés du programme de prépa HEC en cours d’ESH avant les concours et d’avoir confiance en soi lors de la rédaction de la dissertation ! Une autre fiche sur le capitalisme en prépa HEC est disponible sur le blog, allez la consulter dès maintenant. Retrouvez également un article sur comment faire une fiche de lecture, et découvrez de précieux conseils et exemples qui vous aiderons dans vos périodes de révisions.
D’autres fiches et cours pourront vous aider à progresser en ESH en prépa HEC :
- Cours sur le capitaliste en ESH en prépa HEC
- Cours de micro économie en ESH en prépa HEC
- Cours sur les crises et cycles en économie en prépa HEC
- Cours sur la crise des subprimes en 2008 en prépa HEC
- Cours d’ESH sur le protectionnisme et le libre échange
- Fiche d’ESH sur l’intégration européenne en prépa HEC